Dans la nuit du 17 au 18 juillet 1936, des militaires conduits par le général Franco tentent un coup d’Etat contre le gouvernement de la Seconde République espagnole, proclamée cinq ans plus tôt. A l’aube du 19 juillet, ces insurgés franquistes pénètrent dans Barcelone. Si l’ouest du pays, plus rural, se rallie aux rebelles nationalistes, la capitale catalane résiste, à l’instar de Madrid et des régions industrielles de l’Est : l’Espagne est sur le point de basculer dans trois ans de guerre civile.

Au petit matin de ce dimanche 19 juillet 1936, alors que les affrontements commencent, le jeune photographe Agustí Centelles (1909-1985) lit les premiers tirages de la presse en écoutant la radio. Il arrive parmi les premiers au cœur des affrontements, sur les barricades des syndicalistes ou aux côtés des gardes d’assaut de l’armée républicaine. Deux jours durant, avec son Leica, ce pionnier du photojournalisme immortalise les combats et la population acclamant des gardes civils qui viennent de proclamer leur fidélité à la République.

Syndicaliste et membre du Parti socialiste unifié de catalogne (PSUC), Agustí Centelles part ensuite couvrir les batailles sur le front de l’Est, à Teruel et à Lérida, avant de revenir à Barcelone pour travailler pour le ministère de la Propagande républicaine. Après la victoire des troupes du Caudillo en 1939 – qui marque le début de trente-six ans de dictature –, le photojournaliste est contraint à l’exil en France. Il part avec une valise pleine d’originaux qu’il ne rapatriera en Espagne qu’au printemps 1976, quelques mois après la mort de Franco et la fin de la dictature.