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Aquitania, 25, 2009, p. 233-291 Annie Bolle, Flavien Bambagioni, Luc Bourgeois, Alain Champagne, Bernard Farago-Szekeres, Pierrick Fouéré, Mathieu Linlaud, Stéphane Frère, Jérôme Pascal, Brigitte Véquaud Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) : enclos et cimetière du haut Moyen Âge, habitat du xie siècle Résumé AbstRAct Le site de la Vallée de Faye a été découvert lors des prospections archéologiques réalisées à l’occasion de la construction de l’autoroute A83. Le site a livré des occupations diachroniques qui se prolongent au-delà de l’emprise de la fouille : établissement gaulois, enclos et cimetière du haut Moyen Âge et un habitat du xie siècle. Le présent article se concentre tout particulièrement sur les installations médiévales et notamment sur l’habitat du xie siècle, dont la forme présente des particularités : bâtiment construit sur un souterrain, entouré d’un enclos circulaire et d’un plus vaste enclos installé au bord d’un chemin. Ce plan assez particulier est l’objet d’un questionnement sur le statut de ses occupants. Après une tentative d’interprétation de l’architecture des différents bâtiments, très arasés, une approche des données archivistiques et différentes études de mobilier sont présentées (métal, céramique et faune). Un essai de caractérisation de ce site et de ses occupants est proposé au regard des études interdisciplinaires et de comparaisons régionales et européennes. The site of the Valley of Faye was discovered during the archaeological prospections realized on the occasion of the construction of the highway A83. The site revealed diachronic occupations that go on beyond the excavation area : a Gallic settlement, a fenced enclosure and a cemetery from the Early Middle Ages and habitat from the 11th century. The present article focuses particularly on the medieval installations especially on the domestic environment of the 11th century, the shape of which presents peculiarities: building erected over an underground passage, surrounded by a first circular enclosure and a second large one laid at the edge of a track. This rather exceptional plan raises the question of the status of his occupants. This paper proposes an interpretation of the architecture of the various buildings despite they poor conservation conditions, an introduction of the archival data and various studies of the recovered artefacts (metal, ceramic and fauna). Interdisciplinary studies associated with regional and European comparisons allow then a characterization of this site and of his occupants. mots-clés KeywoRds Habitat, cimetière, enclos, chemin, souterrain, Néolithique, la Tène D1, haut Moyen Âge, Moyen Âge, verre, lithique, céramique, métal, faune. Housing environment, cemetery, enclosure, road, underground passage, Neolithic, la Tène D1, Early Middle Ages, Middle Ages, glass, lithic, ceramic, metal, fauna. 234 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. Massif Armoricain Fontenay Les Sables Vallée de Faye Marais Poitevin Niort La Rochelle 0 20 km D'après Service archéologique départemental de la Vendée E. BERNARD 1997 ——— Fig. 1. Localisation du site. ——————— introduction (A. bolle) Conditions de l’intervention, moyens et méthode mis en œuvre La construction de l’autoroute A83 NantesNiort a suscité un nombre important d’opérations archéologiques préventives. C’est à l’occasion des diagnostics réalisés sur l’emprise du tracé que le site de la Vallée de Faye a été repéré en 1999. La fouille a révélé une superposition d’occupations, notamment celle d’un établissement gaulois et d’un site médiéval, tous deux installés sur le point haut d’une petite butte. La quantité considérable de structures observées (plus de 1000) n’a pas permis une fouille exhaustive du site, le planning des terrassements ne pouvant être retardé. La fouille, qui s’est déroulée d’avril à juillet 1999 avec une équipe de 5 personnes, a concerné une superficie de 2 ha séparée en deux zones par le tracé d’une route conservée durant la totalité des travaux (zone 1 au nord et zone 2 au sud de cette route). La réalisation d’un plan complet du site a été une des priorités de l’opération archéologique. Un nettoyage manuel a permis d’identifier les structures parmi les diaclases et anomalies du terrain. Les objectifs ont été de définir, pour chaque phase, le type d’occupation, son étendue et les éléments de datation. Des prélèvements de sédiment ont été effectués dans la plupart des structures fouillées afin de recueillir des données paléo-environnementales. Après tamisage, le résultat est décevant. On note l’absence de graines, même dans les prélèvements recueillis au fond des silos. Les charbons de bois sont peu abondants et n’ont permis qu’une approche anthracologique qui confirme les données connues sur l’évolution du paysage aux abords du marais poitevin au Moyen Âge (étude réalisée par Ph. Poirier, INRAP). Le contexte géographique Le site de la Vallée de Faye, à 11 km au nordouest de Niort, occupe le sommet d’un plateau à 69 m NGF, point haut de la plaine calcaire niortaise. Le substrat est constitué d’un calcaire du Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Jurassique moyen, essentiellement bathonien, recouvert ponctuellement d’une couche argilo-limoneuse de teinte orangée. Le calcaire est fracturé, des cuvettes de dissolution et un réseau de diaclases sillonnent la surface du rocher. Ces cuvettes et diaclases possèdent un comblement brun à orangé, mélange d’argile de décalcification et de limons où l’on rencontre fréquemment des pisolithes ferrugineux. Située aux confins du Bassin aquitain et du Massif armoricain, la plaine de Niort correspond Aquitania, 25, 2009 depuis longtemps à une zone de frontière géographique et historique. Au nord, sur les terres acides, s’étend un paysage de bocage et un habitat dispersé. Au sud, les terres sont fertiles et les champs à vocation céréalière sont ordonnés en parcellaire laniéré organisé autour du réseau viaire (cadastre de 1834, fig. 2). L’habitat y est de type groupé et la Vallée de Faye se trouve à égale distance entre les villages de Faye-sur-Ardin au nord et de Villiers-en-Plaine, au sud, reliées par un chemin dont l’origine est gallo-romaine. 59,1 56,3 60 55,6 59,3 54,2 56,5 56,2 58,5 57,2 53,2 52,6 56,7 58,8 55,5 60,4 54 56,4 60 57,7 60,8 60 63,6 62,4 63,1 66,4 68,3 68,5 68,3 68,2 69 67,4 69,6 69,2 67,8 68,3 66,7 67,8 66,3 66,7 66,2 63,7 66 65 65,4 63,6 65 64,1 65,3 63,5 63,7 62,7 Fond cadastre napoléonien Échelle 1/10 000. Emprise de l'A83 Emprise archéologique Fossés Courbes de niveau 63,5 Altitude NGF 0 100 m 200 m 50m ——— Fig. 2. Le site archéologique : zone décapée, emprise de l’autoroute sur fond cadastral du XIXe siècle. ——————— 235 236 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. un secteuR Anciennement occupé Réemploi ou collection : éléments de réflexions sur la présence d’outils lithiques sur un site historique (P. Fouéré) ——— Fig. 3. Vue aérienne du site (H. Paitier). ——————— La ville de Niort, très proche, est un port, antique puis médiéval, très actif sur la Sèvre Niortaise qui traverse le marais poitevin, ancien Golfe des Pictons. Les découvertes archéologiques attestent d’importantes occupations sur le pourtour du marais, avec notamment l’une des agglomérations les plus précoces de la région au premier âge du Fer, au Coteau de Montigné à Coulon. Dans cet environnement densément occupé, le site de la Vallée de Faye présente des indices d’occupations préhistoriques dont témoigne du mobilier lithique. Un établissement gaulois s’installe vers la fin du iie siècle et le début du ier siècle avant notre ère. Après son abandon, le site est traversé par un chemin, élément structurant du paysage et des occupations qui se succèderont durant le Moyen Âge. Après avoir rapidement esquissé les premières occupations du site (Néolithique ? et La Tène D1), nous présenterons les éléments rattachés au haut Moyen Âge : groupe funéraire, enclos et parcelles organisées autour d’un chemin dont l’origine est vraisemblablement antique. L’absence d’habitat sur la zone fouillée, explique la pauvreté quantitative de mobilier de cette période. L’article s’attachera ensuite à définir l’habitat du xie siècle, le plus représenté dans la zone fouillée. En croisant différentes approches : études de mobilier (céramique, métal, faune), études archivistiques et comparaisons avec d’autres sites, nous tenterons de caractériser les habitants de ce site. La présence de mobilier lithique incite à considérer la présence sur place ou à proximité d’un site préhistorique. 137 objets, représentant près de 2 kg, composent cette série. Les pièces entières en représentent seulement un tiers, les autres objets étant soit fragmentés, soit non identifiables. Certaines pièces très altérées ont, par leur facture, probablement une origine paléolithique. D’autres, par leur typologie, sont sans conteste néolithiques tandis que la plupart des éléments débités peuvent trouver leur place dans toute période préhistorique voire protohistorique. Ces objets ont été découverts en position secondaire dans les structures médiévales (50), modernes (41), gauloises (21) ou antiques (2), le reste provenant de contextes non datables ou hors stratigraphie. Une forte hétérogénéité de l’assemblage originel est donc à envisager. Il ne pourra s’agir ici que d’un témoignage d’une ou plusieurs occupations anciennes, sur ou à proximité immédiate du site. La fosse F29 qui a livré quelques tessons de céramique modelée atypique et un peu de silex pourrait s’inscrire dans ces contextes. Les matières premières sont assez diversifiées, privilégiant les silex bajociens ponctués locaux et divers faciès jurassiques, mais on remarque également un fragment de poignard en silex de la région du Grand-Pressigny, cinq pièces en meulière (bassin de Saint-Maixent) trois pièces en silex crétacé (Saintonge ?), un éclat en microquartzite type Montbert et un broyon de meule en dolérite. Les méthodes et techniques de débitage n’appellent guère de commentaire compte tenu de l’hétérogénéité de la série. L’outillage comprend 27 éléments retouchés. Les grattoirs (9), parfois à esquillage latéral, représentent la majeure partie de l’ensemble et deux pièces peuvent être assimilées aux racloirs. Le reste de la série comprend un perçoir épais sur support laminaire, deux pièces à encoche, une armature à ailerons et pédoncule vraisemblablement façonnée dans un silex du Crétacé supérieur, une pièce bifaciale grossièrement façonnée, un fragment mésial de Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) poignard à dos poli en silex du Grand-Pressigny et un broyon de meule, probable galet en dolérite. Certains éléments à caractère chrono-culturel méritent d’être relevés : le fragment de poignard appartient sans conteste à l’origine à un horizon Néolithique final, de même que la pièce bifaciale et la flèche à ailerons et pédoncule, cette dernière pouvant cependant perdurer en contexte Bronze ancien. Les grattoirs sur support laminaire avec esquillage latéral semblent assez courants, sans être exclusifs, dans le Néolithique récent-final picto-charentais. Toutefois, on ne peut totalement exclure une utilisation occasionnelle du silex pendant les époques historiques et la présence de quelques remontages provenant des niveaux du chemin en est peut-être une illustration. Sans parler des classiques pierres à fusils de l’époque moderne, le silex entre comme composante principale du briquet avec le fer ou l’oxyde ferreux et a été utilisé à toutes les époques. Les arêtes tranchantes des éclats ont pu de tout temps servir de couteau de fortune. Les haches polies, souvent intactes dans les sites historiques, trouvaient peut-être un réemploi comme simple objet de curiosité, comme cela a pu être le cas pour la pointe de flèche et le fragment de poignard provenant des structures médiévales du site. La présence de silex taillés dans les sites post-préhistoriques semble récurrente mais jamais décrite précisément, ces objets étant souvent considérés comme intrusifs. Les éléments de comparaison directs sont par conséquent inexistants et les quelques objets de la Vallée de Faye représenteront peut être une première base de réflexion. Un établissement rural gaulois (A. Bolle, J. Pascal) L’occupation gauloise est caractérisée par un grand enclos ovalaire (20) qui se prolonge au nord de l’emprise de l’autoroute. La restitution de son tracé, d’après photographies aériennes, permet de proposer une superficie d’environ 10 000 m2, dont 7 000 m2 observés sur la fouille. L’enclos est fermé par un fossé large de 2 à 3 m à l’ouverture, à parois obliques et fond plat, bordé d’un talus interne. La profondeur conservée du fossé varie de 1 m à 1,30 m. Son comblement a livré un lot de céramique daté de la Tène finale (la Tène D1 120/70 a.C., étude de Aquitania, 25, 2009 J. Pascal) et une faune abondante (datation radiocarbone Miami Beta-139718 : 2090 +/- 40 BP, âge calibré 170 à 50 BC, pic de probabilité à 100 BC). Comparativement à celle d’autres sites, la céramique reflète une occupation relativement peu dense, perdurant quelques générations seulement. La présence d’éléments typiquement augustéens (amphore Pascual 1, gobelet “type Beuvray”) atteste la présence d’une phase augustéenne, quantitativement faible et de datation précoce (antérieure à notre ère), confirmée par le phasage du comblement des fossés. Plusieurs bâtiments (au moins trois ensembles cohérents) s’organisent à l’intérieur et à l’extérieur de l’enclos, contre lequel se rattachent des fossés annexes. La céramique est caractéristique d’un milieu d’habitat. Elle est essentiellement à usage culinaire et comporte des amphores vinaires italiques. Peu d’éléments illustrent les activités agro-pastorales. Les outils en métal sont quasiment inexistants, à l’exception d’une hache à douille. Seule une fibule de Nauheim (= Feugère 5a) a été recueillie dans le silo médiéval 535. L’étude archéozoologique met en évidence un élevage à vocation bouchère avec une production majoritaire de bœufs, puis de moutons et de porcs. L’étude anthracologique révèle l’utilisation privilégiée de chênes et de hêtres, indices de la proximité de forêts préservées. Cet habitat s’intègre dans le vaste système d’occupation et d’exploitation de la plaine sud-vendéenne à la période laténienne mis en évidence par les prospections aériennes et dont de nombreux éléments (fermes gauloises) ont été explorés depuis 1989 et les travaux d’archéologie préventive liés à la construction de l’autoroute A831. Le petit chemin de Faye (A. Bolle) Un chemin, d’orientation nord-sud, traverse l’enclos gaulois alors que le fossé 20 est comblé. Il participe probablement à un réseau de voies de circulation, auquel appartient le chemin Chevalleret, situé à 400 m au nord du site, perpendiculaire à notre chemin et signalé comme possible voie antique2. Le chemin perdure jusqu’à une date très récente ; il relie Villiers-en-Plaine à Faye-sur-Ardin. Il 1- Maguer et al. 2009. 2- Données Patriarche, Service Régional de l’Archéologie, Poitou-Charentes. 237 238 Aquitania, 25, 2009 est encore signalé sur le cadastre de 1834 et mentionné en 1808 dans les délibérations municipales comme “Petit chemin de Faye”3. La fouille a mis en évidence deux tracés parallèles qui se sont succédé (fig. 14). Le premier chemin est celui situé le plus à l’est. Son tracé est repérable par la présence d’ornières entaillant le rocher et par un niveau compact gras, brun sombre. Des cailloux de module variable ont été ponctuellement ajoutés en recharge. Sa largeur est de 3,30 m, mais l’observation des coupes permet de restituer une bande de roulement atteignant 4,20 m. Il est bordé à l’est par un fossé interrompu (26, 22, 1010), puis par le mur 1013 (= 1118) qui n’est que partiellement conservé en zone 2. Les éléments de datation permettant de proposer une évolution chronologique des différents états du chemin sont rares et le risque d’éléments résiduels est fort compte tenu de la superposition du site à une ferme gauloise. Toutefois, quelques tessons de céramique recueillis dans le comblement du fossé (22) bordant ce premier chemin suggèrent un abandon des fossés bordiers au début du haut Moyen Âge, peut-être remplacés par des murets conservés en zone 2 (1013, 1014). L’effondrement sur la chaussée du mur bordier ouest (1014, 2505) semble être à l’origine de la création d’un nouveau tracé. Il est clair que le premier chemin est totalement désaffecté au xie siècle, lorsque l’enclos de l’habitat médiéval (2510) est construit. Le chemin 2 est donc construit à l’ouest du premier chemin. Le mobilier recueilli correspond à sa dernière phase d’utilisation (fer à bœuf, etc.) et n’apporte aucun élément sur la date de sa construction. Le chemin 2 ne présente pas de différence notable par rapport au précédent. Dans la partie sud de la fouille (zone 2) son tracé est très régulier. Il est bordé à l’ouest par un premier fossé 1011. Ce fossé comblé est remplacé au xie siècle par le fossé 1015, qui le longe à l’ouest et s’interrompt, laissant place à un silo (1016) qui recoupe le tracé du premier fossé (1011) sans toutefois empiéter sur la chaussée du chemin. Dans la partie nord, le chemin bordé par le fossé 675 s’élargit vers l’ouest, comme s’il précédait une intersection en patte d’oie – mais on ne trouve aucun indice d’un second chemin dans le parcel- 3- Archives départementales des Deux-Sèvres, 3 O 1900. Annie Bolle et al. laire. Il est beaucoup plus vraisemblable que cet aménagement marque un accès à l’habitat qui s’implante là au xie siècle. l’occupAtion du hAut moyen Âge Des parcelles organisées autour du chemin ? Dans la partie sud de la surface décapée (zone 2), un ensemble de fossés peu profonds délimite des parcelles, organisées le long du premier chemin (fig. 4). Quelques recoupements indiquent que tous n’ont pas existé en même temps. La taille des parcelles est, du fait de ces recoupements, assez peu aisée à définir, même s’il n’est pas exclu que des recreusements aient été nécessaires épisodiquement afin que les limites restent marquées. En effet, ces fossés présentent des profils ouverts et sont peu profonds. Il s’agirait donc plus d’entretiens que de recoupements diachroniques. Le mobilier recueilli dans ces fossés est peu abondant, mais compte quelques tessons caractéristiques de la période carolingienne (vase réserve à pâte chamottée et décor de losanges à la molette). Une superposition du cadastre de 1834 au plan de la fouille met en évidence la pérennité de ce parcellaire organisé en fonction du chemin (fig. 2). L’habitat du haut Moyen Âge n’a pas été repéré dans l’emprise de la fouille, mais pourrait se situer à proximité du tracé de l’autoroute, ainsi que le suggère la présence d’un enclos partiellement observé en limite sud-est de la zone décapée et en bordure duquel sont identifiées des structures du haut Moyen Âge et une petite zone funéraire. L’enclos (A. Bolle, St. Frère) Cet enclos est fermé par le petit fossé 18, large de 0,70 m et d’une profondeur conservée de 0,30 m seulement (fig. 5). Le comblement, constitué d’un limon brun clair, ne révèle la présence d’aucune palissade. Le fossé a été observé sur 130 m de long. Il présente un tracé rectiligne avant de s’incurver nettement vers le sud à son extrémité ouest. Son prolongement au sud de l’emprise n’est pas connu et il n’apparaît sur aucune des photographies aériennes consultées. Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Aquitania, 25, 2009 239 Structures gauloises Structures médiévales Structures de l'Antiquité tardive ou du Haut Moyen Âge. 3599 Structures indéterminées Sépultures 0 25m Villiers-en-Plaine. Vallée de Faye. 79351021 AH Infographie Fl. Bambagioni © INRAP 1999-2008 ——— Fig. 4. Plan général du site par phases d’occupation. ——————— Les quatre sondages réalisés n’ont permis de recueillir aucun mobilier dans ce fossé recoupé par le creusement du fossé 420 au xie siècle. D’après ses caractéristiques – profil et comblement – ce fossé diffère sensiblement des fossés gaulois identifiés sur le site et doit être mis en relation avec le réseau parcellaire, la portion rectiligne du fossé s’inscrivant dans l’orientation générale de celui-ci. Son attribution à la phase carolingienne est également liée aux structures le bordant au sud, soit du côté interne de l’enclos. Ces structures sont concentrées en deux zones distinctes, la première se situe dans l’angle nord-ouest de l’enclos et comprend des fosses ; la seconde zone se situe en limite sud-est de l’emprise de la fouille et correspond à un petit ensemble funéraire. Cinq fosses et sept trous de poteaux ont été observés dans l’angle de l’enclos, en limite d’emprise (fig. 5, 904 à 910, 957 et 968 à 971). Les fosses présentent une forme ovale et une profondeur conservée variant de 0,30 à 0,40 m. Leur comblement limoneux brun clair est proche de celui du fossé 18. Seul le remplissage d’une fosse (904) diffère : il comporte de nombreuses plaquettes calcaires et évoque un remblaiement volontaire. La fosse 904 a servi de sépulture à un cheval, dont le squelette a été maintenu par de grosses pierres qui le recouvrent. Le crâne, l’atlas et l’axis sont absents. La position du cou indique que ces éléments auraient dû se trouver à l’extérieur de la fosse, à une altitude bien supérieure aux autres éléments du squelette ; il est donc possible qu’ils aient été détruits par les labours. Les dimensions restreintes de l’excavation ont conduit le fossoyeur à briser les membres antérieurs de ce 240 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. 0 50m Sépulture de cheval Fossé 18 998 Fossé 420 907 986 906 983 910 904 909 970 905 957 969 908 988 987 990 991 993 989 968 992 994 997 995 996 971 0 25 m Infographie Fl. Bambagioni 1999-2008. 1403 borne 998 997 986 Fossé 18 987 Sep.1 988 Sep.2 Sep.4 993 989 Sep.5 990 Sep.6 995 991 996 Sep.7/9 992 994 0 5m ——— Fig. 5. Détail de la partie sud-orientale. Ensemble funéraire. ——————— Sep.8 Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Aquitania, 25, 2009 ——— Fig. 6. La fosse 904 trop étroite pour le cheval dont les jambes ont été brisées (Fl. Bambagioni). ——————— cheval au niveau des radius (fig. 6). Il s’agit d’un individu jeune, âgé de 24 à 42 mois et qui n’a donc pas atteint sa morphologie adulte. Toutefois, les indications biométriques recueillies indiquent une hauteur au garrot minimale de 138 cm. Cette valeur, relativement élevée, reste conforme à la morphologie des chevaux durant le haut Moyen Âge. Une analyse radiométrique effectuée sur les ossements du cheval permet de l’attribuer à la fin de l’époque mérovingienne (Tucson AA4492 – 1355 +/- 55 BP, âge calibré 602-776 AD). Les tessons de céramique provenant du comblement de la fosse présentent des décors de molette losangique et des formes (lèvres déjetées) caractéristiques des productions régionales du haut Moyen Âge4. 4- Véquaud 2010. La zone funéraire (B. Farago-Szekeres) Huit tombes, regroupant adultes et enfants et toutes orientées est-ouest, sont alignées le long du fossé et à l’intérieur de l’enclos 18, partiellement dégagé et attribué au haut Moyen Âge (fig. 5 et 7). On remarquera toutefois – sans pour autant pouvoir fournir d’explication particulière – que l’axe selon lequel ces sépultures sont alignées diverge sensiblement de l’orientation générale du fossé qu’elles bordent. Ce petit ensemble funéraire est par ailleurs situé à l’extrême limite sud-est du décapage : il n’est donc pas exclu qu’il se prolonge en dehors de l’emprise de la fouille. Quelques anomalies ont également été repérées à proximité des tombes : la morphologie et le comblement de ces poches de sédiment 241 242 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. voir, entame légèrement le substrat calcaire. Les fosses sont plus ou moins ovalaires et présentent des extrémités arrondies, deux tombes d’adultes adoptent un plan très légèrement trapézoïdal. Quel que soit l’âge du défunt, la profondeur d’enfouissement des corps semble à peu près constante. ——— Fig. 7. Alignement de sépultures en limite de fouille, à gauche le fossé 18 (A. Bolle). ——————— évoquent plus de petites formations naturelles (diaclases de surface) que de réelles structures archéologiques (trous de poteau ou fosses). Enfin, la datation radiométrique réalisée sur l’un des squelettes (sépulture 5) confirme sans ambiguïté que cet ensemble funéraire se rattache bien à l’occupation du haut Moyen Âge du site (Tucson AA34493 : 1295 +/- 50 BP, âge calibré 653-875 AD). Toutes les sépultures ont subi un arasement important et rien ne subsiste d’une éventuelle signalisation au sol de la tombe. Il semble néanmoins évident, compte tenu de leur alignement et de la superposition exacte de deux d’entre elles (sépultures 7 et 9) que leur emplacement devait être matérialisé. Le creusement de chaque fosse sépulcrale, adapté aux dimensions du corps qu’elle doit rece- Les différents squelettes épousent en général la forme du fond de fosse – pas de mise à plat des ossements suggérant la présence d’un plancher durable – et les ossements sont souvent en contact direct avec la paroi rocheuse de la fosse : aucun indice ne permet ici d’envisager la présence d’un contenant en bois déposé ou aménagé dans la tombe. Les connexions anatomiques sont dans l’ensemble strictement préservées – il n’y a cependant jamais de pièces osseuses en situation de déséquilibre manifeste – mais on note çà et là quelques légers déboîtements (chute de la mandibule et d’une patella ainsi que timide dislocation du rachis pour la sépulture 8 ; déconnection d’une clavicule, sépulture 7) sans que ces mouvements outrepassent jamais le volume initial du cadavre. On hésitera donc ici entre de véritables sépultures en plein terre – les infimes mouvements enregistrés étant toujours possibles selon le type et la nature d’un éventuel enveloppement du cadavre, linceul ou vêtement – ou des tombes à l’intérieur desquelles un dispositif sommaire – couvercle de mauvaises planches – protège un temps la dépouille et diffère quelque peu le colmatage de la tombe. L’examen des squelettes s’est limité à une estimation de l’âge pour les sujets immatures (stade d’éruption dentaire)5 et du sexe pour les adultes (morphologie de l’os coxal)6. L’état de conservation très moyen des coxaux n’ayant pas permis l’emploi de fonctions discriminantes, seuls certains des critères morphologiques habituellement retenus ont pu être utilisés : la diagnose sexuelle reste assez incertaine et n’est donnée qu’à titre indicatif. Le petit ensemble funéraire, qui compte une sépulture double, regroupe cinq adultes et quatre enfants : quatre femmes et un homme (sous toute réserve), ainsi qu’un(e) adolescent(e) d’une quinzaine d’années, un enfant d’environ dix ans et deux autres plus petits 56- Ubelaker 1978. Bruzek 1991. Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Aquitania, 25, 2009 mais dont l’âge n’a pu être déterminé (absence de dents). Toutes les fosses sont orientées et les défunts y reposent tête à l’ouest. La position générale du corps est assez variable : il peut être allongé sur le dos membres inférieurs en extension (adultes des sépultures 1, 5 et 8 et enfants des sépultures 2 et 9), voire membres inférieurs légèrement fléchis (enfants des sépultures 4 et 7) ou bien couché sur le côté plus ou moins en “chien de fusil” (sépulture 2 double). La tête se présente de face (sépultures 6 et 8), de côté (sépultures 1, 2, 4 et 5) ou en appui contre l’extrémité de la fosse (sépulture 9) et les membres supérieurs décrivent toutes les positions possibles entre l’extension et la flexion complète. Si ces différentes postures sont relativement courantes, on signalera cependant que certaines d’entre elles s’expliquent mal si le corps était enveloppé dans un linceul ou une pièce de tissu : jambe gauche largement fléchie (sépulture 4), coude droit exagérément écarté du corps (sépulture 8), imbrication des deux corps déposés dans la sépulture 2. Il semble plus vraisemblable – même si rien dans la disposition des pièces osseuses ne permet d’en discuter et qu’aucun accessoire vestimentaire n’a été retrouvé – que ces défunts aient été inhumés vêtus. Une des sépultures mérite une attention particulière. La sépulture 2 contient en effet deux corps allongés côte à côte (fig. 8 et 9). Une femme, couchée sur le côté gauche, jambes fléchies, est tout d’abord déposée au sud de la fosse. Un second corps, peutêtre masculin, vient la rejoindre dans l’espace restant au nord de la fosse et la posture générale de cet homme, allongé sur le côté droit, semble s’adapter à celle du corps déjà présent dans la fosse : ses deux genoux viennent se loger sur la jambe gauche de la femme et ses deux avant-bras, ramenés sous le menton, recouvrent la main droite de sa “compagne”. Les deux défunts sont donc installés en vis-à-vis et leurs visages se font face : bien qu’ils ne soient pas véritablement enlacés, on a du mal à imaginer que ces deux individus n’ont pas été déposés ensemble dans la tombe. Autre cas particulier, deux enfants ont été inhumés au même emplacement (sépultures 7 et 9) : il s’agit cependant de deux inhumations successives et les restes de l’adolescent(e), premier(e) occupant(e) ——— Fig. 8. Les deux corps déposés en vis-à-vis de la sépulture 2 (A. Bolle). Fig. 9. Détail de la sépulture 2 (B. Farago-Szekeres). ——————— de la tombe (sépulture 9), n’ont pas été perturbés par la réouverture de la sépulture. Il semblerait même que le sommet du premier crâne, qui émerge légèrement après recreusement – le reste du squelette primitif n’est pas exhumé – a pu servir de “coussin funéraire” au second enfant (sépulture 7). La disposition des sépultures, alignées le long d’un fossé en marge d’un enclos, et la composition de ce petit groupe (adultes des deux sexes et enfants) 243 244 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. 491? 492 790 785 760 2523 2525 686 856 709 2527 859 748 861 860 2526 2510 681 680 26 726 952 in 2 chem 711 715 719 683 966 942 958 713 in 1 656 661 26 782 812 780 771 889 793 885 740 953 2518 884 792 773 886 741 742 825 824 820 806 28 822 809 805 800 808 823 807 508 6 743 831 830 775 7 829 834 536 828 11 8 534 540 537 23 821 832 744 539 799 797 795 739 541 542 543 798 804 5 826 811 813 796 774 739 545 827 815 818 810 890 738 892 814 816 803 776 728 737 893 4 819 817 883 736 495 802 887 735 494 3 781 888 544 654 801 879 877 731 662 777 770 875 548 660 769 3599 891 734 546 659 840 876 955 733 535 547 778 878 954 763 779 754 901 730 959 732 714 712 chem 941 34 837 900 753 749 849 838 717 965 657 839 493 2 764 836 957 956 716 710 848 868 869 943 940 870 944 729 788 768 761 948 947 867 946 961 718 722 682 756 757 902 745 720 721 850 847 882 895 945 724 846 851 881 963 725 845 843 843 844 752 949 951 964 684 755 854 751 728962 727 786 787 865 758 857 855 864 2524 789 762 750 863 688 1 420 10 533 9 538 528 549 526 524 10 m 0 Accès présumés. 516 1 523 Structures “gauloises” fouillées-non fouillées. Structures “médiévales” fouillées-non fouillées. Structures de datation indéterminée. Traces de murets-maçonneries médiévaux. Structures fouillées de datation indéterminée. ——— Fig. 10. Plan de l’enclos médiéval. ——————— laisse supposer qu’il pourrait s’agir d’un petit ensemble à caractère familial. Une étude biologique sur ces neuf individus a d’ailleurs été envisagée, mais n’a hélas pu aboutir à ce jour pour des raisons financières. Le petit ensemble funéraire découvert sur le site de Villiers-en-Plaine trouve de nombreux parallèles sur l’ensemble du territoire : des inhumations, dispersées ou regroupées en petites entités, se retrouvent ainsi, hors contexte funéraire communautaire, sur de nombreux sites d’habitat du haut Moyen Âge depuis le nord de la France7 jusque dans le Midi8. Pour la seule région Poitou-Charentes, un récent recensement comptabilise une quinzaine de sites fournissant un corpus d’environ 400 tombes dont la datation, pour les sept sites ayant fait l’objet d’une analyse radiocarbone, s’échelonne entre le viie et le xe siècle 9. Bien que la plupart de ces sites régionaux 789- Peytremann 2003 ; Pecqueur 2005. Mercier &Raynaud 1995. Roger 2006, 53-58. Depuis lors, il faut ajouter à ce premier Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) présentent en fait des configurations extrêmement variables, il apparaît néanmoins que bon nombre des petits ensembles funéraires sont distribués en marge d’un habitat, en bordure d’un chemin ou d’une voie, ou encore le long de fossés parcellaires. La multiplication de ce type de découvertes a conduit à considérer que ces groupes de sépultures, dont la présence est souvent justifiée par l’éloignement d’un éventuel cimetière communautaire, sont finalement caractéristiques de l’époque carolingienne, situation intermédiaire entre la nécropole en plein champ mérovingienne et le cimetière paroissial médiéval. La réalité est probablement plus complexe et la fouille récente du site de Pouthumé dans la Vienne montre que les deux phénomènes, cimetière communautaire et groupe de tombes isolées, peuvent être parfaitement synchrones et coexister sur le même territoire10. L’étude de ces ensembles funéraires s’inscrit donc dans une recherche à plus long terme, recherche qui vise à identifier les mécanismes – contraintes régionales, géographiques, mais aussi religieuses, culturelles ou familiales – qui soustendent le choix d’un lieu d’inhumation avant que ne triomphe la paroisse aux xie-xiie siècles. l’hAbitAt du moyen Âge clAssique (A. bolle) C’est en bordure du chemin 2 que s’installe de nouveau un habitat au xie siècle, peut-être dès la fin du xe siècle. Les bâtiments sont groupés dans un vaste enclos installé sur le sommet du plateau, à l’emplacement même de l’établissement rural gaulois. Cette fois encore, l’enclos se prolonge au nordouest de l’emprise de la fouille (fig. 4 et 10). Une enceinte annulaire d’un diamètre de 19 m occupe le cœur de cet enclos et abrite un bâtiment à partir duquel un étroit couloir en U permet d’accéder à un souterrain. inventaire les découvertes de Faye-sur-Ardin, Deux-Sèvres, (Barbier 2009) et de L’Houmeau, Charente-Maritime (Cornec, en cours). 10- Cornec et al. 2006 ; Cornec et al. 2010. Aquitania, 25, 2009 L’enclos L’enclos se prolonge au nord-ouest de la zone fouillée (fossé 34), il possède une subdivision (mur 763), qui semble clore la zone d’habitat, du moins ce que l’emprise de la fouille permet d’observer. Cet enclos est de forme approximativement rectangulaire, à angles arrondis et possède une superficie d’environ 1500 m2 (60 m x 25 m) ; l’angle nordouest se situe en dehors de l’emprise de la fouille. Les faces méridionale et orientale du fossé (tronçons 28 et 535) contenaient probablement une palissade. Un trou de poteau repéré dans un sondage du tronçon 535, un effet de paroi contre la rive externe du tronçon 28 et des lits de pierre destinés à caler des éléments disparus permettent en effet d’envisager une telle superstructure, dans le second état du creusement. Face au chemin 2, une interruption du fossé large de 1,80 m (2510) marque l’emplacement d’un accès vers l’ouest. Le fossé, plus large et plus profond de part et d’autre de cette entrée, a reçu dans un premier état, une palissade de bois calée par des pierres calcaires contre la rive externe du creusement. Lors d’une réfection, cette palissade est remplacée par le mur de pierre 680, fondé dans l’axe du fossé. Seule une assise d’élévation est conservée : les blocs non taillés sont agencés au mortier de terre. La fondation et constituée de blocs disposés en épi. Large de 0,70 m, ce mur ne semble pas avoir une vocation défensive (fig. 11 et 12). Au nord de l’enclos, le mur 763, très arasé et faiblement fondé, n’a été que partiellement reconnu. Sa tranchée de fondation, large de 1 m n’est conservée que sur 0,20 m de profondeur. Il ne subsiste du mur que sa semelle constituée de pierres calcaires et large de 0,55 m. Ce mur venait très probablement se raccorder à l’enceinte annulaire 750 et au fossé 34. La portion sud de l’enclos est plus clairement reliée à l’enceinte annulaire centrale par la structure 536, qui constitue un dédoublement du fossé de l’enclos. Large de 0,70 m et profonde de 0,20 m, cette structure est interprétée comme le négatif d’une palissade. Elle comporte dans sa partie occidentale de très nombreux blocs suggérant l’existence d’un mur ou de calages de poteaux. Elle tourne à angle droit vers le nord (739) et est reliée à l’enceinte annulaire par un creusement quadrangulaire de 2 x 1 m, profond d’une quinzaine de cm (740). Des 245 246 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. blocs de calcaire non taillés sont disposés dans le fond, mais leur fonction n’a pu être précisée. Un trou de poteau large et profond (0,60 m de diamètre et 0,50 m de profondeur) se situe à son extrémité nord. Enfin, deux fossés viennent compléter ce dispositif à l’extérieur de l’enclos rectangulaire. Près de l’angle sud-est de l’enclos, le fossé 420, observé sur 75 m de long, se dirige vers les structures du haut Moyen Âge repérées au sud-est de la fouille et recoupe le fossé 18 près de la fosse où a été trouvé le squelette de cheval (904). Le fossé 420 s’interrompt 2 m avant l’angle de l’enclos (fossé 28) et, à proximité de ce possible accès, son parcours s’incline légèrement vers l’ouest. Le creusement 420 présente un remplissage très caillouteux et semble avoir servi de carrière, puis lors de son comblement, de fondation à un mur. Ce remplissage n’a livré qu’un fragment de meule, qui n’apporte aucune précision de datation. Le fossé 34 se raccorde à l‘angle nord-est de l’enclos médiéval 28, qu’il prolonge vers le nord. Son tracé est connu sur 20 m de longueur, puis il se prolonge en dehors de l’emprise de la fouille. Large et peu profonde, cette structure a reçu une palissade, ——— Fig. 11. Le mur 680 vu du nord et son effondrement au bord du chemin (A. Bolle). Fig. 12. La fondation de blocs disposés en épi du mur 680 (A. Bolle). ——————— Fossé 34. Sondage1, coupe nord. NGF 67 m 68 m Fossé 28. Sondage 10, coupe ouest. NGF Villiers-en-Plaine. Vallée de Faye. 79351021 AH est ouest sud nord Coupes des fossés 34 et 28. Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) 536 ? calcaire Relevé Fl. Bambagioni NGF ouest Fossé 34. Sondage 2, coupe nord. est Relevé Fl. Bambagioni 67 m 67 m calcaire 68 m NGF Fossés 535 et 536. Sondage 11, coupe ouest. Relevé Fl. Bambagioni 68 m St 535 sud St 536 nord NGF calcaire est ouest Fossé 28. Sondage 4 , coupe sud. 67 m Relevé Fl. Bambagioni 68 m NGF Fossé 535. Sondage 13, coupe est. nord 67 m sud Relevé A. Bolle calcaire NGF 68 m ouest Fossé 28. Sondage 7, coupe nord. 67 m est Relevé J. Dunkley marnes 68 m NGF NGF 68 m Fossé 535. Sondage 13, coupe ouest. calcaire sud Relevé Fl. Bambagioni Fossé 536 sud nord argile nord calcaire 67 m Relevé P. Dufour 1m 0 NGF 68 m 67 m 67 m Fossé 28. Sondage 7, coupe sud. est ouest Relevé A. Bolle, J. Dunkley 0 1m calcaire 67 m NGF 68 m NGF Fossé 2510. Sondage 4, coupe sud. Fossé 2510. Sondage 4, coupe nord. US 681 M 680 Assise en épi. ouest est Epi US 681 granit M 680 67 m 67 m est Fossé 2510 ouest calcaire Aquitania, 25, 2009 68 m Relevé Fl. Bambagioni 1m 0 66,60m 0 1m 0 1m 247 ——— Fig. 13. Coupes des fossés de l’enceinte médiévale. ——————— Relevés Fl. Bambagioni 248 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. 839 2510 34 675 362 535 319 28 26 20 218 Chemin 1 217 553 554 22 420 2519 1016 1015 1011 18 21 in 2 1014 Chem 20 3599 1013 1010 0 25 m Implantation des sondages et coupes Localisation des coupes Silos Structures gauloises Structures médiévales Structures de l'Antiquité tardive ou du haut Moyen Âge Structures indéterminées Sépultures. Infographie Fl. Bambagioni © INRAP 1999-2009 ——— Fig. 14. Localisation des silos, puits et fossés médiévaux. ——————— Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Aquitania, 25, 2009 les trous de poteau étant creusés dans le substrat calcaire. Loin d’avoir un aspect homogène, l’enclos est fermé par une palissade au sud et à l’est, et par un mur au nord et à l’ouest. Il ouvre sur le chemin à l’ouest, par une entrée large de 1,80 m. Les murs bordant cet accès sont plus larges et mieux fondés que le mur nord, suggérant une élévation ou un aspect un peu plus imposant en bordure de chemin. L’enclos central L’enclos central ferme un espace approximativement circulaire d’environ 19 m de diamètre externe. Deux murs partiellement conservés (728 et 750) délimitent cet espace (fig. 15 à 17). Ils sont installés dans de petites tranchées, larges mais de faible profondeur (0,30 m au maximum). Épais de 1 m, les murs sont arasés et seules 3 assises sont conservées. Les parements externes sont soignés et composés de blocs calcaires non taillés, du module d’un moyen appareil (0,30 x 0,20 x 0,10 m). La partie sud de ce mur d’enceinte à parement unique (728) présente un plan en U. Ses deux extrémités, bien nettes, laissent présumer l’existence d’accès à l’est et à l’ouest. Le tronçon nord (750) forme un arc de cercle. Son extrémité orientale est arasée et sa jonction avec le mur nord de l’enclos quadrangulaire (763) reste hypothétique. À son extrémité ouest, le mur 750 est prolongé par la structure 728 (possible mur dont ne subsiste que la tranchée de fondation). Cette structure tourne vers l’intérieur de l’enceinte et définit une entrée en chicane le long du mur 728 (tronçon sud de l’enclos central). Aucun indice n’étaye l’hypothèse d’une surélévation interne de l’enclos par un remblai. L’absence de véritables fossés périphériques et l’altitude de l’accès d’un souterrain et de l’ouverture du silo 839 vont également à l’encontre d’un emmottement. ——— Fig. 15. Vue aérienne du site, détail de l’enclos central (H. Paitier). Fig. 17. Le mur nord (750) de l’enclos central (J. Pascal). ——————— Bâtiments, silos et puits Situé au plein centre de l’enceinte annulaire, un étroit couloir permet d’accéder à un souterrain. Le plan du bâtiment auquel il est associé n’est pas très clair. Le plan d’accès, excessivement réduit, traduit une contrainte spatiale qui semble bien correspondre au respect du plan d’une pièce de surface, dont les dimensions ne devaient guère dépasser 5 x 5 m. Seul son mur oriental (2010, fig. 16) a été observé, il est large de 0,50 m, possède deux parements et est posé à la surface du rocher. Un certain nombre d’éléments architectoniques (embrasures de fenêtres, moellons taillés, tuiles canal, etc.) ont été retrouvés dans le comblement du souterrain. Associés à de très nombreux blocs, ils témoignent d’une ar- 249 250 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. St. 750 865 758 857 855 851 755 756 761 850 854 757 845 848 859 846 839 849 843 754 847 748 838 844 882 753 861 837 752 840 751 900 860 901 895 836 856 962 951 949 952 St.728 881 948 947 867 946 945 745 769 878 902 876 868 869 943 940 870 944 942 941 958 957 3599 877 M 2010 888 954 955 889 883 885 890 891 956 884 887 886 Structures "gauloises" Structures fouillées St.728 Traces de maconneries-murets médiévaux Structures "médiévales" 10 m 0 Infographie Fl. Bambagioni ——— Fig. 16. Plan de l’enceinte annulaire. ——————— 879 875 Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Aquitania, 25, 2009 NGF 68 m NGF 68 m NGF 68 m St. 763 St. 728 nord-est sud-ouest 957 sud nord sud nord 251 728 958 Coupe 745 1m 0 67 m 67 m 0 1m 67 m Axe du mur 958 67,49 m 67,66 m 67,43 m NGF 68 m nord-est St. 728 sud-ouest Mur Mur sud-est Plan 67,60 m 957 nord-ouest 67,37 m 67,43 m 728 958 745 1m 0 67 m NGF 68 m nord Parement St. 750 sud 67 m Relevés Fl. Bambagioni, A. Bolle, J. Dunkley, A. Jegouzo, T. Lagrée . ——— Fig. 18. Plan et coupes des structures de l’enceinte annulaire. ——————— chitecture de pierre, a priori maçonnée au mortier de chaux, dont le matériau a très certainement été exploité sur place, le souterrain associé ayant à l’origine la fonction de carrière d’extraction. De nombreuses structures creusées dans le rocher entourent ce bâtiment, tout en réservant la zone centrale. Si la plupart correspondent a priori à des trous de poteaux, il est raisonnable de ne pas systématiser, toutes les structures n’ayant pas été fouillées. Ainsi, la structure 839, que rien ne différencie en surface des trous de poteaux qui l’environnent, est un silo. Il convient également de garder à l’esprit qu’un certain nombre de ces structures peuvent appartenir à l’établissement gaulois sous-jacent. Compte tenu de ces limites, nous ne chercherons pas à dessiner le plan d’un bâtiment, mais nous nous contenterons de remarquer que la densité des trous de poteaux permet d’envisager la présence d’un bâtiment sur poteaux plantés au nord du bâtiment central, le silo 839 pouvant se situer à l’intérieur de ce bâtiment. Face à l’entrée de l’enceinte annulaire, au sudouest de l’accès du souterrain, les trous de poteaux ont presque tous été fouillés (867, 868, 940, 941, 942, 943, 947, 948, 949). Leurs profils, assez disparates, permettent d’isoler les trous de poteaux 941 et 942, profonds de 0,35 et 0,45 m, d’une série de trous de poteaux peu profonds (5 à 12 cm : 940, 943, 868, 947) tandis que 3 trous de poteaux alignés au nord présentent des profondeurs de 25 cm en moyenne (949, 948, 867) et des calages de poteaux bien marqués. Lorsque le diamètre des poteaux est observable, il se situe entre 15 et 20 cm. Il est probable qu’ils témoignent d’un bâtiment sur poteaux plantés, peut-être appuyé sur les structures 745 et 958, témoins vraisemblables de murs. Ce bâtiment occuperait l’angle sud-ouest de l’enclos, à proximité ou face à l’entrée de l’enclos annulaire. Le faible nombre de structures identifiées comme silos est à relativiser. En effet, compte tenu du temps imparti, du nombre de structures et du caractère diachronique du site, il a été choisi de fouiller en priorité les structures permettant de comprendre l’orga- Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. NGF 68 m Villiers-en-Plaine. Vallée de Faye. Plans et coupes des structures. 217 218 839, 362 554 319 et 1016. St. 217 67,52 m ouest NGF 68 m est Marne 67 m St. 1016 est NGF 68 m ouest St. 218 ouest est 67 m Relevé A.Bolle 1m 0 66 m Relevé A.Bolle 67 m 66 m 1m 0 NGF 68 m St. 319 NE NGF 68 m SO 1m 0 65 m 67,42 m 67 m 67,34 m St. 362 est ouest 67 m 66 m Relevé A. Bolle 1m 0 66 m NGF 68 m NGF 68 m sud 1m 0 St. 554. nord St. 839 67 m 67 m Squelette d'animal Décrochement Charbon de bois Décrochement NGF 68 m 66 m 0 1m Relevés A. Bolle, A. Jégouzo 67,63 m sud 1m 0 St. 553 St. 2519 nord 67,42 m 67 m fossé 20 66 m 0 —— Fig. 19. Coupes des structures de type silo. ——————— 1m Relevé A.Bolle, Anne Jegouzo. 66 m Relevés Fl. Bambagioni, A. Bolle, J. Dunkley, A. Jegouzo, T. Lagrée . 67,64 m Infographie Fl. Bambagioni © INRAP 1999/2008. 252 Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) nisation spatiale, les éléments structurants (fossés, chemins) et les ensembles cohérents (bâtiments et zone funéraire). Sur une centaine de structures mises au jour à l’ouest du chemin, seules 20 ont été fouillées, la moitié sont attribuées à la période gauloise et seulement cinq au Moyen Âge, parmi lesquelles 2 silos et un possible puits (362). La présence d’une aire d’ensilage ne peut donc être totalement exclue. Seul un silo (structure 839) se situe dans l’enceinte annulaire, les six autres sont tous à l’extérieur de l’enclos, soit immédiatement en bordure de chemin 2 (cas du silo 1016), soit groupés par 2 ou 3 et distants d’une trentaine de mètres du chemin. Dans leur environnement immédiat, la présence de trous de poteaux suggère l’existence de bâtiments, dont les plans ne sont pas identifiés (fig. 4). La forme des silos est généralement globulaire, les irrégularités observées sont liées aux failles naturelles du calcaire et l’absence de rétrécissement à l’ouverture semble due à des effondrements de parois (au moins pour la structure 217) (fig. 19). Cinq silos (structures 839, 553, 554, 2519, 1016) présentent un profil globulaire, les fonds sont plats ou, comme pour 554, coniques et lisses. Pour ce silo, un décrochement permet de sortir en prenant appui sur la paroi, juste au-dessus de la partie conique. Les silos 553 et 2519 présentent la particularité d’être reliés. Des exemples de silos communicants sont connus au Moyen Âge, mais il semble dans le cas présent, que cette communication soit fortuite. Le creusement de 2519 semble avoir percé 553 déjà comblé. Un bloc posé à la verticale, a été installé pour recréer une paroi. De l’argile tapisse cette pierre et les parois du silo, notamment contre le comblement du fossé gaulois dans lequel est partiellement creusé 2519. Trois silos (319, 554 et 1016) possèdent un volume de 2 m3 environ, tandis que les silos 553 et 2519 (reliés) possèdent un volume entre 1,2 et 1,7 m3. Le silo 839, situé dans l’enceinte annulaire, n’a pu qu’être partiellement fouillé (0,80 m de profondeur), son volume n’est donc pas connu. Enfin, les silos 217 et 218 sont des fosses ne présentant pas le rétrécissement caractéristique des ouvertures de silos, mais des effondrements de parois sont évidents pour 217 et permettent de les classer dans la catégorie des silos. Ils correspondent à des silos de petit volume (1,20 m3 pour 217 et 0,75 m3 pour 218). Aquitania, 25, 2009 Le tamisage des prélèvements de sédiment réalisés à la base des comblements n’a livré aucune graine conservée. Les silos ont tous été comblés volontairement par de gros blocs, parfois empilés soigneusement à la base des comblements (par exemple 2519). Certains blocs de grande taille peuvent avoir servi à fermer les silos en usage (par exemple 1016). La majorité du mobilier médiéval recueilli sur le site provient des silos qui ont servi de dépotoirs. Un jeune porc a été jeté dans le silo 554 en cours de comblement et sa carcasse recouverte de gros blocs. Une datation radiométrique a été effectuée sur des charbons de bois provenant du comblement du silo 217 (Miami 139717 : 1010 +/- 50 BP, cal 965-1155 AD, pic de probabilité à 1015). La structure interprétée comme puits (structure 362) se situe 33 m à l’ouest de l’angle sud-ouest de l’enclos rectangulaire. Elle a été observée sur 1,60 m de profondeur et le fond n’est pas atteint. La partie inférieure du comblement est composée d’un calcaire marneux et d’un sédiment gras argileux. La présence de très nombreuses pierres (certaines de grandes dimensions) indique le caractère volontaire du comblement (fig. 19). Le souterrain Le souterrain est creusé dans un calcaire du Jurassique moyen. L’extraction s’est effectuée à partir de deux puits, l’un étant ultérieurement transformé en accès et le second condamné par la construction d’un mur (2045). L’accès au souterrain s’effectue par un couloir en U dans lequel des marches ont été grossièrement taillées sur un dénivelé de 3 m (fig. 20 et 21). Deux dalles de couverture étaient encore en place. Elles sont constituées de grandes pierres calcaires (1,15 x 0,50 x 0,26 m et 1,10 x 0,60 x 0,25 m) posées côte à côte et couvertes de blocs de plus petite taille (dont des fragments de sarcophages), disposés orthogonalement. Elles reposent sur une encoche linéaire pratiquée au sommet de la paroi orientale du rocher (fig. 22). Ce type d’accès par un couloir couvert de dalles est fréquent dans le sud des DeuxSèvres, l’entrée depuis l’intérieur du bâtiment s’effectuant généralement par une dalle amovible11. 11- Proust 1974. 253 254 Aquitania, 25, 2009 Villiers-en-Plaine La Vallée de Faye 79351021AH emmarchement A B Section Voir figure 24 Placage d'argile 1 Placage d'argile 2 O Coupe 6 Mur 2045 Coupe 7 P Coupe longitudinale est - ouest (A-B/O-P) Section sud nord Coupe 7 Limite du comblement de terre jusqu'au plafond US 2029 Niveau de comblement 67 m Placage d'argile 1 66 m Voir figure 24 Diaclase Pièce 4 Niveau de comblement 65,04 m A J US 2029 65,54m 2515 65,50m 65 m 2517 Mur 2045 Annie Bolle et al. ——— Fig. 20. Plan du réseau souterrain et coupe longitudinale des galeries principales. ——————— 66 m 65,84m P 2516 Placage d'argile 2 Relevés, mise au net, infographie Fl. Bambagioni © INRAP 1999-2008. 2514 65,70m US 2030 Section 67 m 2513 1m B 5m 67,45m 2512 Pièce 7 O o Est 67,65 m Coupe 6. Ouest Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) ——— Fig. 21. L’escalier d’accès au souterrain vu du sud, le pilier est renforcé par un mur (Fl. Bambagioni). ——————— ——— Fig. 22. Les blocs (dont des fragments de sarcophages) couvrent l’entrée du souterrain, vus de l’ouest (J. Pascal). ——————— Aquitania, 25, 2009 255 256 Aquitania, 25, 2009 La partie souterraine est composée de deux galeries (pièces 4 et 7), la première donnant accès à deux salles, appelées pièces 5 et 6 (fig. 20). Les deux galeries présentent un décalage en plan et ne sont reliées que par un étroit passage. Elles ont un développement total de 27 m, auquel s’ajoutent deux salles donnant sur la première galerie. L’une de ces salles (“pièce 6”, au nord) a pu permettre d’extraire des blocs de grandes dimensions. À l’exception des fragments de sarcophages, éléments en réemploi dont l’origine n’est pas connue, les matériaux utilisés sur le site proviennent très certainement de cette carrière. Le creusement d’un escalier d’accès et la présence d’aménagements internes indiquent une utilisation secondaire, comme cave, de la structure souterraine. Un muret de pierres sèches (2045) obture l’extrémité de la galerie orientale (pièce 7) et condamne l’accès par le puits. Ce dispositif semble assez fréquent dans la région Poitou-Charentes et dans les régions limitrophes (Limousin et Périgord)12. Le mur est construit dans la galerie, contrairement à de nombreux exemples où il se situe à la base du puits et possède un parement qui remonte jusqu’à la surface, ménageant un conduit d’aération “réservé”. Six assises ont été observées, composées de grandes dalles (0,45 x 0,40 x 0,08 m) posées à plat. La partie supérieure du mur s’est effondrée dans la galerie (2030). Ces blocs ont ensuite été recouverts par la terre qui s’est infiltrée depuis le puits. Bien que l’accès oriental soit condamné, il semble que le puits n’ait pas été remblayé. Il était fermé par une grande dalle circulaire, suggérant qu’il pouvait être au moins ponctuellement rouvert. Ce n’est qu’après la chute de cette pierre dans le puits, sur moins d’un mètre de sédiment infiltré, qu’il a été comblé par infiltration de sédiment, très probablement après l’abandon du site. Une porte était installée à l’entrée de la “cave”, en bas de l’escalier. La feuillure, taillée dans la paroi, est large et régulière (fig. 23). Elle entaille le sol et le plafond et permet de mettre en place un cadre sur lequel venait se fermer un vantail. Aucune trace de barre n’a été relevée. À l’entrée de la pièce 6, l’installation d’une porte est moins évidente mais reste probable. 12- Conte 1990. Annie Bolle et al. ——— Fig. 23. Feuillure permettant l’installation d’une porte à l’entrée de la première galerie (Fl. Bambagioni). ——————— Le passage qui relie les deux galeries principales présente des traces d’aménagement : de l’argile y a été plaquée de part et d’autre. Des empreintes de poils y sont observées (frottement d’un vêtement ou placage d’une peau assurant un système de fermeture ? fig. 24 et 25). Les aménagements restent très sommaires, la paroi de la pièce 4 présente encore les traces d’outils (fig. 26). Aucune niche n’est creusée, les infractuosités du rocher devaient servir à accrocher ou à déposer une lampe. Plusieurs de ces lampes ont été mises au jour, elles sont en céramique ou, pour un exemplaire, taillées dans le calcaire local (fig. 31 et 36). Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) 1 Aquitania, 25, 2009 2 Argile Relevés, mise au net, infographie Fl. Bambagioni © INRAP 1999-2008. ——— Fig. 24. Vues des aplats d’argile de part et d’autre de l’ouverture entre les deux galeries (localisation sur le plan figure 20). ——————— ——— Fig. 25. Un étroit passage relie les deux galeries (Fl. Bambagioni). ——————— 257 258 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. ——— Fig. 26. Traces d’outils au milieu de la paroi, pièce 4 (A. Bolle). ——————— Des traces de circulation ont surtout été observées dans la première galerie. Les salles adjacentes (pièces 5 et 6) constituent des zones peu fréquentées, vraisemblablement vouées au stockage et plus précisément au faisandage d’oiseaux (petits passereaux, merles, grives comme le laisse présumer la faune recueillie dans la pièce 6), mais également à un petit élevage de lapins (cf. infra). Le mobilier métallique (M. Linlaud) Le mobilier métallique présent sur le site est caractérisé par un taux de corrosion assez important mais qui permet malgré tout l’identification de la plupart des objets. La radiographie n’a donc pas été utilisée. Le mobilier a été stabilisé et consolidé au laboratoire Arc’Antique de Nantes. On remarque, à l’image de la plupart des sites des xe-xiie siècles, que la proportion des objets en fer est très nettement supérieure à celle des objets en alliages cuivreux. On dénombre en effet 66 objets en fer pour seulement un objet en alliage cuivreux doré à la feuille d’or. Le tableau 1 établit la liste des objets étudiés avec une description et une identification lorsque cela a été possible. Les figures 27 à 29 illustrent une partie de ce mobilier. Les quelques lames de couteaux possèdent les mêmes caractéristiques que celles retrouvées sur d’autres sites des xe-xiie siècles, comme Blois (Loir-etCher)13, Andone (Charente)14 ou Colletière (Isère)15. Il s’agit de lames relativement longues et fines à soie courte ne représentant pas plus d’un quart de la longueur totale du couteau16. Les lames étaient enfoncées en force dans des manches monoxyles en bois, montage dont témoignent des couteaux à soie ayant conservé leur manche en Angleterre17 ou en France18. Certains manches pouvaient être en os, mais 13- Aubourg & Josset 2003, 189-190. 14- Linlaud 2009a, 132-142. 15- Colardelle & Verdel 1993, 204-205. 16- Ces observations sont réalisées à partir du couteau le plus complet : le n° M 0005. 17- On connaît des manches conservés sur ce type de couteau à York (Ottaway 1992, fig. 233-234, n°2898, 2909, 2938), à Winchester (Biddle 1990, t. II, fig. 254, n°2704 ; fig. 255, n°2751 ; fig. 256, n°2804, 2808). 18- Le site de Colletière a livré des couteaux du début du xie siècle ayant conservé leur manche en bois (Grenoble, Musée Dauphinois). Ils ont été découverts postérieurement à la Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) n° FAit n° us Aquitania, 25, 2009 259 dimensions n° objet mAtéRiAux identiFicAtion descRiption en mm L. l. 1016 0 M 0043 Fer Boucle Anneau dissymétrique d’une boucle de ceinture ; l’ardillon n’est pas conservé 38 30 2511 1 M 0062 Fer Clou Clou à tête plate plus ou moins circulaire, complet. La tige de section rectangulaire est coudée à angle presque droit. L’épaisseur de la planche sur laquelle il était fixé mesure environ 34 mm 48 / M 0003 Fer Clou Clou à tête rectangulaire et à tige de section rectangulaire robuste. Complet 45 / 48 / 24 / 102 728 2 Clou à tête plus ou moins circulaire ayant une tige de section rectangulaire assez robuste et non centrée par rapport à la tête. Complet Fragment de clou possédant une partie de la tige et une partie de la tête. L’état de conservation ne permet pas d’identifier la forme de la tête M 0036 Fer Clou 862 M 0037 Fer Clou 2029 M 0053 Fer Clou Tige de clou de section rectangulaire, la tête n’est pas conservée 36 / 2023 M 0050 Fer Clou Tige de clou de section rectangulaire ayant perdue sa tête, la tige semble complète 41 / 675 0 M 0028 Fer Clou Tige de clou de section rectangulaire. Très mauvais état de conservation 30 / 2511 1 M 0063 Fer Clou Tige de clou, la tête n’est pas conservée 37 / Clou de maréchalerie Clou de maréchalerie Clou de maréchalerie Clou de maréchalerie Clou de maréchalerie Clou de maréchalerie usé, la tête est trop usée pour pouvoir identifier le type, deux fragments Clou de maréchalerie neuf ayant une tête plate à faibles montants et sommet en demi-cercle 42 11 45 20 22 15 36 13 29 16 196 20 97 19 1014 M 0041 Fer 2031 M 0058 Fer 728 1 2503 535 M 0035 Fer M 0061 Fer 3 M 0020 Fer Clou de maréchalerie usé ayant une tête plate et un sommet triangulaire Clou de maréchalerie neuf ayant une tête plate à faibles montants et sommet en demi-cercle Clou de maréchalerie usé ayant une tête plate à faibles montants et sommet en demi-cercle, la tige est incomplète Couteau possédant une lame au dos parfaitement rectiligne et un tranchant qui s’incurve vers la pointe. L’extrémité de la pointe est cassée. La soie est dans l’axe de la lame, dégageant ainsi un épaulement prononcé Lame de couteau à dos rectiligne se rabattant au niveau de la pointe vers un tranchant parfaitement droit. Ce pan coupé est plat. La soie manque 217 M 0005 Fer Couteau 218 M 0014 Fer Couteau M 0066 Fer Couteau Fragment de lame de couteau 60 20 M 0027 Fer Couteau Ibid. 86 23 M 0059 Fer Couteau Fragment de lame de couteau. Deux fragments sont conservés 70 22 M 0023 Fer Couteau Pointe de couteau 26 / 75 / 63 / 106 14 55 45 554 2 2031 554 1 2519 M 0064 Fer 217 M 0011 Fer 2031 M 0056 Alliage cuivreux M 0068 Fer ——— Tableau 1. Le mobilier métallique. ——————— Dent de peigne à carder Dent de peigne à carder Dent de peigne à carder incomplète de section rectangulaire, la pointe est conservée Fragment de dent de peigne à carder. La pointe semble conservée, mauvais état de conservation Cet objet est constitué d’une tige fine de section rectangulaire terminée par un percement. À son opposé figure une demi-sphère creuse aplatie possédant un percement régulier en son centre. On peut observer une légère cassure sur la demi-sphère aplatie, à l’opposé de la tige. On observe également que seule Élément décoratif une des deux faces de l’objet est dorée. Il s’agirait donc de la seule face visible d’un objet fixé sur un autre élément, par l’intermédiaire des deux percements. Il pourrait s’agir d’un élément décoratif fixé sur un vêtement, un accessoire vestimentaire ou quelconque, voire du harnachement d’un cheval. Partie dormante en fer se fixant sur un billot de bois par l’intermédiaire d’une “Enclume” soie et recevant des coups répétés sur la table à en juger les stigmates du fer conservé. L’identification et la fonction précise de cet outil ne sont pas connues 260 n° FAit Aquitania, 25, 2009 n° us Annie Bolle et al. dimensions n° objet mAtéRiAux identiFicAtion 2030 M 0054 Fer Fer de trait 2030 M 0055 Fer Fer de trait 2025 M 0052 Fer Fer de trait 2041 M 0060 Fer Fer de trait 2025 M 0051 Fer Fer de trait 217 M 0013 Fer Fer de trait 708 M 0029 Fer 34 M 0002 Fer 1014 M 0040 Fer 337 M 0018 Fer descRiption Fer de trait lancéolé à douille de section circulaire. La section de la pointe est plate Fer de trait lancéolé à douille de section circulaire. La section de la pointe est plate, la pointe est tordue Fer de trait triangulaire à douille de section circulaire. La section de la pointe est plate Fer de trait triangulaire à douille de section circulaire. La section de la pointe est plate Fer de trait triangulaire à pennes et douille de section circulaire. La section de la pointe est plate Douille de section circulaire ayant vraisemblablement appartenu à un fer de trait Fer de trait lancéolé large ayant une soie pour sa fixation. La section de la pointe Fer de trait est en amande Pointe de flèche lancéolée à douille de section circulaire. La section de la pointe Pointe de flèche est plate Plaque de broigne de forme s’approchant du carré. Le rivet de fixation n’est Plaque de Broigne visible que sur l’envers de la plaque Plaque concave en forme grossière de cœur possédant cinq clous de fixation, la répartition trop régulière de la clouterie ainsi que leur forme et leurs dimensions Fer d’équidé excluent une identification comme fer orthopédique d’équidé dit “ à planche ”. 217 M 0006 Fer Fer d’équidé 708 M 0031 Fer Fer d’équidé 708 M 0030 Fer Fer d’équidé 955 surface M 0039 Fer Fer d’équidé 1016 M 0042 Fer Ferrure 218 M 0015 Fer Moraillon à auberon ——— Tableau 1. Le mobilier métallique (suite). ——————— Fer d’équidé presque complet, la branche droite est fragmentaire. On observe six étampures rectangulaires d’une longueur d’environ 16 mm. Elles sont disposées en bord de rive externe la rendant légèrement ondulée et évitent la pince. L’éponge ne possède aucun crampon. Les dimensions (supérieures à 100 mm pour la longueur), la tournure (forme du fer) et le nombre d’étampures nous indiquent un fer à cheval, voir d’un hybride comme le mulet. La distinction reste délicate. La couverture du fer (largeur) est relativement importante avec 32 mm environ. Branche gauche de fer d’équidé cassée au départ de la seconde étampure et relativement couvert possédant une éponge à léger crampon réalisée par enroulement. Une étampure rectangulaire d’une longueur d’environ 15 mm est conservée en bordure de la rive externe. Fer d’équidé presque complet, la branche droite est cassée. On observe cinq étampures rectangulaires mesurant en moyenne 15 mm de longueur, la dernière n’est pas conservée. Elles sont disposées en bordure de la rive externe la rendant légèrement ondulée. Le fer possède une couverte relativement importante de 25 mm environ. L’éponge conservée possède un crampon réalisé par enroulement. Les dimensions (environ 100 mm pour la longueur), la tournure (forme du fer) et le nombre d’étampures indiquent un fer de cheval, voire d’un hybride comme le mulet. La distinction reste délicate. Branche de fer d’équidé Fragment de ferrure s’apparentant à une cornière. Il pourrait s’agir d’un renfort métallique de meuble. Un percement s’observe au centre Moraillon à auberon complet se fixant sur un système de charnière à anneau. Ce moraillon appartient à une serrure de porte ou de coffre, la distinction ne peut se faire, même sur la base des dimensions. Le profil coudé du moraillon dans sa partie fixée à l’anneau de la charnière témoigne d’une association avec une serrure à bosse. L’extrémité possédant l’auberon ne dispose d’aucun moyen de préhension particulier pour permettre de déloger le moraillon de la serrure une fois que le pêne a libéré celui-ci en mm L. l. 68 / 56 / 95 / 74 / 69 / / / 90 / 76 / 38 36 117 126 110 108 70 24 97 100 70 28 47 26 79 22 Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) n° FAit n° us Aquitania, 25, 2009 261 dimensions n° objet mAtéRiAux identiFicAtion 217 M 0007 Fer Moraillon à auberon libre 2031 M 0057 Fer Palâtre ? 2001 M 0046 Fer Outil ? 891 M 0038 Fer Outil ? descRiption Moraillon à auberon libre se fixant sur le couvercle d’un coffre. L’angle droit de la ferrure centrale permet de s’adapter au couvercle. La partie possédant la “paumelle” permet la fixation sur le couvercle du coffre et l’anneau rectangulaire sert d’auberon dit libre, à cause de son non-assujettissement à la ferrure Fragment de palâtre ou de platine d’une serrure à bosse. Les percements visibles sur la tôle servent à la fixation des systèmes de garde de la serrure, les picolets servant au maintien du pêne ainsi que la broche. L’aspect fragmentaire de cet objet ne permet pas de confirmer cette identification Petite barre robuste s’affinant à l’une de ses extrémités. La section de la barre est rectangulaire ; fragmentaire Petite tige métallique s’apparentant à une soie d’outil cassée Fragment de plaque métallique possédant un percement à l’une de ses extrémités. Cet objet semble recoller avec M 0009 retrouvé dans la même US. Il pourrait s’agir d’un fragment de penture de porte ou de meuble Fragment de plaque métallique se terminant par une pointe lancéolée et ayant un profil légèrement courbe. Cet objet semble recoller avec M 0010 retrouvé dans la même US. Il pourrait s’agir d’un fragment de penture de porte ou de meuble en mm L. l. 105 25 93 61 48 / 44 / 112 42 115 30 61 48 70 / 82 18 98 14 38 25 21 / 217 M 0010 Fer Plaque 217 M 0009 Fer Plaque 362 M 0019 Fer Plaque M 0045 Fer Plaque 217 M 0008 Fer Plaque 708 M 0032 Fer Plaque 708 M 0033 Fer Plaque 102 M 0071 Fer Pointe 218 M 0016 Tige Tige courbe de section rectangulaire 38 / 72 / 36 13 1016 2 Fer Fragment de plaque métallique possédant un percement central Plaque métallique se terminant par une pointe de section rectangulaire. La plaque semble incomplète Plaque métallique possédant deux percements dont l’un où le clou est encore conservé à l’intérieur. Le clou conservé possède une tête non centrée par rapport à la tige Plaque métallique pointue possédant à l’autre extrémité un faible retour à 90°. La plaque ne s’apparente pas à une lame de couteau Fragment de plaque plus ou moins rectangulaire ayant une extrémité arrondie et une autre cassée Petite pointe parisienne complète, sa section de la tige et la tête sont circulaires (élément contemporain) 554 2 M 0026 Fer Canon de mors Fragment de tige métallique possédant une boule à l’une de ses extrémités. Il pourrait s’agir d’une extrémité de canon de mors de bride dit en Y. On retrouve ce type de canon sur les mors de bride des Xe-XIe siècles 2519 2 M 0065 Fer ? Fragment rectangulaire peu épais et très corrodé 2017 M 0049 Fer ? Tige plate recourbée de section rectangulaire. L’une des extrémités est cassée 43 9 1 M 0024 Fer ? Fragment de tige de section rectangulaire 64 11 M 0012 Fer ? Fragment de plaque ovale présentant un départ de douille à une de ses extrémités 31 18 3 M 0022 Fer ? Petit L extrudé, patte ? 16 4 106 M 0004 Fer ? Élément indéterminé 46 19 319 M 0017 Fer ? Multiples fragments dans un même sac / / 2001 M 0047 Fer ? Fragment de plaque courbe 37 13 2002 M 0048 Fer ? Fragment de plaque 31 14 708 M 0034 Fer ? Fragment de plaque présentant un angle à 90° 42 23 554 217 553 ——— Tableau 1. Le mobilier métallique (suite). ——————— 262 Aquitania, 25, 2009 ils étaient également monoxyles. Le couteau reste un outil polyvalent et essentiel que l’on peut difficilement rattacher à une activité particulière. L’utilisation certainement très régulière et l’usure rapide de ces objets expliquent leur relative abondance sur les sites de cette période. L’objet M 0068 est une masse de fer possédant un pied que l’on pouvait ficher dans un billot et ainsi se servir de la partie supérieure comme d’une table d’enclume. La “table” porte les stigmates d’un martellement répétitif. Les faibles dimensions de cet objet ne permettent peut être pas l’attribution du nom d’enclume mais la fonction s’en rapproche. Un objet identique et possédant des dimensions très similaires provient du proche castrum d’Andone19. Un autre objet similaire provient des fouilles du site des Jardins du Carmel à La Rochelle (Charente-Maritime)20. Cet objet indique de possibles réparations d’objets ou redressements de lames mais la manufacture d’objets métalliques sur le site ne peut être attestée par la seule présence de celui-ci. Un fragment s’apparentant à une dent de peigne à carder (M 0064) permet d’envisager la préparation des fibres textiles animales ou végétales. Deux moraillons, l’un à auberon (M 0015) et l’autre à auberon libre (M 0007), indiquent la présence de grands coffres fermant à l’aide d’une serrure. Toutefois, si le second ne peut pas appartenir au système de fermeture d’une porte, du fait de l’angle à 90° de la ferrure, le premier pourrait éventuellement appartenir à une serrure de porte. La distinction ne peut s’opérer que lorsque le système est complet. Les sites de comparaison révèlent une fréquence plus grande des moraillons de coffres par rapport aux moraillons de portes. Un seul exemplaire complet de moraillon de porte accroché à son verrou est connu pour les xe-xie siècles. Il s’agit de celui retrouvé à Pineuilh (Gironde)21. Les deux exemplaires de Villiers-en-Plaine apparaissent typiques de cette période et connaissent de nombreux parallèles dans les sites d’Andone22 et de Colletière23. Ces indices sont bien maigres pour aller plus loin dans monographie publiée en 1993. 19- Linlaud 2009a, 156, n°241. 20- Opération archéologique réalisée par le Bureau d’études HADES sous la direction d’A. Guériteau. L’étude, par l’auteur, du mobilier métallique du site est en cours au sein du bureau d’étude Landarc. 21- Prodéo 2007, fig. 879. 22- Linlaud 2009b, 170-172. 23- Colardelle & Verdel 1993, 206, fig. 142, n°21-24 ; observations et étude du mobilier dans les réserves du Musée Dauphinois à Grenoble (thèse en cours de l’auteur). Annie Bolle et al. l’analyse de l’ameublement et des systèmes d’ouvertures du site. La présence d’équidés est attestée sur le site par plusieurs fragments de fers et quelques clous de maréchalerie. Les techniques de maréchalerie du site nous offrent une perception chronologique de cette occupation. Les fers d’équidés M 0006, M 0030 et M 0039 sont caractéristiques des sites de la seconde moitié du xe siècle et du xie siècle. Ils se caractérisent par une couverture24 importante (comprise entre 25 mm et 32 mm), des étampures rectangulaires d’une longueur proche de 16 mm de moyenne et une rive externe légèrement ondulée du fait de leur disposition en bordure de celle-ci. Ces caractéristiques techniques se retrouvent à Andone et Colletière. Le xiie siècle utilise des fers possédant une couverture largement plus faible comprise entre 12 et 19 mm. Aucun fer de cette période ne semble donc avoir été conservé. Les clous de maréchaleries possèdent des têtes usées difficiles à lire et identifier. On remarque cependant des têtes à faibles montants et sommet semi-circulaire ou à sommet triangulaire. Ils se rapprochent des types 1 et 2 de la typologie de N. Portet25, caractéristiques des sites des xe-xie siècles. Un demi-fer moderne ou contemporain s’adaptant à un sabot de bovidé est également conservé (M 0057). L’armement de trait est également présent sur le site, documenté par une demi-douzaine de fer de traits. Pointes de flèches ou carreaux d’arbalètes, l’identification est complexe. On remarque une majorité d’emmanchements à douille par rapport aux emmanchements à soie, majorité toute relative si l’on considère le nombre d’exemplaires conservés. À la lecture des travaux de V. Serdon sur l’armement de trait au Moyen Âge, les fers de trait à emmanchement à douille possédant des pointes foliacées, losangées ou triangulaires se retrouvent du xe au xive siècle sur de nombreux sites et dans de nombreuses régions26. Ils n’apportent donc aucune précision chronologique. Activité de chasse ou activité militaire ? Il est difficile de répondre à ce type de question en interrogeant ces maigres fragments métalliques. Une plaque de broigne offre un témoin plus précis de l’activité militaire et du statut de certains occupants du site, mais là aussi la faible quantité de 24- Largeur du fer mesurée de préférence entre la deuxième et la troisième étampure lorsque le fer en compte six. 25- Portet 1998 et Portet 2009, 224, fig. 3.54. 26- Serdon 2005, 116-118, types A, B et C. Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) mobilier ne permet pas d’aller plus loin dans l’analyse. Un objet semble faire exception, il s’agit d’un élément en alliage cuivreux recouvert sur l’une de ces faces seulement d’une dorure. Il est pratiquement impossible de déterminer la fonction exacte de cet objet M 0005 Aquitania, 25, 2009 conservé dans un état lacunaire, mais le fait de posséder de la dorure sur une face seulement tend à indiquer qu’il s’agit d’un objet à vocation décorative, le support restant délicat à déterminer en l’absence d’éléments minéralisés au sein de la corrosion. M 0014 M 0027 M 0064 M 0068 M 0007 M 0057 M 0015 M 0043 M 0003 M 0036 M 0062 M 0010 M 0009 0 M 0019 M 0008 M 0046 M 0026 M 0045 ——— Fig. 27. Mobilier en fer du site de la Vallée de Faye, artisanat, mobilier domestique et indéterminé (dessin M. Linlaud). ——————— 5 cm 263 M 0067 M 0039 M 0006 M 0018 0 5 cm M 0030 M 0051 M 0035 M 0052 M 0054 M 0060 M 0002 M 0029 M 0010 M 0035 M 0058 M 0020 M 0061 ——— Fig. 28. Mobilier en fer du site de la Vallée de Faye, mobilier équestre et armement (dessin M. Linlaud). M 0056 0 5 cm Fig. 29. Mobilier en alliage cuivreux du site de la Vallée de Faye, élément décoratif (dessin M. Linlaud). ——————— Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Aquitania, 25, 2009 Le mobilier en verre, os et pierre (fig. 30 et 31) 27 n° FAit n° us n° objet mAtéRiAux identiFicAtion descRiption 1016 V0001 Verre Lissoir Fragment de “lissoir” en verre potassique. Ø : 65 mm, H : 40 mm 2519 V0002 Verre Col 2026 L0007 Calcaire Lampe 2002 L0008 Calcaire Mérellier Col de gobelet en verre vert à décor de filets et verre blanc (sodique, potassique ?). Ø indéterminé. Lampe cylindrique dont le réservoir sphérique présente des traces de chauffe ; zone médiane très usée. H. : 174 mm ; l. max. : 80 mm. Mérellier sommairement gravé sur un bloc de calcaire. Le diagramme figure trois carrés emboîtés unis par quatre traits disposés en croix (l. max. : 252 mm) 27. Ébauche de taille de l’extrémité d’une phalange d’équidé. L. : 210 mm ; Ø. : 21 mm. Phalange d’équidé dont l’une des extrémités est taillée en arrondi. Des esquilles ont été enlevées sur toute la longueur de l’objet. L. : 160 mm ; Ø : 24. 553 OS0112 Os 319 0S0113 Os ——— Tableau 2. Le mobilier en verre, os et pierre. ——————— ——— Fig. 30. Fragment de lissoir en verre (US 1016), col de gobelet en verre (US 2519) et phalanges d’équidés façonnées (US 553 et 319) (Éch. 1/2). ——————— 27- Bourgeois 2002. 265 266 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. 0 0 5 cm 5 cm ——— Fig. 31. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye, Lampe en calcaire (US 2026) et jeu de marelle gravé (US 2002). Dessins P. Bâty. ——————— La céramique (B. Véquaud) Le site de la Vallée de Faye a livré une occupation médiévale homogène matérialisée, entre autres, par les céramiques qui s’inscrivent dans la typo-technologie locale et régionale des xe-xie siècles. De rares tessons indiquent également une occupation carolingienne et une présence médiévale tardive (xiiie-xive siècles). La méthodologie appliquée a été calquée sur celle adoptée dans le cadre du PCR “La céramique médiévale et moderne de la Loire Moyenne”28. Un tessonnier et une typologie des lèvres ont été mis en place. L’ensemble des tessons a été codé. La céramique est très fragmentaire et seul un individu est archéologiquement complet. De nombreuses structures contiennent peu de mobilier et la présence d’un, voire de deux tessons par structure n’est pas exceptionnelle. Seules quatre structures ont livré plus d’une centaine de fragments. Il a été mis au 28- Husi 2003. Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) jour 1844 tessons répartis comme suit : 167 lèvres, 103 fonds, 11 anses, 4 becs pour un nombre minimum d’individus (NMI) égal à 129. Aquitania, 25, 2009 rain31. La surface de l’enclos quadrangulaire se caractérise par l’absence de céramique. Les groupes techniques (tableau 3) Répartition spatiale de la céramique Les trois structures qui ont livré plus de 100 tessons29 sont des silos établis en marge du site. Les autres lots d’importance (plus de 50 tessons) proviennent essentiellement de la surface de l’enclos annulaire30 et des unités stratigraphiques du souter- Les caractéristiques principales du tessonnier sont les pâtes sonnantes surcuites, à la limite du grésage, et les pâtes micacées. On peut distinguer : – Des pâtes surcuites à grésées, rugueuses à granuleuses : 16d et 16h pour les pâtes sombres, 9b, 16c, 8ad, 8u pour les pâtes claires. GT.1 : Pâte fine douce, de couleur blanche, beige à rose et en général sans glaçure : 1f : Pâte blanche fine calcaire, quartz moyens ou parfois gros et oxydes. 1k : Pâte blanche à rose moyennement fine, avec de nombreuses petites inclusions (quartz, oxydes entre autre) qui lui confère un aspect sableux. Elle est sonore et dure. 1t : Pâte proche de 1k avec comme particularité la présence de micas très fins qui lui confère un aspect soyeux. GT.2 : Pâte fine, douce, de couleur blanc-rose avec une glaçure : 2a : pâte beige moyennement fine, avec de nombreuses petites inclusions (quartz, oxydes et micas). Elle est couverte d’une glaçure plombifère monochrome couvrante ou partielle, jaune/vert-moutarde ou orange. 2b : Pâte blanche à rose, fine, calcaire, avec de fréquentes inclusions d’oxydes et de micas. La glaçure épaisse est vert ombré ou moucheté. GT.5 : Pâte fine mais rugueuse de couleur orange à rouge, sans glaçure : 5p : Pâte rugueuse orange à rouge, légèrement calcaire. Elle contient de rares oxydes et des micas fins. GT.6 : Pâte fine mais rugueuse de couleur blanche à brune et sans glaçure : 6b : Pâte beige à rose, sableuse à surface rugueuse, comprenant de nombreux oxydes et des micas. GT.8 : Pâte moyennement grossière, blanc-beige à gris-noir sans glaçure : 8t : Pâte rugueuse grise, sonnante, cuisson réductrice. 8u : Pâte beige à orange, sonnante, avec de grosses inclusions siliceuses et/ou feldspathiques parfois de grosse taille, de rare oxyde et parfois des micas fins. 8ad : Pâte rugueuse sonnante beige, dure. Des quartz, quelques oxydes et des micas fins sont visibles. GT.9 : Pâte moyennement grossière, rose foncé, orange rouge à brun foncé, sans glaçure : 9b : Pâte rouge à orange, plutôt rugueuse, comprenant de nombreuses inclusions (quartz, oxydes et quelques micas). La pâte est sonnante à grésée, le cœur de la pâte est gris. 9f : Pâte de couleur rose foncé à brune, moyennement grossière et plutôt savonneuse, avec quelques grains de silice et des micas fins. La tranche peut-être grise. GT.13 : Pâte très grossière et tendre. Les parois des récipients sont épaisses. 13c : Pâte orangée à rouge, de texture très grossière, dont la particularité est la présence de chamotte fréquente. GT.16 : Pâte fine grossière et dure de couleur orange à brun-gris-noir, sans glaçure. 16c : Pâte beige à brun, granuleuse, micacée, avec des grains de silice de taille moyenne. La pâte sonnante est bien cuite. 16d : Pâte rugueuse beige, gris-brun à noir. La pâte est sonore, très cuite. Quelques gros quartz, des oxydes et des micas sont visibles. 16h : Pâte grise, rugueuse à granuleuse, sonnante et dure. Elle comprend des quartz et de rares micas. La pâte est proche de la texture de 17b. GT.17 : Pâte micacée, de couleur claire à brune : 17c : Pâte orange à brun-rouge, rugueuse, sonnante, comprenant quelques quartz, oxydes et des micas fins. 17e : Pâte micacée beige à orange, rugueuse, sonnante. Elle comprend des oxydes et une forte proportion de paillettes de micas. 17k : Pâte blanche, moyennement fine, granuleuse, sonnante. Elle contient des quartz, des oxydes et des micas. La structure est feuilletée. Variante très micacée de 1f. 17t : Pâte orange à brun-rouge, rugueuse, fortement micacée. Elle comprend des quartz et des oxydes fins. 17ab : Pâte épaisse grossière, de couleur beige à rouge. Elle comprend de nombreux gros quartz et un forte proportion de micas. Non tournée. 17ag : Pâte rugueuse à granuleuse brun-rouge, fortement micacée, comprenant également des quartz et des oxydes. ——— Tableau 3. Les groupes techniques. ——————— 29- Silos 217, 553 et 554, qui ont respectivement livré 192, 254 et 118 tessons. 30- St.728. 31- St. 708, US 2001, 2002 et 2031. 267 268 Aquitania, 25, 2009 – Des pâtes micacées mais avec des particules de mica d’une taille infime, qui donnent un aspect soyeux : 1t. – Des pâtes brunes micacées à inclusions fines (17t) ou grossières (17ag). – Des pâtes claires sableuses (1k) ou plus granuleuses (1f). Une variante est sableuse sombre (8t), une autre est très micacée (17k). – Des pâtes de teinte beige-orangée à rouge, micacée (17e à micas dorés, 17c), dense (5p, 6b) ou plus rugueuse (9f). – Des pâtes grossières peu cuites contenant des inclusions de chamotte (13c). Annie Bolle et al. – Des pâtes granuleuses grossières micacées de teinte rouge (17ab). On rencontre également des glaçures externes jaunes à vertes, sur pâtes moyennement fines à sableuses (2a) ou fines denses (2b). Quelques tessons en pâte sableuse (1k) peuvent avoir été peints ou ont simplement reçu un engobe. Typologie des formes Les lèvres mises au jour correspondent à 7 types, subdivisés en sous-types (cf. tableau 4). L1 : lèvre déjetée. L1a : à profil angulaire. L1b : oblique à profil arrondi. L1c : oblique à profil en quart-de-rond. L1d : oblique à profil angulaire. L1e : courte à profil “en crochet”. L1f : courte à profil angulaire. L1g : à profil en quart-de-rond et gorge interne. L8 : lèvre éversée (lèvre munie d’un dévers ou d’un débord). L8a : ou déjetée à profil anguleux souligné d’une gorge externe. L8b : plate ou à gorge interne et profil en quart-de-rond. L8c : plate à profil souple. L8d : à profil externe développée, en amande et gorge interne parfois très marquée. L8e : à profil en quart-de-rond et gorge interne systématique. L8e’ : variante avec une lèvre courte et fine. L8f : à profil anguleux. L8g : courte et trapue à profil anguleux. L19 : lèvre en bandeau court ou “poulie”. L19a : lèvre déjetée trapue à profil anguleux et gorge externe. L19b : courte sans creusement externe. L19c : trapue légèrement creusée, large méplat. L19d : avec ou sans léger creusement externe et profil interne arrondi ou en amande. L19e : trapue, à large méplat mais à creusement externe. L19e’ : même profil déjeté mais variante avec un profil interne souple (en amande) et une lèvre qui s’allonge. L19f : profil externe bien creusé et gorge interne développée. L19g : oblique à gorge interne haute. L19h : oblique à profil débordant en quart-de-rond. L26 : lèvre large non tournée. L26a : lèvre verticale à large méplat. L26b : lèvre déjetée oblique. L26c : variante de L. 26b, la lèvre se relève. L28 : Lèvre à profil arrondi, non tournée. L12 : lèvre oblique droite d’un couvercle. ——— Tableau 4. Typologie des lèvres. ——————— Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Les formes fermées (fig. 32 à 34, n°1 à 49 et tableau 5) L’intérêt de cet ensemble céramique réside dans la présence de lèvres de type proto-bandeau, associées à des lèvres éversées, majoritaires, et quelques lèvres déjetées. Plusieurs lèvres présentent un faciès archaïque : L1c (n°5), L1g (n°7), L8b (n°9, 10), L8f (n°22, 23), L19a (n°32), L19b (n°33 à 36). Lèvres formes fermées Pot à cuire Cruche Éversées L8 Bandeau L19 Déjetées L1 Total 55 % 34 % 8% 97 % 25 % 22,3 % 20,5 % 0,9 % 3,6 % 0,9 % 49,1 % 24,1 % court. La cruche possède une ou deux anses plates. La panse est globulaire. Le bec est soit formé par l’étirement de la lèvre, soit ponté, soit tubulaire. Ce type est associé en majorité à des lèvres éversées. La gourde est matérialisée par le goulot encadré de deux petites anses. Elles se fixaient soit sur la collerette développée de la lèvre en bandeau, soit sous la lèvre déjetée.Les formes ouvertes (fig. 35, n°50 à 56) Aucune coupe ou écuelle n’a été mise au jour. Les récipients de stockage ouverts ont des lèvres hautes déjetées à profil angulaire ou arrondi. Les rares fonds associés sont plats. Un couvercle tronconique présente un bouton de préhension, décollé à au fil. La lèvre est dans le prolongement de la panse. Les lampes ——— Tableau 5. Proportion des lèvres des formes fermées. ——————— La typologie des formes se limite au répertoire classique de la céramique médiévale. Pour chacune des lèvres répertoriées et quand cela était possible32, la fonction du récipient a été déterminée : cuisson des aliments, contenant des liquides, récipient de stockage (tableau 6). Ø d’ouverture Ø min. Ø max. Moyenne Pot à cuire 10 10 17 19 13 13 22 46 000 Cruche Vase réserve Aquitania, 25, 2009 ——— Tableau 6. Diamètres d’ouverture des récipients de forme fermée (en cm). ——————— Le pot à cuire est un récipient sans anse à panse globulaire et fond plat décollé au fil ou à la plaque. Des stries de tournage ornent parfois la panse. Les lèvres sont en majorité éversées ou en bandeau 32- Les pâtes surcuites ou grésées n’ont pas conservé de traces de passage au feu donc 22,3 % des lèvres n’ont pu être attribuées avec certitude. Cinq lampes à pied fragmentaires ont été mises au jour. Leur base est plus ou moins débordante. Une coupelle intermédiaire servait à récupérer le suif dans au moins un cas (fig. 36, n°60 à 64). Les décors Les décors à la molette correspondent à un décor simple de motifs losangiques constitués d’un quadrillage de lignes obliques parallèles (fig. 35, n°57 à 59). De rares glaçures couvrantes jaune ou vert-moutarde, sont appliquées sur des pâtes moyennement fines (2a). Elles peuvent être qualifiées de glaçure primitive alors que les glaçures mouchetées ou vert ombré interne (2b, pâte fine dense) sont postérieures. Des taches accidentelles de glaçure plombifère ont été repérées sur quelques individus. Quelques tessons ont reçu un engobe ou une peinture ocre externe. Cette couverte a été appliquée sur une pâte claire sableuse (1k). Cette peinture est couvrante et aucun décor n’a été recensé. Des impressions au pouce, réalisées sur une bande applique ou directement sur la panse, ornent la jonction lèvre/ panse des vases de stockage (fig. 35, n°54). 269 270 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. Pots à lèvres déjetées L1 et sous-types L1a 17c 9b L1d 1 4 9f L1b L1e 1k peint 2 L1c 5 9b 9b L1g 3 9b L1f 7 Pots à lèvres éversées L8 et sous-types 6 L8a L8a 9b 17e 9 L8b 17c 10 8 1k L8b L8b 11 1f L8c 17e 12 L8b 14 17e L8c 13 15 L8d 16 16d L8d 9b 0 cm 5 cm 17 ——— Fig. 32. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud. ——————— 17c Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Aquitania, 25, 2009 Pots à lèvres éversées L8 et sous-types 1k L8f 9b L8d 22 5p L8e 18 5p L8f L8e 20 1k L8e' 9b 23 19 L8g 1f L8g 21 1f 25 24 Cruches et gourde à lèvres L1 et L19 L8a 17c L8g 1k L8e 26 28 L8e 29 17e 27 L19c L8b 17c 1f 31 30 0 cm 5 cm ——— Fig. 33. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud. ——————— 16d 271 272 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. 5p L19a L19b 16c 17c L19b L19b 35 Pots à lèvres en bandeau court L19 34 33 32 17c L19b 9b 37 36 16c L19c 17e L19d 9b L19d 38 8t L19e 39 40 L19f L19f 5p 8t 42 41 L19f 17c 43 0 cm ——— Fig. 34a. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud. ——————— 5 cm Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Aquitania, 25, 2009 Pots à lèvres en bandeau court L19 L19g 1k L19h 17t L19f 44 8ad 45 1k L19e' 46 1t L19e' 47 9b L19e' 49 48 0 cm 5 cm ——— Fig. 34b. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud. ——————— L26a 6b Vases de stockage, lèvres L26, L28 0 cm 50 ——— Fig. 35a. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud. ——————— 5 cm 273 274 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. Vases de stockage, lèvres L26, L28 L26a 17ab 5p L26c L28 52 17e 53 51 17ab L26b 54 Couvercles 17c 17ag L12 55 56 Décors 57 17ab 17ab 17t 58 59 0 cm ——— Fig. 35b. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud. ——————— 5 cm Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) 13c/17c Aquitania, 25, 2009 17e 60 17c 61 62 9b 9b 64 63 0 cm 5 cm ——— Fig. 36. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Lampes médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud. ——————— Croisement des données En croisant les informations du tessonnier et de la typologie des lèvres, il n’est pas possible de déterminer si un type de lèvre correspond à un groupe de pâte en particulier. Seuls les groupes techniques 17ab et 13c ne correspondent qu’à des vases de stockage, caractérisés par des parois épaisses, non tournées. Comparaisons et datation La datation radiométrique réalisée sur le site de Villiers-en-Plaine (charbons de bois provenant du comblement du silo 217 : Miami 139717 : 1010 +/- 50 BP) donne une fourchette chronologique comprise entre 965 et 1155 avec un pic de probabilité à 1015. Si l’on se réfère à la céramique contemporaine mise au jour dans le Centre-Ouest de la France, le vaisselier correspond à la typologie des céramiques médiévales datées des xe-xiie siècles33. Les lèvres en protobandeau sont attestées à Doué-la-Fontaine 33- Husi 2003. (Maine-et-Loire)34 dès la seconde moitié du xe siècle et dans le castrum d’Andone35 dans le premier quart du xie siècle (terminus ante quem de 1020-1028). De nombreux sites ont été fouillés ces dernières années dans l’espace géographique qui correspond au Poitou médiéval. À Niort (Deux-Sèvres), sur le site de l’Espace Niortais36 et dans le cadre de la fouille du comblement supérieur d’une carrière, des céramiques identiques aux productions de Villiersen-Plaine ont été mises au jour : proto-bandeaux ou bandeaux courts à gorge interne, lèvres éversées à profil souple ou angulaire. En raison de la présence de glaçure primitive et de céramiques peintes à pâte sableuse, cet ensemble a été daté de la seconde moitié du xe ou du xie siècle. Les niveaux précoces de l’abbaye Saint-Pierre de Maillezais (Vendée), datés des xe-xie siècles par analyse radiométrique37, mais 34- De Boüard 1976. 35- Debord & Leenhardt 1975 ; Véquaud 2009. 36- Nibodeau 1997. 37- Véquaud 2007b. Ly-11480, US 548 : 1090+/-30 BP : 893 à 1016 AD cal. ; Ly-11479, US 536 : 1134+/-30 BP, 784 à 982 AD cal. ; Ly-11476, US 527 : 1065+/-35 BP, 896 à 1021 AD cal. 275 276 Aquitania, 25, 2009 GT 13c 16c 16d 16h 17ab 17ag 17c 17e 17k 17t 1f 1k 1t 2a 2b 5p 6b 8ad 8t 8u 9b 9f PC 0 3 2 0 0 0 11 5 1 1 2 7 2 0 0 9 0 1 4 1 9 4 CR 0 0 2 0 0 0 3 4 0 0 2 4 2 0 0 7 0 0 0 1 2 2 Annie Bolle et al. GO 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 VR 1 0 0 0 3 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 LA 2 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 CO 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Pot Ind. 0 1 1 0 0 1 2 0 0 0 0 6 0 0 0 0 1 0 0 0 3 2 NMI 3 4 5 0 3 2 20 10 1 1 4 18 4 1 1 18 1 1 4 2 16 8 L1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 5 1 L8 0 0 5 0 0 0 6 7 1 0 4 13 2 0 0 10 0 0 1 1 6 4 L19 0 4 0 0 0 0 9 1 0 0 0 3 2 0 0 5 0 1 3 1 5 2 L26 0 0 0 0 3 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 L28 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 L12 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 GT/NMI 1 4 5 0 3 1 16 9 1 1 4 17 4 0 1 17 1 1 4 2 16 8 ——— Tableau 7. Fonction des récipients, groupes techniques et typologie des lèvres (PC : pot à cuire ; CR : cruche : GO : gourde ; VR : vase-réserve ; LA : lampe ; CO : couvercle ; Pot Ind. : Forme fermée indéterminée). ——————— aussi les fouilles récentes du souterrain de SainteHermine/Le champ de Lise (Vendée)38 et Faye-surArdin/voie communale n°16 (Deux-Sèvres)39 ont également livré un échantillonnage intéressant de proto-bandeaux, de lèvres éversées et de lèvres déjetées en quart-de-rond. Les groupes techniques sont proches de ceux reconnus à Villiers-en-Plaine comme les pâtes surcuites (16) et la pâte micacée soyeuse (1t). L’expertise archéologique réalisée à La Peyratte/ La Petite Foye (Deux-Sèvres)40 a mis au jour un artisanat métallurgique associé à une construction sur poteaux. Le mobilier céramique s’inscrit dans le même faciès : pot à cuire et cruche à lèvre en bandeau ou éversée, vase-réserve à lèvre longue déjetée décoré d’impressions digitées. Le tracé linéaire de l’autoroute A83 a permis de fouiller, en Vendée, différentes occupations médiévales, comme les sites de Sainte-Hermine/La Papaudière, d’Auzay/Le champ de Gré et d’Auzay/ Les Ouches41. La céramique est en partie comparable à celle de Villiers-en-Plaine : les lèvres éversées et les bandeaux courts sont associés à de nombreux fragments de vases-réserve. Aucune information sur les groupes techniques n’est fournie. Ce mobilier a été daté des xe-xiie siècles42. Par contre, la typologie des lèvres en bandeau ne permet pas d’affiner la chronologie : l’évolution des profils semble se faire lentement et perdurer sans grande évolution entre le xe et le xiie siècle. Ainsi, à Poitiers (Vienne), les lèvres en bandeau ne sont pas attestées avant le xie siècle et semblent ne pas évoluer avant le xiiie siècle43. 38- Véquaud, en préparation. 39- Véquaud, en préparation. 40- Véquaud 2002. 41- Brodeur & Thooris 1995, 167 ; Valais 1998, 65. 42- André 1992 ; Poissonnier & Vatteoni 1997 ; Guérin 1993. 43- Véquaud 2007a. Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Sites Villiers-en-Plaine (79) La Vallée de Faye Lèvres Bandeaux éversées 34 % 55 % Lèvres autres 8% Faye sur Ardin (79) voie communale n°16 32,7 % 57,7 % 7,7 % Maillezais (85) 52,96 % 40,46 % 6,57 % Abbaye Saint-Pierre Breuil-Chaussée (79) La Veillonnerie La Laigne (17) Le Pré du château. F.1030 La Laigne (17) Le Pré du château. F.1001 Tonnay-Charentes (17) La Chalonnière 80 % 20 % 64 % 12 % 69,42 % 9,9 % 78,84 % 12,5 % Datation sites Fin xe-1ère moitié du xie s. xe-xie s. -1 quart du xie s. xe-1ère moitié du 0% xie s. ? Dernier 4% quart du xie-xiie s. Dernier 18,18 % quart du xie-xiie s. 0% e x er xe-xie s. ——— Tableau 8. Proportions des types de lèvre sur des sites du Poitou. ——————— Ce tableau permet de supposer que lorsque les lèvres éversées tendent à disparaître du vaisselier, la chronologie est basse. Ainsi, le site médiéval de La Laigne, dont l’occupation précoce, matérialisée par une majorité de lèvres en proto-bandeau, quelques lèvres éversées et déjetées et des vases de stockage, a été datée par analyse radiométrique de la seconde moitié du xie et du xiie siècle44 et n’a livré en moyenne que 10 % de lèvres éversées. Les sites plus méridionaux de Tonnay-Charente/ La Chalonnière et de Surgères/Cornet (CharenteMaritime)45 ont livré un vaisselier identique. Des analyses chimiques ont démontrée que ces céramiques sont des productions de l’atelier médiéval des Champs-Rougeauds à Saint-Hilaire-deVillefranche (Charente-Maritime)46. Pour le site de Tonnay-Charente, une datation radiométrique fournit un intervalle calibré 884-110247. À Surgères/ Cornet, les deux analyses radiométriques donnent 44- Ly-8880 : 875+/-60 BP, 1035 à 1268 AD cal ; Ly-9046 : 880+/-40 BP, 1048 à 1245 AD cal. (Véquaud 2004). 45- Bolle 2004 ; Véquaud 2004 : 358 ; Bocquet 1999 ; Catteddu 1996. 46- Bocquet 1999 : 73. 47- Ly-6319 : 1050+/-50 BP, 884 à 1102 AD cal. (charbons de bois). Aquitania, 25, 2009 des datations divergentes : 810-1023 et xie-xiiie siècles48. Les différences chronologiques et typologiques des sites de Charente-Maritime peuvent s’expliquer également par une évolution typologique régionale dont la limite géographique arbitraire serait la Sèvre Niortaise et le Marais Poitevin. Les vases-réserve en pâte chamottée sont présents sur les sites régionaux du viiie au xiie siècle, sans qu’il soit possible de définir une évolution typologique49. Le type du vase de stockage à lèvre déjetée est également très fréquent dans le Poitou sur les sites de Faye-sur-Ardin/voie communale n°16, l’abbaye Saint-Pierre de Maillezais, à Sainte-Hermine/Le Champ de Lise (Vendée), sur le site de La Veillonnerie au Breuil Chaussée (Deux-Sèvres) ou encore à La Laigne/Le Pré du château où il perdure au xiiie siècle50. Les fragments de couvercle à bouton de préhension et panse biconique sont également présents dans la typologie locale comme à Sainte-Hermine/ Le Champ de Lise ou au Breuil-Chaussée51. Les glaçures jaunes sont attestées à Poitiers et dans le castrum d’Andone à la fin du xe siècle et au cours de la première moitié du xie siècle52. Bien que repérées dès le ixe, voire la fin du viiie siècle à Tours53, les céramiques glaçurées ne sont pas, pour le Poitou, antérieures à la seconde moitié du xe siècle, où elles coexistent, au moins pendant la première moitié du xie siècle, avec des céramiques à décor peint de virgules. Enfin, les lampes à pied et coupelle intermédiaire correspondent, dans la typologie de SaintDenis, à la classe II, type C354. Que ce soit en Charente-Maritime55, en Charente56 ou au nord de la Loire57, ce type de lampe à huile est présent dans des niveaux des xe-xiiie siècles. 48- Ly-315 : 1099+/-56 BP, 810 à 1023 AD cal. ; Ly-316 : 945+/51 BP, 1016 à 1210 AD cal. 49- Véquaud 2010. 50- Véquaud 2010 ; Véquaud 2007b ; Véquaud, en préparation ; Véquaud 2008 ; Véquaud 2004. 51- Véquaud, en préparation ; Véquaud 2008. 52- Véquaud 2009 et 2010. 53- Husi 2006, 175. 54- Lefèvre & Meyer 1988, 78. 55- Bolle 2004. 56- Fourteau-Bardaji & Bourgeois 2009, 309-313. 57- Gentili 1988 ; Motteau 1991. 277 278 Aquitania, 25, 2009 Pour les Pays de la Loire, les informations sur les sites médiévaux ont été synthétisées par la mise en place du Programme Collectif de Recherche sur l’habitat du Moyen Âge dans les Pays de la Loire, coordonné par A. Valais58. Le site de Marcé-Beauce (Maine-et-Loire) présente une typologie des céramiques comparable au site de Villiers-en-Plaine. Une datation fin xe-début xiie siècle a été proposée59. Ces comparaisons ne seraient pas complètes sans mentionner la synthèse d’I. Morera-Vinçotte sur la céramique médiévale en Pays de la Loire60. La lèvre en bandeau est adoptée à Angers ou à Distré (Maineet-Loire), au cours du xe siècle. Cette forme devient majoritaire au xiie siècle. Si dans l’aula de Doué-laFontaine61, la lèvre en bandeau est attestée dès la première moitié du xe siècle, il apparaît difficile de donner une date aussi haute pour les céramiques poitevines. Les vases de stockages sont signalés dès la fin de l’époque carolingienne jusqu’au début du xive siècle sans évolution typologique notable62. Les lampes présentent également une typologie comparable63. Conclusion D’un point de vue typologique et technologique, le mobilier céramique de Villiers-en-Plaine s’inscrit dans la tradition du Centre-Ouest de la France, avec les particularités régionales du Nord-Ouest du Poitou médiéval. Le site de la Vallée de Faye a livré un ensemble homogène de céramiques du xie siècle et au plus tôt de la fin du xe siècle. Le vaisselier correspond à la période définie et se limite, pour les formes fermées, aux pots à cuire et aux cruches et, dans une moindre mesure aux gourdes. Les vases de stockage et quelques couvercles sont les seules formes ouvertes repérées et laissent supposer une utilisation quotidienne de la vaisselle de bois (écuelles par exemple). Le vaisselier ne permet pas de qualifier le type d’habitat fouillé. Même si quelques tessons glaçurés et peints ont été mis au jour, la céramique culinaire n’est pas exceptionnelle 585960616263- Valais 2000. Pétorin 1997. Morera-Vinçotte 2000. De Boüard 1976. Morera-Vinçotte 2000, 64. Valais 2000. Annie Bolle et al. pour la période, tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif. La présence même des lampes à huile, liée à l’occupation du souterrain, ne peut caractériser un site élitaire. Bien qu’aucun atelier de potier n’ait été mis au jour aux environs de Niort, il est certain, au vu des productions céramiques très micacées de Niort, de Faye-sur-Ardin, de Villiers-en-Plaine mais également de Sainte-Hermine, qu’elles proviennent d’une même région de production : la faible distance qui sépare trois des sites (une dizaine de km) et des caractéristiques typologiques et technologiques viennent étayer cette observation. La distance maximale entre les sites les plus éloignés est de 60 km. La céramique de Villiers-en-Plaine permet d’enrichir la connaissance des céramiques poitevines et d’ouvrir de nouveaux axes de recherche comme par exemple, sur le réseau d’approvisionnement des sites des xe-xiie siècles en Bas-Poitou. Étude archéozoologique (St. Frère) Seuls 408 restes (dont 303 déterminés) ont été collectés, ils sont très majoritairement issus d’un ramassage à vue lors de la fouille. Le tamisage des sédiments (tests ponctuels) n’a apporté aucun élément nouveau sur l’étendue du spectre faunique. Malgré une maille d’observation plus fine, les poissons demeurent totalement absents. Ce corpus très restreint restreint fortement le champ d’investigation. Seuls certains aspects de l’alimentation et de l’élevage peuvent être développés. De même, la faible taille de l’échantillon limite fortement la portée des données chiffrées, qui doivent être considérées comme un indicateur de grandeur plutôt qu’en valeur absolue. Un tiers des ossements provient des silos, le solde étant issu du souterrain et de structures situées à l’intérieur de l’enclos. L’état de conservation est, dans l’ensemble, satisfaisant. Les empreintes de radicelles sont peu marquées ou inexistantes et les traces de manducation, témoins d’une stagnation prolongée des rejets sur des niveaux de circulation ou dans des zones accessibles aux chiens et/ou aux suidés sont exceptionnelles. Aussi les différences de poids moyen en fonction de la nature des structures (fig. 37) semblent plus correspondre à une sélection des rejets par l’homme qu’à une destruction différentielle. D’ailleurs la conservation, dans ces deux Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Aquitania, 25, 2009 % NR 90 70 60 80 Enclos + souterrain 50 70 40 Silos 30 60 Lapin de garenne 50 Lièvre 40 30 20 Lagomorphe ind. 20 10 10 0 0 Bœuf Porc Caprinés Ind. Poids Moyen (en g.) % NR 25 B 20 types de structures, d’éléments osseux de très jeunes oiseaux (pièces anatomiques particulièrement sensibles aux contraintes taphonomiques), confirme la qualité des conditions de conservation. B 15 B 10 B B B B 5 B B B B B sacrum B scapula B Si les rejets provenant des silos, probablement réutilisés comme dépotoirs, relèvent de modes d’accumulation bien connus et sont peu sujets aux pollutions, en revanche, l’origine des restes du souterrain et de l’enclos est sujette à caution. Ces deux ensembles seront donc traités distinctement. ulna tibia radius métapode métatarse III lombaire mandibule fémur humérus crâne côte calcaneum 0 37 38 39 ——— Fig. 37. Fluctuation du poids moyen des restes selon les structures. Fig. 38. Part des lapins et des lièvres au sein des lagomorphes. Fig. 39. Répartition anatomique des restes de lapin de garenne dans le souterrain. ——————— Les restes du souterrain et de l’enclos La majeure partie des ossements provient du souterrain. Les restes animaux de l’enclos sont issus, pour la plupart, de contextes similaires (niveaux de circulation) et livrent des résultats similaires. Ils sont donc traités conjointement afin de renforcer la taille du corpus, au demeurant très faible. Il apparaît certain que les ossements de gros mammifères ont été déposés par l’homme, d’autant que moins de 2 % d’entre eux portent des traces de manducation. En revanche, le mode d’accumulation des ossements des espèces sauvages ne paraît pas si évident. 279 280 Aquitania, 25, 2009 La faune sauvage La forte proportion de faune sauvage (tableau 9), et plus encore l’absence de traces de découpe, de brûlures ou de digestion, incitent à penser que ces individus sont le fruit d’un piégeage naturel, mais si le biotope de certaines de ces espèces peut correspondre, en revanche pour d’autres il n’est pas sans surprendre. Outre le problème de la distinction entre animaux piégés naturellement et animaux rapportés par l’homme, il faut aussi s’interroger sur la datation de ces dépôts. Sont-ils contemporains de l’occupation humaine, ou sont-ils postérieurs à l’abandon de la structure ? L’étendue du spectre semble apporter quelques réponses. En Europe, hors de l’aire méditerranéenne (température moyenne annuelle supérieure à 11°C) le rat noir (Rattus rattus) est condamné à vivre en “ intérieur”, donc en strict commensal64. Sa présence est donc contemporaine de l’occupation humaine. Il se retrouve aussi dans les comblements de silos. Le lérot (Eliomys quercinus) n’est pas un commensal stricto sensu, il s’accommode cependant fort bien de la proximité de l’homme et hiberne fréquemment dans les greniers des habitations, ou dans des anfractuosités rocheuses65. Il se nourrit en outre dans les vergers et les jardins. Sa présence peut donc aussi être contemporaine de celle de l’homme. Les chiroptères observés sont de forte taille, ces animaux nocturnes nichent fréquemment le jour dans des greniers d’habitats, ils peuvent donc aussi être contemporains de l’utilisation du souterrain, du moins si celui ci n’était pas fréquenté trop régulièrement. Les restes de batraciens sont très fragmentés. Toutefois, les quelques individus déterminés jusqu’au rang de l’espèce sont des crapauds communs (Bufo bufo), se rencontrant fréquemment à proximité de l’homme et jusque dans les villes66. Ils s’adaptent aussi bien aux milieux secs qu’aux milieux humides. Pour les batraciens et les rongeurs, une observation à la loupe binoculaire n’a pas permis de distinguer des traces de digestion caractéristiques d’une coprocoenose (fèces de carnivores). 64- Audouin-Rouzeau & Vigne 1994. 65- Saint Girons 1973 66- Duquet 1996. Annie Bolle et al. Part relative Poids des 3 Moyen principales espèces Nombre de Restes % Poids de Restes (en g.) % Bœuf 13 6,2 774 34,8 59,5 17,8 Porc 11 5,2 81 3,6 7,4 15,1 Caprinés 49 23,2 432 19,4 8,8 67,1 Cheval 12 5,7 578 26 48,2 Âne 8 3,8 255 11,5 31,9 Chien 14 6,6 37 1,7 2,6 Chat 3 1,4 10 0,4 3,3 Lapin 47 22,3 46 2,1 1,0 Lièvre 7 3,3 7 0,3 1,0 Lagomorphe 2 0,9 0 0 inf à 1 Turdinés (merle, grive...) 4 1,9 1 0 0,3 Oiseau sauvage 2 0,9 1 0 0,5 Passereaux ind 5 2,4 0 0 inf à 1 Rat noir 4 1,9 0 0 inf à 1 Rongeur 10 4,7 2 0,1 0,2 Taupe 2 0,9 0 0 inf à 1 Enclos + souterrain Lérot 4 1,9 0 0 inf à 1 Chiroptère 5 2,4 0 0 inf à 1 Batracien 9 4,3 0 0 inf à 1 Déterminés 211 78,1 2224 94,4 10,7 Indéterminés 59 21,9 131 5,6 2,2 TOTAL 270 100 2356 100 8,8 ——— Tableau 9. Dénombrement des restes du souterrain et de l’enclos. ——————— Toutefois une analyse fine de la fragmentation et de la répartition anatomique permettrait de nous éclairer plus précisément sur les modes d’accumulation (apport par des rapaces, des mammifères carnivores ou dépôts naturels). Ce type d’approche, qui permettrait d’affiner notre perception de l’assemblage ne peut toutefois être réalisée que par un spécialiste des micro-mammifères et n’est intéressante que dans le cas d’ensembles importants. Elle ne semble pas justifiée sur ce site. La présence d’oiseaux sauvages (petits passereaux, merles, grives) est plus surprenante. Une fois Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) encore, aucune trace de charognage ou de coprocœnose n’a été observée. En outre, un individu a été retrouvé complet, probablement en connexion anatomique. Ce type de niche écologique ne correspond absolument pas au biotope traditionnel de ces petits turdinés (dont la taille est comprise entre la grive musicienne et la grive draine). Les os sont très peu altérés, l’hypothèse d’un apport par un prédateur paraiît donc peu plausible, seul un apport volontaire (stockage d’individus pour le faisandage...) pourrait justifier leur présence. Les lagomorphes (ordre regroupant les lapins et les lièvres) représentent près de 27 % des restes déterminés. Cette proportion, totalement anormale, même pour un site seigneurial, pourrait résulter d’une simple colonisation naturelle après abandon du souterrain par l’homme. Pourtant, même si le lapin de garenne est un animal fouisseur, il ne s’installe généralement pas dans des cavités naturelles ou artificielles de grande taille, en outre, le lièvre, qui n’est pas un fouisseur, n’utilise que de très légères anfractuosités naturelles, à proximité immédiate du niveau de sol. Le lapin de garenne est nettement mieux représenté que le lièvre (fig. 38). Au regard du biotope traditionnel de cette espèce, un piégeage dans sa zone d’habitat semble pouvoir être exclu. Seule une chute accidentelle paraît acceptable, mais la présence de la majorité des restes dans les niveaux d’occupation suggère bien évidemment un apport humain. Sa répartition anatomique (fig. 39) indique une sur-représentation des membres postérieurs (partie la plus charnue de l’animal). Ce sont donc les os les plus résistants, mais aussi les plus gros qui ont été collectés. La présence de plusieurs restes d’individus périnataux autorise toutefois à minimiser les effets de la conservation, ces effectifs résultent donc, soit d’une sélection humaine (consommation de cuisses de lapin), soit d’une maille de collecte trop importante. Près de la moitié des restes de lapin de garenne proviennent d’individus périnataux et juvéniles. Cette distribution d’âges, proche de celle d’une population à l’état naturel, cumulée à une absence de traces de découpe et de cuisson renforce l’hypothèse d’une population naturelle. Ce cadre de vie ne coïncidant cependant qu’assez mal avec celui générale- Aquitania, 25, 2009 ment constaté (surtout pour le lièvre), il pourrait s’agir d’une tentative ponctuelle de maintien en captivité voire d’élevage. En effet, un souterrain avec des parois taillées dans la roche constitue un cadre idéal pour maintenir des fouisseurs en captivité. Des tentatives analogues ont déjà été évoquées pour le lièvre à la Tène finale67, elles s’effectuaient alors dans des enclos en plein air. César évoque d’ailleurs ces élevages en (Grande-Bretagne). La fourchette chronologique retenue pour ce souterrain cadre assez bien avec l’apparition du lapin à proximité de la Loire68. Cet élevage correspond généralement à une production de fourrure et accessoirement de viande. Ainsi la présence du rat, des oiseaux sauvages et du lièvre indique une accumulation d’origine anthropique, confirmée par la présence des espèces du cheptel domestique. La provenance des chauves-souris et du lérot est plus incertaine. L’intérêt principal réside toutefois dans la présence du lapin de garenne. Il est possible, au regard des classes d’âge, qu’il s’agisse d’une tentative de domestication. La faune domestique La triade domestique est assez peu représentée. La part écrasante des caprinés (67 % du NR3) détone dans un milieu seigneurial. Le poids moyen des espèces de petite taille (porcs et caprinés) est faible (fig. 37), il correspond aux valeurs observées pour des structures similaires (caves et celliers) de l’époque gallo-romaine, suggérant la présence de petits os incrustés dans la couche superficielle du niveau de circulation, plutôt que de véritables rejets alimentaires. Dans ce cas, il est habituel que les espèces les plus petites soient favorisées. La répartition anatomique des restes est assez homogène pour l’ensemble des espèces, dans les deux types de structures (fig. 40). Seuls les restes crâniens sont mieux représentés dans l’enclos. Ce résultat, du à une forte proportion de dents, relève d’une fragmentation plus importante dans ce milieu, confirmant l’hypothèse d’un piégeage dans un niveau de circulation. Les données biométriques et celles portant sur l’âge des individus sont trop rares pour pou- 67- Méniel 2001. 68- Callou 2003. 281 Aquitania, 25, 2009 Annie Bolle et al. % NR 100 Pieds 80 Membre 60 Côtes 40 Vertèbres 20 enclos+ souerrain silo enclos+ souerrain silo 0 enclos+ souerrain Tête silo 282 ——— Fig. 40. Répartition anatomique des restes des trois principales espèces suivant leur structure d’origine. ——————— voir aborder les problèmes relatifs à la gestion du cheptel. Tout au plus, les quelques données concernant l’âge dentaire des caprinés (n=6) suggèrent-elles un élevage basé sur la production de lait ou de laine (1 individu est âgé de moins de 18 mois, 1 autre de 4 à 8 ans, et les 4 derniers ont entre 8 et 10 ans). Les équidés sont bien représentés, et plus de 35 % de leurs restes sont attribuables à l’âne. Vu la rareté des données biométriques, il n’a pas été possible de distinguer de formes hybrides (mulet et bardot). Si l’exploitation de l’âne et celle du cheval divergent suffisamment pour justifier un élevage mixte (animal de bât contre animal de traction et de monte) il est possible que des formes hybrides soient aussi développées. Elles ne sont que cependant rarement mises en évidence lors d’études archéozoologiques. Ce pourcentage d’ânes assez élevé diverge sensiblement des résultats obtenus dans le nord de la France (à l’exception de quelques sites de la Plaine de France)69. L’alimentation de l’âne étant moins contraignante et plus économique que celle des chevaux, il est possible, malgré une physionomie peu adéquate, que ces animaux aient été employés pour les travaux des champs, notamment lors de la- bours70. L’exemple de la broderie de Bayeux abonde en ce sens et cette pratique perdure notamment en Algérie jusqu’au xxe siècle. Les animaux de compagnie (chiens et chats) sont peu abondants. Les chiens sont de forte taille, (gabarit semblable à celui du berger allemand), il est probable qu’ils étaient employés pour la garde et la protection des troupeaux. Le chat est de petite taille. Son rôle dans l’éradication des rongeurs est certainement beaucoup plus important que celui suggéré à partir des rares empreintes sur les restes de rongeurs. 69- Frère & Yvinec 2009. 70- Bloch 1931. Les silos Une nouvelle fois l’étendue du spectre est assez importante au regard du nombre de restes collectés (tableau 10). La fréquence des traces de découpe et de brûlures, bien supérieure à celle du souterrain, témoigne certainement de la vocation de dépotoir alimentaire de ces structures. La proportion relative des trois principales espèces diverge nettement de celle du souterrain (fig. 41). Le bœuf est toujours stable, mais le porc s’accroît très nettement au détriment des caprinés. Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Silos Bœuf Porc Caprinés Chien Âne Coq Oie Caille Rat noir Taupe Déterminés Indéterminés TOTAL Aquitania, 25, 2009 Nombre de Restes % Poids de Restes (en g.) % Poids Moyen Part relative des 3 principales espèces 10 30 32 1 2 9 3 1 3 1 92 46 138 10,9 32,6 34,8 1,1 2,2 9,8 3,3 1,1 3,3 1,1 66,7 33,33 100 673 226 120 2 97 11 9 0 1 1 1140 44 1184 59,0 19,8 10,5 0,2 8,5 1,0 0,8 0,0 0,1 0,1 96,3 3,7 100 67,3 7,5 3,8 2,0 48,5 1,2 3,0 0,0 0,3 1,0 12,4 1,0 8,6 13,9 41,7 44,4 ——— Tableau 10. Dénombrement des restes des silos. ——————— Les poids de restes, généralement considérés comme révélateurs de la part des espèces au sein de l’alimentation carnée (fig. 37), indiquent, comme sur la totalité des sites médiévaux, une nette prépondérance du bœuf71. La part du porc l’emporte sur celle des caprinés, témoignant ainsi du caractère seigneurial du lieu. Cette distinction sociale se confirme par la présence d’oiseaux sauvage (1 reste de caille), qui toutefois correspond plutôt à une chasse de rencontre dans les champs qu’à une véritable activité cynégétique. Cette absence de gibier à poils dans les contextes seigneuriaux médiévaux n’est cependant pas exceptionnelle, elle a déjà été observée dans le Forez à Essertines-Basses72 ou dans la vallée du Rhône sur les sites castraux de Décines et de Rochefort-en-Valdaine73. Par ailleurs, cette faible représentation du gibier peut souffrir d’un biais statistique. Les espèces les moins fréquentes sont généralement sous-représentées dans les échantillons de petite taille. Finalement, l’étude des restes médiévaux, bien que portant sur un échantillon extrêmement réduit, a permis de mettre en évidence deux types d’assemblages bien distincts. Le premier ensemble, prove- 71- Audouin-Rouzeau 1995. 72- Beck-Bossard 1993 ; Frère & Yvinec 1997. 73- Forest 1987. % NR 100 0 20 80 souterrain +enclos souterrain 40 60 silos 60 40 80 20 100 0 100 80 60 40 ——— Fig. 41. Part relative des trois principales espèces dans le souterrain et les silos. ——————— 20 0 283 284 Aquitania, 25, 2009 nant du comblement de silos offre une image habituelle de l’alimentation pour un site castral. En revanche, l’interprétation des données provenant du souterrain est plus complexe. Les modes d’accumulation sont difficiles à percevoir et les risques de pollution sont importants. Ces cas “extrêmes” montrent les limites d’une étude archéozoologique traditionnelle et la nécessité de travailler en collaboration avec d’autres spécialistes des paléo-environnements. Toutefois, si comme un nombre d’indices élevé le laisse supposer, la majorité des restes sont contemporains de l’utilisation de la structure, alors nous sommes peut être confrontés à une tentative intéressante, sinon de domestication du lapin de garenne et du lièvre du moins à une tentative de stockage d’individus sur pieds. Première approche des sources écrites (L. Bourgeois, A. Champagne, A. Bolle) Le site de la Vallée de Faye se situe à mi-chemin des villages de Villiers-en-Plaine et de Faye-sur-Ardin. Il n’est distant que de 400 m du Chemin Chevalleret, supposé par quelques auteurs reprendre le tracé d’une voie antique, bien qu’il relie deux agglomérations nées au Moyen Âge : Fontenay-le-Comte et Saint-Maixent. Villiers-en-Plaine apparaît pour la première fois dans une charte passée entre 1047 et 1086, alors que le prêtre Constantin donne l’église Notre-Dame et les biens qui lui sont attachés aux bénédictins de Saint-Cyprien de Poitiers74. Le vocable pose toutefois problème puisque les pouillés diocésains d’époque moderne mentionnent un édifice consacré à saint Laurent75. Dans les années qui suivent (1060-1108), l’abbaye Saint-Cyprien arrondit son patrimoine à Villiers. Tetmer et son frère Guillaume Garantin lui vendent douze arbergerias et une part de la dîme de la paroisse avec l’accord de Cadelon de Saint-Maixent, de Cadelon de Campolinario et de sa mère Ainor76. Benoît de Villiers donne également ce qu’il possédait à Villiers77. Ce patrimoine permet au 74- Saint-Cyprien, n°563. Constantin apparaît dans l’acte n°564 sous le nom de Constantin de Vilers. L’acquisition de l’église de Villiers par Saint-Cyprien de Poitiers est confirmée entre 1097 et 1100 par l’évêque Pierre II (Saint-Cyprien, n°9). 75- Beauchet-Filleau 1864, 432. 76- Saint-Cyprien, n°564. 77- Saint-Cyprien, n°566. Annie Bolle et al. monastère l’implantation d’un petit prieuré, qui subsiste jusqu’à l’époque moderne, même si l’important fond de Saint-Cyprien de Poitiers ne comporte plus aujourd’hui aucune liasse s’y rapportant78. Sa constitution met en lumière au moins deux lignages largement possessionnés à Villiers-en-Plaine dans la seconde moitié du xie siècle : – les frères Tetmer et Guillaume Guarantin, dont les possessions à Villiers relèvent de membres de la milice des abbés de Saint-Maixent ; – la famille éponyme de Villiers (le prêtre Constantin de Villiers et, sans lien de parenté explicité, les frères Benoît de Villiers, Arnaud Bigot et Constantin Bouguignon). Les biens donnés par Benoît de Villiers relèvent de Guillaume Guarantin. Les aveux rendus à l’abbé de Saint-Maixent à partir du milieu du xiie siècle montrent que les fiefs et arrière-fiefs de Villiers-en-Plaine relevant du monastère dépendent toujours de deux mouvances distinctes : la famille de Rochefort, qui descend de Cadelon de Saint-Maixent, tient la moitié de la villa79 et une autre partie relève des Larchevêque de Parthenay80. La géographie de ces portions est impossible à restituer précisément : on sait seulement que l’arrière-fief de la motte de Coursay, situé 2 km à l’est de la Vallée de Faye, relevait encore en 1583 du baron de Parthenay81. Rapprochons-nous maintenant du site de la Vallée de Faye. Il est desservi par un fuseau de chemins joignant Villiers-en-Plaine et Faye-sur-Ardin : à l’est, le chemin de Faye est devenu l’unique liaison entre les deux villages ; à l’ouest, le petit chemin de Faye a été partiellement effacé par le remembrement du xxe siècle. Il correspond aux chemins révélés par la fouille, dont le plus ancien tracé est antérieur à la mise en place de l’habitat médiéval (chemin 1). Les 78- Un second prieuré est établi au cours de la première moitié du xiie siècle au lieu-dit La Dent par l’abbaye de Fontevraud (Fontevraud, t. I, n°557 et t. II, n°883 ; AD Maine-et-Loire, 163 H pour les archives d’époque moderne). 79- Hommages rendus vers 1204 (Saint-Maixent, n°CCCCVI) et entre 1269 et 1278 (n° CCCCLXIII). 80- Guillaume IV Larchevêque homme lige de l’abbé pour ce qu’il tient à Villiers entre 1145 et 1152 (Saint-Maixent, n°CCCXXXIV). Hugues II Larchevêque (1265) avoue ce qu’il tient apud Vilers (n°CCCCLXI). 81- AD Deux-Sèvres, E 420, aveu de Toussaint Touppet à Marie de Bourbon. Le fief relève alors de la châtellenie de Béceleuf. La partie du fonds de la baronnie de Parthenay conservée dans les papiers de l’apanage d’Artois (AN, R1) fournirait peut-être des indications complémentaires. Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) premières mentions conservées du village de Fayesur-Ardin remontent au xiiie siècle (Faia en 1260)82. Toutefois la morphologie du village laisse présumer une origine plus ancienne, que confirme la fouille archéologique menée par E. Barbier à proximité de l’église Saint-Vivien, isolée au sud du bourg actuel. Des bâtiments, des aires d’ensilage et des groupes de sépultures des viiie-xiie siècles ont été mis au jour83. Ces structures bordent une voirie prolongeant le “Petit chemin de Faye” dont le plus ancien état est attribué à l’Antiquité. Étroitement relié aux deux villages, le site de la Vallée de Faye constituait un habitat marginal, la limite entre les deux paroisses étant matérialisée par le Chemin Chevalleret, qui vient borner au nord le quartier de culture où est établi le site. Le dépouillement des archives conservées – pauvres en sources médiévales – n’a pas révélé de documents relatifs à l’habitat de la Vallée de Faye, abandonné au plus tard au début du xiie siècle, sans laisser de trace claire, ni dans un parcellaire actuellement laniéré, ni dans la toponymie. Quelques microtoponymes présents sur le plan cadastral de 1824 doivent toutefois retenir l’attention84. Le “Fief Personnier”, jouxte au nord la Vallée de Faye. Entre 1672 et 1755, plusieurs aveux sont rendus pour un fief Personnier et le terrage des Loges à la Tour Maubergeon de Poitiers85. Ce fief, relevant alors de la Couronne, était situé dans la paroisse de SaintHilaire-des-Loges (Vendée), une dizaine de kilomètres à l’ouest du site de la vallée de Faye. Aucun dénombrement n’a pu être retrouvé, alors qu’ils auraient peut-être permis, par les confronts, de localiser la trace des parcelles fouillées. À l’ouest, un lieudit “Le petit Fief” n’a pu être identifié. Sur la face orientale du site, relevons également la présence du lieu-dit “La Roche-Bertrand ”, la forme “roche” qualifiant aussi bien des maisons nobles régionales que des structures trogolodytiques. Les autres lieux pour lesquels des pièces d’archives ont été retrouvées sont aujourd’hui des ha- 82- Hommages Alphonse de Poitiers. 83- Barbier 2009. 84- AD Deux-Sèvres, 3 P 352. 85- AD Vienne C 529. Au xviie s., le fief est aux mains des familles Boutou (AD Vendée E 75-76) et Gautereau, seigneurs de Mons, puis à partir du milieu du xviiie s., des familles Caille, seigneurs de Maillé, et Viault, seigneurs de Badie. Aquitania, 25, 2009 meaux ou des écarts voisins. C’est le cas d’Épannes86, Coursay (fief de la Motte de Coursay)87, Les Groies88, La Dent89 et La Motte de Mouzay90. Ils correspondent à une ou plusieurs seigneuries, dont les biens temporels peuvent jouxter la fouille de la Vallée de Faye. Même s’il peut subsister d’autres pistes non explorées, les chances de découvrir le nom originel et les possesseurs primitifs de l’habitat de la Vallée de Faye apparaissent bien faibles. Comparaisons et essai d’interprétation (L. Bourgeois, A. Bolle) L’analyse de l’habitat médiéval de la Vallée du Faye s’avère relativement difficile, en raison de l’arasement du site : l’absence d’élévations et de niveaux d’occupation conservés, la fouille partielle des négatifs et la représentativité sans doute imparfaite des lots de mobiliers collectés limitent en effet toute recherche comparative et toute tentative d’interprétation socio-économique. Implanté le long d’un chemin du haut Moyen Âge, voire d’époque gallo-romaine, il s’inscrit dans un parcellaire antérieur. Si le site est établi aux confins de deux paroisses, il ne résulte donc vraisemblablement pas d’une opération de mise en valeur de terres auparavant incultes. Le petit cimetière de la fin de l’époque mérovingienne ou du début de l’époque carolingienne découvert le long du “Petit Chemin de Faye” signale d’ailleurs la proximité d’un habitat antérieur mais il existe une solution de continuité entre les deux occupations. La chronologie des enclos médiévaux de la Vallée de Faye demeure assez imprécise. Des indices assez ténus nous invitent à identifier les occupants comme des membres des couches inférieures de l’aristocratie, ce qui nous a amenés à centrer l’étude documentaire sur les fiefs de Villiers-en-Plaine et de Faye-sous-Ardin. La vaisselle n’apporte guère d’informations dans ce domaine. Elle ne se caractérise ni par la présence d’instruments de préparation privilégiés (des mortiers en pierre, par exemple), ni par une 8687888990- AD Deux-Sèvres, E 255-266. AD Deux-Sèvres, E 420. AD Deux-Sèvres, E 290. AD Maine-et-Loire, 163 H (1574-1764). AD Deux-Sèvres, E258 ; AD Vienne C 361. 285 286 Aquitania, 25, 2009 forte proportion de récipients de table (verrerie à boire, etc.), ni par un important pourcentage de glaçures. Le petit lot de pièces métalliques est plus riche en enseignements, puisqu’il laisse percevoir la présence du cheval (mors de bride, fers et clous de ferrage) et d’une forte proportion d’armes de traits au sein du mobilier en fer (pointes de flèches et carreaux d’arbalète). Ces derniers éléments peuvent aussi bien constituer des instruments guerriers que des accessoires de chasse. À une époque où le droit de chasse paraît moins fermement réservé que dans les siècles postérieurs, la présence de ces pièces ne constitue pas à elle seule un indice totalement fiable du caractère privilégié de l’occupation. La découverte d’une plaque de broigne fournit un meilleur argument : ce vestige d’un haubert atteste la présence de cette coûteuse pièce d’armement défensif91. A contrario, les jeux sont limités à un tablier de marelle, ce qui ne constitue pas un argument d’occupation élitaire (au contraire des échecs et du trictrac)92. Les dents de peignes à carder et le lissoir de verre – si cet accessoire est bien lié à la préparation des tissus – témoignent d’activités textiles (et féminines) classiques dans les habitats ruraux médiévaux. On note toutefois l’absence des habituelles fusaïoles. La métallurgie est représentée par une enclume sommaire. Les modestes échantillons fauniques provenant des silos (138 restes déterminés) présentent un caractère habituellement rapporté aux occupations élitaires : la domination du porc (en nombre de restes) ou du bœuf puis du porc (en poids de restes) au sein de la triade domestique. La faune chassée n’est représentée que par la caille des blés mais la taille du lot ne permet pas d’assurer l’absence de venaison, la faune sauvage représentant souvent moins de 1 % des restes dans les sites élitaires de cette époque mieux conservés. Le spectre faunique du souterrain de Villiers-enPlaine (268 restes déterminés) pose plusieurs problèmes d’analyse mais ce lot correspond probablement à des conditions de dépôt et de conservation particuliers, avec de fortes possibilités d’intrusions. La domination des caprinés (23,4 % du NR de la triade domestique) n’est caractéristique ni des habitats ruraux contemporains de la région, ni des implantations élitaires. De même, la forte présence des lagomorphes (près de 27 % des restes déterminés) invite à se deman- 91- Bourgeois 2009, 200-201. 92- Bourgeois 2002 et 2009, 489. Annie Bolle et al. der si l’emprise de l’enclos circulaire n’a pas été réutilisée en garenne, phénomène observé à plusieurs reprises après l’abandon ou le déplacement d’implantations élitaires93. Enfin, on note un pourcentage notable d’équidés – chevaux et asinés – dans ce lot. L’habitat de Villiers-en-Plaine peut être comparé à quelques implantations contemporaines qui intègrent un bâtiment central à un enclos fossoyé, maçonné ou palissadé, doublé ou non d’un fossé. Deux opérations très récentes fournissent des parallèles pour le CentreOuest de la France, la fouille de Saint-Projet-SaintConstant (Charente) a livré un bâtiment maçonné de 50 m2, installé dans un enclos plus ou moins circulaire94. À Sainte-Hermine-Le Champ de Lise (Vendée), un bâtiment sur solin de pierre probablement muni d’un étage (50 m2 au sol) s’inscrit dans un enclos fossoyé en U largement ouvert au nord-est95. Dans une aire géographique plus large, d’autres établissements de même nature ont fourni des vestiges en bois bien conservés. C’est le cas du site de La Mothe à Pineuilh (Gironde) dans son premier état (à partir de 978), dont le bâtiment central sur poteaux était accessible par un pont jeté sur un fossé en eau bordé d’une palissade96. En Allemagne, les deux premières phases du célèbre site d’Husterknupp fournissent une image assez semblable97. Plus récemment, la fouille de Haus Meer a également livré une petite enceinte ovale dans laquelle s’entassent six bâtiments en bois98. Sans prétendre à l’exhaustivité, signalons encore pour la moitié nord de la France le site d’Ingré-les Rousses (Loiret)99 et le bâtiment fossoyé associé à un porche monumental partiellement dégagé à Méaulte (Somme), juxtaposé à un hameau également fossoyé100. L’enceinte palissadée du Burgknapp de Heinstert (Grand-duché de Luxembourg), qui s’ouvre également par une tourporche en bois, abritait une probable tour de 7 m de 93- Par exemple à Andone (Charente), où une garenne est construite dans l’emprise du castrum comtal déserté (Bourgeois 2009, 114-117) et probablement à Décines-Charpieu (Rhône) : Bouvier et al. 1992. 94- Cornec, rapport en cours. 95- Vialet 2008 et rapport en cours. 96- Prodéo et al. 2006 ; Prodéo 2007. 97- Herrnbrodt 1980 ; Friedrich 1994. 98- Janssen 1999. 99- Jesset 2004a et b. 100- Billand et al. 2005, 114-115 ; Catteddu 2009, 42. Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) Aquitania, 25, 2009 F. Bambagioni Inrap 2009 ——— Fig. 42. Hypothèse de restitution de l’enclos médiéval et du bâtiment dans l’enceinte annulaire (Fl. Bambagioni). ——————— côté101. On pourra également associer à cette série de petites enceintes annulaires de terre entourant étroitement un bâtiment d’habitation, comme à Mirville (Seine-Maritime)102. Tous ces sites de la fin du xe siècle et du xie siècle invitent à revenir sur la nature des modestes enceintes circulaires médiévales qui ont donné lieu à partir des années 1960 à des typologies fonctionnelles réalisées la plupart du temps sans fouilles et sans sériation chronologique103. L’importance numérique de cette catégorie a sans doute été sous-estimée lors des opérations d’archéologie extensive, en recevant souvent les qualificatifs de “motte arasée” ou de “maison forte”104. Si dans d’autres régions ou pour des périodes postérieures, ces petites enceintes ou enclos ont pu abriter des habitats ruraux, des activités métallurgiques voire des enclos à bétail105, les comparaisons fournies ci-dessus correspondent toutes à des implantations élitaires précoces. 101- Le Maho 1984, phase VIII. 102- Voir le bilan dressé en 1980 (Decaëns 1981) et les critiques de Zadora-Rio 1985. 103- Par exemple, M. Brand’honneur pour le Rennais qualifie systématiquement de mottes des anomalies circulaires dont les superstructures ont dans les trois quarts des cas disparu. 104- Décaëns 1968 pour la Normandie, Brand’honneur 2001, 38-39 pour le Val-de-Loire, Meuret 1993, 561-570 pour les confins Anjou-Bretagne, etc. 105- Nibodeau 2007, bâtiment 3. Certaines ont postérieurement été emmottées (Heinstert, Mirville, etc.) mais il ne s’agit pas à l’origine de mottes castrales stricto sensu. Quelques détails structuraux invitent toutefois à nuancer l’homogénéité de cette série, mais les conditions géologiques et topographiques locales, des spécificités régionales de l’architecture et du droit féodal semblent avoir engendré de nombreuses variantes à partir d’un principe commun. Les fossés d’abord, dont la présence n’est pas systématique et l’ampleur fort variable : le vaste creusement de Méaulte (3,80 m de large pour 2,50 m de profondeur) ou les systèmes fossoyés en eau de Pineuilh ou de Haus Meer constituent des obstacles réels par rapport aux limites très symboliques (et interrompus au niveau de l’entrée) reconnus à Villiersen-Plaine ou à Sainte-Hermine. Le bâtiment central de la Vallée de Faye, même s’il a en grande partie disparu, semble avoir fait largement appel à la maçonnerie de pierre, ce qui sort de la norme des habitats ruraux contemporains dans le Centre-Ouest de la France, d’autant que les blocs calcaires bruts à joints vifs ou liés à la terre interviennent également en masse dans les enclos associés. Nous demeurons mal renseignés sur la chronologie de l’usage de la pierre pour les murs parcellaires et la construction des maisons rurales mais il ne semble devenir fréquent qu’à partir du xiiie siècle. Le bâtiment et l’enclos de Villiers-en-Plaine ne constituent malgré tout pas un unicum puisque la fouille ré- 287 288 Aquitania, 25, 2009 cente de Nancras-la Coudrée (Charente-Maritime) a par exemple révélé un bâtiment en pierre de plan complexe et muni de vitrages au sein d’un habitat rural du xe siècle 106. La présence d’une annexe souterraine sous le bâtiment principal peut également constituer un élément discriminant. Il découle d’ailleurs probablement de l’extraction du calcaire pour la construction de l’habitation. L’absence fréquente de mise en relation des structures souterraines et des structures aériennes dans les recherches archéologiques limite l’étude comparée de cette partie enterrée, l’association complexe souterrain – résidence élitaire médiévale étant toutefois attestée précocement107. On retrouve la présence de cette association dans plusieurs sites régionaux fouillés récemment : à Saint-Projet-Saint-Constant, le bâtiment central de l’enclos surmonte, comme à Villiers-enPlaine, une structure troglodytique. Le plus ancien logis du petit château de Chiré-en-Montreuil (Vienne) est établi dans la seconde moitié du xie siècle sur un réseau souterrain associé à un puits108. À Distré (Maine-etLoire), site ouvert mais que son mobilier distingue assez nettement du commun des habitats des environs de l’an mil, une modeste structure souterraine est également associée à une maison à pignon de pierre109. Ces différents types de structures, encore mal connus et modestes par rapport aux grands classiques de l’habitat élitaire, demanderaient une recherche plus soutenue au cours des prochaines décennies. conclusion (A. bolle) La fouille du site de la Vallée de Faye indique une fréquentation ancienne de ce lieu par la présence d’outils du Paléolithique et du Néolithique. L’attribution de structures à cette dernière période reste hélas incertaine. Ce n’est qu’à partir de la période gauloise (La Tène D1) que l’occupation est bien identifiée. Ce site d’habitat reste classique quant au type de structures et de mobilier, fréquemment rencontrés dans les établissements ruraux de cette période. Peu de ces sites ont été fouillés dans notre région, ainsi que l’indique le bilan publié à 106107108109- Piboule 1990. Bouvart et al. 2005. Valais 1997 ; Gentili & Valais 2007. Fouille 2008, rapport en cours. Annie Bolle et al. l’occasion des journées de l’AFEAF tenues à Chauvigny. Si le haut Moyen Âge paraît faiblement représenté, en termes de mobilier notamment, c’est probablement parce que l’emprise de la fouille n’a permis d’aborder que les marges d’un habitat (champs, zone funéraire, enfouissement d’un cheval en limite interne d’un enclos). Cet habitat se développe très certainement au sud de l’emprise de l’autoroute, mais sa localisation n’a pu être précisée malgré une observation attentive des photographies aériennes. Il n’a ainsi pas été possible de déterminer s’il existe un hiatus entre cette occupation et celle du xie siècle. Le petit ensemble funéraire s’intègre à une série de sites du haut Moyen Âge, récemment fouillés dans la région, où les morts sont souvent en périphérie de l’habitat et fréquemment alignés. La zone funéraire n’est pas exhaustivement connue et se prolonge au sud du tracé autoroutier. La fouille récente d’E. Barbier110 sur le village très proche de Faye-surArdin a permis d’observer des bâtiments et des sépultures de part et d’autre du même chemin. L’occupation bien plus longue sur ce site est datée du viiie siècle (peut-être antérieur ?) jusqu’au xiie siècle. Elle se situe topographiquement en marge du village actuel et à proximité de l’église et de son cimetière. L’habitat de la Vallée de Faye présente une forme originale avec un bâtiment maçonné installé dans un enclos annulaire, au sein d’une plus vaste clôture ouvrant sur le chemin. Ce plan, associé à la présence d’un souterrain, ainsi que certains indices du mobilier nous ont amené à nous interroger sur le statut social des occupants du site : riches paysans ou pauvres aristocrates ? Fl. Haufeuille a récemment montré les dangers d’une interprétation du statut social des occupants d’un site d’après la seule étude du mobilier. La qualité architecturale et le matériel recueilli sur le site de Graulière (Flaugnac, Lot), indiquant à première vue un statut privilégié, voire aristocratique, comparés à la documentation écrite permettant d’identifier les habitants, montrent que ceux-ci ne sont en fait que des serfs “questaux”. En Poitou-Charentes, les données archivistiques restent rares, souvent inexistantes ou imprécises, de sorte que de telles vérifications sont impossibles. 110- Fouille 2008, rapport en cours. Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres) L’étude du mobilier, avec toutes les réserves émises quant au statut des personnes, reste le moyen principal d’approcher le mode de vie des occupants d’un site. À l’exception des empreintes (de textile ou de poils) observés sur les parois du souterrain, les conditions de préservation n’ont pas permis de retrouver les objets en bois, en cuir, en textile, part évidemment importante de l’équipement d’un habitat. L’étude du mobilier métallique et de la faune de la Vallée de Faye met en évidence l’importance des activités agricoles. Cet habitat est avant tout un domaine agricole, présentant des activités diversifiées (chasse notamment). Le site est abandonné dans le courant du xie siècle (avant le xiie) sans qu’il soit possible d’avancer une explication à cette désertion. Quelques tessons indiquent une fréquentation ponctuelle du site dans le courant des xiiie et xive siècles, vraisemblablement en relation avec le chemin qui a perduré finalement jusqu’à la construction de l’autoroute. L’habitat du xie siècle avec son grand enclos ouvrant sur le chemin, s’inscrit dans un système parcellaire qui paraît stable depuis le haut Moyen Âge (probablement l’Antiquité) et qui se pérennise par la présence du chemin, élément structurant du terroir. Aquitania, 25, 2009 Bibliographie André, M. (1992) : Sainte-Hermine, La Papaudière (Vendée), rapport de sauvetage programmé, SRA des Pays de la Loire, Nantes, 2 vol. Arrignon, C., M.-H. Debiès, M. Galderisi et E. Palazzo, éd. (2005) : Cinquante années d’études médiévales : à la confluence de nos disciplines, actes du colloque de Poitiers, 1er-4 septembre 2003, Turnhout. Aubourg V. et D. Josset (2003) : “Le site du promontoire du château de Blois du VIIIe au XIe siècle (Loir-et-Cher). 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