À compter du 16 mars, les Chartrains auront la chance d'admirer pendant trois mois au musée des Beaux-Arts un tableau célèbre de Claude Monet, le Bassin aux nymphéas, harmonie verte, à l'occasion des 150 ans de l'Impressionnisme initiés par le musée d'Orsay. Les explications d'Isabelle Vincent, adjointe en charge de la Culture et du Patrimoine.
Votre Ville : Dans quelles circonstances ce tableau arrive-t-il à Chartres ?
Isabelle Vincent: La France célèbre cette année les 150 ans de l'Impressionnisme. À cette occasion le musée d'Orsay, le musée français de l'art du XIXe siècle, prête à une trentaine de musées 198 œuvres issues de ses collections, réalisées par des artistes qui incarnent ce courant né en France, et aujourd'hui reconnu dans le monde entier comme un mouvement majeur dans l'histoire de l'art. Le musée des Beaux-Arts de Chartres, qui a souhaité faire partie de cette opération jubilée, a été retenu.
Cette décision met d'abord en lumière la place de notre musée parmi ceux qui sont éligibles à des prêts de premier plan. Un musée comme Orsay, dont les collections sont parmi les plus belles au monde, ne prête pas ses œuvres à n'importe qui, et a fortiori un Monet aussi renommé que celui-ci. Le label Musée de France dont bénéficie notre musée des Beaux-Arts a sans aucun doute pesé : ce label n'est pas « gratuit » : il impose entre autres une exigence de qualité en matière de valorisation des œuvres, de travail scientifique sur les collections, et d'accueil et d'accompagnement des publics.
Un tableau iconique
VV : Votre regard sur cette œuvre ?
IV : Le tableau qui nous est proposé, Bassin aux nymphéas, harmonie verte, est très représentatif du travail de Claude Monet, considéré comme le « pape » de l'impressionnisme. Il fait partie des collections de l'État et notamment de ces œuvres phares que les grands musées du monde rêvent d'accueillir. Jugez-en : il a été prêté à une quarantaine de musées ou galeries de premier plan à l'occasion d'expositions qui ont fait date. Le musée Jacquemart-André à Paris pour une exposition sur Marcel Proust, le Palais des Beaux-Arts de Shanghai lors d'une rétrospective sur la peinture française, le musée des Beaux-Arts de Bâle, lors d'une exposition spécifique sur les Nymphéas, ou encore le musée national des Arts occidentaux de Tokyo à l'occasion, clin d'œil intéressant, d'une exposition sur le japonisme. Je ne cite que ceux-là…
Autant dire que nous ne cachons pas le plaisir que nous avons à exposer cette œuvre à Chartres. Je parlais d'un clin d'œil à propos du japonisme, puisque Monet a trouvé une grande partie de son inspiration sur les Nymphéas dans les jardins de Giverny, un lieu extraordinaire de beauté, conçu en grande partie selon l'art paysagiste japonais, avec ce que cela sous-entend de recherche sur les harmonies de couleurs, de matériaux, de variations de lumières. Nous programmons d'ailleurs d'installer, à certains endroits de la ville, des échos à ce tableau, et je remercie d'emblée ma collègue Maria Jebli-Chedeville et notre service des Espaces verts qui s'emploieront à donner un aspect « givernien » au jardin du musée pour l'occasion.
VV : Quand les Chartrains pourrontils l'admirer ?
IV : À partir du 16 mars prochain et jusqu'au 16 juin. Même si l'imagerie 3D et les hologrammes permettent d'admirer les œuvres de façon de plus en plus réaliste, rien ne remplace l'impact de l'œuvre originelle. Monet a peint 250 Nymphéas. Il peignait par séries (il a également peint 30 cathédrales de Rouen), pour mieux fixer sur la toile la variation de la lumière du jour sur le modèle.
Les nymphéas sont en fait les grands nénuphars de la pièce d'eau de Giverny, là où il avait sa maison, aujourd'hui musée comme son parc. L'œuvre que nous accueillons, véritablement iconique, est l'un des rares Nymphéas à porter un double titre. Elle illustre parfaitement la technique impressionniste et reste à ce titre l'une des plus connues, des plus représentées.
VV : Est-ce que notre musée accueille des œuvres venues d'autres musées ?
IV : Nous accueillons régulièrement des œuvres dans le cadre de prêts ou de dépôts organisés avec des institutions partenaires. Mais je mettrai en lumière le fait que notre musée aussi fait circuler ses œuvres. Ainsi, L'enfant de chœur de Soutine qui est parti plusieurs mois pour figurer dans une exposition organisée au Louvre d'Abu Dhabi, le Vase de Charlemagne, qui est allé jusqu'au célèbre Metropolitan Museum de New York, ou encore certaines des œuvres océaniennes de notre fonds Bouge qui ont résidence au musée des Arts premiers du quai Branly – Jacques Chirac, à Paris.
