Gilles Barbier Écho Système à la Friche Belle de Mai, Marseille

Jusqu’au 3 janvier 2016, la Friche Belle de Mai propose Écho Système, une exposition monographique de Gilles Barbier.
Cette exposition s’inscrit dans un programme particulièrement riche pour cette Rentrée 2015 à la Friche avec The Future is Now ! une sélection d’œuvres de la collection du Musée National d’Art Moderne et Contemporain de Séoul, Draw me your song ! exposition collective, proposée par Documents d’artistes, le premier Prix des ateliers de la Ville de Marseille, organisé par Astérides  et Triangle France, sans oublier d’Art-O-Rama et de Pareidolie, les deux salons qui marquent la rentrée de l’art contemporain à Marseille.

On lira ci-dessous la présentation de l’exposition par  Gaël Charbau, commissaire de l’exposition et une brève présentation de Gilles Barbier. Ces textes sont extraits du dossier de presse.

Chronique à suivre après le vernissage.

Coproduction de la Friche la Belle de Mai avec Mécènes du Sud, Astérides, la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois et le soutien de la Fondation d’entreprise Ricard. Dans le cadre de l’année France-Corée, cette exposition sera présentée au National Museum of Modern and Contemporary Art de Séoul au printemps 2016.

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Gilles Barbier sur le site de la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois

Présentation du projet Écho Système (extrait du dossier de presse) :

Un itinéraire dans 25 ans de création.

Première exposition monographique de Gilles Barbier à la Friche la Belle de Mai, dont il est l’un des résidents historiques.

Présentée en deux volets, écho Système revient sur l’œuvre de cet artiste protéiforme mettant en parallèle un parcours rétrospectif et un ensemble de productions nouvelles.

Gilles Barbier, Sans Tire (Loghorrée), 2009 cire, peinture à l’huile, pigments, metalcrylate 60 x 60 x 90 cm Collection privée ; Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris Photo : Jean-Christophe Lett
Gilles Barbier, Sans Tire (Loghorrée), 2009. Cire, peinture à l’huile, pigments, metalcrylate. 60 x 60 x 90 cm. Collection privée ; Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris. Photo : Jean-Christophe Lett

Pour le premier volet, au 4e étage de la Tour, Gaël Charbau a imaginé un parcours inédit dans le travail de Gilles Barbier. Au travers de plus de 140 œuvres, dessins, peintures, installations ou photographies, dont de nombreuses montrées pour la premières fois, l’exposition dévoile certaines « règles du jeu » qui ordonnent – ou dynamitent – le travail de l’artiste depuis 1992.

gilles barbier • Simulation des deux installations dans le Panorama © Florent Feys
gilles barbier • Simulation des deux installations dans le Panorama © Florent Feys

Le second volet, au Panorama, repose sur deux installations inédites La Boîte noire et Chekers, très différentes formellement, mais proches par les notions auxquelles elles renvoient. La permutation et la combinatoire, le hasard et le jeu, clés de lecture fondamentales de l’œuvre de l’artiste, servent ici deux dispositifs qui, tout en faisant du temps de l’exposition un ensemble de moments uniques, mettent en relief le long travail de Gilles Barbier sur sa propre mémoire et sur son identité.

Textes de Gaël Charbau, commissaire de l’exposition

Parmi les grandes surfaces inexplorées, avant le cosmos et le fond des océans, c’est sans doute le fond de nous-mêmes qui reste le territoire le plus lointain. Nous en sommes tous, à des degrés divers, des géomètres, des mesureurs, des inspecteurs, mais seule une petite délégation a reçu l’autorisation d’aller y plonger les deux mains, pour en ramener une boue mystérieuse. Les artistes, ces scaphandriers de l’inconscient, nous leur confions par principe et depuis au moins trente mille ans la lourde responsabilité de nous ramener, à chaque fois que cela est possible, quelque chose venant à peu près du fond de l’existence.

Gilles Barbier, Pawn (Cro Magnon), 2012 résine, styrofoam, vêtements, accessoires, peinture à l'huile 110 x 77 x 70 cm Pièce unique. Collection Nathalie Vallois Photo : André Morin
Gilles Barbier, Pawn (Cro Magnon), 2012. Résine, styrofoam, vêtements, accessoires, peinture à l’huile. 110 x 77 x 70 cm. Pièce unique. Collection Nathalie Vallois. Photo : André Morin

Gilles Barbier n’est pas un débutant dans la profession, il a même l’étoffe des héros, ceux qui n’ont pas peur de se coltiner les symboles, les poncifs et les démons « personnels ». Imaginer une exposition rétrospective de Gilles Barbier relève presque de la gageure : son œuvre est en effet un défi permanent adressé au temps, à l’espace et aux relations qu’ils sont censés entretenir. Au-delà d’une simple présentation chronologique et pour éviter tout «rangement» dans la carrière de l’artiste, nous souhaitons proposer aux spectateurs une sorte de traversée dans le labyrinthe créatif qui caractérise l’œuvre de Gilles Barbier. L’exposition proposerait un langage et des matérialisations. Le langage serait le résultat de différentes conversations menées avec l’artiste autour et à l’intérieur de son oeuvre. Les matérialisations seraient la partie «visible» de l’iceberg, un choix de pièces déjà connues mais aussi de nombreuses œuvres plus secrètes. L’ensemble de l’exposition pourrait ainsi être pensé comme un corps dont les multiples organes (espaces) constituent une forme de vie, voir une méthode créative de survie contemporaine.

Gilles Barbier, The Blender, 2010 acrylique et Posca ® sur calque polyester 215 x 215 cm Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris Photo : Jean-Christophe Lett
Gilles Barbier, The Blender, 2010. Acrylique et Posca ® sur calque polyester. 215 x 215 cm. Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris. Photo : Jean-Christophe Lett

Depuis 1990, l’œuvre de Gilles Barbier se développe dans une profusion de formes, de sujets, de matériaux, de techniques et de références. Si elle peut apparaître complexe et chaotique au premier abord, elle est en réalité ordonnée par des « règles du jeu » que l’artiste a mis en place dès 1992, inspirées des lois de l’automate cellulaire « game of life », une formule informatique générant très simplement des milliards de formes et de variantes, inventée en 1970 par le mathématicien John Conway.

Gilles Barbier, Habiter la viande (détail), 2013 technique mixte Collection privée ; Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris Photo : Aurélien Mole
Gilles Barbier, Habiter la viande (détail), 2013. Technique mixte. Collection privée ; Courtesy Galerie GP & N Vallois. Paris Photo : Aurélien Mole

Gilles Barbier a commencé par écrire une série d’énoncés, parfois simples et ouverts (par exemple « travailler le dimanche », « habiter la peinture »…) ou au contraire précis et directifs (« placer des super-héros dans des corps qui ont l’âge de leur copyright »). Puis il a réalisé un premier damier dont chaque case correspondait à un énoncé. Un pion se déplaçait sur les cases selon les résultats d’un jet de dé. Le travail de l’artiste consistait enfin à trouver une « forme », une œuvre correspondant à cet énoncé.

« …en six mois, j’avais lancé plus de programmes que je n’aurais pu le faire au cours de toute ma vie sans ce dispositif » confie Gilles Barbier. Comme dans les figures génétiques de l’automate cellulaire, des séries et des œuvres ont survécu (la copie méthodique du dictionnaire, par exemple, ou l’usage des clones), d’autres ont muté pour engendrer de nouvelles séries, certains n’ont existé qu’un court moment.

Gilles Barbier, The Treasure Room (the Fourth Stomach), 2012. gouache sur papier 4 éléments ; chacun 140 x 250 cm Collection CFDR ; Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris Photo : Jean-Christophe Lett
Gilles Barbier, The Treasure Room (the Fourth Stomach), 2012. Gouache sur papier 4 éléments ; chacun 140 x 250 cm Collection CFDR ; Courtesy Galerie GP &N Vallois, Paris Photo : Jean-Christophe Lett

L’exposition propose un parcours dans cinq thématiques ou plutôt cinq régions de cette géographie tentaculaire : « habiter la peinture », « dice man », « atelier », « paysage » et « le docteur ». Aucune logique particulière n’ordonne ce parcours, si ce n’est la volonté d’entrer dans l’œuvre de l’artiste en l’explorant par le milieu et découvrir, à cet endroit, des travaux parfois peu connus ou montrés ici pour la première fois.

Gilles Barbier

GillesBARBIER

Né en 1965 au Vanuatu (Pacifique Sud), Gilles Barbier vit et travaille à Marseille, à la Friche la Belle de Mai. Il arrive en France à l’âge de vingt ans et met alors en place un travail qu’il définit comme fiction. La distance qu’il introduit ainsi avec l’« intelligence de l’oeuvre » lui donne une considérable mobilité, embarrassant pour qui veut simplifier l’ensemble en une unité cohérente. Son parcours, avec la copie rigoureuse du dictionnaire comme bruit de fond, traverse des corps définis comme des clones, des espaces « médiagéniques » avec des super héros grabataires, mais aussi la « pornosphère », les mondes « corrigés », les « Perdu dans le paysage » ou « Planqué dans l’atelier » …

Soucieux d’associer à ce corpus la rigueur de son travail théorique, son « ressassement », Gilles Barbier alimente en textes et en outils de réflexion un flux continu de dessins, d’images. Parmi ses outils, on retrouve certains fromages, des bâtons relais, des bananes, des vers de terre, des terriers, l’espace tube, la vaseline, la bombe atomique, la cosmétique, l’obésité.. qui, sous la forme d’un jeu, exploite la performance et l’aléatoire, élimine hiérarchies et cloisonnements. Finalement, l’œuvre de Gilles Barbier est une forêt qui reste à défricher tant elle est profuse et luxuriante. Bâtie sur un système où tout est possible et où chaque pièce n’est que la version visible de toutes ses versions potentielles, elle recèle de multiples flux dont l’entrelacs dessine une esthétique de la consommation, voire de la consumation.

Gilles Barbier, Le Tissage, 2013 résine, peinture à l’huile 10 x 30 x 20 cm Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris Photo : Aurélien Mole
Gilles Barbier, Le Tissage, 2013 résine, peinture à l’huile 10 x 30 x 20 cm Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris Photo : Aurélien Mole

Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et a récemment été présenté à la Biennale de Taipei (commissariat : Nicolas Bourriaud, 2014) ; au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (“Le Festin II”, 2014) et au Centre de la Vieille-Charité à Marseille (“D’un visage à l’autre”, 2014). Gilles Barbier est représenté par la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois à Paris.

Gilles Barbier, Console au Canard, 2013 technique mixte 130 x 75 x 47 cm Collection privée ; Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris Photo : Aurélien Mole
Gilles Barbier, Console au Canard, 2013. Technique mixte 130 x 75 x 47 cm Collection privée ; Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris Photo : Aurélien Mole

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