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Citations de Paul Verlaine (929)


Vieux Coppées



VII

L’aile où je suis donnant juste sur une gare,
J’entends de nuit (mes nuits sont blanches) la bagarre
Des machines qu’on chauffe et des trains ajustés,
Et vraiment c’est des bruits de nids répercutés
À des cieux de fonte et de verre et gras de houille.
Vous n’imaginez pas comme cela gazouille
Et comme l’on dirait des efforts d’oiselets
Vers des vols tout prochains à des cieux violets
Encore et que le point du jour éclaire à peine.
Ô ces wagons qui vont dévaler dans la plaine !
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Vieux Coppées



VI

Je suis né romantique et j’eusse été fatal
En un frac très étroit aux boutons de métal,
Avec ma barbe en pointe et mes cheveux en brosse.
Hablant español, très loyal et très féroce,
L’œil idoine à l’œillade et chargé de défis.
Beautés mises à mal et bourgeois déconfits
Eussent bondé ma vie et soûlé mon cœur d’homme.
Pâle et jaune, d’ailleurs, et taciturne comme
Un infant scrofuleux dans un Escurial ...
Et puis j’eusse été si féroce et si loyal !
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Vieux Coppées



I

Pour charmer tes ennuis, ô temps qui nous dévastes,
Je veux, durant cent vers coupés en dizains chastes
Comme les ronds égaux d’un même saucisson,
Servir aux amateurs un plat de ma façon.
Tout désir un peu sot, toute idée un peu bête
Et tout ressouvenir stupide mais honnête
Composeront le fier menu qu’on va licher.
Muse, accours, donne-moi ton ut le plus léger,
Et chantons notre gamme en notes bien égales,
À l’instar de Monsieur Coppée et des cigales.
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Vieux Coppées



IX

Depuis un an et plus je n'ai pas vu la queue
D'un journal. Est-ce assez Bibliothèque bleue ?
Parfois je me dis à part moi : « L'eusses-tu cru,
Un peu bien blanc, et l'œil habitueux s'en fâche.
Mais l'esprit ! Comme il rit et triomphe, le lâche !
— Et puis, c'est un plaisir patriotique et sain
De ne plus rien savoir de ce siècle assassin,
Et de ne suivre, dans sa dernière transe,
Cette agonie épouvantable de la France !
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Soyons bien coquins !



extrait 1

Bien qu'elle soit ta meilleure amie,
C'est farce ce que nous la trompons
Jusques à l'excès, sans penser mie
À elle, tant nos instants sont bons,


         Nos instants sont bons !


Je fais des comparaisons, de même
Toi cocufiant ton autre amant,
Et je dois dire que ton système
Pour le cocufier est charmant,


         Ton us est charmant !
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Après trois ans

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu'éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

Rien n'a changé. J'ai tout revu: l'humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin...
Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

Les roses comme avant palpitent; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m'est connue.

Même j'ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,
- Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.
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Ô Peuple, nous t'aimons immensément...



extrait 3

Ô Peuple, nous t'aimons immensément :
N'es-tu donc pas la pauvre âme ignorante
En proie à tout ce qui sait et qui ment ?
N'es-tu donc pas l'immensité souffrante ?

La charité nous fait chercher tes maux,
La foi nous guide à travers tes ténèbres.
On t'a rendu semblable aux animaux,
Moins leur candeur, et plein d'instincts funèbres.

L'orgueil t'a pris en ce quatre-vingt-neuf,
Nabuchodonosor, et te fait paître,
Âne obstiné, mouton buté, dur bœuf,
Broutant pouvoir, famille, soldat, prêtre !
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Printemps

Tendre, la jeune femme rousse,
Que tant d'innocence émoustille,
Dit à la blonde jeune fille
Ces mots, tout bas, d'une voix douce :

« Sève qui monte et fleur qui pousse,
Ton enfance est une charmille :
Laisse errer mes doigts dans la mousse
Où le bouton de rose brille,

Laisse-moi, parmi l'herbe claire,
Boire les gouttes de rosée
Dont la fleur tendre est arrosée, –

« Afin que le plaisir, ma chère,
Illumine ton front candide
Comme l'aube l'azur timide. »
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Ah ! si je bois, c’est pour me soûler, non pour boire.
Être soûl, vous ne savez pas quelle victoire
C’est qu’on remporte sur la vie, et quel don c’est !
On oublie, on revoit, on ignore et l’on sait ;
C’est des mystères pleins d’aperçus, c’est du rêve
Qui n’a jamais eu de naissance et ne s’achève
Pas, et ne se meut pas dans l’essence d’ici ;
C’est une espèce d’autre vie en raccourci,
Un espoir actuel, un regret qui « rapplique »,
Que sais-je encore ? Et quant à la rumeur publique.
Au préjugé qui hue un homme dans ce cas,
C’est hideux, parce que bête, et je ne plains pas
Ceux ou celles qu’il bat à travers son extase,
Ô que nenni !
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Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front,
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la delasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encore de vos derniers baisers ;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
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LŒTI ET ERRABUNDI
Les courses furent intrépides
(Comme aujourd’hui le repos pèse !)
Par les steamers et les rapides.
(Que me veut cet at home obèse ?)

Nous allions, – vous en souvient-il,
Voyageur où ça disparu ? –
Filant légers dans l’air subtil,
Deux spectres joyeux, on eût cru !

Car les passions satisfaites
Insolemment outre mesure
Mettaient dans nos têtes des fêtes
Et dans nos sens, que tout rassure,

Tout, la jeunesse, l’amitié,
Et nos cœurs, ah ! que dégagés
Des femmes prises en pitié
Et du dernier des préjugés,
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Je veux pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel comme les astrologues.
Et voisin des clochers, écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité ;
Et les grands ciels qui font rêver l'éternité.
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament,
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrais les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets,
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais,
Alors, je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Emeute tempêtant vainement à ma vitre
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
Car je serai plongé dans cette volupté,
D'évoquer le Printemps avec ma volonté ;
De tirer un soleil de mon coeur et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.

(poème qui ouvre "les Tableaux parisiens" de Baudelaire)
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Elle m'est promise,
Fort heureusement !
Mais quelle entreprise
Que d'être un amant
Près d'une promise !

J'ai peur d'un baiser
Comme d'une abeille.
Je souffre et je veille
Sans me reposer :
J'ai peur d'un baiser !
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LES INDOLENTS

"Bah! malgré les Destins jaloux,
Mourons ensemble, voulez-vous ? --
-- La proposition est rare. --

--Le rare est bon. Donc mourons
Comme dans les Décamérons.
-- Hi! hi! hi! quel amant bizarre! --
...
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Paul Verlaine
Je suis toujours surpris par les circonstances qui nous font un clin d'oeil.
En posant des bonheurs sur les journées d'absence et nous laissent à penser que rien n'est un hasard.
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Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.
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Baiser ! rose trémière au jardin des caresses !
Vif accompagnement sur le clavier des dents
Des doux refrains qu’Amour chante en les cœurs ardents
Avec sa voix d’archange aux langueurs charmeresses !

Sonore et gracieux Baiser, divin Baiser !
Volupté nonpareille, ivresse inénarrable !
Salut ! l’homme, penché sur ta coupe adorable,
S’y grise d’un bonheur qu’il ne sait épuiser.

Comme le vin du Rhin et comme la musique,
Tu consoles et tu berces, et le chagrin
Expire avec la moue en ton pli purpurin ...
Qu’un plus grand, Goethe ou Will, te dresse un vers classique.

Moi, je ne puis, chétif trouvère de Paris,
T’offrir que ce bouquet de strophes enfantines :
Sois bénin et, pour prix, sur les lèvres mutines
D’Une que je connais, Baiser, descends, et ris.
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Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête.
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
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Paul Verlaine
Clair de lune

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.
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Paul Verlaine
Je vous vois encor

Je vous voir encor! En robe d'été
Blanche et jaune avec des fleurs de rideaux.
Mais vous n'aviez plus l'humide gaieté
Du plus délirant de tous nous tantôts.

La petite épouse et la fille aînée
Était reparue avec la toilette
Et c'était déjà notre destinée
Qui me regardait sous votre voilette

Soyez pardonnée! Et c'est pour cela
Que je garde, hélas! avec quelque orgueil,
En mon souvenir, qui vous cajola,
L'éclair de côté que coulait votre oeil.
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