• Accueil
  • Culture - Loisirs
  • Château de Lunéville : histoire, incendies, malédiction, animations, tarifs… tout ce qu’il faut savoir

Meurthe-et-Moselle Château de Lunéville : histoire, incendies, malédiction, animations, tarifs… tout ce qu’il faut savoir

Le château de Lunéville est le plus grand château de l’Est de la France. Il offre deux hectares de bâtiments représentant une surface de plus de 21 000 m². Son jardin à la française et son parc constituent un espace de 19 hectares. Et son histoire, qui est aussi celle des ducs de Lorraine, est digne d’un roman.
Pascale BRACONNOT - 31 déc. 2022 à 12:00 | mis à jour le 02 janv. 2023 à 11:17 - Temps de lecture :
 | 
La construction du château de Lunéville, opérée par Léopold Ier, s’étalera de 1701 à 1733.  Photo ER/Alexandre MARCHI
La construction du château de Lunéville, opérée par Léopold Ier, s’étalera de 1701 à 1733.  Photo ER/Alexandre MARCHI

Qui a vécu au château de Lunéville ?

Le château de Lunéville, campé au bord de la rivière La Vezouze qui traverse Lunéville, au sud est de Nancy, est l’une des demeures des ducs de Lorraine depuis le XIIIe  siècle. D’abord résidence de villégiature, elle devient résidence officielle à partir du XVIIIe  siècle, à l’arrivée de Léopold Ier (1679-1729), duc de Lorraine. Il se marie en 1698 à Elisabeth-Charlotte d’Orléans (1676-1744). Elle donne le jour à 14 enfants, dont quatre seulement atteindront l’âge adulte : François, futur duc de Lorraine et empereur, Elisabeth-Thérèse, Charles-Alexandre et Anne-Charlotte. Elisabeth-Charlotte d’Orléans a passé plus de 30 ans au château de Lunéville, qu’elle quitte définitivement en 1737, après avoir pris en main les affaires de l’État lorrain en tant que régente, à la mort de son époux. Elle cède la place à Stanislas Leszczynski (1677-1766), qui devient duc de Lorraine, à la suite du traité de Vienne. Élu roi de Pologne, il est en effet contraint de céder son trône en 1709 et reçoit en compensation les duchés de Lorraine et de Bar.

Stanislas s’installe avec sa cour à Lunéville en 1737. C’est lui qui a contribué au rayonnement du château de Lunéville, autrement appelé le « petit Versailles lorrain » , durant ce siècle des Lumières. Il a pour épouse Catherine Opalinska (1680-1747). Sa fille Maria Leszczynska, fut reine de France et l’épouse du roi Louis XV.

À la mort de Stanislas, en 1766, les duchés lorrains sont rattachés au royaume de France. Le château accueille alors de prestigieux régiments de cavalerie ( Gendarmes rouges ) jusqu’au début du XXe  siècle, ce qui vaut à la ville d’être appelée « cité cavalière ». En 2001, la ville de Lunéville cède le château pour le franc symbolique au conseil général (ex-conseil départemental), qui en devient propriétaire. Le Département a également acquis, pour un montant symbolique, la partie que possédait le ministère de la Défense en mars 2017.

Qui a fait les plans du château de Lunéville ?

L’architecte choisi par le duc Léopold est Germain Boffrand , élève de Jules Hardouin-Mansart, l’architecte du château de Versailles. Celui de Lunéville devient dès lors le «  petit Versailles lorrain  ». Yves Des Hours, nommé dessinateur et directeur des jardins, crée là un jardin à la française piqué, à partir de 1718, de statues dédiées aux divinités de la mythologie grecque et romaine. Ainsi sort de terre le parc des Bosquets.

Stanislas, lui, va faire littéralement exploser sa folie dans ce cadre de verdure. Il fait appel aux architectes Jean-Nicolas Jennesson puis Emmanuel Héré , à qui l’on doit la place Stanislas de Nancy , qui créera, dès 1742, une gigantesque attraction appelée le « Rocher » aux 88 automates. Le kiosque, qui existe toujours, apparaît alors dans le paysage, ainsi que des pavillons exotiques. Ces derniers seront détruits après la mort de Stanislas, lorsque Louis XV décide de transformer le château en caserne.

Qui a fait construire le château de Lunéville ?

En 1702, la ville de Nancy est occupée par les troupes de Louis XIV. Léopold Ier , duc de Lorraine, se réfugie à Lunéville. Un château fort en bois existait dès l’an mille dans cette ville. Il fut démoli au début du XVIIe  siècle par le duc Henri II qui en construit un nouveau , lequel fut très endommagé lors de la Guerre de Trente Ans.

Le jardin à la française du parc des Bosquets est l’œuvre de l’architecte Yves des Hours.   Photo ER/Alexandre MARCHI

Le jardin à la française du parc des Bosquets est l’œuvre de l’architecte Yves des Hours.   Photo ER/Alexandre MARCHI

Léopold Ier , à son arrivée à Lunéville, veut asseoir sa notoriété par l’architecture. il entreprend des travaux qui débuteront en 1701 et s’achèveront en 1733. Stanislas, lui, ne touche pas au bâtiment à son arrivée en 1737 mais il embellit considérablement les jardins du parc des Bosquets , où il fait construire des pavillons exotiques.

Quand a brûlé le château de Lunéville ?

Au soir du 2 janvier 2003, un court-circuit dans la chapelle du château engendre un incendie qui ravage toute l’aile sud, où se trouvent la partie militaire du 53e RT, le régiment de Lunéville , le musée des faïences et les anciens appartements ducaux. Sur les 10 000 m², un cinquième a été la proie des flammes. Les pertes sont colossales : outre la chapelle et l’aile sud, détruites, les collections du musée ont explosé ou se sont effondrées en même temps que les toitures et planchers.

Le musée a perdu ses collections, la pharmacie, l’un de ses joyaux, n’a pas résisté au feu. Ni le nain Bébé, le symbole des beaux jours de Stanislas.   Photo d’archives ER/Pierre MATHIS

Le musée a perdu ses collections, la pharmacie, l’un de ses joyaux, n’a pas résisté au feu. Ni le nain Bébé, le symbole des beaux jours de Stanislas.   Photo d’archives ER/Pierre MATHIS

Très vite, des travaux de consolidation et de sauvegarde du bâtiment sont entrepris avant que, sous cette protection, s’engage l’un des plus gros chantiers patrimoniaux d’Europe, sous la houlette du conseil général de Meurthe-et-Moselle (ex-conseil départemental) et l’État, tous deux propriétaires du bâtiment, dont une partie appartient au ministère de la Défense. Le programme de reconstruction est officiellement lancé le 2 avril 2005 , en présence de l’ archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine , descendant de Léopold Ier.

Quel est l’avenir du château de Lunéville ?

La chapelle, les salles d’honneur ont été les premières à se redresser dans la décennie qui a suivi l’incendie de 2003. Ces salles vont devenir le support du projet de développement culturel et touristique accompagnant le site qui renaît de ses cendres. Une nouvelle phase de travaux vient de démarrer en cette fin d’année 2022 : ils concernent l’escalier nord , la cour et la salle des Trophées. Les jardins, classés, sont aussi en restauration. Le château sera aussi au cœur d’un projet scientifique : un pôle d’excellence axé sur la valorisation des métiers d’art et des savoir-faire historiques.

Le château de Lunéville, autrement appelé le « petit Versailles lorrain », côté parc des Bosquets.   Photo ER/Cédric JACQUOT

Le château de Lunéville, autrement appelé le « petit Versailles lorrain », côté parc des Bosquets.   Photo ER/Cédric JACQUOT

Le château de Lunéville a-t-il victime d’une malédiction ?

Si le sinistre de 2003 a eu un fort retentissement dans tout l’Europe, il n’est pas le seul incendie qu’a connu le château de Lunéville. Au cours des siècles, l’édifice ducal a connu 13 fois le feu. Un nombre sans doute encore en deçà de la réalité, dans ce château vaste et peuplé (500 personnes, dont 80 en cuisine, vivaient au château, autour de la famille ducale), avec des textiles inflammables et des hivers rigoureux. Rien qu’en 1709, le château a connu trois départs de feu la même nuit !

Flammes et vents violents mèneront la vie dure aux soldats du feu, ce 2 janvier  2003.   Photo ER/ Alexandre MARCHI

Flammes et vents violents mèneront la vie dure aux soldats du feu, ce 2 janvier  2003.   Photo ER/ Alexandre MARCHI

Comment est mort le duc Stanislas Leszczynski au château de Lunéville ?

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Stanislas est mort des suites de brûlures  : le 5 février 1766, il s’approche trop près de la cheminée, sa robe de chambre prend feu. Il tente d’éteindre le début d’incendie et tombe dans le brasier. Il meurt 17 jours plus tard, le 23 février 1766, à l’âge de 88 ans.

Est-ce que le château de Lunéville se visite ?

Les espaces restaurés sont accessibles tous les jours (sauf le mardi) de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h (hors événements). Le parc des Bosquets et la cour du château restent en accès libre toute l’année (sauf événements particuliers) selon le calendrier suivant : du 1er octobre au 30 avril, de 6 h à 19 h ; du 1er  mai au 30 septembre, de 6 h à 22 h. Des visites guidées du château, sur réservation, sont proposées par la Maison du tourisme du pays du Lunévillois (contact : tél. 03 83 74 06 55) notamment pour les groupes adultes. Pour le jeune public sont proposés livret-jeu, carte secrète des jardins, jeu d’observation de l’ornementation.

Le château de Lunéville, classé monument historique depuis 1901, avec son jardin, le parc des Bosquets. Photo ER /Alexandre MARCHI

Le château de Lunéville, classé monument historique depuis 1901, avec son jardin, le parc des Bosquets. Photo ER /Alexandre MARCHI

Existe-t-il des animations au château de Lunéville ?

Des expositions saisonnières sont organisées chaque année au château. L’édifice abrite toute l’année le conservatoire des broderies , où l’on peut tout savoir sur le point de Lunéville , une technique née dans la cité cavalière.

Aux solstices d’hiver et d’été, le parc des Bosquets a prêté son cadre à de nombreuses éditions de la Nuit des Jardins des lumières , avec troupes et lampions. Durant l’été, tout un programme s’articule autour du grand bassin du parc du château, avec des installations lumineuses à découvrir à la nuit tombée et des soirées spéciales durant les Nuits du grand bassin. De mi-juin à mi-septembre, la Ville propose Un dimanche près du kiosque à musique  : deux groupes se produisent en alternance au kiosque des Bosquets.

Les associations «  Lunéville, château des Lumières  », créées juste après l’incendie, et des Amis du château contribuent à aider à la restauration du château et la restitution des collections.

Le nain Bébé renaît de ses cendres

Parmi les lourdes pertes occasionnées par l’incendie du 2 janvier 2003, figurait la figurine du nain Bébé , le « nain de cour » de Stanislas, cher au cœur des Lunévillois.

Seule la tête du nain Bébé a été sauvée de l’incendie du château de Lunéville, en 2003.   Photo ER /Alexandre MARCHI

Seule la tête du nain Bébé a été sauvée de l’incendie du château de Lunéville, en 2003.   Photo ER /Alexandre MARCHI

Nicolas Ferry (1741-1764), de son vrai nom, avait été acheté à ses parents en 1745 pour devenir l’attraction du château de Lunéville et sera connu dans toute l’Europe. L’homme, qui mesurait 89 cm, amusera les gens de la cour, jusqu’à sa mort à 23 ans, Stanislas lui pardonnant tout et le couvrant de cadeaux.

La statuette a pu être reconstituée alors qu’il ne subsistait, après l’incendie du 2 janvier 2003, que la tête et des cartes postales, par les faïenciers de Saint-Clément.