François Bayrou est persévérant. Candidat pour la troisième fois à l’élection présidentielle, et crédité de 15% des voix, le président du Modem espère bien, cette fois-ci être au second tour, ou au moins faire aussi bien qu’en 2007 : il avait obtenu alors 18,54% des suffrages. Ce qu’il veut faire pour l’égalité hommes/femmes? Il nous l’a expliqué lors de notre entretien au siège de son parti, dans le 7ème arrondissement de Paris, un peu à la manière de l’ancien enseignant, agrégé de lettres classiques, qu’il a été :  avec pédagogie et sérieux. En préambule, quelques vers célèbres de Charles Péguy « le long des coteaux courbes et des nobles vallées », récités par cœur. Et de bon cœur.

Mais revenons au vif du sujet. Alors, monsieur Bayrou, la France est-elle macho? Réponse mitigée. Oui certes, mais le machisme en France se voit surtout dans des « quartiers populaires chez les garçons issus d’autres cultures », qui n’ont pas « la sensibilité nécessaire à l’égard des filles ». Et dans les beaux quartiers alors? Pas de machos là-bas? François Bayrou corrige immédiatement le tir : « S’il y a un machisme de la bonne société, celui-là est condamnable encore plus. »

Sa mesure phare en faveur des femmes?


Un ministère de l’Egalité. Une « mesure juste qui va dans le sens d’un gouvernement resserré comme je le veux », explique-t-il. Car il faut lutter contre toutes les discriminations qui frappent les Français et pas seulement les femmes. Son ministère veillera à faire respecter les lois sur l’égalité salariale. « Il faut frapper au porte-monnaie les entreprises qui ne la respectent pas ». Pour lui, c’est de l’intérieur de l’entreprise que viendront les changements. Il veut rendre aux comités d’entreprise leur rôle dans les négociations. « Il est naturel que les organisations salariales jouent mieux leur rôle d’alerte sur les situations de discrimination », dit-il.
Pas assez de places en crèches? Le candidat du Modem propose de recourir plutôt aux assistantes maternelles, une solution plus « souple » et surtout « moins chère ». Car le mot d’ordre de son programme, c’est bien sûr le contrôle des dépenses qu’il est, selon lui, le seul à vouloir mettre en place. C’est pour cette bonne raison, qu’il n’est pas pour l’allongement du congé paternité ni pour la réforme du congé parental. « Arrêtons de mettre des charges sur les entreprises, » plaide-t-il. Stigmatisant le temps partiel « honteux », il se dit favorable à « un contrat unique à temps complet en CDI ». « On assure le niveau des prix sur le dos des femmes qui sont les plus fragiles » analyse-t-il. Ce qui, pour lui, est inacceptable.

La parité au Modem?

« Nous y sommes presque, affirme François Bayrou. Lors des dernières élections, nous avions 30% de femmes candidates ». Mais il reconnaît dans le même temps que son parti paie toujours des amendes pour le non respect de la loi. Pourtant, la parité demeure toujours une priorité. Pour la faire respecter, il veut instaurer le scrutin proportionnel sur un siège sur quatre et  renforcer les sanctions envers les partis qui ne la respectent pas. Sur le  cumul des mandats, François Bayrou souhaite que ce sujet soit définitivement tranché par les Français, lors d’un référendum qui aura lieu tout de suite après son élection, s’il gagne, et qui est  déjà fixé au 10 juin prochain. « Je suis l’homme politique français le plus entouré de femmes, s’exclame-t-il avec un brin de fierté. Celles qui sont autour de moi sont compétentes, fiables et elles ont la dimension des responsabilités qu’elles exerceront. »