L'adrénaline du direct tous les matins

Si j’ai écrit ma chronique pour France Inter, « L’Humeur de… Stéphane Guillon », je me lève à 6 heures du matin. J’habite en banlieue parisienne, et je dois impérativement passer le pont de Sèvres avant 7 heures pour éviter les bouchons et être sans faute devant le micro à 7 h 55. La montée d’adrénaline est hyper forte : le direct, c’est comme un shoot ; d’ailleurs, ceux qui en sont un jour privés le vivent assez mal. Quand je rentre à la maison, il est 8h30 : dommage, je rate les enfants qui sont déjà partis à l’école. J’en ai quatre, et Muriel, ma femme, quatre… dont un en commun ! Du coup, un week-end sur deux, on monte à sept enfants, âgés de 3 à 13 ans. Je vous laisse imaginer l’ambiance… Durant la matinée, je lis toute la presse en prenant un café avec Muriel : c’est notre moment sacré – même si on déteste quand l’un lit le journal de l’autre par-dessus son épaule ! Parfois, je jardine un peu, ou je fais un footing sarkozien dans le parc de Saint-Cloud, mais pas tous les jours, pour éviter le malaise vagal ! Dans tous les cas, je dois trouver l’idée de ma prochaine chronique avant midi et m’être documenté un maximum sur le sujet.

Sa femme Muriel et lui : une grande complicité

Une émission quotidienne, c’est parfois une souffrance : il y a des jours sans actu, sans envie, sans inspiration… En plus, je suis un laborieux ! Je me méfie des facilités : passer un certain temps sur sa copie, c’est quand même la base. Il fallait voir les brouillons de Desproges… Désormais, je travaille avec Muriel. Elle a repris tous mes textes pour en faire un livre, « Stéphane Guillon aggrave son cas » (éd. Albin Michel), et c’est elle qui produit et met en scène mon spectacle. J’ai retardé longtemps cette collaboration, pour la protéger du côté « femme de », mais la vérité, c’est que c’est elle qui a tout le temps la bonne idée ! A la maison, chacun son bureau. Muriel à l’étage et moi à la cave, dans mon bunker, car c’est très impudique l’écriture, surtout quand on parle tout haut comme un possédé. Nous faisons des allers-retours d’une pièce à l’autre, allant jusqu’à se téléphoner à l’intérieur de la maison !

Une nouvelle notoriété et une vie de famille bien remplie !

Enfant, je n’étais pas heureux à l’école et, aujourd’hui encore, j’ai du mal avec l’autorité. Donc travailler chez moi, c’est à la fois un immense luxe et une nécessité. J’ai gardé un côté sale gosse de cour de récré : quand je lance un pétard, une boule puante, j’aime bien que ça foute le bordel ! Pour le déjeuner, trois options : rien, car on est débordés ; vite fait, tous les deux dans la cuisine ; ou, occasionnellement, je dispense les enfants de cantine et je les emmène au restaurant. Ensuite, je passe l’après-midi à écrire ma chronique, et, si tout va bien, à 18 heures, c’est plié. 21 heures au pire… Histoire qu’on puisse s’amuser un peu le soir, aller voir les copains sur scène ou les inviter chez nous à dîner. Mes potes ? Guy Bedos et François Berléand : je suis attiré par les vieux !

A partir du mercredi, je commence à bosser sur « La Semaine de Stéphane Guillon », ma revue de presse diffusée le samedi soir dans « Salut les terriens » (le talk-show de Thierry Ardisson sur Canal +). Ma notoriété a explosé cette année alors que je passe beaucoup moins à la télé : cinq minutes par semaine. Merci la radio… Jusqu’à presque 40 ans, j’ai un peu galéré mais, si j’avais réussi trop jeune, je serais devenu un petit con. Pendant des années, je n’ai pas eu assez de travail et, maintenant, j’ai la chance d’en avoir trop. Du coup, le weekend, c’est repos total ; ou alors on bouge, à Bruxelles, voire à l’hôtel à Paris. Et, quand on a les enfants, entre le marché, les repas, les devoirs, l’envie de profiter de chacun d’eux et ma chronique du lundi matin à écrire, c’est sport !