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Théodore Géricault en 2 minutes

En bref

Personnalité fougueuse et tourmentée, Théodore Géricault (1791–1824) est, avec Eugène Delacroix, l’incarnation du peintre romantique français. Il est aussi l’auteur de l’une des œuvres les plus célèbres du XIXe siècle : Le Radeau de la Méduse, qui révolutionna la peinture d’histoire sous la Restauration. Le peintre, fasciné par les thèmes morbides, fut également un grand amoureux des chevaux, qu’il a représentés dans de nombreuses œuvres.

Théodore Géricault, Autoportrait
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Théodore Géricault, Autoportrait, 1822

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Huile sur toile • 37 × 27 cm • Coll. Musee des Beaux-Arts, Rouen • © Bridgeman Images

On a dit de lui

« Le mouvement, l’âme, l’œil du cheval, sa robe, le brillant de ses reflets, voilà ce qu’il a rendu comme personne. » (Eugène Delacroix)

Sa vie

Né à Rouen dans une famille aisée, Théodore Géricault passe néanmoins sa jeunesse à Paris, où sa famille s’est installée lorsqu’il avait cinq ans.

Passionné de cheval depuis sa plus tendre enfance, Géricault découvre également très jeune l’univers du dessin. Son premier autoportrait date de 1808, alors qu’il n’a que 17 ans. Il est alors encouragé par son oncle à s’engager dans une carrière d’artiste.

Il entre en 1810 dans l’atelier de Carle Vernet, puis dans celui du peintre néoclassique Pierre-Narcisse Guérin. Il se lie d’amitié avec Eugène Delacroix, avec qui il intègre l’École des beaux-arts à quelques années d’intervalle. Géricault arpente les galeries du musée du Louvre, où il étudie et copie les grands maîtres.

En 1812, le jeune peintre adresse son premier tableau au Salon. Il s’agit d’un portrait militaire ambitieux participant de la propagande napoléonienne, Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant. Il reçoit la médaille d’or, une prouesse pour un si jeune peintre, et s’installe dans un atelier. Mais deux ans plus tard, il adresse à l’exposition une toile bien moins héroïque représentant un Cuirassier blessé quittant le feu. Il excelle dans la peinture équestre.

En proie à un amour malheureux et scandaleux avec sa tante, Géricault s’engage dans la garde royale de Louis XVIII, lors de la Première Restauration monarchique que connaît le pays. Il accompagne le roi à Gand lors du retour éphémère de Napoléon. Après avoir échoué au concours du prix de Rome, Géricault part tout de même en 1816 pour l’Italie. Michel-Ange et ses accents maniéristes le fascinent.

En 1816, il se lance dans une ambitieuse et spectaculaire composition d’histoire, inspirée d’un fait divers largement médiatisé : l’abandon par le gouvernement de Louis XVIII d’une frégate ayant échoué au large des côtes sénégalaises. C’est la naissance du Radeau de la Méduse, toile polémique en forme d’allégorie politique, qui assure à Géricault une grande notoriété au Salon de 1819 (où elle fut exposée sous le titre Un naufrage). Pour composer les corps cadavériques, Géricault travaille d’après des cadavres empruntés à la morgue.

Après un séjour en Angleterre, Géricault revient en France, malade. À la Salpêtrière, il réalise des portraits de malades mentaux (les monomanes), un sujet alors inédit. Dans un état lui-même préoccupant, il fait une chute de cheval en 1823 et meurt quelques mois plus tard, après une longue et pénible agonie. Son corps repose au cimetière du Père-Lachaise.

Ses œuvres clés

Théodore Géricault, Cuirassier blessé quittant le feu
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Théodore Géricault, Cuirassier blessé quittant le feu, 1814

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Huile sur toile • 358 × 294 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • © Bridgeman Images

Cuirassier blessé quittant le feu, 1814

Grandeur nature, ce portrait dynamique a fait sensation au Salon de 1814. L’image d’un militaire quittant le champ de bataille est inhabituelle, les peintres s’employant habituellement à montrer les soldats sous un jour héroïque. Ce tableau fut interprété comme le symbole de la défaite des armées napoléoniennes lors de la campagne de France. Il illustre la désillusion gagnée par les jeunes générations à la chute de l’Empire.

Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse
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Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1818–1819

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Huile sur toile • 491 × 716 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • © Bridgeman Images

Le Radeau de la Méduse1818–1819

Cette œuvre marque un tournant dans la peinture d’histoire. Elle prend pour sujet un fait divers polémique mettant en cause l’incurie du gouvernement de Louis XVIII dans l’affaire du naufrage d’une frégate française au large du Sénégal. Ce fait s’était déroulé en 1816 et avait été relayé dans la presse. Les naufragés, abandonnés à leur sort, s’étaient livrés à des actes de cannibalisme. Bien que Géricault exposât son tableau sous le titre Un naufrage, personne n’était dupe du véritable sujet. Pour le peindre, l’artiste avait reconstitué dans son atelier un véritable radeau et étudié des cadavres. En quête de réalisme, Géricault n’abandonne pas un certain idéal néoclassique : ses naufragés sont des athlètes, et il ne représente pas ouvertement les actes d’anthropophagie. En plaçant au sommet de la pyramide humaine un homme de couleur noire, Géricault a-t-il voulu dénoncer l’esclavagisme ? Cette œuvre complexe conserve sa part de mystère.

Théodore Géricault, La Monomane de l’envie, dit aussi La Hyène de la Salpêtrière
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Théodore Géricault, La Monomane de l’envie, dit aussi La Hyène de la Salpêtrière, 1819–1820

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Huile sur toile • 72 × 58 cm • Coll. musée des Beaux-Arts, Lyon / Bridgeman Images / Photo Luisa Ricciarini

Monomane1819–1821

Cet inquiétant portrait de femme appartient à la série des monomanes réalisée par Géricault à la fin de sa vie. Fut-elle commandée à l’artiste par le médecin-chef de l’hôpital de la Salpêtrière ? Rien ne permet de l’affirmer. Quoi qu’il en soit, l’artiste donne un visage profondément humain à l’aliénation mentale. Le trouble se lit sur ce faciès tendu, presque simiesque, traité avec le plus grand réalisme et loin de toute idéalisation classique.

Théodore Géricault, Le Derby d’Epsom
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Théodore Géricault, Le Derby d’Epsom, 1821

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92 × 123 cm • Huile sur toile • Coll. musée du Louvre, Paris / Bridgeman Images

Le Derby d’Epsom, 1821

Amoureux des chevaux, Géricault leur a consacrés plusieurs études et toiles. Ce tableau fut peint à Londres, où le peintre découvrait le naturalisme anglais. Il représente des pur-sang lors d’une course, suspendus dans le temps. Ce « galop volant » est en réalité impossible, mais Géricault cherche avant tout à illustrer le thème de la vitesse et de l’instinct. Le flot de sombres nuages présidant au derby ajoute une forte tension dramatique à cette scène d’un genre nouveau dans la peinture française.

Par • le 8 avril 2019
Retrouvez dans l’Encyclo : Romantisme Théodore Géricault

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