Larzac 2003 : 20 ans après, qu'est devenu José Bové ?

  • José Bové a 70 ans. José Bové a 70 ans.
    José Bové a 70 ans. - Sylvie Cambon
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

L'ex-candidat à la présidentielle a été député européen. Il est retraité depuis 2019.
 

Une image revient en tête à José Bové, aujourd’hui, à l’heure de se souvenir du rassemblement Larzac 2003. C’est trois jours avant. Il remonte de Villeneuve-lès-Maguelone, où il était incarcéré. "Je vois un gigantesque chantier, avec des barnums, des gens qui étaient en train de préparer le rassemblement et qui nous saluent quand on passe."

Le lendemain, changement d’ambiance et "contexte étonnant" : "Alors que j’ai été libéré la veille de prison, je m’occupe de recevoir le préfet qui doit donner l’autorisation du rassemblement." Bové, qui lors du rassemblement Larzac 2003 avait appelé à un automne "brûlant" de la contestation, avoua plus tard qu’il s’agissait "d’une connerie". "Il faut rester très humble, les mouvements sociaux ne se décrètent pas à l’avance, c’est ce que j’ai appris", insiste-t-il aujourd’hui.

Le soufflé était retombé. L’espoir avait été de courte durée. En 2007, il avait tenté de "casser la logique des appareils", sans grand succès, avec un maigre 1,32 % à la présidentielle. Deux ans plus tard, la pêche aux voix était meilleure aux européennes : Europe écologie, avec Bové à bord, obtenait 16,28 %.

L’Aveyronnais, après deux mandats, a pris sa retraite en 2019. À 70 ans, il navigue désormais entre son bateau, lui l’amoureux de voile, et le Larzac. Il garde un œil sur les affaires du monde, s’en prend à "la stratégie contre-productive des blacks blocs" et à leur "erreur politique" autour des méga-bassines de Sainte-Soline : "Il n’y a pas de possibilité de mener un combat de masse non-violent avec sur le même terrain des actions qui vont radicalement dans l’autre sens. Je ne porte pas de jugement moral, je ne suis pas docteur des consciences, mais je raisonne en termes de stratégie."

"Holp-up à Bruxelles"

Un film, signé Antoine Raimbault, doit être tiré de son livre sur les coulisses européennes, "Hold-up à Bruxelles". Publié en 2013, il relatait "les fraudes et les magouilles auxquelles j’ai pu assister". Dans le livre, il évoquait notamment l’accord de libre-échange auquel il s’était opposé en tant que rapporteur, entre l’Union européenne et le Maroc. "J’avais raconté que le ministre de l’Agriculture du Maroc, qui est devenu depuis Premier ministre, voulait me faire un petit cadeau et me l’apporter à Montpellier. Il voulait un endroit discret. Je lui avais donné l’adresse de mon avocate en lui disant qu’il y aurait une tierce personne. Ça s’était arrêté là."

À l’automne 2022, alors que Qatar et Maroc étaient soupçonnés d’ingérence au sein du Parlement européen, José Bové, interrogé sur France Inter, a expliqué qu’il avait lui aussi été l’objet d’"une tentative de corruption" et raconté à nouveau l’histoire.

Aziz Akhannouch, le Premier ministre marocain, a vu rouge. Il poursuit José Bové en diffamation. Une instruction est ouverte. Bové a un atout dans sa manche : il a l’habitude des procès.