C’est dans l’écrin cossu d’un palais bruxellois du XIXe siècle que trônent les musées royaux des Beaux-Arts de Belgique : un immense ensemble de 6 musées abritant 7 siècles d’histoire de l’art et environ 20 000 œuvres ! D’emblée, le lieu fait rêver avec son vaste hall à colonnades surmonté d’une verrière, où se déploient de grandes peintures symbolistes de l’artiste belge Constant Montald : La Fontaine de l’inspiration et La Barque de l’idéal (1907).
Au début du XIXe siècle, la restitution par la France d’œuvres confisquées a marqué le début de ces collections belges, agrandies par le roi Guillaume Ier sous le régime hollandais (1815–1830), puis installées en 1887 dans ce bâtiment de l’architecte Alphonse Balat. Au musée d’art ancien se sont ensuite greffés le musée d’Art moderne (1984), le musée Magritte (2009) et le musée Fin-de-Siècle (2013), consacré aux grands artistes (Alfons Mucha, James Ensor, Émile Gallé, Léon Spilliaert, Pierre Bonnard…) qui se sont croisés autour de 1900 à Bruxelles, alors capitale de l’Art nouveau et haut lieu d’ébullition artistique. Situés pour leur part à Ixelles, un musée consacré au romantique belge Antoine Wiertz, et un autre au sculpteur réaliste Constantin Meunier, complètent l’ensemble.
À lui seul, le musée Magritte – 2500 m² abritant, sur plusieurs niveaux, la plus riche collection au monde d’œuvres du célèbre surréaliste belge – vaut le voyage. Nuages, pipe, chapeau melon, visions étranges… Tout y est dans ce grand mélange de travaux méconnus et de tableaux emblématiques comme Le Retour (1940) et L’Empire des lumières (1954). Essentiellement consacré à l’art ancien des Pays-Bas du XVe au XVIIIe siècle, le musée Oldmasters est le deuxième joyau du lieu avec, entre autres trésors de primitifs flamands, sa salle entièrement consacrée à Brueghel l’Ancien, où brille l’extraordinaire Chute des Anges rebelles (1562), dont les créatures fantastiques ont nourri l’imagination des surréalistes. À compléter par les merveilles du musée Fin-de-Siècle, où flotte le chef-d’œuvre le plus énigmatique du symboliste Fernand Khnopff, Des caresses (1896). Envoûtement garanti !
Musées royaux des beaux-arts de Belgique
3 Rue de la Régence • 1000 Bruxelles
www.fine-arts-museum.be
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La mythologie grecque façon symbolisme
Avec son titre étrange (Des caresses) et son personnage de femme-guépard, cette œuvre distille un parfum vénéneux, une sourde perversité qui ne manqua pas de troubler ses contemporains. En 1898, où elle est présentée parmi vingt autres au Salon de la Sécession viennoise, la toile fait sensation et acquiert une célébrité immédiate. Fernand Khnopff livre ici une version très personnelle de l’épisode mythologique d’Œdipe et le sphinx, récit de l’Antiquité grecque cher aux symbolistes tel Gustave Moreau. Le tableau cultive l’ambiguïté et se charge de symboles indéchiffrables…