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Économie

Jérôme Cahuzac, un bouc émissaire ?

L'ex-ministre du Budget sera interrogé par les députés, à partir de 16H30 ce mercredi, sur d'éventuelles protections dont il aurait pu faire l'objet.
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jérome cahuzac
Jérôme Cahuzac, le 3 juin 2013.
ANTONIOL ANTOINE/SIPA

C'est l'homme au coeur du scandale et le témoin clé: Jérôme Cahuzac est attendu mercredi 26 juin pour une audition choc devant la commission d'enquête parlementaire mise en place après que l'ex-ministre du Budget a avoué la détention d'un compte bancaire caché à l'étranger.

Ce sera la première fois que le ténor déchu du gouvernement reviendra au Palais Bourbon, qu'il avait quitté sous l'opprobre générale.

En attendant, Jérôme Cahuzac a estimé sur Europe 1, qu'il était "le bouc émissaire idéal de toutes les turpitudes politiques". Il a par ailleurs affirmé qu'il "répondrait à toutes les questions des députés", ajoutant qu'il s'agissait pour lui "de les aider à savoir s'il y a eu des dysfonctionnements au niveau de l'Etat".

Il sera interrogé à partir de 16H30 sur d'éventuelles protections dont il aurait pu faire l'objet entre la révélation par Mediapart le 4 décembre qu'il possédait un compte à l'étranger et ses aveux le 2 avril.

Présidée par l'UDI Charles de Courson, cette commission d'une trentaine de députés a ciblé ses investigations sur l'action du gouvernement pendant que Jérôme Cahuzac, alors encore en poste à Bercy, niait en bloc les révélations l'accablant, même auprès de ses conseillers les plus proches.

Les commissions d'enquête parlementaires françaises ont moins de pouvoirs que celles du Congrès américain mais elles peuvent mettre au jour des informations et, dans des cas rares, saisir la justice. Les témoins qu'elles convoquent sont tenus de se présenter sous peine de sanctions pénales et sont invités à prêter serment.

A la recherche de dysfonctionnements

"Notre mission est de savoir s'il y a eu entre le 5 décembre et le départ de Jérôme Cahuzac (du gouvernement, le 19 mars, NDLR), dans le cheminement de l'Etat, des dysfonctionnements ou non et savoir si telle ou telle décision aurait entravé le travail de la justice", a expliqué à l'AFP le rapporteur de la commission, le socialiste Alain Claeys.

L'ancien ministre "est resté acteur de l'appareil de l'Etat. Il sera intéressant d'avoir son sentiment, son analyse sur ce qui s'est passé durant cette période", a-t-il estimé.

Lors de sa seule longue intervention publique sur cette affaire, le 16 avril sur BFMTV, Jérôme Cahuzac ne s'était pas étendu sur la possibilité que son ministre de tutelle Pierre Moscovici, Matignon ou l'Elysée aient pu savoir que Mediapart disait vrai.

A propos du président François Hollande, il s'était borné à dire: "J'ignore quel était son niveau de connaissance de cette affaire. Ce que je veux dire, c'est que à lui, comme au Premier ministre, comme à Pierre Moscovici, je n'ai pas dit la vérité".

"Muraille de Chine"

Il est difficile de prédire ce que l'ex-ministre pourrait révéler de nouveau aux députés qui l'interrogent.

Une semaine à peine après la publication du premier article, une "muraille de Chine" a en effet été érigée entre ses services et l'administration fiscale: il s'agit d'une procédure l'empêchant d'avoir la moindre information sur l'enquête administrative dont il faisait l'objet.

La commission cherche notamment à savoir si cette enquête a été menée avec suffisamment de diligence par la direction générale des Finances publiques, et sans complaisance pour Jérôme Cahuzac, étant donné la gravité des accusations de Mediapart.

La commission a déjà auditionné depuis le 21 mai plusieurs hauts fonctionnaires de Bercy, les directeurs de cabinet de Jérôme Cahuzac et du ministre de l'Economie Pierre Moscovici, mais aussi Fabrice Arfi, le journaliste qui a révélé l'histoire, et le directeur de Mediapart, Edwy Plenel.

Audition de Moscovici, Taubira et Valls

Parallèlement, plusieurs acteurs locaux ont été entendus, notamment Michel Gonelle, battu par Jérôme Cahuzac aux municipales de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) en 2001, mais aussi l'ancien juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, candidat malheureux contre Jérôme Cahuzac aux législatives de 2007.

Tous deux ont été en possession de l'enregistrement qui a constitué la pièce accusatrice centrale du dossier et dans lequel on entend une voix attribuée à Jérôme Cahuzac évoquer un compte secret à l'UBS, "pas la plus planquée des banques".

Entendu le premier jour des auditions de la commission, Michel Gonelle doit l'être à nouveau début juillet, après avoir été contredit par d'autres témoins.

Pierre Moscovici ainsi que les ministres de la Justice, Christiane Taubira, et de l'Intérieur, Manuel Valls, devraient être auditionnés "après le 14 juillet", a assuré Alain Claeys à l'AFP, en précisant que les dates n'étaient pas encore calées. La commission doit rendre son rapport en septembre.

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