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3/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Durenque (Aveyron) , le 3/11/1846
Mort(e) à : La Valette-du-Var , le 18/07/1928
Biographie :

François Fabié, né au Moulin de Roupeyrac à Durenque (Aveyron) le 3 novembre 1846 et mort le 18 juillet 1928 à La Valette-du-Var (Var), est un poète régionaliste français.

Le Moulin de Roupeyrac, sa maison natale, est aujourd'hui un musée consacré à sa vie et à son œuvre.

Brillant élève à l'école primaire, il entre en 1857 au collège à Rodez. Reçu premier à l'École normale de Rodez en 1865, il part pour l'École normale spéciale de Cluny en Bourgogne en 1868, grâce à une bourse d'étude qui lui est attribuée par le ministre de l'Instruction publique.

En 1872, il devient professeur de littérature au lycée de Toulon. Il s´y marie et y publie son premier recueil de poésie, La Poésie des bêtes. En 1883, il est nommé professeur au lycée Charlemagne à Paris.

En 1908, il prend sa retraite dans le village de La Valette à côté de Toulon d'où est native sa femme.
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Source : Wikipédia
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Les moineaux- François Fabié


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François Fabié
Terre de France

Oui, partout elle est bonne et partout elle est belle,
Notre terre de France aux mille aspects divers !
Belle sur les sommets où trônent les hivers,
Et dans la lande fauve à l’araire rebelle,
Belle au bord des flots bleus, belle au fond des bois verts !

Belle et bonne aux coteaux où la vigne s’accroche,
Et dans la plaine grasse où moutonnent les blés ;
Bonne dans les pâtis où les boeufs rassemblés
Mugissent ; bonne encore aux fentes de la roche
Où les oliviers gris aux figuiers sont mêlés !

Au front des pics neigeux où l’aigle pend son aire,
Et dont le soleil fait des tours de diamant,
Dans le glacier d’où sort le gave en écumant,
Et d’où parfois, avec un fracas de tonnerre,
L’avalanche bondit sur nos champs de froment ;

Belle et bonne toujours, à la fois forte et douce,
Notre terre se dresse en granit menaçant,
Tourne vers l’étranger son plus âpre versant,
Et nous déroule l’autre en gradins, sans secousse,
Comme un tapis moelleux qui d’un palais descend.

Et là-bas, tout au bout du morne promontoire
D’où s’élèvent, le soir, les cris et les sanglots
Des mères et des soeurs pleurant nos matelots,
Notre terre est superbe en sa double victoire
De ses feux sur la nuit, de ses rocs sur les flots !

Elle est belle surtout au pays d’où nous sommes,
Provençaux ou Lorrains, Rouergats ou Bretons,
Au pays qu’en nos coeurs partout nous emportons,
Dont nous gardons l’accent, dont nous vantons les hommes,
Et que, depuis Brizeux, à Paria nous chantons !

Elle est douce au vallon où joua notre enfance
Et dont l’esprit toujours reprend l’étroit chemin ;
Douce ou l’on nous connaît, où l’on nous tend la main,
Douce où dorment nos morts, douce où l’on a d’avance
Marqué la place où l’on ira dormir demain !…

Mais plus belle et plus douce à notre âme meurtrie
Est la terre d’Alsace arrachée à nos flancs,
La terre où sont tombés nos cuirassiers sanglants,
Et d’où leur ombre encore éperdument nous crie :
» Frères, comme à venir vers nous vous êtes lents ! «

La terre qu’il faudra reprendre par l’épée,
Quitte à donner nos fils la les plus forts, les plus beaux,
– Mères, vous le savez ! – en pâture aux corbeaux,
Mais qui, plus belle encor de notre sang trempée,
Verra se soulever les morts de leurs tombeaux

Pour regarder venir, au sommet des collines,
Nos drapeaux bien-aimés qui claqueront au vent,
Pour ouïr nos clairons sonner en les suivant,
Tandis que sous le ciel, en notes cristallines,
Ses clochers chanteront dans le soleil levant !…

Terre de France, terre entre toutes féconde,
Dont on a pu blesser mais non tarir le sein,
Ruche d’où part vibrant le glorieux essaim
Que depuis trois mille ans Dieu mène par le monde
A l’accomplissement de quelque grand dessein ;

Terre où le soc demain peut se changer en glaive,
Et le canon bondir en écrasant des fleurs,
Mère d’un peuple fier que trempent les douleurs,
Qui trop souvent faiblit, mais toujours se relève,
Plus grand au lendemain de ses plus grands malheurs ;

Terre de laboureurs, d’apôtres, de poètes
Qui font beau ton passé, triste et doux ton présent ;
Terre d’où l’Idéal son vol puissant
Et monte dans le ciel avec tes alouettes
Dès que l’aigle a cessé de réclamer du sang ;

Pardonne à l’un de ceux que tes beautés enchantent,
Qui t’aime dans tes monts, tes plaines et tes bois,
Tes douleurs d’aujourd’hui, tes gloires d’autrefois,
De te chanter, un peu comme nos pâtres chantent,
Avec beaucoup de coeur, sans art, à pleine voix.
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SAVOIR VIEILLIR


Vieillir, se l’avouer à soi-même et le dire,
Tout haut, non pas pour voir protester les amis,
Mais pour y conformer ses goûts et s’interdire
Ce que la veille encore on se croyait permis.

Avec sincérité, dès que l’aube se lève,
Se bien persuader qu’on est plus vieux d’un jour.
À chaque cheveu blanc se séparer d’un rêve
Et lui dire tout bas un adieu sans retour.

Aux appétits grossiers, imposer d’âpres jeûnes,
Et nourrir son esprit d’un solide savoir ;
Devenir bon, devenir doux, aimer les jeunes
Comme on aima les fleurs, comme on aima l’espoir.

Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
Tandis qu’ils vogueront sur les flots hasardeux,
Craindre d’être importun, sans devenir sauvage,
Se laisser ignorer tout en restant près d’eux.

Vaquer sans bruit aux soins que tout départ réclame,
Prier et faire un peu de bien autour de soi,
Sans négliger son corps, parer surtout son âme,
Chauffant l’un aux tisons, l’autre à l’antique foi,

Puis un jour s’en aller, sans trop causer d’alarmes,
Discrètement mourir, un peu comme on s’endort,
Pour que les tout petits ne versent pas de larmes
Et qu’ils ne sachent pas ce que c’est que la mort.
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LE CLOCHER DE RODEZ


Extrait 3

Et comme nous laissons alors, à tire d’ailes,
Loin du Paris banal où nous parque le sort,
Nos âmes s’envoler dans un joyeux essor
Vers le clocher où vont aussi les hirondelles !

Comme, lorsque au retour il surgit à nos yeux
Couronné de rayons ou coiffé d’un nuage,
Ainsi que des marins après un long voyage,
Nous le saluons tous de nos regards pieux !

« Viens, nous dit-il de loin, comme nous faisant signe.
Je vois fumer d’ici le toit de ta maison,
Et ta mère et tes sœurs les yeux sur l’horizon,
Et ton père courbé dans son champ ou sa vigne.

« Que tu sois fils du Causse aux grands blés onduleux,
Ou du frais Ségala que les genêts fleurissent,
Que tu sois du Vallon où les grappes mûrissent,
De la Montagne verte où mugissent les bœufs,

« Salut ! Du vieux Rouergue où ton cœur te ramène,
Je suis aussi le cœur, le symbole et la foi ;
L’âme de tes aïeux habite encore en moi,
Ma pierre sous leurs doigts est devenue humaine.

« Fou ! dis-je à qui part jeune et va chercher ailleurs
Gloire, pouvoir, fortune, ou toute autre chimère ;
Fou, de n’être pas là lorsque mourra ta mère,
Pour couvrir son cercueil de larmes et de fleurs !

« Soyez les bienvenus, dis-je à ceux qui reviennent,
Le cœur las et meurtri, s’asseoir au vieux foyer :
Il est encor bien bon de se laisser choyer
Par les petits-neveux qui de vous se souviennent.

« Si vous avez semé votre âge le plus beau
Sur les mille chemins où l’orgueil vous entraîne,
Le pays vous fera la vieillesse sereine,
Et l’ombre du clocher est si doux. »
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VOIX ÉTEINTE


Elle perdit d’abord et par degrés sa voix
Qu’elle avait chaude et grave, émue et pénétrante
Comme la voix du loriot au fond des bois...
En l’écoutant chanter pour ses amis, parfois,
Même quand nul encor ne la savait souffrante,
Je me sentis le cœur traversé du soupçon
Qu’elle leur donnait trop de son âme vibrante,
Que son air s’achevait en un furtif frisson,
Et que le luth un jour plierait sous la chanson.

Et soudain, confirmant et dépassant mes craintes,
Un mal lâche et sournois la saisit au gosier,
      Comme pour empêcher ses plaintes,
      Et l’étouffa sous ses étreintes
Tel un serpent un rossignol dans un rosier...

Oh ! quinze mois entiers l’angoissante torture
D’entendre s’enrouer, tousser, tousser encor,
Tousser d’une toux rauque et suffocante et dure
La gorge d’où longtemps avaient pris leur essor
      Tant de beaux chants à l’aile d’or !
Chaque matin sentir plus sourde sa parole,
Et ses efforts plus grands, plus vains, plus anxieux
Pour l’appel qui supplie ou le mot qui console
      La pauvre mère qui s’affole...
Puis ne plus rien entendre d’Elle — que ses yeux !

La douce enfant, si bien douée et si peu fière
De tous ses autres dons, aimait pourtant celui
      Par qui son âme tout entière
      S’unissait à l’âme d’autrui :
Elle pleurait sa voix d’amour et de lumière,
Sans se douter encor que la Mort la voulait
Toute, et qu’avec sa voix son âme s’en allait...

Ô chère voix qui ne vis plus qu’en notre oreille ;
Voix qui faisais jadis notre maison pareille
À la ruche joyeuse et vibrante sans fin ;
Voix tendre et si prenante, archet vraiment divin
Qui passais sur les cœurs, et jamais, ô merveille,
      Ne les sollicitais en vain ;

Maintenant que dans l’air tu t’es évanouie,
Perdue, — ou bien plutôt, puisque rien ne se perd,
Très loin, très loin de nous à tout jamais enfuie,
Sans doute entrée au vaste et sublime concert
Où pour l’éternité Dieu fait ses symphonies
Avec toutes nos voix dans son amour unies,
— Ma voix de vieux poète aux destins révolus
Gémira sur le tien, mais ne chantera plus.
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François Fabié
Les genêts

Les genêts, doucement balancés par la brise,
Sur les vastes plateaux font une houle d'or ;
Et, tandis que le pâtre, à leur ombre s'endort,
Son troupeau va broutant cette fleur qui le grise...

Cette fleur toute d'or, de lumière, et de soie
En papillon, posée au bout des brins menus
Et dont les lourds parfums semblent être venus
De la plage lointaine où le soleil se noie...

Certes, j'aime les prés où chantent les grillons
Et la vigne pendue aux flancs de la colline
Et les champs de bleuets sur qui le blé s'incline
Comme sur des yeux bleus tombent des cheveux blonds...

Mais je préfère aux prés fleuris, aux grasses prairies
Aux coteaux où la vigne étend ses pampres verts,
Les sauvages sommets de genêts recouverts,
Qui font au vent d'été de si fauves haleines.

Vous en souvenez-vous genêts de mon pays,
Des petits écoliers aux cheveux en broussailles
Qui s'enfonçaient sous vos rameaux comme des cailles
Troublant dans leur sommeil les lapins ébahis ?

Comme l'herbe était fraîche à l'abri de vos tiges !
Comme on s'y trouvait bien sur le dos allongé,
Dans le thym qui faisait aux sauges mélangé,
Un parfum enivrant à donner des vertiges !

Et quelle émotion lorsqu'un léger frou-frou
Annonçait la fauvette apportant la pâture,
Et qu'en bien l'épiant on trouvait d'aventure
Son nid plein d'oiseaux nus et qui tendaient le cou !

Quel bonheur ! quand le givre avait garni de perles
Vos fins rameaux émus qui sifflaient dans le vent
- Précoces braconnier - de revenir souvent
Tendre en vos corridors des lacets pour les merles.

Mais il fallut quitter les genêts et les monts,
S'en aller au collège étudier les livres,
Et sentir, loin de l'air natal qui vous rend vies,
S'engourdir ses jarrets et siffler ses poumons ;

Passer de longs hivers dans des salles bien closes
A regarder la neige à travers les carreaux
Éternuant dans des auteurs petits et gros
Et soupirant après les oiseaux et les roses.

Et l'été, se haussant sur son banc d'écolier
Comme un forçat qui, tout en remuant, tend sa chaîne,
Pour sentir si le vent de la lande prochaine
Ne vous apporte pas le parfum familier...

Enfin la grille s'ouvre ! On retourne au village
Ainsi que les genêts, notre âme est tout en fleur,
Et dans les houx remplis de vieux merles siffleurs,
On sent un air plus pur qui vous souffle au visage.
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François Fabié
Le laboureur soldat

Laboureur ! – Il n’était, ne voulut jamais être
Que laboureur ; – un beau laboureur, lent et doux
Et fort comme ses boeufs, qui l’aimaient entre tous
Leurs bouviers, et venaient très docilement mettre,
Dès son premier appel, leurs cornes et leurs cous
Sous le dur joug en bois de hêtre…

A vingt ans il dut les quitter, étant conscrit ;
Mais, libéré, vers eux il revint à la hâte,
Et, dès le lendemain de son retour, reprit
Avec eux le labeur qui soulève, pétrit
Et repétrit le soi comme une bonne pâte
Dont le blé futur se nourrit…

Un soir qu’il leur chantait le vieil air sans paroles
Qu’ils comprennent fort bien et qui rythme leurs pas.
Et qui les fait marcher encor quand ils sont las,
Au petit clocher bleu soudain les cloches folles
S’agitèrent dans un furieux branle-bas…
Surpris, il s’arrête : Est-ce un glas ?

Non. – Le gai carillon des veilles de dimanche ?
Non plus. – Quelque incendie ? Ah ! certes ! Et partout
Des gens courent : » La guerre !… on mobilise ! » Au bout
Du sillon brun, le laboureur lâche le manche,
Dételle : » Adieu, mes boeufs ! » Il part, et le trois août
Il labourait pour la Revanche.

Il porta le fusil et le sac vaillamment,
Mais sans fanfaronnade et sans emballement,
Se battit à Namur, fut blessé, guérit vite,
Fut blessé de nouveau…, puis, comme nul n’évite
Sa destinée, alla périr obscurément
Dans cette presqu’île maudite

Où sur un sol ingrat sans verdure et sans eaux,
Sous la soif et la faim, les obus et les balles,
Tant de pauvres enfants, des meilleurs, des plus beaux,
– Ainsi qu’au grand soleil des épis sous la faux, –
Si follement, si loin des campagnes natales,
Tombèrent dans de vains assauts…

Mon laboureur qui tant aimait son coin de terre,
Ses genêts, ses prés verts et ses coteaux herbeux,
Et la source où, le soir, il abreuvait ses boeufs,
Et sa ferme, et peut-être, avec crainte et mystère
D’un amour patient qu’il devait encor taire,
La fille d’un maître ombrageux ;

Le voyez-vous mourir longuement sur le sable,
Là-bas, dans un pays atroce de païens,
Les yeux martyrisés par l’azur implacable,
Sans un regard ami de son ciel ni des siens,
Sans que nul sur sa lèvre, à l’instant redoutable,
Mît le signe aimé des chrétiens !…

Pauvre petit soldat, ta mort, dont on ignore
L’heure et le lieu, ne t’aura point valu la croix ;
Que dis-je ! tu n’as pas même celle de bois
Sur ta tombe perdue et que rien ne décore,
Ni les ordres du jour flatteurs qui font encore
Qu’on parle de vous quelquefois.

Puisse le Dieu que tu servais et qui dénombre
Exactement les morts et sait où sont leurs os,
Sur le tertre où tu dors mettre au moins un peu d’ombre
Et, quand vient la saison où migrent nos oiseaux,
Faire gémir sur toi les ramiers du bois sombre
Qui couvrit nos communs berceaux ;

Et puisse-t-il donner à ceux-là qui te pleurent,
Mais qui ne doutent pas de l’éternel revoir,
La résignation, soeur tendre de l’espoir,
Et leur persuader que les jeunes qui meurent
En faisant comme toi simplement leur devoir
Doublent l’ange veillant sur les vieux qui demeurent !
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LA CHATTE NOIRE


Dans le moulin de Roupeyrac
Se tient, assise sur son sac,
Une chatte couleur d’ébène ;
Il est bien certain qu’elle dort :
Ses yeux ne sont que deux fils d’or
Et ses griffes sont dans leur gaine

Pourtant, ne vous y fiez pas
Et trottinez un peu plus bas,
Rats qui courent par les trémies,
Si vous ne voulez tout à coup
Sentir entrer dans votre cou
Toutes ces griffes endormies

Gardez-vous de donner l’assaut
Au grain qui dort dans le boisseau !
Car si la Noire se réveille
Demain en sacrant le meunier
Trouvera rouge au farinier
Sa farine blanche la veille

Soyez discrets, soyez prudents,
N’allez pas aiguiser vos dents
Sur le sac où dort l’assassine
Car elle bondirait soudain
Et vous lui crierez bien en vain :
Cousine ! cousine, oh ! cousine !...

p.29-30
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Berger d'abeilles

Le doux titre et l'emploi charmant :
Être, en juin, un berger d'abeilles,
Lorsque les prés sont des corbeilles
Et les champs des mers de froment ;

Quand les faucheurs sur les enclumes
Martèlent la faux au son clair,
Et que les oisillons dans l'air
Font bouffer leurs premières plumes !

Berger d'abeilles, je le fus,
À huit ans, là-bas, chez mon père,
Lorsque son vieux rucher prospère
Chantait sous ses poiriers touffus.

Quel bonheur de manquer l'école
Que l'été transforme en prison,
De se rouler dans le gazon,
Ou de suivre l'essaim qui vole,

En lui disant sur un ton doux
Pour qu'il s'arrête aux branches basses :
« Posez-vous, car vous êtes lasses ;
Belles abeilles, posez-vous !

« Nous avons des ruches nouvelles
Faites d'un bois qui vous plaira ;
La sauge les parfumera :
Posez-vous, abeilles, mes belles ! »

Et les abeilles se posaient
En une énorme grappe grise
Que berçait mollement la brise
Dans les rameaux qui bruissaient.

« Père ! criais-je, père ! arrive !
Un essaim ! » Et l'on préparait
La ruche neuve où sans regret
La tribu demeurait captive.

Puis, sur le soir, lorsque, à pas lents,
Du fond des pâtures lointaines
Les troupeaux revenaient bêlants
Vers l'étable et vers les fontaines,

Je retrouvais mon père au seuil
Comptant ses bêtes caressantes,
Et lui disais avec orgueil :
« Toutes les miennes sont présentes ! »

Le doux titre et l'emploi charmant :
Être, en juin, un berger d'abeilles,
Lorsque les prés sont des corbeilles
Et les champs des mers de froment !
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LA CHATTE NOIRE


Sous le moulin, près du ruisseau
Se tient assise au bord de l’eau
Une chatte couleur d’ébène ;
Il est bien certain qu’elle dort :
Ses yeux ne sont que deux fils d’or
Et ses griffes sont dans leur gaine

Pourtant, ne vous y fiez pas
Et gardez-vous dans vos ébats
De trop approcher de la rive,
Goujons dorés et bleus barbeaux,
Si vous ne voulez dans le dos
Sentir une griffe furtive

Certes, elle n’aime pas le bain
La chatte noire, mais enfin !
Pour y harponner une truite,
Elle se risque quelquefois
À se mouiller un peu les doigts,
Comme le diable en l’eau bénite

Et sa langue rose paraît
Plus rose encore, et l’on dirait
Une bouche de jeune fille,
Lorsque d’un beau poisson tremblant
Qu’elle dévore en grommelant
La queue à sa lèvre frétille
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LE CLOCHER DE RODEZ


Extrait 2

Or, ce que l’arbre aimé qu’on salue au retour
Est pour tous les enfants d’un petit coin de terre,
Toi qui portes plus haut ta tête solitaire,
Tu l’es pour le Rouergue entier, superbe tour,

Ô clocher de Rodez, qu’on voit de trente lieues !
Toi qui, par le ciseau de nos aïeux sculpté,
Au-dessus du sommet où leur foi t’a planté,
Jaillis à trois cents pieds dans les régions bleues !

Comme l’ambre des monts, tu vibres dans le vent ;
Et lorsque la tempête en rugissant t’assaille,
On sent une âme en toi qui s’agite et tressaille,
Et l’arbre de granit comme l’autre est vivant.

Et puis, à certains jours, un orchestre superbe
S’éveille dans ton sein, puissant, terrible et doux,
Qui rappelle le bruit de la foudre en courroux,
Ou le bourdonnement d’une ruche dans l’herbe :

Glas lugubres coupés ainsi que des sanglots,
Alleluia joyeux comme l’aube nouvelle,
Mélopée apaisée et presque maternelle,
Te Deum éclatant avec un bruit de flots ;

Frais carillons d’avril purs comme un chant de grive,
Carillons solennels des jours de messidor,
Carillons attristés quand le soleil s’endort,
Carillons grelottants lorsque Noël arrive ;

Qui de nous ne se les rappelle, et, tout troublé,
Quand les clochers d’ici bourdonnent, ne s’arrête,
Et ne songe au clocher natal, dont il regrette
Les airs chantant toujours dans son cœur d’exilé ?
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