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France

Comment Frédéric Mion tente de tourner la page Sciences Po

EXCLUSIF - L’ancien directeur, qui avait démissionné dans la foulée de l’affaire Duhamel, s’apprête à quitter le Conseil d’Etat pour redevenir avocat. Il est en contact avancé avec le cabinet Gide.

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Frédéric Mion, ancien directeur de Sciences Po

Bruno Delessard/Challenges
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Comment Frédéric Mion tente de tourner la page Sciences Po
David Bensoussan, Alice Mérieux
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Frédéric Mion sort de son placard doré. Acculé à la démission après s’être empêtré dans ses mensonges sur l’affaire Duhamel, l’ancien directeur de Sciences Po est revenu assister à l’inauguration du campus de l’école, place Saint-Thomas d’Aquin, le 28 janvier. Assis au deuxième rang, aux côtés de son ami Alexandre Bompard, patron de Carrefour, il s’est même fait remarquer en se levant précipitamment au beau milieu de la cérémonie. Il devait aller assister à l’enterrement du beau-père d’Edouard Philippe, un autre proche qu’il a côtoyé au Conseil d’Etat dans sa jeunesse. Depuis sa démission en février 2021, Mion est d’ailleurs revenu dans son corps d’origine au Palais Royal. Mais, selon nos informations, il est en partance pour aller pantoufler au sein du prestigieux cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel.

Retour à la case avocat

L’énarque n’aura pas besoin de passer le diplôme puisqu’il avait déjà enfilé la robe en 2003 pour rejoindre le département "droit public" du cabinet américain Allen Overy. A l’époque, il avait notamment conseillé le gouvernement sur les premiers partenariats public-privé pour construire des prisons. "L’une des pistes auxquelles je réfléchis pour la suite de mon parcours professionnel est, en effet, le retour à la profession d’avocat, confirme Frédéric Mion. J’ai été en contact avec plusieurs cabinets, dans ce cadre, en particulier le cabinet Gide." Il devra auparavant soumettre son projet de reconversion à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), chargée de contrôler les départs vers le privé des hauts fonctionnaires, notamment des conseillers d’Etat.

La HATVP examinera la compatibilité de sa nouvelle activité avec les fonctions qu’il a exercées au cours des trois dernières années. Or, son ancien employeur, Sciences Po, et Gide entretiennent des relations étroites. Le cabinet est le "grand partenaire" de son Ecole de droit et a noué, depuis 2013, des conventions triennales dans lesquelles il s’engage à financer des bourses d’excellence. Mécène de l’école, il a fait des dons annuels de 50.000 à 100.000 euros. Enfin, Sciences Po a recours à ses services pour se défendre dans certains contentieux juridiques. Interrogé sur un risque d’incompatibilité, Frédéric Mion nous a simplement affirmé que "c’est à la Haute autorité qu’il reviendra de répondre aux questions que vous avez bien voulu me poser."

Un signalement pour "manquement déontologique"

Avec ce départ chez Gide, Frédéric Mion essaye de tourner définitivement la page Sciences Po. Un départ d’autant plus douloureux qu’il a dû faire face, quelques mois après, à une accusation de "manquement déontologique", suite au témoignage d’un ancien étudiant. La directrice par intérim de Sciences Po, Bénédicte Durand, a alors consulté la présidente du groupe de travail de l’école sur la déontologie, Catherine de Salins (également conseillère d’Etat), et celle du groupe de travail sur les violences sexuelles et sexistes, Danièle Hervieu-Léger. Et elle a ensuite décidé, à l’été 2021, de faire un signalement par écrit au Conseil d’Etat, le nouvel employeur de Mion. Contacté par Challenges, Sciences Po a confirmé ce signalement sans préciser les faits qui lui sont reprochés.

Également interrogé à ce sujet, Frédéric Mion nous a répondu: "Si j’ai été informé qu’un tel signalement avait été effectué, les faits précis qui y ont donné lieu ne m’ont pas été notifiés par Sciences Po, qui ne m’a pas davantage invité à en débattre. Je ne suis donc pas en mesure de vous répondre." Pourtant, il a bien été convoqué par Bruno Lasserre, alors vice-président du Conseil d’Etat (il a pris sa retraite en janvier 2022), pour évoquer le fond de l’affaire. Les deux hommes se connaissent bien puisque Bruno Lasserre a siégé, plusieurs années, au conseil d’administration de la Fondation nationale des Sciences politiques (FNSP), qui chapeaute la gestion de Sciences Po. Après avoir écouté ses explications, le patron du Conseil d’Etat n’a pas donné de suite au signalement, estimant "qu’il n’y avait là pas l’ombre d’un reproche pénal".

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