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Sylvie Goulard décroche la Défense et va jouer le couple franco-allemand

Européenne convaincue, macronienne de la première heure, la centriste Sylvie Goulard décroche le maroquin de la Défense. un poste où son sens du réseau et ses multiples connections européennes lui seront utiles

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Sylvie Goulard, ministre des Armées

Sylvie Goulard est nommée à la Défense: le choix d'une européenne convaincue, grande germanophile.

Afp/Charly Triballeau

Les rumeurs des jours passés avaient donné cette diplomate de carrière, eurodéputée depuis 2009 et soutien de la première heure du candidat Macron à Matignon. Puis le Landerneau parisien avait évoqué le Quai d’Orsay... Finalement, voici la centriste Sylvie Goulard à la Défense. Quatrième de la liste des ministres du gouvernement Philippe. Femme au caractère bien trempé, souvent passionnée, parfois passionaria, elle hérite d’un dossier qu’elle ne connaît pas forcément sur le bout des doigts, mais bosseuse, elle s’y mettra à fond. Comme tous les chantiers qu’elle traite.

La pédagogue de l'Europe

Jusqu’à présent la jeune quinquagénaire, mariée à un conseiller d’Etat et mère de famille, s’est plutôt fait remarquer sur les questions économiques et financières. La zone euro, c’est son dada, elle en maîtrise l’avenir et les enjeux sur le bout des doigts! Dans l’hémicycle de Strasbourg, elle a attiré l’attention pour ses discours enflammés sur les 3% de déficit, a suivi de près le dossier grec pendant toute la crise, a beaucoup vulgarisé le très techno et n’a cessé de faire de la pédagogie dans les journaux, devant les caméras et dans les colloques. A Bruxelles, elle s’est également occupée d’une commission pour la lutte contre la pauvreté. Et récemment, elle est beaucoup montée au créneau contre le populisme.

Les institutions européennes, Sylvie Goulard est une des rares à les connaître parfaitement et à en expliquer aussi clairement les rouages. Elle est familière du Parlement, mais aussi de la Commission européenne où elle a travaillé au début des années 2000, auprès de Romano Prodi quand l’UE préparait l’élargissement à l’Europe centrale et orientale. Son « Europe pour les Nuls » a reçu le Prix du livre européen et a été réimprimé plusieurs fois.

Parmi les eurodéputés français, elle constitue plutôt l’exception que la règle, maîtrisant l’anglais, l’allemand et l’italien, au point de répondre régulièrement à des interviews. Il est d’ailleurs arrivé à certaines de ses camarades françaises de dénoncer son côté « bêcheuse », un peu trop « happy few » et intello, elle qui est énarque, qui traverse toujours les couloirs de Bruxelles en courant, sans s’arrêter, et a coécrit un livre avec l’ancien premier ministre Mario Monti. Mais dans son nouveau ministère, il est fort à parier que son allure de grande bourgeoise fera grand effet sur ses troupes.  

 

Ses chevaux de bataille: l'Allemagne ... et la parité

Européenne convaincue, elle a deux chevaux de bataille. Le premier est l’égalité entre les hommes et les femmes. Le plafond de verre la met régulièrement en colère. Elle a fait partie du groupe qui a exigé que Mario Draghi nomme une femme au directoire de la BCE. Son dernier gros coup de gueule remonte à la mi-janvier, où elle avait tenté de se présenter à la présidence du Parlement européen. Arguant non seulement de ses propres compétences, mais aussi du fait que depuis 15 ans pas une femme n’a décroché le perchoir.

Sa deuxième passion, c’est l’Allemagne. Ancienne élève du professeur Alfred Grosser, elle a fait partie, il y a deux ans, de la centaine d’invités que cet expert incontesté du franco-allemand a fait inviter pour le dîner d’anniversaire de ses 90 ans à l’ambassade d’Allemagne à Paris. Avant la première rencontre d’Emmanuel Macron avec Angela Merkel mi-mars, Sylvie Goulard avait organisé une rencontre entre le vieux professeur et le jeune candidat.

Avec Ursula von der Leyen, la ministre de la défense de Berlin, Sylvie Goulard a tout pour s'entendre. La blonde Allemande et la brune piquante ont, toutes les deux, du tempérament, sont des européennes convaincues, favorables à une Europe à plusieurs vitesses et à un Brexit dur. Elles parlent chacune merveilleusement la langue de l’autre. Autre point commun entre elles: elles évoquent souvent l’avenir qu’elles ont envie de forger pour leurs enfants. La chrétienne-démocrate en a sept, la libérale, trois: de grandes filles brillantes et ultra-diplômées. Au lendemain de l’attentat du Bataclan, Ursula von der Leyen avait obtenu qu’un tabou saute : que son pays, encore traumatisé par son passé, déploie des troupes aux côtés de la France contre l’Etat islamique. Aujourd’hui, elles sont deux femmes de fer, volontaires et europhiles, chefs de la Défense, à Paris et à Berlin. Une autre façon de réveiller un Vieux Continent en danger? 

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