Présentation du Guyana

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Présentation du pays

GUYANA {JPEG}

Données générales

Nom officiel : République Coopérative de Guyana
Nature du régime : République parlementaire
Chef de l’État : M. Mohamed Irfaan Ali (2 août 2020)

Données géographiques

Superficie : 214 969 km²
Capitale : Georgetown (245 000 habitants – World Population Review, 2023)
Villes principales : Georgetown, Linden, New Amsterdam, Diamond-Grove
Langue officielle : anglais
Langues courantes : anglais, créole
Monnaie : Dollar guyanien (GYD)
Fête nationale : 23 février, jour de la République. 26 mai, fête de l’Indépendance (1966)

Données démographiques

Population : 808 726 habitants (Banque mondiale 2022)
Croissance démographique : 0,5 % (Banque mondiale, 2022)
Espérance de vie : 66 ans (Banque mondiale 2021)
Taux d’alphabétisation : 89% (2021, Banque mondiale – population âgée de 15 ans et plus).
Religions : 57 % de chrétiens (anglicans, adventistes et catholiques), 33 % d’hindous, 9 % de musulmans
Indice de développement humain : 0,714 (PNUD, 2021 - 108e rang)

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Le Guyana est une république parlementaire où le président de la République est le chef du parti ayant obtenu le plus de voix à l’Assemblée nationale. Le Parlement monocaméral est composé de 65 sièges dont 40 élus à la proportionnelle et 25 élus dans les 10 circonscriptions correspondant aux 10 régions administratives du pays. Le Parlement actuel se divise entre le parti du gouvernement, le People’s Progressive Party/Civic (PPP/C), réunissant 33 sièges, et la coalition d’opposition A Partnership for National Unity (APNU), 31 sièges, regroupant le People’s National Congress Reform (PNCR) avec le parti Alliance for Change (AFC).

Le candidat du PPP/C, Mohamed Irfaan Ali, a été déclaré vainqueur des élections de mars 2020 et a prêté serment le 2 août de la même année après une période de contestation des résultats par l’opposition (le président sortant David Granger ayant refusé de reconnaitre les résultats) et de troubles politiques. Les prochaines élections guyaniennes auront lieu à la fin de l’année 2025.

La scène politique du Guyana est marquée par un fort bipartisme, particularité issue de l’héritage britannique. Cependant, le clivage y est ethnique plutôt qu’idéologique. D’une part, on retrouve le PNCR, meneur de la coalition d’opposition APNU, au pouvoir de l’indépendance en 1966 à 1992, et dont la base électorale est majoritairement afro-guyanienne, et de l’autre, le PPP/C, au pouvoir de 1992 à 2015 puis de nouveau depuis 2020, soutenu par la population indo-guyanienne (environ 40 % de la population du Guyana contre 30% pour les Afro-Guyaniens - les Amérindiens comptant eux pour 10%). Environ 20% des Guyaniens sont classés dans la catégorie « mixte ».

Avec une démographie jouant en sa faveur, ainsi qu’une manne pétrolière entraînant un développement rapide du pays et lui assurant des marges budgétaires très importantes, la majorité PPP/C semble durablement installée au pouvoir, sauf en cas de troubles sociaux économiques, à l’instar de ceux qui avaient permis à l’opposition de remporter les élections de 2015 : forte hausse de l’insécurité, mécontentement, y compris au sein de la population hindoustani face à la corruption, alliance de l’opposition avec les représentants des populations amérindiennes devenus arbitre de l’échiquier politique. Toutefois, le sentiment de voir les bénéfices de cette manne pétrolière ne profiter qu’à une partie de la population pourrait entrainer une victoire de l’opposition.

La vie sociale guyanienne repose sur des bases ethniques et sociales opposant Hindoustanis (affaires, commerce, agriculture…) et Afro-Guyaniens (administration, police, armée…). En 2023, le pays profite d’une relative stabilité politique, ses finances sont saines (ratio dette publique sur le PIB de 22,8 % en 2022), et la criminalité est en baisse du fait de l’augmentation du niveau de vie. Des réformes concernant la gratuité de l’université et de la santé des femmes et d’accès à des logements pour les plus vulnérables sont également déployées.

Politique étrangère

Seul pays anglophone de la région et membre du Commonwealth, le Guyana est un pays à part sur le continent sud-américain.

Il entretient des relations difficiles avec le Venezuela du fait du différend frontalier sur la région de l’Essequibo (2/3 du Guyana). Ce différend, issu de l’époque coloniale, a connu un regain d’intensité à la fin de l’année 2023 avec l’organisation par Caracas d’un référendum pour revendiquer la souveraineté vénézuélienne sur cette région riche en hydrocarbures.

Après l’échec des bons offices initiés par le Secrétaire général des Nations unies, le Guyana a saisi la Cour internationale de justice (CIJ) qui s’est déclarée compétente (arrêt rendu par la Cour le 18 décembre 2020). La CIJ a tenu du 17 au 22 novembre 2022 des audiences pour répondre aux objections préliminaires du Venezuela dans ce qui est connu comme l’affaire de la sentence arbitrale du 3 octobre 1899 (Guyana c. Venezuela). Une décision finale de la CIJ est attendue au plus tôt en 2025. Le lancement d’appels d’offres par le Guyana en août concernant les blocs pétroliers offshore a conduit à un regain des tensions avec le Venezuela.

Celui-ci a décidé d’organiser un référendum sur la question afin de trouver la légitimité de faire de l’Essequibo un nouvel Etat vénézuélien. En réaction, le Guyana a saisi la CIJ afin d’obtenir des « mesures conservatoires ». Le 1er décembre, la CIJ a appelé les deux pays à s’abstenir de toute action pouvant remettre en cause le statu quo et conduire à une escalade. Le 3 décembre, le Venezuela a tenu le référendum, avec un taux réel de participation très faible (2 millions de votants). Suite à ce vote, le Venezuela a ordonné la cession de licences d’exploitation pétrolière. Le Guyana souhaite à présent porter l’irritant devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Une désescalade est intervenue grâce aux acteurs régionaux en décembre 2023. Elle a permis la mise en place du processus d’Argyle. Toutefois, la promulgation d’une loi organique faisant de l’Essequibo un Etat fédéré du Venezuela vient à l’encontre des principes du processus d’Argyle et constitue une nouvelle menace à la stabilité de la région.

En dépit de certains désaccords sur la délimitation de la frontière, les relations avec le Suriname se sont améliorées depuis l’arrivée au pouvoir de deux nouveaux présidents en 2020. Néanmoins, le conflit avec le Venezuela semble raviver les tensions autour de la région du Tigri et certains partis minoritaires surinamais demandent à la CIJ d’intervenir rapidement sur cette question. Néanmoins, le Guyana et le Suriname continuent d’avancer sur le développement d’infrastructures permettant de mieux connecter les deux pays.

Les relations avec les États-Unis et le Canada sont marqués par l’existence de fortes communautés guyaniennes dans ces deux pays, évaluées respectivement à plus de et 300 000 et 160 000 personnes. Les liens économiques avec les Etats-Unis sont très étroits du fait du rôle des entreprises américaines dans l’exploitation des gisements de pétrole : ExxonMobil mène la majorité de ces explorations avec 6 projets en cours. Les entreprises étasuniennes sont également engagées dans la modernisation et la montée en puissance des forces armées du Guyana. La visite du Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, en juillet 2023, a mis en valeur les intérêts économiques et stratégiques (notamment sécuritaires et militaires) entre les deux pays. Pendant la crise de l’Essequibo, le Secrétaire d’Etat Blinken a rappelé le soutien « indéfectible » de Washington à la souveraineté territoriale du Guyana. L’ancien président démocrate Bill Clinton s’est également rendu en visite à Georgetown les 25 et 26 mars à l’occasion de la tenue du United Caribbean Forum organisé par la Chambre de commerce République dominicaine-Guyana.
La Chine est également présente au Guyana et contribue au financement des infrastructures énergétiques et routières. Le Bosai Mineral Group y a réalisé un investissement d’1 milliard USD consacrés à l’ouverture d’une usine de bauxite. Le Guyana s’équipe d’avions de surveillance maritime Y12, fournis par l’entreprise chinoise CATIC. Les entreprises chinoises détiennent environ 20% des autorisations d’exploitation des sites pétroliers. Accompagné d’une large délégation d’entreprises, le président Irfaan Ali a effectué une visite d’Etat en Chine en juillet 2023 a l’issue de laquelle il s’est entretenu son homologue chinois, Xi Jinping. Les deux dirigeants ont affiché leur volonté de renforcer leur coopération stratégique et économique.
Les relations avec l’Union européenne s’inscrivent dans le cadre de l’Accord post-Cotonou, de l’UE-CELAC, de l’UE-CARIFORUM et de la stratégie commune de partenariat UE-Caraïbes. L’UE était destinataire de 30 à 35 % des exportations guyaniennes en 2020, le marché européen constituant le premier débouché pour le sucre guyanien. L’UE est le premier donateur au Guyana, avec une enveloppe de coopération de 21 M€ pour la période 2021-2027 au travers du EU-Guyana Forests Partnership, dont l’objectif est la protection et la préservation des forêts guyaniennes. Dans le cadre de ce programme, 5 M€ ont été attribués à l’AFD pour un projet de protection des forêts avec le WWF. Le Guyana devrait signer les accords de Samoa, dit de post-Cotonou, qui ouvrent un nouveau volet de la coopération entre l’UE et les pays africains, du Pacifique et des Caraïbes.
Sur la scène internationale, le Guyana a été élu pour la troisième fois membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies pour le biennium 2024-2025. Il est membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), depuis 1995, et siège dans les principales organisations de coopération régionale et internationale, dont l’organisation des pays de l’ACP (d’Afrique, Caraïbes et Pacifique), l’Association des États de la Caraïbe (AEC), de la Communauté caribéenne (CARICOM) - dont il abrite le siège -, de l’Organisation des États américains (OEA), de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), de la Communauté d’États latino-américains et des Caraïbes (CELAC). Par ailleurs, il est l’un des deux seuls membres du continent américain, avec le Suriname, de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Le Guyana exerce la présidence tournante de la CARICOM pour le 1er semestre 2024.

Situation économique

L’économie du Guyana est portée par l’exploitation des ressources en hydrocarbures, découvertes en 2015 au large des côtes guyaniennes et qui entraîne une transformation accélérée de son développement. Alors qu’il était jusqu’à peu le deuxième pays d’Amérique de Sud au plus faible revenu par habitant (4 648 USD en 2018), le Guyana est devenu un des pôles les plus attractifs de la région.

En 2022, son PIB réel a enregistré une croissance de 62% et de 38,4% en 2023, soit parmi les plus élevées au monde. Elle devrait le rester dans les prochaines années grâce à la manne pétrolière, dont les réserves sont évaluées à 13.5 Mds de barils équivalents de pétrole. Le pays possèderait ainsi les deuxièmes plus grandes réserves par capita au monde. Sa production actuelle est de 640 000 barils/jour et pourrait atteindre 1,2 M de barils/jour en 2027 – faisant du Guyana le plus grand producteur mondial par habitant – pour des revenus estimés à 3,6 milliards de USD par an.

L’essor économique du Guyana a permis au gouvernement actuel de faire voter un budget record pour l’année 2024 à hauteur de « trillions de dollars guyaniens » (4,78 Mds USD).

Le Guyana a récemment vendu 30% de ses crédits carbones pour 750 M USD dans le cadre de sa stratégie de développement à faible intensité de carbone (Low Carbon Development Strategy), réelle feuille de route du pays. Il est le premier pays à s’être appuyé sur le programme onusien REDD+ (Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation). Le Guyana a lancé le second volet de cette politique climatique, dont l’objectif central est de rester le pays avec le plus faible taux de déforestation au monde.

La croissance du PIB est portée par le secteur énergétique qui a progressé de 124,8 % en 2022, ce qui représente 88,5 % de la croissance du PIB réel en 2022. L’économie non-pétrolière a enregistré 11,5 % de croissance en 2022 (7,9 % anticipés en 2023). Le boom pétrolier s’accompagne d’un effet de ruissellement sur les autres secteurs économiques, y compris l’agriculture, l’exploitation minière et la construction.

La base productive de l’économie reste peu diversifiée et repose essentiellement sur deux secteurs :

  • Les mines : stimulé par le boom de la construction (26,3 % en 2022), le secteur regroupant les mines et les carrières (sable, pierre) table sur une croissance de 34,1 % en 2023.). L’extraction d’or représente encore 8,8 % du PIB en 2022 et devrait connaître cette année une croissance de 12,2 % tirée par la hausse de la production des mines d’or. Le sous-secteur de la bauxite – principale exportation de la Guyane Britannique – s’est redressé en 2022 après des années d’incertitude. Cet élan devrait se poursuivre en 2023, et générer une croissance de ce secteur de 9,8 %.
  • l’agriculture, 25 % du PIB non-pétrolier en 2022, repose essentiellement sur la production de sucre et de riz. Portée par la dynamique de la conjoncture, la croissance attendue de ce secteur attendrait 29,3 % en 2023. C’est le cas de la riziculture, 8,3% de croissance en 2022, notamment grâce à l’adoption et la culture de nouvelles variétés à haut rendement ; l’élevage, 12,1 % ; la sylviculture, 4 % ; et la pêche, 8,4 %.

Dette
Le pays a bénéficié de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE) et d’effacements de dette permettant une diminution significative, passant de plus de 600 % dans les années 1990 à 46 % du PIB en 2016. En 2022, le ratio dette publique sur le PIB était de 22,8 %. Les transferts de fonds des émigrés, concernant près de 500 000 Guyaniens dont 85 % de main d’œuvre qualifiée, représentent 11 % du PIB. Sous le mandat de l’ancien président David Granger, le Guyana a consenti des efforts en matière de transparence financière, qui ont conduit au retrait du pays de la liste grise du Groupe d’action financière des Caraïbes (GAFIC) en octobre 2016. Le pays a signé un accord FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act – échange d’informations fiscales) avec les États-Unis. Il n’est en revanche pas membre du Forum mondial pour la transparence fiscale de l’OCDE et n’a pris aucun autre engagement en vue d’échanger automatiquement des informations fiscales, que ce soit au plan multilatéral ou sur une base bilatérale.

Au regard de son développement économique fulgurant, le pays ne fera bientôt plus partie des pays éligible aux investissements solidaires et durables (classé comme High Income country).

Mise à jour : 14.05.24

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