Fille d’un médecin palestinien et d’une femme au foyer, Rania al-Yassin est née le 31 août 1970 au Koweït. Elle passe son enfance dans son pays où elle suit ses études primaires puis secondaires, en anglais et en arabe. Mais, en 1991, en pleine guerre du Golfe, elle doit prendre la fuite avec sa famille après l’invasion de l’Irak et l’intervention américaine. Un événement qui marque sa vie. Elle poursuit son cursus à l’étranger et obtient un diplôme de Business Administration à l’Université américaine du Caire, en Egypte. Elle s’installe ensuite à Amman, en Jordanie. Là-bas, elle travaille au service informatique à la Citibank, puis pour le géant américain Apple. Rapidement, elle évolue dans les hautes sphères de la société jordanienne qui lui font connaître l’élite mais surtout elle fait une rencontre va faire basculer son destin.  

La première rencontre 

Dans le cadre de son travail, elle est invitée à dîner chez l’une des filles du roi de Jordanie. Sur place, elle fait la connaissance du prince Abdallah. Fils aîné du roi Hussein et de la princesse Muna al-Hussein, de son vrai nom Antoinette Gardiner, épousée en secondes noces, le prince Abdallah a effectué toutes ses études à l’étranger dans de prestigieuses écoles. Diplômé de l’académie militaire britannique de Sandhurst comme son père, il a également suivi des cours de commandement à l’école de cavalerie de Fort Knox, aux Etats-Unis, ainsi que des études en relations internationales à Oxford pendant un an, puis en 1988, il passe une année à l’université de Georgetown. Lorsqu’il revient dans son pays, il entreprend une carrière militaire au sein des forces armées jordaniennes.  

Le couple est propulsé au rang de roi et reine 

Entre Rania et Abdallah, c’est le coup de foudre et ils deviennent vite inséparables. Le prince, de huit ans son aîné, succombe au charme et à la beauté de la jeune femme, et elle ne reste pas non plus de marbre devant la prestance du jeune homme. « Il avait un si grand sourire et une telle énergie contagieuse, nous nous sommes très bien entendus. Et on connaît la suite, comme on dit », avait déclaré Rania dans une interview donnée au magazine australien « Stellar ». Rapidement, Abdallah, âgé de 31 ans, demanda la main de la jeune femme de 22 ans. Seulement six mois après s’être rencontrés pour la première fois, le couple se marie le 10 juin 1993, à Amman, lors d’une cérémonie princière. Si Rania ne pensait pas s’unir avec l’héritier du trône, un coup de théâtre survient le 24 janvier 1999. Un événement qui la propulse sur le devant de la scène publique et qui fait d’Abdallah le nouveau roi alors qu’il n’était pas prédestiné à le devenir.  

En effet, depuis 1965, l’oncle d’Abdallah, Hassan devait succéder à son frère, le roi Hussein. Mais, ce dernier, souffrant d’un cancer depuis plusieurs années, décide de changer l’ordre de la succession au trône treize jours avant sa mort. Il désigne alors à la hâte, son fils Abdallah, jeune général de division, âgée de 37 ans. Lorsque son père s’éteint après quarante-cinq ans de règne, Abdallah II de Jordanie monte donc sur le trône hachémite. Se plaçant dans la continuité de la royauté jordanienne, il bénéficie du soutien de l’armée et des services de sécurité. S’il devient roi de Jordanie, son épouse Rania ne devient pas reine aussitôt. Elle ne le devient que le 22 mars 1999 lorsque son mari lui confère le titre. Le nouveau souverain s’investit dans la modernisation de son pays mais aussi de la société jordanienne. Avec sa femme, ils forment un couple uni et doué pour la diplomatie.  

La reine Rania s’impose par ses prises de positions 

Rania s’investit pour des causes qui lui tiennent à cœur et s’impose peu à peu par son style et ses prises de positions. Si elle apparait comme une véritable icône de mode en s’affichant lors des cérémonies officielles des robes toujours élégantes et tendances de griffes prestigieuses comme Elie Saab, Narciso Rodriguez et Prada, elle met à point d’honneur à représenter l’image de la femme musulmane moderne. Ayant conscience des difficultés de son pays et de la volonté des Jordaniens à faire évoluer leur société, elle n’hésite pas à exprimer ses convictions. Par son charme naturel, elle fait entendre sa voix. Elle défend corps et âme les droits des femmes et maintient notamment que le port du hijab devrait être un choix laissé aux femmes musulmanes.  

L’éducation : une priorité pour les deux souverains 

L’éducation est également l’un des domaines pour lesquels elle se bat, tout comme son époux Abdallah II. Dans une interview accordée au quotidien australien « The Daily Telegraph », elle avait déclaré : « L’éducation et l’autonomisation des communautés ont toujours été des priorités absolues, car sans elles, une société ne peut pas progresser ou développer une immunité face aux menaces. » Elle défend les droits des enfants et s’engage auprès de ceux qui sont victimes de violences et d’abus. En 1995, elle créée la Jordan River Foundation pour lutter contre la pauvreté et promouvoir l’éducation de son pays. Après la première guerre du Golfe, cette association a pour objectif de donner une place aux femmes pour œuvrer à une autonomisation des collectivités locales. En 2003, elle créée également un fond destiné aux orphelins du royaume et un organisme, baptisé Opération Sourire, pour apporter des soins gratuits aux enfants souffrant de malformations. Ses combats pour les enfants lui confèrent la nomination d’Eminent défenseur des enfants par l’UNICEF, en 2007. C’est la première à être nommée ainsi. Elle lance aussi le projet Madrassati pour réhabiliter 500 écoles du royaume et assurer la formation des professeurs. En 2009, elle milite lors de la campagne 1Goal : Education for All, lancée par FIFA afin de ramener 75 millions d’enfants à l’école.  

Rania : symbole de la lutte pour les minorités et les défavorisés 

Rania défend aussi avec ferveur la paix. Elle prend position contre l’Etat islamique. Le 6 février 2015, elle défile dans les rues de la capitale avec son peuple, pour manifester contre l’assassinat d’un pilote jordanien par Daesh. Par ses engagements, elle reçoit en mars 2009 le Peace Maker Award et le North-South par le Conseil d’Europe. Elle a également pris part à la question des réfugiés qui lui ont valu le prix Walther Ratheneau en décembre 2015. En 2016, par amour pour son peuple, elle dédie aux Jordaniens le Prix humanitaire de la Foreign Press Association qu’elle obtient. Son rôle fondamental dans de nombreux domaines aux côtés des plus fragiles et des minorités lui ont permis de se placer en 13e position dans le classement des « 100 femmes les plus puissantes au monde », du magazine « Forbes ».  

Les engagements de la jeune femme lui donnent une image positive et active au sein de la royauté. Mais, depuis le printemps arabe en 2011, ses prises de positions lui valent quelques critiques. Jugée trop « progressiste » et « occidentale », une pétition voit même le jour pour lui interdire toute activité politique. Celle-ci obtient plusieurs milliers de signatures. Son origine palestinienne pèse également dans la balance. Face à ces attaques, Rania qui voyageait beaucoup à travers le monde pour militer pour la paix et l’éducation des enfants, diminuent ses déplacements à l’étranger préférant arpenter la Jordanie pour venir en aide aux populations défavorisées. Par la même occasion, elle troque ses robes Haute Couture pour des tenues plus simples et plus traditionnelles.  

Rania et Abdallah encore plus amoureux que jamais 

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@PPE/SIPA

Si elle est très impliquée dans la monarchie, elle n’en oublie pas d’être mère. Avec son époux Abdallah, ils ont quatre enfants : le prince Hussein (27 ans) – nommé prince héritier depuis 2009, la princesse Iman (24 ans), la princesse Salman (20 ans) et le prince Hashem (15 ans). Le 26 septembre dernier, fan des réseaux sociaux, la souveraine partageait une sublime photo d’elle et de ses deux filles pour célébrer leur anniversaire. Si tout semble avoir été très vite entre le roi Abdallah et la reine Rania, ils ont su d’adapter à leurs nouvelles fonctions et sont encore amoureux comme au premier jour, après vingt-sept ans de mariage. Pour marquer leur anniversaire, la reine a publié un cliché les montrant main dans la main sur son compte Instagram. A cette l’occasion, elle déclare son amour à son époux : « Comment pourriez-vous ne pas tomber amoureuse de ce sourire, encore et encore pendant vingt-sept ans ».