Joey Starr est un chanteur de rap, compositeur et acteur français. De son véritable nom Didier Morville, il est né le 27 octobre 1967 à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis.
D’origine martiniquaise, il grandit dans un petit logement de la Cité Allende de Saint-Denis, où il vit avec son père. Sa mère est en effet contrainte par ce dernier à quitter le foyer alors que le jeune Didier n’a que cinq ans.
L’enfance de Joey Starr est donc des plus rudes, le malaise engendré par l’absence de la figure maternelle étant aggravé par le mauvais traitement que lui fait subir son géniteur. Son parcours scolaire s’en ressent rapidement, puisqu’il atteint difficilement la troisième après avoir refait ses premières années de collège. Quittant l’école à ce niveau, habitué aux petits larcins depuis ses douze ans, il enchaîne les séjours en pensionnats et découvre la drogue dès 1980.
Cinq ans plus tard, Joey Starr entame son service militaire à Baden-Baden, ville allemande accueillant alors le 1er Régiment de Cuirassiers. À sa sortie, après une année et demie particulièrement pénible, rythmée par les sanctions et les jours d’arrêt, il se voit renvoyé du domicile familial par son père, qui estime qu’à dix-neuf ans, il est en mesure de se débrouiller seul.
Commence alors pour lui une longue période d’errements et de doutes. Il arpente les rues sans savoir où passer ses nuits et glisse progressivement vers la consommation de drogues dures.
Entre-temps, il se lie d’amitié avec un certain Bruno Lopes, le futur Kool Shen. Les deux jeunes hommes partagent le même intérêt pour les arts urbains : le hip-hop, le break et les graffitis. Le duo commence par se produire devant des amis de la cité et dans des centres de jeunesse, avant de franchir le pas vers la fin des années quatre-vingt et fonder le groupe NTM. Dès ses débuts en 1989, le groupe de rap séduit notamment grâce à des textes crus, provocateurs et traduisant un réel sentiment de révolte. Les premiers titres, à l’image de Police, s’entourent sans tarder de polémique.
La voix éraillée de Joey Starr, qui colle parfaitement au contenu de ses chansons, lui vaut d’être sollicité à plusieurs reprises pour doubler des films américains tels que « New Jack City » de Mario Van Peebles, ou « Belly » de Hype Williams quelques années plus tard. Le natif de Saint-Denis y assurant la postsynchronisation pour le personnage campé par DMX.
Après un concert tenu le 14 juillet 1995 à La Seyne-sur-Mer, les membres de NTM sont condamnés à une forte amende et une peine de prison avec sursis pour propos outrageants envers les forces de l’ordre.
Malgré les démêlés avec la justice et les critiques de certaines personnalités politiques, NTM devient l’un des groupes de rap les plus importants des années quatre-vingt-dix, jusqu’à sa séparation en 2001, signant au passage quatre albums (« Authentik » en 1991, « 1993… J’appuie sur la gâchette », « Paris sous les bombes » en 1995 et « Suprême NTM » en 1998). Des titres comme « Laisse pas traîner ton fils », « Pose ton gun », « La fièvre » ou « Ma Benz » entrent dans l’histoire du rap français.
De son côté, Joey Starr confirme sa sulfureuse réputation avec une nouvelle condamnation, prononcée cette fois-ci après qu’il ait agressé une hôtesse de l’air. Le 24 février 1999, la sentence tombe : deux mois de prison ferme.
Après la dissolution de NTM, le rappeur ne chôme pas et lance son propre collectif sous le nom B.O.S.S.. Ce dernier réunit notamment DJ Spank, DJ Naughty, Lord Kossity et, provisoirement, le groupe Sniper. Quant à Kool Shen, il se consacre à son label IV My People.
Un nouveau détour par le tribunal attend Joey Starr en février 2000. Son molosse, non stérilisé et qui s’en est pris au chien d’une dame, lui coûte une amende de 1000 euros.
L’année suivante, il doit passer un mois derrière les barreaux et s’acquitter d’une amende de 15 000 euros suite à une affaire de drogue.
Côté musique, ses protégés du B.O.S.S. tournent à plein régime. Le label a même son propre programme sur les ondes de la station Skyrock, Sky B.O.S.S..
Parallèlement, Joey Starr reçoit plusieurs propositions pour le cinéma, aussi bien en tant qu’acteur (« La Tour Montparnasse infernale »,« RRRrrr !!! ») que compositeur (« Old School », « Féroce », « Le Boulet »).
En 2006, il dévoile ses morceaux préférés réunis sous le titre « My Playlist: By Joeystarr », puis une biographie qu’il écrit avec le concours de Philippe Manœuvre, et surtout son premier album solo, « Gare Au Jaguarr », avec notamment les chansons « Métèque », « Pose Ton Gun II » et « Soldats ».
Le collectif B.O.S.S., affaibli par de nombreux départs d’artistes, est finalement dissous en 2007.
La même année, sa compagne Leïla Dixmier lui donne un deuxième fils prénommé Kalil, deux ans après qu’il soit devenu le père d’un premier garçon, Matisse, né le 7 septembre 2005. Le couple est à l’origine de l’association antiraciste Devoirs de Mémoires. Avant cette journaliste et photographe de mode, Joey Starr a également connu une liaison avec l’actrice Béatrice Dalle.
Le rappeur s’active aussi sur la scène politique, encourageant les jeunes banlieusards à s’inscrire en masse sur les listes électorales, et témoignant son soutien à Olivier Besancenot et aux idées d’extrême gauche en général.
Sept années après la séparation de NTM, Joey Starr et Kool Shen rendent publique leur intention de reformer le groupe le 13 mars 2008, pour le plus grand bonheur de leurs fans. Après l’engouement suscité par les premiers concerts à Bercy, ils décident de programmer une tournée nationale en plus de représentations en Belgique et en Suisse.
Tout semble aller pour le mieux pour le rappeur quadragénaire, qui obtient parallèlement quelques rôles à l’écran (« Passe-passe », « La Personne aux deux personnes », « Le Bal des actrices »), mais il commence tout de même l’année 2009 en se voyant condamné à trois mois de prison ferme assortis d’une amende de 2000 euros dans une affaire de violence conjugale l’opposant à Leïla Dixmier. Il joue, la même année, sous la direction de Richard Berry dans « L’Immortel », aux côtés de Jean Reno et Kad Merad.
Puis il enchaîne avecle succès de « Polisse », troisième film de Maïwenn, sa compagne de l’époque. Pour ce rôle, il sera de nouveau nommé aux Césars et il reçoit en 2012 le prix Patrick-Dewaere. Parallèlement, en 2011, il sort un deuxième album solo, « Egomaniac », sur lequel apparaît un duo avec Nicoletta.
Le cinéma devient petit à petit sa principale activité et il s’illustre dans des registres tout à fait éclectiques : en 2012, il est à l’affiche de la comédie « Les Seigneurs » d’Olivier Dahan, « Do not disturb » d’Yvan Attal et de « L’amour dure trois ans » de Frédéric Beigbeder. En 2013, il est à l’affiche de la comédie féérique « Max » coproduite par Thierry Ardisson et Lisa Azuelos aux côtés de Mathilde Seigner, du policier « La marque des anges » et du thiller français « Colt 45 ». Il prépare également pour 2014, le film dramatique « Une autre vie » avec Virginie Ledoyen.
En 2018, NTM revient sur le devant de la scène avec une série de concerts à Bercy. Côté vie privée, sans jamais l'avoir confirmé officiellement, il serait en couple avec Karine Le Marchand.