Depuis qu’elle a troqué sa casquette de rappeuse contre le voile, Mélanie Georgiades se dit apaisée. et ne cesse de répéter que l’islam l’a sauvée.

ELLE. Voilà cinq ans que vous avez quitté le monde de la musique. A quoi ressemble votre vie aujourd’hui ?
Diam's. Elle est pleine de petits bonheurs qui me comblent. Je suis comme toutes les femmes, toutes les mamans ! Pour moi, c’est une chance de pouvoir m’occuper de ma fille. Etre entourée de copines qui ont des enfants m’a beaucoup rassurée. J’ai profité de leur expérience. La spiritualité prend aussi une grande place dans ma vie. Et puis il y a ma famille et mes amis. Je passe beaucoup de temps avec eux.
ELLE. Vous avez confié avoir souffert des photos volées où vous apparaissiez voilée, parce que vos proches n’étaient pas au courant. Quel regard portent-ils, depuis, sur vos choix ?
Diam's. Ma mère m’aime, elle m’a acceptée, ainsi que mes choix. Tout comme mes grands-parents et mon père.
ELLE. Quels rapports entretenez-vous avec ce père qui ne vous a pas élevée ?
Diam's. De bons rapports. J’ai longtemps été bousillée par son absence, mais on peut guérir de toutes les blessures.
ELLE. Vous avez beaucoup milité contre les violences faites aux femmes. Notamment en évoquant votre expérience dans votre chanson « Ma souffrance ». En défendant le voile, n’avez-vous pas le sentiment de faire un pas en arrière ?
Diam's. Parler de pas en arrière, c’est considérer qu’il y aurait une façon de vivre qui serait la normalité. Pardon, mais être différente ne signifie pas être arriérée ! Le voile souffre d’une mauvaise réputation en France, mais il est vécu par beaucoup de femmes comme un élément d’équilibre, de protection, d’honneur, même si je conçois – pour en avoir fait l’expérience – que ce n’est pas cet aspect que les médias diffusent. J’ai beaucoup voyagé dans le monde avec mon voile. Les regards sont vraiment différents à l’étranger, où l’on accepte les religions avec plus de tolérance. Et, pour répondre clairement à votre question, je condamne toujours les violences faites aux femmes, aujourd’hui encore plus qu’hier.
ELLE. Que pensez-vous de ces jeunes femmes qui portent le voile en France parce qu’elles sont en quête d’identité ?
Diam's. Tout le monde se cherche et a besoin d’un modèle. Porter le voile, c’est vouloir la chasteté et la pudeur. J’ai conscience que c’est prôner des valeurs aux antipodes de la société actuelle et que cela dérange. Mais, j’ose le dire, je suis bien plus inquiète pour cette jeunesse qui cherche à ressembler aux mannequins, obsédés par leur corps ou par la célébrité, que pour ces filles tournées vers la spiritualité.
ELLE. Vous expliquez que la religion a donné un sens à votre vie. N’avez-vous pas été tentée par la psychothérapie ?
Diam's. La psychothérapie donne-t-elle un sens à la vie ? Comment peut-on comparer l’étude de soi à la connaissance et à la croyance dans les livres sacrés ? J’ai connu le monde des psys. Ils m’ont éclairée sur une partie de moi-même. Mais les réponses au sens de ma vie, à la raison de ma présence sur terre, je les ai trouvées dans la parole de Dieu.
ELLE. Que répondez-vous à Jamel Debbouze quand il vous lance : « Diam’s, tu nous manques ! » ?
Diam's. Je suis touchée que les gens pensent à moi et ne m’oublient pas, mais, quand on aime quelqu’un, on accepte ses choix et j’espère que c’est le cas de Jamel et de tous ceux qui m’ont aimée. Ma vie d’artiste, c’était d’être torturée, de vivre à mille à l’heure, de ne penser qu’à moi, à ma tournée, à mes disques, à ma réussite, j’étais si mal dans ma peau. C’est pour m’extraire de tout ce tourbillon que j’ai décidé de me retirer.
ELLE. Depuis la publication de votre biographie, vous recevez beaucoup de lettres de gens qui se confient à vous. N’avez-vous pas envie de continuer à composer pour eux ?
Diam's. Contrairement à ce que certains pensent peut-être, les gens ne m’écrivent pas pour que je revienne à la musique, mais plutôt pour m’encourager à vivre comme je veux et non comme la société nous le demande. Mettre en lumière des êtres dans le besoin en Afrique, des bénévoles ici en France, des donateurs partout dans le monde – comme avec le Big Up Project [l’association caritative qu’elle a créée, ndlr] –, voilà ce qui m’appelle désormais.
ELLE. Qui est Mélanie aujourd’hui ?
Diam's. Une femme heureuse souvent, triste parfois – car nous vivons tous des épreuves –, mais une femme qui sait pourquoi elle vit.