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EAN : 9782213636931
151 pages
Fayard (13/03/2008)
3.25/5   16 notes
Résumé :

Amis du Désastre et Niveau-montistes sont formels : la culture s'est répandue dans toutes les couches de la population. Ce livre soutient le contraire. Si la culture s'est répandue, selon lui, c'est comme le lait de Perette : plus la culture est diffusée, moins il y en a pour chacun et moins elle a de consistance. Lorsque les trois-quarts d'une génération accèdent au baccalauréat, le niveau de connaissance et de mat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La culture est immatérielle, ce qui est plutôt pratique : si j'en donne un morceau à mon voisin, je conserve quand même toute la mienne, et tout le monde est gagnant. Renaud Camus défend pourtant le contraire : donner de la culture à tout le monde affaiblit le niveau général. Prenons l'exemple de la Joconde : une masse de touristes ignorants fait la file pour avoir le droit de l'admirer quelques secondes, puis laisse des commentaires désappointés sur les réseaux sociaux en déplorant la petite taille du tableau. Tout en privant les connaisseurs, eux aussi limités à une contemplation de cinq secondes, de la possibilité d'en admirer toutes les nuances.

L'auteur affirme que la culture est par définition inégalitaire, et regrette que les institutions chargées de la protéger et la transmettre se soient petit à petit détournées de leur but premier : les écoles ont désormais comme mission de donner des diplômes à tous les étudiants, quitte à baisser le niveau général, les médias se sont tournés vers le pur spectacle, et même les musées sont entrés dans une logique de rentabilité et de développement de leur marque à l'étranger.

Malgré quelques exemples intéressants, l'essai ne m'a pas vraiment convaincu.

Déjà, il s'ouvre sur l'introduction la plus pénible qu'il m'ait été donné de lire : phrases pompeuses et constructions alambiquées, remplies d'allusions obscures, qui vous donnent d'emblée le sentiment de devoir être absolument d'accord avec l'auteur sous peine de se voir ranger dans la catégorie des agents du crétinisme qu'il dénonce justement. Heureusement, le style devient plus abordable par la suite, mais j'étais à deux doigts de décrocher après quelques pages.

La vision développée dans l'essai est une « culture forteresse » : un petit groupe de gens au bon goût absolu décide de ce qui vaut ou non la peine d'être apprécié, et examine sous toutes les coutures les prétendants avant de les intégrer. On peut cependant contester la pertinence de ce goût, puisqu'il a déjà été démontré que le besoin premier de cette « élite » est de se distinguer des autres, et que des mets (le saumon) ou des destinations de voyage passent très vite du statut « incontournable » à celui de « vulgaire » une fois que les prolos et leurs congés payés passent dans le coin.

Au final, l'impression générale que me laisse l'ouvrage est que ce petit cercle fermé a fait beaucoup d'efforts mais se sent peu récompensé : on ne les admire pas assez, on invite d'autres personnalités moins « méritantes » à la télévision, et surtout, de moins en moins de gens sont disposés à faire le même chemin : quel intérêt de devenir juge si plus personne ne demande à être jugé ?
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La Grande déculturation de Renaud Camus. Record battu ! Commencée à la page 11, je décide de stopper la lecture de ce livre à la page 18 !

Je me suis fait piéger par la lecture intéressante et claire de la 4° de couverture reproduite ci-dessous :
« Idée répandue aujourd'hui : la culture s'est répandue dans toutes les couches de la population. Ce livre soutient le contraire. Selon Renaud Camus, si la culture s'est répandue, c'est comme le lait de Perette : plus la culture est diffusée, moins il y en a pour chacun et moins elle a de consistance. Lorsque les trois-quarts d'une génération accèdent au baccalauréat, le niveau de connaissance et de maturité qu'implique ce diplôme est à peu près celui qu'atteignaient au même âge les trois-quarts d'une autre génération, quand personne ne songeait à nommer cela baccalauréat, à peine certificat d'études. L'université fait le travail des lycées, les lycées celui des écoles primaires, les classes maternelles celui que les parents ne font pas, ayant eux-mêmes été élevés par l'école de masse, qui a formé la plupart des nouveaux enseignants. Arte, France Culture ou France Musique se consacrent aux tâches jadis dévolues aux chaînes généralistes, celles-ci imitent les postes et stations de divertissement. Tout a baissé d'un cran. C'est la grande déculturation. Et si les journaux n'ont plus de lecteurs, c'est en grande partie parce que leur public potentiel ne sait plus lire, même des phrases de plus en plus simples et de plus en plus fautives, avec de moins en moins de mots. »

C'est certain : le texte de cette couverture compréhensible par tous n'a pas été écrit par l'auteur Renaud Camus. Témoin, la page 18 du livre relue plusieurs fois avant de déclarer forfait :
« Mal nommée d'emblée, la culture, née d'un abus de langage, est en train de mourir d'un autre. Ces approximations terminologiques, au demeurant tout à fait conformes aux errements coutumiers de la parole et de la pensée (surtout lorsque ces héroïnes, dans leur soif d'aventures, de risques et d'expériences inédites, vont de par le monde en se cherchant l'une l'autre à travers mille dangers, sous mille identités d'emprunt, et tous les malentendus s'ensuivant qui font la substance de cette sotie épique), sont parfaitement explicables selon l'histoire, selon la sociologie et selon l'économie - ces trois champs d'exégèse étant bien entendu très étroitement imbriqués. Ce serait d'ailleurs une erreur de croire, parce que nous sommes confrontés ici à une affaire de vocabulaire, que les mots seuls sont concernés. Jusqu'en leurs ambiguïtés constitutives, ils ne font que refléter, avec une assez grande fidélité involontaire, l'évolution de ce qu'il est tentant d'appeler, sur un mode que sa saveur "rétro" ne dépouille pas ipso facto de toute pertinence, je crois, les "rapports de forces". La difficulté consiste évidemment à suivre de l'oeil en même temps les glissements sémantiques et les transformations sociales, sans jamais les confondre et sans jamais les séparer tout à fait ; sans croire que les uns sont directement tributaires des autres et sans imaginer que leurs lignes respectives sont tout à fait indépendantes ; sans espérer que ceci va nous dire exactement ce qu'il en est de cela et sans nous laisser persuader qu'il n'y a aucun enseignement à tirer de cela quant aux mouvements de ceci : il faut s'accommoder, ne serait-ce qu'un moment, de vérités partielles, de propositions qui sans être exactes en tout point sont néanmoins porteuses d'une forte ou d'une appréciable teneur en vérité, de prédicats plus vrai que faux, de raccourcis qui négligent provisoirement certaines justes objections de détail mais sont seuls à mener à l'unique point de vue vraiment éclairant. »

Si en 4° de couverture de ce livre, l'affirmation selon laquelle les journaux n'ont plus de lecteurs car leur public potentiel ne savent plus lire, à l'opposé, ce n'est pas ce type d'essai écrit par Renaud Camus qui va amener son public potentiel à prendre plaisir à lire et à se cultiver. Quel dommage !
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On pourrait résumer cet essai d'une phrase : du grand style pour une pensée qui heurtera les tenants du "tout culturel". Au nivellement, Renaud Camus préfère le rehaussement. A la contrefaçon, à la massification, il oppose le bon goût et l'authenticité. Cris d'orfraie dans les milieux branchés ! Et ceux-ci de se récrier, de vilipender, de flétrir un intellectuel ayant l'audace de jeter dans leur mare ce pavé saugrenu. Quand, le soir, de nombreuses chaînes de télévision ne m'offrent que de médiocrissimes programmes censés faire de l'audience, je me dis que la thèse de la déculturation est difficilement réfutable (toutefois, des exceptions se font jour).
M'est avis que Dutourd et Muray eussent apprécié.
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enaud Camus est un écrivain conservateur qui s'est retrouvé il y a quelques années au coeur d'une de ces polémiques que ne peuvent entamer que des lecteurs en délicatesse avec la grammaire et la logique formelle.
Nonobstant, il écrit d'une superbe manière des textes où il exprime sans pusillanimité ses préoccupations. L'une de celles-ci est la disparition progressive de la culture au sens classique du terme. Dans le présent pamphlet, Renaud Camus met en parallèle les ambitions contemporaines de culture de masse et d'éducation de masse et affirme leur inanité
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Nous n'avons chacun à notre disposition, j'y reviens, et c'est triste à dire, et c'est une platitude que de le rappeler, qu'un temps étroitement circonscrit, et que tous nos efforts et toutes nos prudences ne rendront pas indéfiniment extensible. Et je ne regrette pas d'avoir proposé ailleurs, comme une des définitions possibles de la culture, "la claire conscience de la préciosité du temps". L'homme cultivé n'a jamais trop de temps, il n'en a même jamais assez pour tout ce qu'il y a à lire, à voir, à entendre, à connaître, à apprendre, à comprendre et à aimer. L'intelligible, par son énormité, est incommensurable à son intelligence. L'existant, par son immensité, est sans rapport de proportions avec sa soif de connaissance et les possibilités de sa mémoire. L'aimable, par son infinitude, outrepasse de toute part son amour. A tout moment il doit faire des choix, c'est-à-dire renoncer à des chemins, à des livres, à des études, à des admirations et à des distractions. Et ce qu'il est, autant que par ce qu'il lit, par ce qu'il entend et par ce qu'il étudie, il l'est par ce qu'il ne lit pas, par ce qu'il ne fréquente pas, ce à quoi il refuse de perdre son temps, ce temps que la culture rend précieux.
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L'appelation oxymoresque d'industrie culturelle.

p. 19 Il faut s'accommoder, ne serait-ce qu'un moment,-de vérités partielles, de propositions qui sans être exactes en tout point sont néanmoins porteuses d'une forte ou d'une forte ou d'une appréciable teneur en vérité, de prédicats plus vrais que faux, de raccourcis qui négligent provisoirement certaines justes objections de détail mais sont seuls à mener à l'unique point de vue vraiment éclairant.
Veut-on faire taire un homme et le ridiculiser, il n'est que d'exiger de lui que chacune des propositions qu'il émet et le moindre de ses mots soient strictement exacts en tout point.


La culture n'est pas un privilège illégitime. Le critère de démocratie n'est pas pertinent en matière de culture.
Se cultiver, c'est sélever, apprendre à voir les choses et le monde de plus haut. En hyperdémocratie, rien ne peut être supérieur à rien.

p.144 L'enseignement : une fabrique de diplômes sans culture, d'instruits sans éducation.
p. 29 syllogisme
a) la culture est priviilège de classe
b) il faut abolir ce privilège;
c) ce que faisant on abolit la culture (puisqu'elle est ce privilège.

p. 34 ceux qui prétendent combiner culture et égalité, éducation et égalité, et introduire l'égalité ou seulement de l'égalité s'abusent eux-mêmes ou abusent les autres, ou les deux, car il y a une incompatibilité radicale,fondamentale, insurmontable, entre ces domaine§, ces champs ou ces valeurs. L'égalité est aussi absente de la culture qu'elle l'est de la nature.
p. 41 le rapport de proportion, quant à la siginfication véritable du diplôme, quant au degré de maturité impliqué des nouveaux titulaires,quant à leur connaissance de la langue, de la syntaxe et de l'orthographe, quant à logique, leur capaclté argumentative et de raisonnement logique, d'enchaînement des idées, de rigueur et de cohérence démonstrative est à peu près de dix à un, disons de cinq à un pour mettre toutes les chances de notre côté.
p. 57 bientôt c'est le vocabulaire lui-même qui se verra exclu du champ de la pertinence culturelle, et pourquoi pas la syntaxe.
p. 69 Mais la culture, sans une classe pour la représenter , pour la figurer, pour la faire vivre en l'incarnant, est désarmée, elle n'a pas plus la force et le prestige suffisants ni l'autorité pour s'imposer comme quelque chose à rejoindre.
p. 70 ll n'y a plus rien à rejoindre, plus de modèle, plus de référence, plus de classiques pour servir de jauge et d'inspiration
p. 74 L'hyperdémocratie ne veut pas de hiérarchie, or, la culture est toute hiérarchie.

p. 78 les contemporains ne détestent rien tant que le médiat, le détour, le délai, la syntaxe, les manières, les formes, la forme : auatnt dire la littéraure, l'art, la culture et tous les protocoles de l'aliénation posistive qui mettent de l'ailleurs dans l'ici...
p;99 Un bonne bibliothèque se carctèrise tout autant, et peut être plus rapidement, par les livres qui n'y sont pas, qui ne sont pas dignes d'elle
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A la vérité, redisons-le, ce n'est pas tant la culture qui est chère : les progrès de la démocratie, les vrais progrès de la vraie démocratie, en ont rendu de longue date des pans entiers, et parmi les plus précieux, accessibles aux plus démunis - sans toujours, il est vrai, leur faire connaître bien nettement la façon d'en profiter et de tirer enrichissement des avantages offerts. Ce qui est ruineux, c'est l'épuisante nécessité d'occuper l'inculture, de la distraire, de la canaliser, de la satisfaire pour les besoins de la paix sociale, de la sécurité et du profit. Cette exigence est dispendieuse à l'excès, mais il faut lui rendre cette justice qu'elle peut être aussi très rémunératrice. Elle exige de gros investissements, c'est incontestable, mais ce sont en général des investissements très rentables.
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L'hyperdémocratie ne veut pas de hiérarchie, or la culture est toute hiérarchie. L'antiracisme dogmatique ne veut rien savoir de l'origine, or la culture n'est que tâtonnements autour de l'origine, et c'est seulement à travers cette quête toujours déçue - nécessairement déçue car l'origine est toujours plus haut, toujours en amont - qu'elle accède à l'universel. Il n'y a pas de culture possible en régime hyperdémocratique dogmatiquement antiraciste, et, de fait, nous la voyons disparaître sous nos yeux. Qu'elle soit prétendument partout n'abuse que ceux qui veulent être abusés : elle est partout parce qu'elle n'est plus nulle part.
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Dès lors que tout le monde pouvait avoir accès à la télévision, et à la même télévision, non seulement il était fatal que le média renonçât à toute prétention ou posture culturelle, que la culture s'effaçât de lui, mais aussi que l'argent s'y infusât toujours plus étroitement, l'un des phénomènes s'appuyant sur l'autre et réciproquement. Il n'est pas jusqu'à l'institution scolaire où l'hyperdémocratie, tout inspirée qu'elle est officiellement par un idéal d'égalité économique et de rejet des privilèges de l'argent, n'ait fait le lit du commerce et des grands intérêts financiers.
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Vidéo de Renaud Camus
Rencontre avec Renaud Camus à Paris, à la Maison des Mines, le 18 mars 2022
Programme : -Conférence autour de son dernier livre La Dépossession animée par François Bousquet – Débat avec le philosophe Olivier Rey – Rencontre et dédicace
Informations utiles : Date : 18 mars 2022 Horaires : 19h30-23h
Maison des Mines 270 rue St Jacques 75005 Paris
Tarifs : Billet classique : 10€ Billet classique + La Dépossession : 41€
Billet -26 ans : 7€ Billet -26 ans + La Dépossession : 39€
Billeterie : https://my.weezevent.com/conference-dedicace-renaud-camus-a-paris
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