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Transports et Défense

Le Rafale de Dassault est-il le meilleur avion de combat de la planète?

S’il n’est ni le plus puissant, ni le plus sophistiqué, l'avion de chasse français, vendu à l'Egypte, l'Inde et le Qatar, est l’un des appareils les plus polyvalents. De quoi devancer le F-22, le F-35 ou l’Eurofighter?
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Un Rafale
Un Rafale en version lourdement armée (14 points d'emport)
Dassault Aviation - V. Almansa

Trois commandes et engagements d’achat (Egypte, Inde, Qatar) à l’export en deux mois. 84 commandes au total, contre zéro il y a douze semaines. Le décollage commercial du Rafale à l’export, avec désormais près d’un tiers des commandes hors de France, a de quoi impressionner. Si le contexte diplomatique, avec l’affaiblissement des Etats-Unis dans le Golfe et dans le monde arabe, a joué, de même que l’impressionnant activisme du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian (10 déplacement au Qatar depuis 2012), le chasseur français a bien sûr pu compter sur ses qualités propres.

Où situer le chasseur français sur un marché des avions de combat estimé à 226,3 milliards de dollars et 2.965 avions sur les dix prochaines années par le cabinet américain Teal Group ? Alors que Dassault vient de signer ce 4 mai le contrat avec le Qatar pour 24 avions, revue de détail en trois points.

1/ Commandes : peut (encore) mieux faire

Si elles démontrent un potentiel appréciable, les 84 commandes et engagements d’achat ne font pas du Rafale un carton commercial historique à l’international. Le F-16 de Lockheed Martin, fort du monumental marché intérieur américain, dépasse ainsi les 4.500 commandes depuis son lancement… Le monoréacteur américain est toujours le chasseur le plus utilisé au monde, avec près de 2.300 avions en service selon Flightglobal, loin devant deux autres appareils américains, les F-18 (plus de 1.000 avions) et  F-15 (865) de Boeing. Et la domination américaine risque de perdurer : le futur F-35 de Lockheed Martin, le programme le plus cher du Pentagone, revendique plus de 2.000 commandes.

Les quatre places suivantes du Top 10 sont trustées par les avions russes, qui bénéficient aussi d’un marché "domestique" important : les MiG-29 (857 appareils), Su-27 et ses dérivés (845), ainsi que le MiG-21 (698). Le Rafale, livré pour l’instant à 137 exemplaires à l’armée française, est encore loin : il ne figure pas dans les dix premiers avions en service.

Si l’on regarde les performances des avions à l’export, les leaders américains et russes restent aussi largement devant. La Russie revendique plus de 500 commandes export de chasseurs de la famille Sukhoï 30 depuis 15 ans (Algérie, Vénézuéla, malaisie, Indonésie, Vietnam…). Le F-15, vendu à Israël, en Arabie Saoudite, au Japon et en Corée du Sud, affiche une performance similaire, loin des 84 commandes export du Rafale.

Mais le chasseur français refait son retard sur plusieurs concurrents. Il rattrape peu à peu le Gripen du suédois Saab, qui comptabilise une centaine de commandes export, notamment au Brésil, en Thaïlande, en République tchèque ou en Afrique du Sud. Il talonne même désormais le rival historique l’Eurofighter Typhoon d’Airbus, BAE et Finmeccanica, qui plafonne pour l’instant à 99 commandes export (Arabie Saoudite, Autriche, Oman). Et il pourra bientôt compter sur la sortie du marché des chasseurs de Boeing, le F-15 et le F-18, prévue, faute de commandes, vers 2018, selon le cabinet Teal Group.

2/ Performances : un des chasseurs les plus complets

Le Rafale n’a pas la puissance des Sukhoi russes. Il n’est pas aussi furtif que le F-22. S’il brille dans les meetings aériens, il n’a pas non plus toutes les capacités de voltige du Su-35, qui peut, comme le F-22, effectuer la fameuse figure du cobra de Pougatchev, le pilote relevant le nez de l’appareil à plus de 90 degrés à vitesse très réduite. Mais à l’inverse de bien des concurrents, le Rafale a été pensé comme "omnirôle" dès le lancement du programme dans les années 80. En clair, l’appareil est capable, depuis son origine, de missions de renseignement, de police aérienne, de frappes au sol, et d’être embarqué sur porte-avions.

L’Eurofighter, lui, a été pensé au départ comme un intercepteur de chasseurs russes, puissant, rapide et doté d’ailes assez basses. Un positionnement qu’il paie encore : sa conversion en avion capable d’attaque au sol est plus que douloureuse, la cellule de l’avion n’étant pas conçue pour cet usage. Les F-15 et Su-30 ? Ces excellents biréacteurs sont des machines puissantes, mais elles ne sont pas "navalisables", c'est-à-dire utilisables sur porte-avions. Le F-16 et le Gripen, dotés d’un seul moteur contre deux pour le Rafale, n’ont pas la même capacité d’emport ni la même autonomie.

Car s'il est petit par rapport à ses concurrents directs, le Rafale affiche des performances d'emport étonnantes pour un avion de 10 tonnes.  L’avionneur français avait dévoilé en janvier 2014 une version surmusclée de son appareil, dotée de 6 bombes guidées AASM (Sagem), 4 missiles air-air Mica (MBDA), 2 missiles très longue portée Meteor (MBDA). Cette version permettait de garder une autonomie conséquente, grâce à trois réservoirs de 2.000 litres de carburant. "En démultipliant les capacités de ses 14 points d’emport dont 8 sous voilure, le Rafale est le seul chasseur au monde capable de porter 1,5 fois sa propre masse", soulignait alors l’avionneur.

Preuve de ses qualités, l’avion français a toujours été bien placé dans les compétitions techniques : il a terminé premier les évaluations en Suisse, et s’était imposé face à une concurrence redoutable en Inde (F-18, F-16, Typhoon, MiG-35 et Gripen).

3/ Opérations extérieures : l’avion européen le plus déployé

Depuis 2007, le Rafale a été déployé en Afghanistan, en Libye, au Mali, en Centrafrique, et en Irak. A titre de comparaison, le Gripen suédois n’a été déployé qu’en Libye. Idem pour l’Eurofighter Typhoon, qui a mené des frappes au sol… mais avec le soutien d’un Tornado GR4 qui illuminait ses cibles au laser. Le Rafale est donc, et de loin, l’avion de chasse européen le plus utilisé en opérations, ce qui a très probablement aidé à boucler ses premières ventes export.

Seuls les avions américains affichent une utilisation comparable, notamment le F-15 (déployé récemment contre l’EI par les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite), le F-16 (Etats-Unis, Emirats Arabes Unis, Belgique, Danemark, Pays-bas, Jordanie, Maroc…) et le  F-18 (Canada, Australie…). Même le F-22, chasseur réputé comme le plus sophistiqué du monde, et incontestablement le plus cher, n'a pour l'instant guère brillé en opérations : il n'a pour l'instant été projeté qu'en Irak contre l'EI.

Que retenir de cette revue de détail? S'il apparaît difficile de lui attribuer le statut de meilleur avion du monde (pour quel usage? Sur quel segment de prix?), le Rafale affiche clairement des capacités supérieures à elles des monoréacteurs type F-16 ou Gripen, et peut légitimement prétendre à une place de choix sur le segment des biréacteurs, aux côtés des F-15 et autres Sukhoi Su-30. Ce qui le place très probablement dans le Top 5 de l'aviation de combat. 

 

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