De Confucius à Star Wars : l’épopée des samouraïs au musée Guimet à Paris

De Confucius à Star Wars : l’épopée des samouraïs au musée Guimet à Paris
Série Vie de Yoshitsune – Épisode IX : Le combat de Ushiwakamaru et Benkei sur le pont Gojo à Kyoto, Utagawa Hiroshige, Japon, époque d’Edo, deuxième quart du 19e siècle, estampe nishiki-e, 22 × 35 cm, MNAAG, © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Jusqu’au 29 août, le musée Guimet évoque la « voie du guerrier », celle des samouraïs japonais du IXe au XIXe siècle. Armures, estampes et objets d’art racontent leur épopée et l’imaginaire qui leur est associé. « L’art et le sabre » nous conduit de Confucius à George Lucas et fait rêver toutes les générations.

Dans sa collection japonaise, le musée national des arts asiatiques-Guimet à Paris possède d’innombrables représentations de samouraïs, ces aristocrates guerriers apparus dès la fin du IXe siècle. « Il s’agit alors de petits groupes armés constitués autour des notables provinciaux au service de la cour impériale de Kyoto », précise Vincent Lefèvre, le directeur des collections du musée et commissaire de l’exposition « L’arc et le sabre », présentée par l’institution jusqu’au 29 août. Pour la monter, il a donc suffi de se plonger dans ce fonds très riche.

La voie du guerrier

Ces seigneurs prennent peu à peu du pouvoir face à la noblesse de cour et deviennent incontournables à l’époque de Kamakura (1185-1333) puis celle de Muromachi (1336/1378-1573). Naissent alors la « voie du guerrier » (bushido) et le rapprochement entre la haute aristocratie guerrière au service du shogun et la noblesse impériale. Lorsque la paix s’installe au Japon, les samouraïs obtiennent le monopole du maniement des armes et se transforment « en spécialistes de l’administration d’un État prémoderne », comme l’explique également Vincent Lefèvre.

Officiers du fief de Satsuma (vers 1870) de Felice Beato, présenté dans l’exposition « L’arc et le sabre » au musée Guimet, 2022 (©Guy Boyer)

Officiers du fief de Satsuma (vers 1870) de Felice Beato, présenté dans l’exposition « L’arc et le sabre » au musée Guimet, 2022 (©Guy Boyer)

Une culture samouraï

Loyauté, fidélité et dévouement jusqu’à la mort sont les préceptes des samouraïs. Ce lien avec le seigneur peut aller jusqu’au seppuku, le célèbre suicide par éventration pour sauver son honneur, qui permet d’éviter l’exécution devant la foule. Le samouraï est reconnaissable par son costume : la veste haori portée par-dessus le kimono, le large pantalon appelé hakama, l’armure et deux sabres de longueurs différentes. Hormis les estampes de l’époque d’Edo montrant les shoguns avec leurs hommes liges, l’exposition propose un large choix de casques, poignards, sabres de cérémonie. Parmi les casques les plus étonnants, il faut observer dans une vitrine ceux ornés d’un lapin, d’un serpent, d’un dragon de bronze ou celui du clan Wakizawa avec son couvre-nuque, son gorgerin et son toupet en crins de cheval.

Casques de samouraïs (XVIIIe siècle), présentés dans l’exposition « L’arc et le sabre » au musée Guimet, 2022 (©Guy Boyer)

Casques de samouraïs (XVIIIe siècle), présentés dans l’exposition « L’arc et le sabre » au musée Guimet, 2022 (©Guy Boyer)

L’exposition explique comment le bushido ne se limite pas au maniement des armes dans le dojo, un espace d’abord en plein air puis couvert, mais qu’il s’associe à la culture des lettrés avec calligraphie, médecine, astronomie et sciences occidentales modernes.

De Confucius à George Lucas

Néoconfucianisme et bouddhisme façonnent également la culture des samouraïs, en particulier avec le zen visant à obtenir l’illumination parfaite à l’aide de la méditation et de la discipline intérieure. « On pourrait s’étonner d’une telle alliance entre des guerriers et un bouddhisme qui, de prime abord, promeut le détachement et la non-violence, explique Vincent Lefèvre. Mais il ne faut pas perdre de vue que dans les périodes troublées de Kamakura et Muromachi, la perspective d’un au-delà pour ceux qui côtoyaient la mort de manière quasi quotidienne pouvait être perçue comme un idéal nécessaire ». D’où la présence dans le parcours de l’exposition des trois voies des samouraïs : la voie du thé (chado), des bois odoriférants (kodo) et des fleurs (ikebana), qui se sont ensuite transformées en arts d’agrément. La littérature, la poésie, le théâtre nô font paradoxalement partie des expressions culturelles associées à ces redoutables guerriers. On admirera particulièrement les estampes de Utagawa Toyokuni I centrées sur des acteurs de kabuki et celles de Yashima Gakutei et d’Utagawa Kunisada montrant l’acteur Ichikawa Danjuro VII dans un rôle de Shibaraku avec son costume monumental orné de carrés blancs sur fond rouge.

Miroirs des acteurs de kabuki (1804) de Utagawa Toyokuni I, présenté dans l’exposition « L’arc et le sabre » au musée Guimet, 2022 (©Guy Boyer)

Miroirs des acteurs de kabuki (1804) de Utagawa Toyokuni I, présenté dans l’exposition « L’arc et le sabre » au musée Guimet, 2022 (©Guy Boyer)

L’exposition se clôt par un chapitre dédié à l’image du samouraï dans la culture contemporaine, des mangas au cinéma de Kurosawa. Le dernier clin d’œil est occidental avec le Star Wars de George Lucas (1977) avec un Dark Vador en casque noir, protecteur et effrayant. Une exposition pour tout public à l’évidence !

Exposition « L’arc et le sabre »
Musée national des arts asiatiques-Guimet à Paris
www.guimet.fr
jusqu’au 29 août


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