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Ils sont artiste, cheffe étoilée, designer ou apiculteur, pilote automobile ou créatrice de mode. Leur point commun ? Ces personnalités glamour ou au cœur de la vie culturelle, économique et sociale régionale sont les moteurs de l’actualité azuréenne. Découvrez sans filtre le témoignage de leur parcours, leurs rêves, leurs ambitions et leurs projets à venir.

mai 2017

Pedro Almodóvar

  • El presidente

 

 

 
 almodovar

 Pedro Almodóvar sur le tournage du magnifique Julieta, reparti bredouille de la 69e édition...

Une première pour cette édition anniversaire : le jury du festival de Cannes est présidé par un cinéaste espagnol, grand habitué de la manifestation mais jamais auréolé de la palme suprême !

 

Alors, sans rancune Don Pedro ? Après l’annonce de sa nomination comme président du jury cannois édition 2017, Pedro Almodóvar, 67 ans, confiait sa joie de « fêter le 70e anniversaire du Festival du film dans cette fonction si privilégiée. Je suis reconnaissant et honoré, et j’ai le trac ! Président du jury est une lourde responsabilité et j’espère être à la hauteur des circonstances. Je peux vous dire que je vais me dévouer corps et âme à cette tâche, qui est à la fois un plaisir et un privilège. » Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, le décrit comme une « icône flamboyante du cinéma espagnol et un metteur en scène célèbre dans le monde ». Il est en tout cas l’un des grands habitués de la manifestation qui l’a honoré deux fois au palmarès sans pour autant jamais lui décerner la récompense suprême ! La palme d’or, objet de tous les désirs – même si elle ne garantit pas le triomphe en salles et un budget rentabilisé – aurait pu lui revenir l’année dernière, estime à titre personnel votre humble serviteur. Julieta, son vingtième opus, est à ce jour le plus beau film du cinéaste espagnol.

 

Tremplin cannois
Pedro Almodóvar démarre son histoire cannoise dès 1982. À la Semaine de la critique, l’autodidacte vient présenter incognito son deuxième long-métrage Le labyrinthe des passions. Six ans plus tard, le succès de Femmes au bord de la crise de nerfs, dans son pays et à l’étranger, le propulse dans la lumière. En 1992, le Festival de Cannes lui confie le rôle de juré auprès du président Depardieu, mais c’est réellement en 1999 que le tremplin cannois se met en place. Cinq de ses longs-métrages sont présentés en compétition : Tout sur ma mère, d’abord, qui décroche le Prix de la mise en scène puis d’autres récompenses internationales, Volver, en 2006, auquel le jury remet le Prix du scénario, Étreintes brisées en 2009, La piel que habito en 2011, avec Antonio Banderas en chirurgien Frankenstein, et Julieta, l’an passé. Sans compter l’affiche de la 60e édition qui arbore la bouille réjouissante du « Caballero » (son deuxième nom de famille) aux côtés de celles d’autres fidèles de La Croisette : Jane Campion, Wong Kar-wai, Juliette Binoche... L’oublié de Cannes ? Pas vraiment. Mais cette palme d’or qui lui échappe comme une savonnette a fini par créer une rumeur fantasmagorique sur la soi-disant obsession d’Almodóvar sur le sujet. Il s’en défendait en mai 2016 auprès de nos confrères de So Films : « J’ai lu quelque part que je suis obsédé par la palme d’or. Celui qui a écrit ça ne sait pas ce que c’est de faire du cinéma. Je vous promets qu’il n’y a pas de la place dans la tête d’un cinéaste pour penser à ce genre de considérations. Et en plus, j’ai toujours été gâté à Cannes ! »

 

« Il n’existe que le cinéma »
Mais que se passe-t-il au juste dans la tête d’Almodóvar ? Après avoir incarné le renouveau du cinéma ibérique dans l’Espagne de l’après-Franco, le réalisateur a su créer en quarante ans de carrière une œuvre iconoclaste, baroque, incandescente, portée par une passion insatiable pour les figures féminines – et les actrices qui les incarnent – et l’histoire du cinéma. L’ex-figure de proue de la Movida, adepte des excès en tous genres, s’est assagie et recentrée. Aujourd’hui, « ma vie est extrêmement simple : je lis, je regarde des films, j’écoute de la musique, je me promène. Rien d’autre. Et je fais des films. Si je lis, si je marche, si j’écoute de la musique et si je vois des films, c’est pour nourrir les histoires que je raconte. Maintenant, il n’existe que le cinéma », révélait-il à So Films. À coup sûr, son rôle de président de jury du 70e Festival de Cannes, du 17 au 28 mai, le comblera de bonheur.

 

Par Mireille Sartore

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