C’est une audience insolite qui doit se tenir le jeudi 18 avril au tribunal correctionnel de Metz. Les juges devront se prononcer sur la plainte pour diffamation déposée par la directrice de l’Institut Confucius de l’université de Lorraine, Hong Toussaint. Cette professeure certifiée de chinois avait été désignée comme une « fonctionnaire du PCC » (Parti communiste chinois) et une « agente chinoise infiltrée » au cœur de la fac lorraine, dans un mail intitulé « Suspicions de corruption et d’influences étrangères à l’UL », émis en juin 2022 par le collectif Metz for Uyghurs.
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« Cette plainte est une nouvelle démonstration de la manière dont Pékin entend bâillonner toute critique », fait valoir l’avocat William Bourdon, conseil de l’auteur du mail incriminé. Antoine Fittante, défenseur de Hong Toussaint, dénonce lui « un mail d’une violence inouïe ».
Trois fermetures en France
Créés en 2004 par le PCC, les Instituts Confucius sont rattachés à des universités et assurent une mission de soft power. Il en existe environ 500 dans le monde, dont 18 en France. Seulement, ces organes financés par Pékin sont dans le collimateur des autorités européennes et américaines depuis quelques années. La Suède a par exemple fermé tous ses Instituts Confucius, et les Etats-Unis n’en comptent plus qu’une petite cinquantaine, contre 110 mi-2010.
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Trois fermetures ont eu lieu en France, à Lyon, Nanterre et Toulouse, notamment en raison de gestions erratiques. « Ces Instituts sont des instruments d’influence évidents, mais très visibles. Ils ne sont que la face émergée de l’iceberg, confie une source sécuritaire. Aujourd’hui, ce n’est pas forcément via ces organes que la Chine est la plus menaçante. D’autant que beaucoup ont été mis en sommeil avec le Covid. »