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LIVRE: Les mémoires populaires et rock’n’roll d’Alain Paucard

Il raconte sa vie en 328 pages. Dans « J’aurais dû rester chanteur de rock n’roll », on découvre les évolutions de Paris et de la France ; on y découvre surtout un sacré écrivain. Un livre savoureux.

Temps de lecture: 4 min

Lorsqu’on lui fait remarquer qu’il n’est pas si vieux que ça (77 ans) pour nous donner à lire ses mémoires, Alain Paucard répond : «  Pas si jeune que ça…  » Et il se met à rire. Alors, on réfléchit quelques secondes, et on se dit qu’au fond, c’est une très bonne chose que paraisse aujourd’hui son livre J’aurais dû rester chanteur de rock n’roll car c’est un sacré bon livre ; preuve en est qu’on ne s’y ennuie jamais. Car, bien plus qu’un romancier, qu’un nouvelliste, Paucard est un conteur né. En cela, il rejoint certains de ses écrivains préférés : Pierre Gripari et Paul Léautaud (Amours en est un exemple).

Paucard de Paris

En 328 pages, il nous déroule le fil de sa vie et celle d’une partie de sa famille. C’est souvent drôle, parfois émouvant. Passionnant, toujours. Pourquoi ? Paucard donne dans le simple, dans le classique. Pas de construction alambiquée ; pas d’afféterie. Il raconte avec l’encre douce de sa belle plume. Il y fait renaître le Paris et la France qu’il a connus et qui lui manquent. Ce n’est pas pour rien qu’il se présente, un brin canaille, «  Allo ? Paucard de Paris. Qui est à l’appareil ?  » quand on l’appelle sur son téléphone fixe. (On s’en doute, le bougre n’a pas de téléphone portable ; il n’en veut pas !). Des époques passent sous nos yeux ; il nous les livre de son œil amusé. Le progrès technologique et ses désastres en prennent pour leur matricule ; on est en droit de ne pas lui donner tort.

En dehors de la famille et la France, il ne faut pas oublier ses deux autres passions : le rock’n’roll et la littérature

Sa famille donc. Un père policier, franc-maçon, résistant, et une grand-mère (qui l’entraîne dans tous les musées et lui donne l’amour de la France) qu’il vénère. «  L’un m’a initié au cinéma (le western, mais aussi Jour de fête, de Tati) ; l’une m’a enseigné l’histoire vivante de la France grâce à des visites aux musées de l’Armée, de la Marine, Grévin et l’ex des Colonies  », confie-t-il. Une mère avec qui il éprouve beaucoup de difficultés relationnelles. «  On n’a pas le droit de dire à un enfant qu’il n’aurait pas dû naître, encore moins de lui révéler qu’on a failli mourir en le mettant au monde (ce qui était un mensonge)  », avoue-t-il. En dehors de la famille et la France, il ne faut pas oublier ses deux autres passions : le rock’n’roll et la littérature. «  Le rock des années 50 correspondant à la poussée culturelle “made in USA” mais il a représenté une bouffée d’air pur pour une génération qui n’entendait parler que des privations de l’Occupation  », dit-il. «  Elvis, Gene Vincent, etc. ont été l’équivalent pour moi de ce qu’avait été Charles Trenet pour mon père. Bien sûr, je mets aussi très haut Brassens, Trenet, Mouloudji, Lemarque, Dimey, etc.  » Et quand on lui demande de citer son écrivain préféré, il annonce Paul Léautaud : «  Comme lui, j’aime les journaux intimes, les mémoires, les essais plutôt que les romans. Il regrettait qu’on lui ait posé le téléphone. Je n’ai ni portable, ni Internet. Nous sommes des gens du XVIIIe siècle. Et comme il voyait juste : “On ne trouve plus de femmes de ménage, elles écrivent toutes.” Résultat : on donne le Nobel de littérature à Annie Ernaux.  » Faut-il préciser que l’ami Alain n’a pas la langue dans sa poche ? Il ne manque pas de panache et ne mâche pas ses mots. Il ne se prive pas d’employer le mot « boche » quand le contexte historique l’exige et a eu le courage de soutenir nos frères d’arme serbes lors du conflit dans l’ex-Yougoslavie. Dans cette Europe bassement politiquement correcte, les mémoires de Paucard de Paris font un bien fou.

Alain Paucard-J-aurais-du-rester-chanteur-de-rock-n-roll-Couverture-Novembre (2)

« J’aurais dû rester chanteur de rock n’roll », « Mémoires au galop », Alain Paucard ; éd. Via Romana ; 328 p. ; 24 €.

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