Chantilly ravive Le Massacre des Innocents de Poussin
Récemment restauré, Le Massacre des Innocents de Nicolas Poussin est le sujet d’une exposition au Jeu de paume de Chantilly. Contexte, analyse de l’œuvre, comparaison avec les contemporains du XVIIe et ouverture sur les créations actuelles. Une démonstration réussie.
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Un tableau terrible
D’ordinaire installé dans la Galerie de peinture du château de Chantilly, Le Massacre des Innocents peint en 1627-1628 par Nicolas Poussin pour le marquis Vicenzo Giustiniani raconte l’histoire terrible des vingt-deux enfants de la famille du commanditaire enlevés, convertis de force et tués par les Ottomans.
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Tendre à l’universel
Plutôt que de montrer les détails les plus sanglants de l’épisode, Nicolas Poussin a choisi de simplifier la scène au maximum. Pour élever la scène à un moment intemporel et universel (le massacre d’un enfant), Poussin ne garde que le geste du soldat avec son épée levée vers le haut, l’imploration de la mère au visage très expressif et le désespoir des quatre femmes fuyant le lieu du carnage.
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Face à face Poussin/Reni
Les sources du Massacre des Innocents de Nicolas Poussin sont nombreuses. D’abord le texte tiré du Nouveau Testament avec Hérode décidant de faire périr tous les enfants de moins de deux ans après avoir appris qu’un nouveau roi venait de naître. Ensuite, une gravure de Marcantonio Raimondi d’après un tableau de Raphaël montrait le même épisode biblique. Enfin, Guido Reni, le rival de Poussin à Rome, avait peint en 1611 une grande composition sur ce sujet, toile conservée aujourd’hui à Bologne et présentée ici en vis à vis.
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Source d’inspiration
Même si, du vivant de Poussin, son Massacre des Innocents était moins célèbre que sa Mort de Germanicus, le tableau a rapidement été source d’inspiration ou de citation. La deuxième moitié de l’exposition est donc consacrée aux interrogations des artistes XIXe, modernes et contemporains, de Léon Cognet à Jean-Michel Alberola, devant ce chef d’œuvre de Poussin.
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Massacre ou charnier ?
Sept ans après avoir terminé Guernica, Picasso peint cette autre toile en noir et blanc représentant une scène de guerre. On ne sait pas s’il a vu Le Massacre des Innocents de Poussin ou quand il a repéré sa reproduction dans une revue surréaliste (avant l’automne 1936) mais il choisit, lui aussi, le motif de la bouche hurlante. Avec sa toile Head II, Francis Bacon montre également combien il a été marqué par la vue de la toile de Poussin à Chantilly alors qu’il avait à peine vingt ans.
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Études et digressions
L’exposition se termine sur différentes disgressions autour du tableau de Poussin signées par quelques grands artistes contemporains (Markus Lüpertz, Pierre Buraglio, Henri Cueco, Ernest Pignon Ernest). Deux commandes à Annette Messager et Jérôme Zonder entraînent l’œuvre vers les thèmes de l’avortement ou de la violence.