Nouveauté littéraire autour de Bernard Manciet

"Pour qui ne connaît pas Manciet, voici l’occasion d’entrer dans le cercle privilégié de ses amis proches". Bernard Manciet est une des figures majeures de la poésie contemporaine.

Lettres à Bernard Manciet de Frédéric Sudupé
Lettres à Bernard Manciet de Frédéric Sudupé

Son œuvre, riche d’une inspiration et d’une érudition sans faille, a imprimé sa singularité à tous les genres littéraires qu’elle a illustrés. Bernard Manciet, né à Sabres le 27 septembre 1923 et mort à Mont-de-Marsan le 3 juin 2005, est un poète originaire des Landes et un des plus importants auteurs gascons du XXe siècle.

"Cher ami, Beaucoup de mes contemporains sinon la plupart vous croient mort aujourd’hui. L’affaire est entendue. Il n’y a plus que vos livres à lire, apprend-on, votre œuvre à découvrir. Votre départ du 3 juin 2005 – que l’on dit être la date de votre décès – m’a renvoyé à mon ignorance première vous concernant. Vous m’avez plongé dans l’inconnu. Tout est à reprendre."

Frédéric Sudupé l’a côtoyé durant plus de dix ans. Aujourd’hui, il lui adresse des lettres par-delà sa disparition : la mort de l’aîné n’a pas rompu le dialogue. Cette suite épistolaire, splendide témoignage d’une amitié qui sait se jouer des contraintes du temps, restitue au poète de l’Enterrement à Sabres tout son poids d’humanité.

Lettres à Bernard MancietLe travail de Frédéric Sudupé s’inscrit, au niveau des thèmes abordés, dans un ancrage territorial pour s’ouvrir à l’universel. Le présent ouvrage est le deuxième du genre après la série de variations autour de la Dame à la Capuche, le premier visage connu de la préhistoire, retrouvé dans les Landes à Brassempouy : Tête-à-tête avec la Dame de Brassempouy, Passiflore, 2020

Extrait

Le croirez-vous, mais peut-être vous l’ai-je déjà raconté : lorsque je me suis rendu chez vous à Trensacq pour notre première rencontre (la date m’échappe), j’ai tapé au carreau de votre maison, le cœur calme, ne sachant trop ce que je venais faire là, dans « ce coin perdu ». J’ai attendu quelques secondes, sous l’auvent, tout occupé à regarder distraitement ce qui m’accompagnait sur ce seuil (que je ne savais pas encore un passage), qui chaque fois qu’on l’emprunte vous plonge dans un autre espace-temps. Il y avait là, sur ma droite, des bûches de bois entassées pour les prochains feux dans la cheminée, réserve dans laquelle il me faudrait piocher souvent, sur votre demande, au fil des mois et des années, pour ramener par temps d’hiver, de pluie, la bûche gardienne des flammes de l’amitié.

Au-dessus de la porte, une coquille des pèlerins de Saint-Jacques. Quelques poules non loin, allant, venant, libres de leurs mouvements, caquetantes il va de soi, sottement poules. Des chênes alentour, plus imposants les uns que les autres, majestueux, « véritablement chez eux », ai-je pensé sur le coup, « oui, chez eux tout en étant chez vous », non pas indifférents à mon attente, mais comme consentants de leur base à leur sommet – je devinais déjà dans leur assemblée faussement immobile toute une garde amie avec laquelle vous saviez vous entretenir à l’occasion, dans un langage mi-humain mi-végétal. Là, sous l’auvent, je me demandais quel homme et de quelle allure allait venir m’ouvrir, m’apparaître.

pdf eb697Lire un extrait du livre

L'auteur

Frédéric Sudupé est né dans le Sud-Ouest, à Mont-de-Marsan, ville de sculpteurs. Très jeune, il se sent attiré par les pays et les cultures du Sud, les soleils âpres, forts, il va jusqu’à lire dans la première syllabe de son nom cette prédestination à se sentir « sudiste » dans l’âme. À dix-sept ans, premier choc : L’Ombilic des Limbes, d’Artaud. Toute sa vision du monde en sera bouleversée. Il ne lira plus la langue française avec les mêmes yeux. Des rencontres essentielles dans le domaine des lettres jalonnent son parcours. À vingt ans, il fait la connaissance d’Yves Bonnefoy, à Pau. Une correspondance suivra.Frédéric Sudupé

Quelques années plus tard, à Montpellier où il réside, il découvre cet autre poète exigeant, qui le conseille et le lit, Pierre Torreilles. Enfin, durant plus de dix ans (après être revenu au pays natal), il fréquente assidûment celui qu’il considère comme l’homme et l’écrivain le plus remarquable de tous, Bernard Manciet. Le rapport à l’écriture de Frédéric Sudupé est inséparable de la poésie. Ce qui ne l’empêche pas d’écrire dans d’autres genres.

Mais pour lui, quel que soit le manuscrit en cours, l’écriture ne serait rien sans la lecture. Les deux activités sont les deux versants d’une même nécessité. Dans le cadre de ses activités professionnelles, il sera amené à côtoyer de nombreux écrivains. Chauffeur d’un soir pour des rencontres littéraires, il aura le privilège d’approcher de près durant des années, dans un anonymat qui le ravira, des dizaines d’auteurs de premier plan. Il les verra évoluer sous les feux des projecteurs mais aussi dans l’ombre, tels qu’ils se révèlent « côté coulisses ». De nombreux voyages à l’étranger rythment son travail sur les mots. 

La Maison d'Edition

Créées en Aquitaine en 2009 et fondées par Patricia Martinez, Sylvie Cazaban et Florence Defos du Rau, les Éditions Passiflore sont nées de la passion commune de trois amies pour les livres, la lecture et l’écriture. Patricia Martinez dirige aujourd’hui la maison. Leurs publications s’organisent autour de deux axes : la littérature contemporaine, avec des romans et des auteurs « coup de coeur » et la culture Sud-Ouest, avec des beaux livres et des ouvrages sur le sport et les tauromachies. Elles ont également ouvert une collection "Présence de l'écrivain" en partenariat avec l'ARDUA dans laquelle on trouve, par exemple, un ouvrage sur François Cheng. Pour un plus grand confort de lecture, elles proposent également des titres imprimés en taille de police 18. Les Éditions Passiflore portent une très grande attention à la relecture, la diffusion et la distribution des ouvrages tous imprimés en France. Elles s’attachent à développer des relations de confiance avec l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre. Reconnues au niveau national par des prix littéraires (Festival du Premier roman de Chambéry (x3), Prix du roman Handilivres, Prix Chronos de littérature, Prix du Métro Goncourt, Prix de la Nouvelle de l'Académie française), elles ont publié à ce jour plusieurs dizaines de romans et recueils de nouvelles. Trois d’entre eux ont été réédités en poche par Folio. Outre le jeu sur la première syllabe du prénom des fondatrices de la maison, « passiflore » renvoie à la plante grimpante du même nom qui donne le fruit de la passion et est connue pour ses vertus apaisantes. Passionnées, tenaces, persévérantes et animées par les valeurs pacifiantes qu’elles défendent, les Éditions Passiflore cultivent leur authenticité et nouent des liens de complicité avec les auteurs, ambassadeurs de la maison.

Éditions Passiflore 93, avenue Saint-Vincent-de-Paul 40100 Dax
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