Quels sont les 10 instituts d'études politiques?

Malmené par la démission, il y a un an, de son directeur, Christian Duval, sur fond de partenariats douteux avec des établissements privés à l’étranger, l’IEP redresse la tête. "Nous n’avons noté aucun effet sur les choix des élèves reçus au concours, qui continuent à priser notre établissement", rassure Rostane Mehdi, le nouveau directeur. Ce dernier annonce à l’avenir un renforcement de l’ancrage méditerranéen, ainsi qu’un nouveau double cursus franco-britannique. L’IEP s’est aussi associé à sept campus chinois pour former professeurs et étudiants, avant d’organiser, plus tard, échanges et doubles diplômes.

Continuant à faire cavalier seul en refusant d’intégrer le concours commun, Bordeaux ne manque pas d’arguments. Ses points forts : ses préparations aux concours administratifs A et A+, sa recherche en sciences politiques et sa forte dimension internationale. L’IEP, qui vise 3 000 étudiants à l’horizon 2025, offre ainsi la possibilité de choisir entre six filières internationales (Turin, Madrid, Cardiff, Coimbra, Stuttgart et Casablanca). Bordeaux propose également un triple master Caraïbes, avec les universités de Jamaïque et des Antilles-Guyane. A noter que le concours ne permet plus aux étudiants bac + 1 d’entrer en 1re année.

Non seulement cet IEP persiste à ne pas vouloir intégrer le concours commun, mais il vient de réformer son programme de mobilité : les étudiants partent désormais en 2e année, et non en 3e année comme ailleurs. S’il souffre un peu de son isolement, l’institut n’en reste pas moins réputé, notamment pour sa recherche en sciences sociales. Sa section Eco-Fi offre dix-neuf spécialités de masters. L’antenne d’Annecy se développe avec de nouvelles formations comme celle consacrée aux services à la personne. A noter aussi les doubles diplômes en journalisme économique avec Grenoble EM ou en sciences et techniques avec l’INP.

Régulièrement en tête des choix des étudiants admis, Lille ne souhaite pas dépasser la barre des 2 000 élèves afin d’assurer leur insertion professionnelle. Désormais dirigé par Benoît Lengaigne, qui remplace le médiatique Pierre Mathiot, l’IEP offre trois doubles diplômes (franco-britannique, franco-allemand et franco-espagnol). Sa 3e année s’effectue obligatoirement à l’étranger grâce à 180 accords avec des universités dans 45 pays. A noter, le double diplôme avec l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, ou encore la possibilité d’effectuer un Master of Science (MSc) de l’école de commerce Audencia.

LYON - Sciences-Po Lyon connaît un essor continu depuis plusieurs années. Se présentant comme un IEP "en réseau", avec une implantation à Saint-Etienne, il entretient des partenariats privilégiés avec des établissements d’enseignement supérieur et de recherche de la région: l’ENS, VetAgro Sup, Centrale, le Conservatoire national supérieur musique et danse, mais aussi avec l’EMLyon Business School, l’ENTPE ou encore l’IAE de Lyon. Avec plus de 150 partenariats à l’étranger, et des diplômes d’établissements en 1ère et 2ème années portant sur des aires comme le Moyen-Orient ou l’Afrique, Lyon est l’un des plus internationaux des IEP.

PARIS - Appelez-le simplement Sciences-Po. L'établissement parisien est en effet dépositaire de l'appellation, les autres IEP n'ayant le droit de l'utiliser que s'ils y accolent le nom de leur ville. Ses 12.000 étudiants se répartissent entre la rue Saint-Guillaume et sept implantations en régions, dédiées à des aires géographiques et culturelles. A ce développement hexagonal réussi s'ajoutent des ambitions internationales: 46% d'étudiants étrangers, 8 langues enseignées et 400 accords d'échanges ou doubles diplômes avec de prestigieuses universités comme Harvard ou, depuis peu, Berkeley. N'en déplaise à ses rivaux, Sciences-Po a toujours un temps d'avance.

Cet IEP à taille humaine (1.500 étudiants) obtient de bons résultats aux concours de la fonction publique et tout particulièrement celui de la santé publique et des collectivités locales. Il propose aussi des formations originales en ingénierie des services urbains en réseaux dans les pays en voie de développement, par exemple. Autre spécificité: son double cursus franco-allemand avec l’Université catholique d’Eichstätt- Ingolstadt, et son antenne à Caen, positionnée sur le développement durable. A noter aussi: un nouveau master à dominante juridique en 5e année, baptisé "sécurité et défense, intelligence stratégique".

C’est le petit dernier des IEP. Fondé par les universités de Cergy- Pontoise et de Versailles-Saint-Quentinen- Yvelines, il a ouvert ses portes en septembre 2014 et recrute via le concours commun. Ce deuxième IEP d’Ile-de-France capitalise sur sa situation géographique, mais aussi sur son ancrage universitaire. Cela lui permet, comme Strasbourg, de compter sur une recherche de pointe et, à terme, sur un large choix de masters. Egalement à son actif, ses locaux, qui n’ont rien à envier à ceux de la rue Saint-Guillaume de Paris, l’IEP étant installé dans un bâtiment classé ayant abrité la première Ecole normale de l’académie de Versailles.

A 70 ans, Sciences-Po Strasbourg ne cesse de se réinventer. En témoigne la refonte de son premier cycle, qui ne repose plus uniquement sur l’économie et le droit, mais s’étend à la science politique et l’histoire. L’école jouit de la présence, à proximité, du Parlement européen et du Conseil de l’Europe, ou encore de missions diplomatiques. De par son statut d’IEP interne à l’université, il dispose d’un large portefeuille de masters, qui devrait encore s’étoffer. Preuve de son attractivité, "les trois premiers au concours commun 2015 ont choisi l’établissement alsacien", s’enorgueillit Gabriel Eckert, le nouveau directeur.

TOULOUSE - Toulouse souffre d’une situation géographique moins favorable que ses homologues. L’institut se distingue pourtant par l’attention qu’il porte à l’insertion de ses diplômés (observatoire de l’insertion, conférences, forum des métiers…). Petite particularité : les étudiants sont libres d’organiser leur 3e année (un semestre professionnel et un académique, ou bien deux semestres académiques, ou deux professionnels). Afin de s’agrandir, Sciences-Po Toulouse quittera ses locaux actuels à la rentrée 2018 pour s’installer à La Manufacture des tabacs, occupée jusqu’alors par la Toulouse School of Economics.