France - disparition Régine Deforges, rousse, sulfureuse et populaire

L’auteure de La Bicyclette Bleue est morte ce jeudi à l’âge de 78 ans à Paris. Elle incarnait une certaine idée de la liberté qui lui occasionna des ennuis avec la censure.
Le Bien Public - 04 avr. 2014 à 05:07 | mis à jour le 04 avr. 2014 à 07:01 - Temps de lecture :
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Sa chevelure ferrugineuse rehaussant le vert de ses yeux et son audace à l’oral comme à l’écrit étaient ses marques de fabrique. L’écrivaine à scandales Régine Deforges est décédée ce jeudi à l’âge de 78 ans à l’hôpital parisien Cochin des suites d’une crise cardiaque. Une annonce faite jeudi soir par son fils Franck Spengler. Elle fut aussi une éditrice sulfureuse, souvent en butte à la justice et la censure, avant de connaître le succès public avec La Bicyclette Bleue , adaptée au cinéma avec Lætitia Casta. Cette saga de dix romans parue chez Fayard, commencée en 1983 par 101, avenue Henri Martin et achevée en 2007 par Et quand vient la fin du voyage , s’est vendue à plus de dix millions d’exemplaires. Elle a valu à Régine Deforges des démêlés judiciaires avec les héritiers de Margaret Mitchell, auteur d’ Autant en emporte le vent , qui ne parvinrent cependant pas à convaincre les juges que la Française avait plagié l’Américaine.

Habituée des tribunaux

Elle était née le 15 août 1935 à Montmorillon dans la Vienne. Elle s’inspira de son adolescence pour raconter, dans Le cahier volé (1978), une histoire vraie : celle d’une jeune fille, ressemblant à s’y méprendre à Régine – violemment exclue de ce village pour avoir confié à son journal intime l’attrait que lui inspirait une camarade de son âge. « Cela a renforcé ce côté sauvage que j’avais déjà », a-t-elle dit.

Un traumatisme qu’elle n’oubliera jamais. Elle en reparle en 2013 dans ses mémoires, L’enfant du 15 août , y racontant par ailleurs ses rencontres avec des personnalités comme Romain Gary, l’abbé Pierre, Jacques Lacan ou François Mitterrand, qui l’emmenait dîner et lui parlait littérature. Des rencontres alimentant bien des rumeurs.

Après une enfance dans le Poitou, elle traverse une adolescence tumultueuse, se marie à dix-huit ans et s’installe à Paris. Elle s’initie au théâtre au cours Simon, fait un peu de mannequinat mais trouve sa vocation en devenant libraire au drugstore des Champs-Elysées.

Elle lance avec son amant et mentor, le célèbre éditeur Jean-Jacques Pauvert, une maison d’édition, L’Or du temps , à la fin des années 60. De nombreux ouvrages édités (comme Le Con d’Irène de Louis Aragon) ont fait l’objet d’interdictions diverses et de poursuites pour outrage aux bonnes mœurs. Régine Deforges, qui a longtemps tenu une chronique à « L’Humanité », a été présidente de la Société des gens de lettres, membre du jury du prix Femina dont elle a démissionné en 2006, en solidarité avec Madeleine Chapsal qui venait d’être exclue. Elle était l’épouse du dessinateur du Nouvel Observateur Pierre Wiazemski, dit Wiaz, petit-fils de François Mauriac.

D’autres écrits

On lui doit des titres comme O m’a dit (entretiens avec l’auteur de d’ Histoire d’O ), Blanche et Lucie (ses deux grands-mères), Le Cahier volé , Les Contes pervers (dont elle tirera un film qu’elle-même réalisera), R é volte des nonnes...