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- Complément
sur Jean Baffier
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- A l'occasion
d'une exposition d'octobre 2009 à avril 2010 au Musée
du Berry.
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- ( à partir
des écrits réalisés par les services des
Musées, sous la direction de Madame Béatrice de
Chancel-Bardelot.)
Jean Baffier reçoit une formation pratique, en taille
de pierre, et artistique, auprès dartistes nivernais,
avant de sinstaller à Paris, dabord comme
aide de sculpteurs établis, puis en ouvrant son atelier,
en 1877.
- Ses premières uvres
sont des sculptures à caractère historique (Louis
XI, Marat), des portraits, des évocations de la vie rurale.
- En 1886, il fait une
tentative dassassinat sur le député Germain
Casse, pour dénoncer
la corruption de la IIIe République. Il est acquitté
au procès dassises qui sen suit et en retire
une certaine célébrité.
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- A partir des années
1890, il mène de front ses travaux de sculpteur et une
activité intermittente, dans des associations comme les
Gâs du Berry, et plus tard la Fédération
régionaliste française, ou dans des débats
idéologiques, voire politiques.
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- En 1902, il se présente
aux élections législatives dans la circonscription
de Saint-Amand, sous létiquette de la Ligue de la
patrie française, un mouvement anti-dreyfusard.
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- En 1908, il est candidat
à un siège de conseiller municipal dans le 14e
arrondissement de Paris.
Son activité de polémiste lamène à
participer à diverses publications, dont le périodique
Le Réveil de la Gaule, qu'il anime de 1889 à 1912.
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- Personnage paradoxal,
républicain et régionaliste, mais prônant un pouvoir fort, opposé
à lacadémisme, aux influences latines et
méditerranéennes, à la modernisation, source
duniformité, et même à linstruction
publique, militant pour le corporatisme, pour le maintien des
particularismes régionaux et des traditions rurales, agricoles,
familiales, Jean Baffier a beaucoup écrit et manifesté
un talent incontestable pour lorganisation dévénements
et lanimation de réseaux.
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- Admirateur de Rodin, pour qui il a un peu travaillé,
Jean Baffier se lie avec des intellectuels et des hommes politiques
comme Georges Ducrocq, auteur dun livre sur la Corée,
Louis Marin, homme politique lorrain, intéressé
par lethnographie, Adrien Mithouard, qui a été
président du Conseil de la Seine, Albert Chapon, secrétaire
de rédaction de la revue LOccident. A Bourges, il
compte parmi ses amis Emile Martial, rédacteur en chef
du Journal du Cher, et à Châteauroux lindustriel
Edmond Augras.
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- Portraitiste sensible,
volontiers perfectionniste, Jean Baffier sest plu à
représenter de jeunes berrichonnes avec leurs coiffes
traditionnelles ; mais cest dans la description de visages
marqués par les ans (ses parents ; la grand-mère
de Georges Ducrocq) quil rencontre ses réussites
les plus incontestables. Précurseur de Dalou par ses figures
de paysans, il a réalisé quelques sculptures monumentales,
à caractère historique, pour les villes de Paris
et de Bourges.
- Comme Rodin ou Carriès,
il a poursuivi un grand projet: une « salle à manger
» pour un palais du peuple, avec une cheminée monumentale
et surtout une grande table paysagère, décorée
de pièces en étain, qui sont la partie de son uvre
la plus proche de lart nouveau.
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- A sa mort en 1920, il
laissait également inachevé un problématique
monument aux morts de la guerre de 1914-1918, commandé
par la Ville de Bourges.
Dans sa ville d'origine, à Neuvy-le-Barrois dans le Cher,
un médaillon a été posé sur sa maison
natale. Mais il est aussi attaché à la ville de
Sancoins (Cher), où est aujourdhui installé
le Centre artistique Jean Baffier. Son atelier de la Croix-Renaud
se situe non loin de de Sancoins, sur le territoire communal,
et à proximité de la ferme où ses parents
se sont retirés après la crise du phylloxéra.
Jean Baffier a fait de Sancoins la ville dorigine du géant
Gargantua, reprenant et modifiant luvre célèbre
de Rabelais.
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- Nevers est une ville importante
pour Jean Baffier. Il sy forme et y compte des amis. Le
musée de Nevers conserve une série nombreuse duvres
de Jean Baffier, dont certaines sont mises en dépôt
au Centre artistique Jean Baffier de Sancoins.
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- Jean Baffier chante
à diverses reprises son amour pour Bourges, ville de tradition celtique ;
il dessine certaines stèles gallo-romaines du musée,
qui linspirent. La cheminée du palais Jacques Cur
est lun des modèles de sa cheminée «
pour la tradition celtique ». Il est très lié
avec Émile Martial, rédacteur en chef du Journal
du Cher, qui soutient ses différentes entreprises dans
le département.
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- Dès
1886, il offre au musée de Bourges une de ses uvres, et à la fin de sa vie,
il parvient à faire donner au Musée de Bourges
un petit ensemble duvres représentatives de
son art (mobilier, sculptures, étains). Surtout, la Ville
de Bourges est toujours ornée de deux sculptures en bronze
de Jean Baffier : le Louis XI assis, dans le square de la Poste,
rue Moyenne, et l « homme du pays », statue
de paysan qui orne le monument aux enfants du Cher, morts pour
la patrie en 1870, en haut de la rampe Marceau, cette sculpture
est appelée "l'Homme Taureau"..
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- Pourtant, les rapports
du sculpteur avec les élites berruyères nont
pas été sans heurts, et Jean Baffier a par exemple
refusé dassister à linauguration du
monument de la guerre de 1870.
- Jean Baffier a passé
de longues années de sa vie, à Paris, dans le 14e
arrondissement, rue Lebouis, où il avait son domicile
et son atelier. Un immeuble moderne en a pris la place. Il a
obtenu à plusieurs reprises des achats de la ville de
Paris ; tout dabord celui dune statue de Marat, qui
a orné successivement le parc Montsouris, puis le parc
des Buttes-Chaumont (statue détruite pendant la seconde
guerre mondiale), puis la commande dun monument à
Michel Servet, exécuté en marbre et placé
face à la mairie du 14e arrondissement, place Ferdinand-Brunot.
Le musée dOrsay expose les bustes en bronze du père
et de la mère Baffier, tandis que les collections de la
Ville de Paris abritent plusieurs étains. De grands vases
sont présentés au musée du Petit-Palais.
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- Luvre de Jean
Baffier est en partie visible aussi dans des cimetières,
en particulier au cimetière de Sancoins, où lartiste
repose, mais aussi dans les
- cimetières de Nevers
et de Gien.
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- Le courrier des Internautes
- Bonjour,
Jean Baffier a notamment sculpté "la jeannette",
mon arrière grand-mère.
Auriez-vous une idée de l'endroit où se trouve
cette statue?
Merci de votre réponse. Bien cordialement.
Didier M.
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- La réponse de
Mme Béatrice de Chancel-Bardelot
- Conservateur en chef
des musées de Bourges
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- Bonjour,
- Pour répondre
à une question de votre site, un exemplaire du buste de
la Jeannette se trouve dans les collections de la Ville de Paris
; daprès des dossiers que javais consultés
au printemps dernier, ce buste se trouverait en dépôt
dans une mairie.
- Ceci nest sûrement
pas exclusif, car il a pu exister aussi dautres exemplaires,
éventuellement en plâtre, ou en pierre, ou en terre
cuite. A titre dexemple, je connais au moins sept «
Angèles », en marbre, plâtre ou terre cuite.
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