Dès que je mets longtemps à m'endormir

 

   Dès que je mets longtemps à m'endormir, je flotte en pensant à l'histoire que je suis en train d'écrire et à mon interview du lendemain. Tout se mélange dans mes rêves.Un jour, j'ai découvert que mon grand-père avait été assassiné. En 1949. A Strasbourg. Alors, j'ai enquêté pour savoir ce qui s'était vraiment passé;     ça fait cinq ans que je présente, chaque matin à 9h15, l 'émission i>MEDIA.Ce mois-ci, je fête mon 1000e INVITE.  

 

   Propos recueillis par Antoine Silber  

 

   (10/04/2006)  

8 h : dîner. 8 h 20 : histoires. Deux histoires chacun, pas plus

 

   8 h : dîner. 8 h 20 : histoires. Deux histoires chacun, pas plus. A 8 h 30, ils me demandent d'aller se coucher, j'ai des enfants vraiment exceptionnels ! Olivier dirige une boîte de production audiovisuelle, il rentre très tard, vers 10 h. Je l'attends en écrivant, en lisant les livres ou en regardant les DVD de mes invités du lendemain. Si j'ai terminé mes « devoirs », je regarde un film d'amour comme « Quand Harry rencontre Sally ». Celui-là, je l'adore. J'aime les histoires d'amour, surtout quand les deux amoureux n'arrêtent pas de se rater. C'est d'ailleurs le sujet de mon prochain livre. Un roman, cette fois-ci. Une fois par semaine, Olivier et moi, on se fait un dîner en amoureux. A La Cerisaie, un resto du boulevard Edgar-Quinet. Ou, si on est riches, au Dôme. Je mange un émincé de coquilles Saint-Jacques. Ou des langoustines presque sucrées. Ou les deux, je suis très gourmande.

A 7 h 55, j'appelle Paulette, ma grand-mère

 

   A 7 h 55, j'appelle Paulette, ma grand-mère, la veuve de « L'Increvable Monsieur Schneck ». Elle a 96 ans, elle aussi, dans un sens, elle est increvable, elle est très charmante et très chiante en même temps. Depuis que je n'ai plus mes parents, je m'occupe beaucoup d'elle. C'est grâce à Paulette que j'ai écrit mon livre. On s'était engueulées toutes les deux. Du coup, j'ai voulu écrire sur elle, et je suis tombée sur cette histoire dont personne ne m'avait jamais parlé dans la famille. Non seulement mon grand-père avait été assassiné, mais la presse de l'époque avait raconté que l'assassin avait découpé son cadavre en morceaux... et l'avait transporté en train aux quatre coins de la France dans une malle sanglante.

9 h 15 : 5, 4, 3, 2, 1, antenne ! Quinze minutes d'interview, ça passe vite

 

   9 h 15 : 5, 4, 3, 2, 1, antenne ! Quinze minutes d'interview, ça passe vite. Je pique un croissant à Nicolas, le garçon qui s'occupe des invités, et je reviens à mon bureau. Je téléphone. J'envoie des mails. Je commence déjà à préparer l'émission du lendemain. Je fais ça jusqu'à 4 h de l'après-midi. A 4 h15, je suis devant l'école de Balthazar. Il me dit : « J'ai trop de chance, moi. Mon papa m'accompagne le matin. Et ma maman vient me rechercher le soir. » Je retrouve Salomé aussi. Nous allons nous promener au Luxembourg. Ou nous rentrons. A 7 h 30, je prends mon bain avec eux.

Je me lève tôt. Plus ça va, plus je me lève tôt. Quand j'étais étudiante, c'était 9 h

 

   Journaliste à i>Télé, Colombe Schneck, 39 ans, deux enfants, Balthazar, 6 ans et demi, et Salomé, 3 ans, vient de publier « L'Increvable Monsieur Schneck », chez Stock. Le récit d'un fait divers hallucinant dont le héros malheureux était son grand-père.  

 

   Je me lève tôt. Plus ça va, plus je me lève tôt. Quand j'étais étudiante, c'était 9 h. J'ai commencé à travailler, ça a été 8 h 30. Mon fils Balthazar est entré à la maternelle, c'est passé à 7 h 30. Maintenant, je me lève à 6 h 30. Les enfants dorment, j'ai du temps pour traîner, pour me regarder dans la glace, pour écouter la radio. Balthazar se lève à 7 h. Puis c'est Salomé. Elle veut son biberon. « Tiède, s'il te plaît, maman ! » J'ai un enfant sur chaque genou, Olivier, mon mari, arrive à son tour. Il est 7 h 20, il faut que je parte, il prend le relais.Nous habitons boulevard du Montparnasse, j'ai de la chance : je suis revenue vivre dans le quartier de mon enfance. Je suis à cinq minutes d'i>Télé, à vélo, j'ai un vélo électrique qu'Olivier m'a offert. Je ne suis pas très sportive, mais j'aime bien le faire croire : dans la montée de la rue du Commandant-Mouchotte, je fonce, je dépasse tous les garçons. Quand j'arrive à i>Télé, on est à une heure et demie du direct, je sens la tension monter. Je lis les quotidiens. Je prépare mon émission. Le temps passe de plus en plus vite. Je fais le point avec Amélie, mon assistante. A 8 h 30, je descends me faire habiller. Je mets une veste Vanessa Bruno ou quelque chose des Prairies de Paris. J'ai le choix : travailler à la télé, c'est un rêve de fille pour les fringues. J'ai 20-25 minutes de maquillage. Il est 8 h 55, j'ai un peu mal au ventre, je me fais coiffer. A 9 h 10, je suis sur le plateau. A 9 h 13, je me concentre.