Comment la famille Médicis a influencé la Renaissance florentine

La famille Médicis s’est servie de l’art et de l’architecture pour s'imposer comme la plus puissante dynastie de Florence à la Renaissance. Voici comment ils s’y sont pris.

Sandro Botticelli, Le Printemps (Primavera), 1478-1482, tempera sur panneau de bois, 203 x 314 cm, Galerie des Offices de Florence. Photo domaine public (détail)
Sandro Botticelli, Le Printemps (Primavera), 1478-1482, tempera sur panneau de bois, 203 x 314 cm, Galerie des Offices de Florence. Photo domaine public (détail)

La famille Médicis était l’une des plus importantes dynasties dans l’histoire de la Renaissance italienne et au début de l’époque moderne. Les Médicis ont acquis une certaine influence politique et économique au sein de la ville de Florence dès le XIIIe siècle, profitant de leur réussite en tant que banquiers et marchands. Cosimo de Médicis (1389-1464) fut l’architecte derrière l’essor de la famille, établissant efficacement un véritable monopole des Médicis sur Florence. Cette domination a déclenché l’inquiétude des grandes familles florentines rivales qui, en 1433, ont exilé Cosimo et d’autres membres de la famille à Venise. Mais les liens entre les Médicis et les Doge n’ont fait qu’accroître la puissance de leur dynastie et les Médicis ont pu revenir triomphants à Florence l’année suivante.

Au fil de leur patronage prolifique des arts, la famille Médicis exprima son pouvoir et une esthétique changeante qui incorporait les racines du début d’une Renaissance classique tout en affichant leur idéaux politiques et sociétaux de l’époque. Voici quelques-unes de leurs commandes les plus signifiantes.

Fra Angelico, Pala di San Marco, vers 1440, tempera sur panneaux de bois, 220 x 227 cm, musée national San Marco, Florence. Photo domaine public
Fra Angelico, Pala di San Marco, vers 1440, tempera sur panneaux de bois, 220 x 227 cm, musée national San Marco, Florence. Photo domaine public

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Le retable de San Marco, achevé quelques années après le retour de la famille Médicis à Florence, montre un retour à leur gloire passée ainsi qu’une expression de leurs valeurs religieuses. La Vierge et l’enfant sont assis sur un trône au centre du retable, flanqués par des anges de chaque côté, tandis que les saints patrons de Cosimo de Médicis sont agenouillés devant le trône. Cette perspective vers un point unique tombe directement sur le visage de la Vierge, soulignant l’adoration et la dévotion à son égard. L’inclusion des saints patrons de la famille Médicis dans cette peinture aligne la famille Médicis avec l’ordre dominicain, qui privilégiait l’éducation et l’amélioration de la société. Cet ordre était contrôlé par le monastère San Marco.

Cloître du couvent de San Marco, Florence. Photo Srecan / Licence CC BY-SA 4.0
Cloître du couvent de San Marco, Florence. Photo Srecan / Licence CC BY-SA 4.0

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En tant que principal mécène du monastère, Cosimo Médicis cherchait à établir son influence à l’intérieur de l’Église, ainsi que sur le plan politique à l’aide de ses contributions artistiques. L’ajout des saints patrons de sa famille exprime la piété de la famille Médicis, reliant leur pouvoir à Florence et la faveur divine afin de le légitimer. Cet objet exhibe également la grandeur des retables du début de la Renaissance avec son usage généreux de l’or, des couleurs vives, et de minutieux détails d’une scène glorieuse.

Cour du Palazzo Medici-Riccardi. Photo Gryffindor / Licence CC BY-SA 3.0
Cour du Palazzo Medici-Riccardi. Photo Gryffindor / Licence CC BY-SA 3.0

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Le Palais Médicis, commencé en 1446 par Cosimo Médicis, revoie à un renouveau d’une architecture plus traditionnelle, conservatrice, tout en affirmant l’autorité de la dynastie Médicis à Florence. Souhaitant construire un palais grandiose mais adapté à un citoyen moyen, Cosimo Médicis choisit Michelozzo pour concevoir sa demeure. Le résultat final apparaît comme une synthèse d’un design à la fois ancien et moderne, avec un rez-de-chaussée en pierre rustique tandis que les étages supérieurs sont réalisés dans maçonnerie plus lisse, délicate, davantage caractéristique de son temps. Ce style d’architecture fait le lien entre le début de la Renaissance et les périodes classiques pour créer une esthétique nouvelle qui annonce une autorité des Médicis autant progressiste qu’ancrée dans la tradition.

À l’intérieur, la cour est classique dans son style avec une galerie de piliers, des sculptures anciennes et des reliefs. Cette renaissance de la forme classique relie les Médicis à une époque au pouvoir ancien et à une ère artistique florissante.

Donatello, David, 1435-1440, bronze, 158 cm, collection Bargello. Photo Patrick A. Rodgers / Licence CC BY-SA 2.0
Donatello, David, 1435-1440, bronze, 158 cm, collection Bargello. Photo Patrick A. Rodgers / Licence CC BY-SA 2.0

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David est une des premières œuvres annonçant le renouveau de la sculpture classique par Donatello. Cette œuvre a été commanditée par le fils de Cosimo Médicis, Piero de Médicis, pour être exposée dans leur palais comme un témoignage de leur pouvoir et contrôle futurs sur Florence. Cette représentation entièrement nue de David évoque l’accent classique mis sur le corps humain parfait, pour autant Donatello s’éloigne des traditionnelles représentations de David défiant, semblable à un dieu, pour une figuration plus jeune, humaniste. La présence de cette sculpture de David dans la demeure des Médicis, créée par le même sculpteur que le David exposé à l’hôtel de ville de Florence, associe la famille avec l’autorité de la république florentine.

Sandro Botticelli, Le Printemps (Primavera), 1478-1482, tempera sur panneau de bois, 203 x 314 cm, Galerie des Offices de Florence. Photo domaine public
Sandro Botticelli, Le Printemps (Primavera), 1478-1482, tempera sur panneau de bois, 203 x 314 cm, Galerie des Offices de Florence. Photo domaine public

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Le Printemps, une commande des Médicis de la fin du XVe siècle, épouse les éléments de la mythologie classique et dépeint à la fois l’idéal de la femme respectable comme imaginée par la société, ainsi que la stabilité florentine. Cette peinture de Sandro Botticelli affiche une atmosphère naturaliste avec Vénus au centre accompagnée d’autres figures mythologiques telles que Mercure, les Grâces, Cupidon, Flore, Chloris, et Zéphyr qui représentent la fertilité et le patriarcat. Cette peinture a été commanditée pendant une période relativement sereine au sein de la république florentine et montre une scène pastorale insouciante qui rappelle la prospérité de la pensée humaniste.

Ce patronage intensif des Médicis au XVe siècle les a hissé au rang de famille régnante de Florence et a introduit dans la culture artistique de l’époque une nouvelle esthétique classique prenant racine dans l’Humanisme. 

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