Opéra Garnier: l'œuvre de Chagall sera-t-elle démontée pour exhumer la peinture d'origine?

Qui connaît Jules-Eugène Lenepveu? C'est l'artiste qui a peint le plafond de l'opéra Garnier. L'œuvre de ce peintre académique, proche de l'architecte Charles Garnier, est depuis 1964 dissimulée sous celle de Marc Chagall. Confortés par une récente exposition célébrant le peintre angevin au Musée d'Angers, ses héritiers réclament la mise au jour du plafond d'origine, comme le révèle le Figaro.

"Désormais, nous demandons qu’on puisse voir enfin le plafond que Lenepveu a peint en 1875. Il a été classé comme le reste du Palais Garnier, en 1923. Or il est caché depuis 1964 sous le plafond de Chagall, prévu dès l’origine comme démontable", précisent ainsi auprès du quotidien, l'avocat des ayants-droits et le fondateur de l’Association des amis de Lenepveu.

Commandée par André Malraux, alors ministre de la Culture de Georges Pompidou, la fresque de Marc Chagall est en effet amovible. L'œuvre est peinte sur des panneaux de résine de polyester qui sont démontables. Très décriée à l'époque, l'œuvre de Chagall, dont la modernité tranche avec le classicisme des lieux, est aujourd'hui mondialement connue.

"Ce plafond introduit dans l'opéra la couleur et la lumière. Il s'intègre admirablement dans le cadre de la vieille salle et y introduit quelque chose de neuf, qui en même temps rendra à cette salle un attrait plus vivant", s'enthousiasmait le président Pompidou au moment de son inauguration.

La question du démontage du plafond de Chagall opppose les tenants du classicisme, désireux de redonner au bâtiment de Garnier son aspect d'origine, et les amateurs de Chagall et de son univers chatoyant. Et même si les ayants-droit de Lenepveu sont déterminés à faire entendre leur voix et organisent une réunion le 9 mai prochain, pour tenter de convaincre le ministère de la Culture et les dirigeants du Palais Garnier, la partie n'est pas gagnée.

"L’idée de déposer l’œuvre de Chagall, qui est un élément très emblématique du Palais Garnier, poserait de lourdes questions et n’est pas à l’ordre du jour", indique cependant au Figaro Martin Ajdari, directeur général adjoint de l’Opéra de Paris.