Faire de sa vie une œuvre, n’est pas donné à tout le monde. Sophie Calle, artiste plasticienne, photographe, réalisatrice et écrivaine à la fois, née à Paris un 9 octobre 1953, a créé, depuis trente ans une œuvre, et, en a fait sa vie. Son parcours est hors norme. Cette artiste surprenante l’a commencé vers la fin des années soixante-dix, à la suite d’un voyage à travers le monde, un voyage qui a duré sept ans. De retour à Paris, sans grandes ambitions professionnelles, égarée et sans amis, elle erre à la recherche des souvenirs des rues parisiennes qu’elle a toujours connues. Elle commence par observer les gens, et leurs différents trajets, jusqu’à se fixer sur un inconnu, qu’elle décide de suivre dans tout Paris. Amusée, elle s’est prise au jeu et le suit jusqu’à Venise, histoire de ne pas être piégée par le redoutable ennui. De ce concept de filature, elle fera un thème d’exposition allant encore plus loin dans le jeu, et crée « Filatures Parisiennes »en 1978-1979, une mise en scène de portraits et autoportraits. Sophie se fait détective d’un jour, et, pour plus d’objectivité et dans un souci de réciprocité, elle se fait prendre en photo à son insu par un ami, qui a joué à merveille son rôle de voyeur professionnel. En 1979, elle expose « Les Dormeurs ». L’artiste avait décidé de prendre en photo de parfaits inconnus, invités huit jours durant à dormir dans son lit, toutes les heures pendant les huit heures de sommeil. Pour remédier à l’absence, parfois, d’un dormeur, Sophie Calle fait appel à un ami, un membre de la famille ou même se photographie elle-même. Séduit par l’incroyable idée, le comédien Fabrice Luchini, accepte de se prêter au jeu et de se laisser prendre en photo pendant qu’il dort. Pour chaque dormeur, Sophie prend des notes concernant certains détails importants, afin de mieux illustrer les différentes scènes. Le mari d’une dormeuse a remarqué son style, et l’a invité à la Biennale de Parisen 1980. C’est Bernard Lamarche-Vadel, poète et écrivain français, qui s’est fait surtout connaître en menant une carrière de critique d’art dans les années soixante-dix. La « Suite Vénitienne » est une œuvre qui a été créée grâce notamment à l’homme inconnu de Venise évoqué ci-dessus. En fait, l’homme lui a été présenté après qu’elle l’ait suivi à Paris. Apprenant qu’il devait partir à Venise, elle lui a demandé l’autorisation, cette fois, de le photographier à son insu, pendant son voyage. L’exposition Le Bronx à la galerie Fashion Moda, en 1980, présente des endroits chers aux inconnus qu’elle a suivis. Elle a demandé à chacun d’entre eux de présenter ces lieux en mentionnant pour chacun, la signification profonde et l’histoire qui faisait de l’endroit choisi, un lieu aimé. Poussant le jeu beaucoup plus loin, un collaborateur inattendu est entré par effraction dans la galerie et a couvert les murs ainsi que les œuvres de graffitis… Digne d’un fait divers, c’est ainsi que « Le Bronx »a été exposée. Puis Sophie s’est glissée dans la peau d’une femme de chambre pendant trois semaines dans un hôtel vénitien, pour photographier les traces de passage des clients. L’œuvre appelée « L’Hôtel » fit l’objet d’une exposition en février 1981. La même année, Sophie Calle expose « La Filature »sur le même principe que « Filatures Parisiennes », mais cette fois, elle demande à sa mère d’engager un vrai détective privé pour la suivre et la prendre en photos, à son insu. Pendant ce temps, Sophie Calle a, fidèle à son concept, noté tout ce qu’elle fait au jour le jour, notes exposées en accompagnement des clichés. Un jour, Sophie Calle trouve dans la rue un carnet d’adresses. Curieuse, elle contacte toutes les personnes mentionnées afin qu’elles lui parlent du propriétaire du carnet, les descriptions serviront à créer un portrait de l’homme selon l’idée qu’elle se sera faite de lui. Cette série d’enquêtes fut publiée dans le journal Libération sous le titre deL’Homme Au Carnet. En octobre 1984, Sophie Calle raconte le temps dans le train mythique le Transsibérien qui mène ses voyageurs de Moscou à Vladivostok. Dans « Anatoli », elle a su faire passer en mots et en images toute une histoire, celle du voyage et de la rencontre avec un russe prénommé ainsi, avec qui elle partageait son compartiment. En 1986, elle expose « Aveuglessur le thème : Quelle est selon vous l’image de la beauté ? » Pour ce faire, elle a posé la question à dix-huit non voyants dès la naissance, a fait leur portrait en noir et blanc, puis en couleur, avec en note, la réponse de la personne photographiée. Elle renouvelle, en 1991, le même type d’expérience en demandant aux non voyants ce qu’ils perçoivent. En 2003, un jeune homme de Californie, en proie à un chagrin, demande à Sophie Calle de venir dormir avec elle pour se consoler. Réticente mais ne voulant pas le rejeter, elle décide de lui envoyer le lit et les draps dans lesquels elle dort. Après quelques mois, une fois le chagrin du jeune homme dissipé, elle reçoit son lit et ses draps en retour. Elle appelle naturellement son œuvre: « Voyage en Californie ».Sophie Calle utilise beaucoup de supports différents pour exprimer son art : vidéos, récits, films, photos, etc. Elle a inventé une multitude de manières et de procédés pour raconter, objectivement, sa propre vie ou celle des autres. En 2007, Sophie reçoit un mail de rupture achevé par un « Prenez soin de vous». Elle demande à 107 femmes, ayant toutes une certaine notoriété dans des domaines variés, (droit, psychologie, sport, art…), de commenter professionnellement la formule de fin de ce courriel. Selon leurs spécialités ces femmes ont commenté selon leur propre mode d’expression cette phrase. Sophie Calle a sollicité de ces femmes une empathie complète, tout en gardant leurs personnalités respectives. Cette œuvre bourrée d’émotions, réalisée sur des supports différents, textes, photos, supports multimédia tels que des clips vidéos, entre autres, a été présentée à la Biennale de Venise 2007. En 2010, l’artiste est lauréate du prix Hasselblad.Créatrice avant tout, Sophie Calle surprend, secoue par l’étrangeté de ses œuvres, déniche dans les détails de la vie de tout un chacun, une histoire à raconter, pour celui qui sait l’apprécier.
Sophie Calle
- NationalitéFrançaise
- Date de naissance09/10/1953
- Signe AstroBalance
- MétierArtiste
- Personnalité du prénom Sophie
Bio
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21 octobre