Ce samedi 17 octobre, une nouvelle attaque de colons israéliens par un Palestinien s’est soldée par la mort de l’assaillant en Cisjordanie, tandis qu’à Jérusalem-Est, un autre Palestinien a été abattu par les soldats israéliens après avoir tenté de s’attaquer à l’un d’eux.
Vendredi 16 octobre, c’est le tombeau de Joseph à Jérusalem qui avait été saccagé, exactement quinze ans après une première mise à sac en octobre 2000, aux premières heures de la deuxième Intifada. Ce lieu saint judéo-islamique, “resacralisé” par un groupe de nationalistes religieux d’extrême droite, est situé à Balata, un faubourg de Naplouse, au cœur d’une des zones autonomes les plus densément peuplées administrées par l’Autorité palestinienne.


“Une foule d’un millier de Palestiniens a tenté d’incendier le tombeau, avant d’être repoussée par les forces de sécurité palestiniennes, jusqu’à ce qu’une unité de Tsahal prenne leur relève et que la sécurité civile palestinienne vienne à bout des flammes”, relate ainsi Avi Issacharoff, sur le site d’information Walla!. Il illustre ainsi l’un des motifs de mécontentement de l’opinion palestinienne : la coopération entre la police de l’Autorité palestinienne et les forces d’occupation israéliennes, malgré ces temps troublés et la rupture des négociations au printemps 2014.

Est-ce une Intifada ?

Pendant ce temps, les éditorialistes israéliens continuent de se perdre en conjectures sur les causes, la nature et l’issue des affrontements entre jeunes Palestiniens et forces d’occupation israéliennes. Le site de gauche Siha Mekomit se demande si, en quelque sorte, la “Jeunesse des Collines” (groupe de jeunes colons extrémistes) n’a pas atteint son but :

En quelques années, cette jeune génération de colons nationalistes religieux s’est rendue célèbre en détruisant des plantations palestiniennes, en attaquant des civils palestiniens et en taguant des slogans racistes sur leurs maisons. Ces provocations ont peut-être porté leurs fruits et la vague spontanée d’attaques au couteau serait ainsi la ‘réponse’ au climat toxique imposé par ces colons.”


Les affrontements actuels sont-ils les prémices d’une troisième Intifada ? Dans Ha’Aretz, le reporter Jacky Khoury se veut à la fois prudent et inquiet : “La révolte actuelle est aussi imprévisible que les débuts de la première Intifada [1987-1992].Comme en 1987, elle est la révolte spontanée de toute une jeune génération qui a pris tout le monde de court : les renseignements israéliens, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Hamas”.

“L’enjeu est la fin de l’humiliation et de l’occupation”, explique encore le journaliste, qui voit deux issues possibles à cette révolte : “soit elle se dote d’une direction autonome [comme ce fut le cas en 1987-1992], soit elle s’étouffera en gardant en elle une bombe de frustration. Une bombe qui, quand elle explosera à nouveau, sera terrible pour Israël, car il lui faudra affronter son propre ‘printemps arabe’, le ‘printemps palestinien’. Une chose est sûre, l’usage de la seule répression armée par Israël n’est pas une réponse à la hauteur des enjeux politiques.”

Le militaire ne suffit pas


Pour Yaron Friedman, l’“arabisant” de Yediot Aharonot, “il n’y a pas de troisième Intifada. Les attaques au couteau sont des initiatives isolées que le Hamas, étouffé par le blocus israélo- égyptien, n’est pas en mesure de soutenir. Au-delà de leur caractère angoissant et paranoïde, ces attaques sont le fait de jeunes Palestiniens sans perspective d’avenir dans un contexte politique bloqué”.

Le journaliste souligne que les médias arabes prêtent davantage d’attention à la guerre de Syrie qu’à la Palestine. Mais cela ne doit pas servir d’excuse au gouvernement israélien : “si Israël veut s’épargner un ‘printemps palestinien’, il va falloir prendre des initiatives politiques audacieuses, le militaire ne suffit pas. Or, il semble que le gouvernement Nétanyahou ait décidé de profiter de l’affaiblissement américain et de l’attention internationale mobilisée sur la Syrie pour lâcher la bride aux nationalistes religieux. Cela ne sert pas le droit à la sécurité des citoyens d’Israël”.


Enfin, Nir Hasson, reporter de Ha’Aretz à Jérusalem, dénonce “l’absurdité et l’inefficacité sécuritaire du bouclage des quartiers musulmans de Jérusalem-Est” et surtout “son impact moral et économique désastreux sur l’ensemble de la ville, y compris Jérusalem-Ouest. Ce qui ne fait que démontrer une fois de plus la nécessité d’un accord politique substantiel entre Israéliens et Palestiniens sur la question de Jérusalem.”