Exposition Louis Boulanger à la Maison de Victor Hugo : le romantisme noir mis à l'honneur
Maison de Victor Hugo
Du 10 novembre 2022 au 5 mars 2023
De tous les peintres du cénacle romantique, Louis Boulanger est incontestablement le plus insaisissable. Comment aborder l’héritage pictural de cet artiste virtuose, ami fidèle de Victor Hugo, Alexandre Dumas et Honoré de Balzac, mais dont l’œuvre reste aujourd’hui strictement confidentielle ? La Maison de Victor Hugo lève une partie du voile sur l’œuvre du maître en ressuscitant l’univers doux et poétique de ce peintre méconnu du grand public. À travers la présentation de plus de 180 chefs-d’œuvre dont l’exceptionnel Martyre de Saint-Laurent tout juste restauré pour l’occasion, l’institution parisienne revient sur la vie de ce grand aquarelliste qui rencontra le succès dès l’âge de 21 ans au Salon de 1827 avec son terrifiant Supplice de Mazeppa. Une composition monumentale de plus de 5 mètres de haut qui éclipsa presque La Mort de Sardanapale d’Eugène Delacroix exposée au même moment... En s’appuyant sur l’ensemble de sa production, de ses nombreux portraits faits pour ses proches à ses créations les plus tardives, en passant par ses commandes pour les églises et ses décors civils, l’exposition rétablit l’honneur de cet artiste prodige dont les visions frénétiques et violentes du drame romantique, inspirées de Faust et de Pétrarque, ont cristallisé l’image du rêve et de la peur au XIXe siècle.
FOCUS SUR...
Louis Boulanger, La Ronde du Sabbat, 1861
Plongez dans l’œuvre infernale de Louis Boulanger avec cette huile sur toile diabolique, véritable bijou du romantisme noir. Fasciné par la prose de son ami Victor Hugo, l’artiste développe, dès la fin des années 1820, une série d’œuvres terrifiantes tirées de son recueil Odes et Ballades, mettant en scène des figures macabres et flamboyantes qui dépassent le simple cadre de l’illustration. Si le peintre romantique donne vie à l’un des poèmes de jeunesse d’un géant de la littérature française, celui-ci pousse l’interprétation jusqu’à son paroxysme en faisant l’apologie de la monstruosité. L’artiste dessine ici une messe renversée avec, au centre d’une cathédrale gothique, de part et d’autre de serviteurs assis dans le chœur, Satan, coiffé d’une mitre et d’une chasuble, dirigeant une sarabande maléfique de démons. Le Diable mène alors la danse sacrilège, entouré de femmes nues et de tyrans emportés par un tourbillon. Une question demeure : les monstres imaginés par Boulanger ne seraient-ils pas l’allégorie du génie romantique par excellence, mélancolique et angoissant, onirique et ensorcelant ?