Il y a des dénominations dont la signification et la portée ne sont pas anodines. Surtout quand ces dénominations sont historiquement “chargées” de préjugés. C’est le cas de l’expression “les Balkans” – abréviation de “la péninsule balkanique”, utilisée pour la première fois en 1808 par le géographe allemand Johann August Zoyne. Il est parti de l’idée erronée selon laquelle la chaîne de montagnes des Balkans s’étend de la mer Noire aux Alpes. C’est ainsi qu’est née l’image des Balkans comme frontière de l’Europe, ou comme pont vers l’Orient. Peu de temps après, l’idée de Zoyne fut réfutée par l’Autrichien Johann Georg von Hahn, qui a proposé pour sa part l’expression “Europe du Sud-Est”.

Ni tout à fait Europe ni tout à fait Orient

Pour les Européens, le mot “Balkans” évoque quelque chose de différent : ni tout à fait Europe ni tout à fait Orient. Cette image des Balkans persiste encore aujourd’hui. Toutefois, jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’Europe nommait les Balkans occidentaux d’aujourd’hui la “Turquie européenne”. Le mot “Balkans” est d’ailleurs d’origine turque, et signifie “haute montagne”.

L’Europe a-t-elle choisi expressément le mot turc pour signifier que cette région lui reste étrangère parce qu’elle a été associée à cinq siècles de domination ottomane ? Pourquoi n’a-t-elle pas appelé ces pays faisant partie de l’Empire ottoman la “Turquie des Balkans”, plutôt que “la Turquie européenne” ? N’y a-t-il pas quand même plus d’européanité dans l’expression “Turquie européenne” que dans le terme “Balkans” ?

Les Balkans sont devenus un symbole d’étrangeté et d’altérité surtout au XXe siècle. Quant à l’expression “Europe du Sud-Est”, elle n’est pas chargée de connotations négatives, évoquant simplement l’affiliation géographique au grand continent européen. Ce sentiment ne devrait-il pas être renforcé par tous les moyens par l’UE ? Après tout, l’UE n’a-t-elle pas été fondée pour dépa