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Environnement

Climat : pourquoi la réduction des gaz à effet de serre ne suffira pas

Pour sauver la planète, il faut aussi éliminer le dioxyde de carbone, autrement dit produire des « émissions négatives ». Problème : les techniques pour y parvenir n’existent pas.

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Galerie réchauffement climatique - Gelsenkirchen, en Allemagne, le 16 décembre 2009.

Centrale à charbon à Gelsenkirchen en Allemagne, en 2009

(AP Photo/Martin Meissner

En s’engageant à ce que la hausse des températures soit « bien inférieure à 2 dégrés » par rapport à l’époque préindustrielle, l’Accord de Paris tablait sur le fait que le monde trouverait les moyens non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi d’éliminer le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère. Autrement dit de produire des « émissions négatives ». Force est de constater que la façon d’y parvenir est largement absente du débat public. Or ne pas y apporter de réponse, c’est compromettre à terme les belles promesses de la COP 21.

La quantité de CO2 à éliminer avant 2100 pourrait atteindre le chiffre astronomique de 810 milliards de tonnes, soit ce que l’économie mondiale, au rythme actuel, émet en vingt ans. La tâche serait colossale même si les techniques d’élimination existaient pour produire ces émissions négatives. Or ce n’est pas (encore) le cas. Certes, quelques usines et centrales « capturent » et enfouissent le dioxyde de carbone, mais à une échelle dérisoire : quelques dizaines de millions de tonnes par an. Et encore : ces techniques réduisent les émissions mais ne les inversent pas.

Quelles seraient les solutions ? L’une consisterait à planter davantage de forêts (qui agissent comme des puits de carbone) ou à remplacer le labour profond par un travail superficiel du sol, qui permet à la terre de retenir et stocker plus de CO2. Une autre idée serait de récupérer le carbone contenu dans les végétaux que les centrales biomasse utilisent comme combustible. D’autres idées plus folles circulent. Comme celle consistant à moudre des minéraux et à les larguer sur la terre et en mer, ce qui réduirait à quelques années les milliers de siècles qu’il leur faut habituellement pour absorber le CO2 qui les transforme en roches carbonatées. Ces technologies seront-elles en mesure d’accomplir le travail à temps ? Nul ne le sait. Toutes sont très coûteuses et les incitations commerciales manquent.

Un grand marché du carbone serait utile. Les gouvernements devraient fixer un prix cohérent du carbone, son absence explique que les techniques d’élimination du CO2 n’aient pas décollé. Les subventions sont une autre option. Mais elles sont ruineuses. Après avoir déboursé 100 milliards de dollars pour l’électricité bas carbone, l’Allemagne dépend encore des combustibles fossiles pour plus de la moitié de son énergie. Les gouvernements pourraient offrir une récompense pour chaque tonne de CO2 extraite de l’atmosphère et stockée. Cette prime devrait être prélevée sur un fonds abondé par les pays selon le volume historique cumulé de leurs émissions. Aucun mécanisme de ce type n’existe.

En réalité, faire face aux lacunes de l’Accord de Paris est au-delà des moyens des Etats. Beaucoup de pays riches affirment qu’ils font déjà beaucoup pour réduire leurs émissions. Mais l’extraction du CO2 de l’atmosphère n’est pas une alternative à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle est nécessaire en soi. Et tant que les décideurs ne prendront pas au sérieux la production d’émissions négatives, les promesses de l’Accord de Paris resteront vaines.

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