Aquitania, 25, 2009, p. 233-291
Annie Bolle, Flavien Bambagioni,
Luc Bourgeois, Alain Champagne,
Bernard Farago-Szekeres, Pierrick Fouéré,
Mathieu Linlaud, Stéphane Frère,
Jérôme Pascal, Brigitte Véquaud
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine
(Deux-Sèvres) : enclos et cimetière
du haut Moyen Âge, habitat du xie siècle
Résumé
AbstRAct
Le site de la Vallée de Faye a été découvert lors des prospections archéologiques réalisées à l’occasion de la construction de l’autoroute A83. Le site a livré des occupations diachroniques qui se prolongent au-delà de l’emprise de la
fouille : établissement gaulois, enclos et cimetière du haut
Moyen Âge et un habitat du xie siècle. Le présent article se
concentre tout particulièrement sur les installations médiévales et notamment sur l’habitat du xie siècle, dont la forme
présente des particularités : bâtiment construit sur un souterrain, entouré d’un enclos circulaire et d’un plus vaste enclos
installé au bord d’un chemin. Ce plan assez particulier est
l’objet d’un questionnement sur le statut de ses occupants.
Après une tentative d’interprétation de l’architecture des différents bâtiments, très arasés, une approche des données archivistiques et différentes études de mobilier sont présentées
(métal, céramique et faune). Un essai de caractérisation de ce
site et de ses occupants est proposé au regard des études interdisciplinaires et de comparaisons régionales et européennes.
The site of the Valley of Faye was discovered during the
archaeological prospections realized on the occasion of the
construction of the highway A83. The site revealed diachronic occupations that go on beyond the excavation area : a
Gallic settlement, a fenced enclosure and a cemetery from
the Early Middle Ages and habitat from the 11th century. The
present article focuses particularly on the medieval installations especially on the domestic environment of the 11th century, the shape of which presents peculiarities: building erected over an underground passage, surrounded by a first
circular enclosure and a second large one laid at the edge of
a track. This rather exceptional plan raises the question of
the status of his occupants. This paper proposes an interpretation of the architecture of the various buildings despite
they poor conservation conditions, an introduction of the archival data and various studies of the recovered artefacts
(metal, ceramic and fauna). Interdisciplinary studies associated with regional and European comparisons allow then a
characterization of this site and of his occupants.
mots-clés
KeywoRds
Habitat, cimetière, enclos, chemin, souterrain,
Néolithique, la Tène D1, haut Moyen Âge, Moyen Âge,
verre, lithique, céramique, métal, faune.
Housing environment, cemetery, enclosure, road, underground passage, Neolithic, la Tène D1, Early Middle Ages,
Middle Ages, glass, lithic, ceramic, metal, fauna.
234
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
Massif Armoricain
Fontenay
Les Sables
Vallée de Faye
Marais Poitevin
Niort
La Rochelle
0
20
km
D'après Service archéologique départemental de la Vendée
E. BERNARD 1997
———
Fig. 1. Localisation du site.
———————
introduction (A. bolle)
Conditions de l’intervention,
moyens et méthode mis en œuvre
La construction de l’autoroute A83 NantesNiort a suscité un nombre important d’opérations
archéologiques préventives. C’est à l’occasion des
diagnostics réalisés sur l’emprise du tracé que le site
de la Vallée de Faye a été repéré en 1999. La fouille
a révélé une superposition d’occupations, notamment celle d’un établissement gaulois et d’un site
médiéval, tous deux installés sur le point haut d’une
petite butte.
La quantité considérable de structures observées
(plus de 1000) n’a pas permis une fouille exhaustive
du site, le planning des terrassements ne pouvant
être retardé. La fouille, qui s’est déroulée d’avril à
juillet 1999 avec une équipe de 5 personnes, a
concerné une superficie de 2 ha séparée en deux
zones par le tracé d’une route conservée durant la
totalité des travaux (zone 1 au nord et zone 2 au sud
de cette route).
La réalisation d’un plan complet du site a été une
des priorités de l’opération archéologique. Un nettoyage manuel a permis d’identifier les structures
parmi les diaclases et anomalies du terrain. Les objectifs ont été de définir, pour chaque phase, le type
d’occupation, son étendue et les éléments de datation. Des prélèvements de sédiment ont été effectués dans la plupart des structures fouillées afin de
recueillir des données paléo-environnementales.
Après tamisage, le résultat est décevant. On note
l’absence de graines, même dans les prélèvements recueillis au fond des silos. Les charbons de bois sont
peu abondants et n’ont permis qu’une approche anthracologique qui confirme les données connues sur
l’évolution du paysage aux abords du marais poitevin au Moyen Âge (étude réalisée par Ph. Poirier,
INRAP).
Le contexte géographique
Le site de la Vallée de Faye, à 11 km au nordouest de Niort, occupe le sommet d’un plateau à
69 m NGF, point haut de la plaine calcaire niortaise. Le substrat est constitué d’un calcaire du
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Jurassique moyen, essentiellement bathonien, recouvert ponctuellement d’une couche argilo-limoneuse de teinte orangée. Le calcaire est fracturé,
des cuvettes de dissolution et un réseau de diaclases sillonnent la surface du rocher. Ces cuvettes
et diaclases possèdent un comblement brun à orangé, mélange d’argile de décalcification et de limons
où l’on rencontre fréquemment des pisolithes ferrugineux.
Située aux confins du Bassin aquitain et du
Massif armoricain, la plaine de Niort correspond
Aquitania, 25, 2009
depuis longtemps à une zone de frontière
géographique et historique. Au nord, sur les terres
acides, s’étend un paysage de bocage et un habitat
dispersé. Au sud, les terres sont fertiles et les
champs à vocation céréalière sont ordonnés en
parcellaire laniéré organisé autour du réseau viaire
(cadastre de 1834, fig. 2). L’habitat y est de type
groupé et la Vallée de Faye se trouve à égale distance
entre les villages de Faye-sur-Ardin au nord et de
Villiers-en-Plaine, au sud, reliées par un chemin
dont l’origine est gallo-romaine.
59,1
56,3
60
55,6
59,3
54,2
56,5
56,2
58,5
57,2
53,2
52,6
56,7
58,8
55,5
60,4
54
56,4
60
57,7
60,8
60
63,6
62,4
63,1
66,4
68,3
68,5
68,3
68,2
69
67,4
69,6
69,2
67,8
68,3
66,7
67,8
66,3
66,7
66,2
63,7
66
65
65,4
63,6
65
64,1
65,3
63,5
63,7
62,7
Fond cadastre napoléonien
Échelle 1/10 000.
Emprise de l'A83
Emprise archéologique
Fossés
Courbes de niveau
63,5
Altitude NGF
0
100 m
200 m
50m
———
Fig. 2. Le site archéologique : zone décapée, emprise
de l’autoroute sur fond cadastral du XIXe siècle.
———————
235
236
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
un secteuR Anciennement occupé
Réemploi ou collection : éléments de
réflexions sur la présence d’outils lithiques
sur un site historique (P. Fouéré)
———
Fig. 3. Vue aérienne du site (H. Paitier).
———————
La ville de Niort, très proche, est un port, antique puis médiéval, très actif sur la Sèvre Niortaise
qui traverse le marais poitevin, ancien Golfe des
Pictons. Les découvertes archéologiques attestent
d’importantes occupations sur le pourtour du marais, avec notamment l’une des agglomérations les
plus précoces de la région au premier âge du Fer, au
Coteau de Montigné à Coulon.
Dans cet environnement densément occupé, le
site de la Vallée de Faye présente des indices d’occupations préhistoriques dont témoigne du mobilier
lithique. Un établissement gaulois s’installe vers la
fin du iie siècle et le début du ier siècle avant notre
ère. Après son abandon, le site est traversé par un
chemin, élément structurant du paysage et des occupations qui se succèderont durant le Moyen Âge.
Après avoir rapidement esquissé les premières
occupations du site (Néolithique ? et La Tène D1),
nous présenterons les éléments rattachés au haut
Moyen Âge : groupe funéraire, enclos et parcelles organisées autour d’un chemin dont l’origine est vraisemblablement antique. L’absence d’habitat sur la
zone fouillée, explique la pauvreté quantitative de
mobilier de cette période. L’article s’attachera ensuite à définir l’habitat du xie siècle, le plus représenté dans la zone fouillée. En croisant différentes approches : études de mobilier (céramique, métal,
faune), études archivistiques et comparaisons avec
d’autres sites, nous tenterons de caractériser les habitants de ce site.
La présence de mobilier lithique incite à considérer la présence sur place ou à proximité d’un site préhistorique. 137 objets, représentant près de 2 kg,
composent cette série. Les pièces entières en représentent seulement un tiers, les autres objets étant
soit fragmentés, soit non identifiables. Certaines
pièces très altérées ont, par leur facture, probablement une origine paléolithique. D’autres, par leur
typologie, sont sans conteste néolithiques tandis que
la plupart des éléments débités peuvent trouver leur
place dans toute période préhistorique voire protohistorique. Ces objets ont été découverts en position
secondaire dans les structures médiévales (50), modernes (41), gauloises (21) ou antiques (2), le reste
provenant de contextes non datables ou hors stratigraphie. Une forte hétérogénéité de l’assemblage originel est donc à envisager. Il ne pourra s’agir ici que
d’un témoignage d’une ou plusieurs occupations anciennes, sur ou à proximité immédiate du site. La
fosse F29 qui a livré quelques tessons de céramique
modelée atypique et un peu de silex pourrait s’inscrire dans ces contextes.
Les matières premières sont assez diversifiées,
privilégiant les silex bajociens ponctués locaux et divers faciès jurassiques, mais on remarque également
un fragment de poignard en silex de la région du
Grand-Pressigny, cinq pièces en meulière (bassin de
Saint-Maixent) trois pièces en silex crétacé
(Saintonge ?), un éclat en microquartzite type
Montbert et un broyon de meule en dolérite.
Les méthodes et techniques de débitage n’appellent guère de commentaire compte tenu de l’hétérogénéité de la série. L’outillage comprend 27 éléments
retouchés. Les grattoirs (9), parfois à esquillage latéral, représentent la majeure partie de l’ensemble et
deux pièces peuvent être assimilées aux racloirs. Le
reste de la série comprend un perçoir épais sur support laminaire, deux pièces à encoche, une armature
à ailerons et pédoncule vraisemblablement façonnée
dans un silex du Crétacé supérieur, une pièce bifaciale grossièrement façonnée, un fragment mésial de
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
poignard à dos poli en silex du Grand-Pressigny et
un broyon de meule, probable galet en dolérite.
Certains éléments à caractère chrono-culturel
méritent d’être relevés : le fragment de poignard appartient sans conteste à l’origine à un horizon
Néolithique final, de même que la pièce bifaciale et
la flèche à ailerons et pédoncule, cette dernière pouvant cependant perdurer en contexte Bronze ancien.
Les grattoirs sur support laminaire avec esquillage latéral semblent assez courants, sans être exclusifs,
dans le Néolithique récent-final picto-charentais.
Toutefois, on ne peut totalement exclure une utilisation occasionnelle du silex pendant les époques
historiques et la présence de quelques remontages
provenant des niveaux du chemin en est peut-être
une illustration. Sans parler des classiques pierres à
fusils de l’époque moderne, le silex entre comme
composante principale du briquet avec le fer ou
l’oxyde ferreux et a été utilisé à toutes les époques.
Les arêtes tranchantes des éclats ont pu de tout
temps servir de couteau de fortune. Les haches polies, souvent intactes dans les sites historiques, trouvaient peut-être un réemploi comme simple objet de
curiosité, comme cela a pu être le cas pour la pointe
de flèche et le fragment de poignard provenant des
structures médiévales du site. La présence de silex
taillés dans les sites post-préhistoriques semble récurrente mais jamais décrite précisément, ces objets
étant souvent considérés comme intrusifs. Les éléments de comparaison directs sont par conséquent
inexistants et les quelques objets de la Vallée de Faye
représenteront peut être une première base de réflexion.
Un établissement rural gaulois
(A. Bolle, J. Pascal)
L’occupation gauloise est caractérisée par un
grand enclos ovalaire (20) qui se prolonge au nord
de l’emprise de l’autoroute. La restitution de son tracé, d’après photographies aériennes, permet de proposer une superficie d’environ 10 000 m2, dont
7 000 m2 observés sur la fouille. L’enclos est fermé
par un fossé large de 2 à 3 m à l’ouverture, à parois
obliques et fond plat, bordé d’un talus interne. La
profondeur conservée du fossé varie de 1 m à 1,30 m.
Son comblement a livré un lot de céramique daté de
la Tène finale (la Tène D1 120/70 a.C., étude de
Aquitania, 25, 2009
J. Pascal) et une faune abondante (datation radiocarbone Miami Beta-139718 : 2090 +/- 40 BP, âge calibré
170 à 50 BC, pic de probabilité à 100 BC).
Comparativement à celle d’autres sites, la céramique
reflète une occupation relativement peu dense, perdurant quelques générations seulement. La présence d’éléments typiquement augustéens (amphore
Pascual 1, gobelet “type Beuvray”) atteste la présence
d’une phase augustéenne, quantitativement faible et
de datation précoce (antérieure à notre ère), confirmée par le phasage du comblement des fossés.
Plusieurs bâtiments (au moins trois ensembles
cohérents) s’organisent à l’intérieur et à l’extérieur
de l’enclos, contre lequel se rattachent des fossés annexes. La céramique est caractéristique d’un milieu
d’habitat. Elle est essentiellement à usage culinaire
et comporte des amphores vinaires italiques. Peu
d’éléments illustrent les activités agro-pastorales. Les
outils en métal sont quasiment inexistants, à l’exception d’une hache à douille. Seule une fibule de
Nauheim (= Feugère 5a) a été recueillie dans le silo
médiéval 535. L’étude archéozoologique met en évidence un élevage à vocation bouchère avec une production majoritaire de bœufs, puis de moutons et
de porcs. L’étude anthracologique révèle l’utilisation
privilégiée de chênes et de hêtres, indices de la proximité de forêts préservées.
Cet habitat s’intègre dans le vaste système d’occupation et d’exploitation de la plaine sud-vendéenne à la période laténienne mis en évidence par
les prospections aériennes et dont de nombreux éléments (fermes gauloises) ont été explorés depuis
1989 et les travaux d’archéologie préventive liés à la
construction de l’autoroute A831.
Le petit chemin de Faye (A. Bolle)
Un chemin, d’orientation nord-sud, traverse
l’enclos gaulois alors que le fossé 20 est comblé. Il
participe probablement à un réseau de voies de circulation, auquel appartient le chemin Chevalleret,
situé à 400 m au nord du site, perpendiculaire à
notre chemin et signalé comme possible voie antique2. Le chemin perdure jusqu’à une date très récente ; il relie Villiers-en-Plaine à Faye-sur-Ardin. Il
1- Maguer et al. 2009.
2- Données Patriarche, Service Régional de l’Archéologie,
Poitou-Charentes.
237
238
Aquitania, 25, 2009
est encore signalé sur le cadastre de 1834 et mentionné en 1808 dans les délibérations municipales
comme “Petit chemin de Faye”3.
La fouille a mis en évidence deux tracés parallèles qui se sont succédé (fig. 14). Le premier chemin
est celui situé le plus à l’est. Son tracé est repérable
par la présence d’ornières entaillant le rocher et par
un niveau compact gras, brun sombre. Des cailloux
de module variable ont été ponctuellement ajoutés
en recharge. Sa largeur est de 3,30 m, mais l’observation des coupes permet de restituer une bande de
roulement atteignant 4,20 m. Il est bordé à l’est par
un fossé interrompu (26, 22, 1010), puis par le mur
1013 (= 1118) qui n’est que partiellement conservé
en zone 2. Les éléments de datation permettant de
proposer une évolution chronologique des différents états du chemin sont rares et le risque d’éléments résiduels est fort compte tenu de la superposition du site à une ferme gauloise. Toutefois,
quelques tessons de céramique recueillis dans le
comblement du fossé (22) bordant ce premier chemin suggèrent un abandon des fossés bordiers au début du haut Moyen Âge, peut-être remplacés par des
murets conservés en zone 2 (1013, 1014).
L’effondrement sur la chaussée du mur bordier
ouest (1014, 2505) semble être à l’origine de la création d’un nouveau tracé. Il est clair que le premier
chemin est totalement désaffecté au xie siècle,
lorsque l’enclos de l’habitat médiéval (2510) est
construit.
Le chemin 2 est donc construit à l’ouest du premier chemin. Le mobilier recueilli correspond à sa
dernière phase d’utilisation (fer à bœuf, etc.) et n’apporte aucun élément sur la date de sa construction.
Le chemin 2 ne présente pas de différence notable
par rapport au précédent. Dans la partie sud de la
fouille (zone 2) son tracé est très régulier. Il est bordé
à l’ouest par un premier fossé 1011. Ce fossé comblé
est remplacé au xie siècle par le fossé 1015, qui le
longe à l’ouest et s’interrompt, laissant place à un
silo (1016) qui recoupe le tracé du premier fossé
(1011) sans toutefois empiéter sur la chaussée du
chemin. Dans la partie nord, le chemin bordé par le
fossé 675 s’élargit vers l’ouest, comme s’il précédait
une intersection en patte d’oie – mais on ne trouve
aucun indice d’un second chemin dans le parcel-
3-
Archives départementales des Deux-Sèvres, 3 O 1900.
Annie Bolle et al.
laire. Il est beaucoup plus vraisemblable que cet aménagement marque un accès à l’habitat qui s’implante
là au xie siècle.
l’occupAtion du hAut moyen Âge
Des parcelles organisées autour du chemin ?
Dans la partie sud de la surface décapée (zone 2),
un ensemble de fossés peu profonds délimite des
parcelles, organisées le long du premier chemin
(fig. 4). Quelques recoupements indiquent que tous
n’ont pas existé en même temps. La taille des parcelles est, du fait de ces recoupements, assez peu aisée à définir, même s’il n’est pas exclu que des recreusements aient été nécessaires épisodiquement
afin que les limites restent marquées. En effet, ces
fossés présentent des profils ouverts et sont peu profonds. Il s’agirait donc plus d’entretiens que de recoupements diachroniques. Le mobilier recueilli
dans ces fossés est peu abondant, mais compte
quelques tessons caractéristiques de la période carolingienne (vase réserve à pâte chamottée et décor de
losanges à la molette). Une superposition du cadastre de 1834 au plan de la fouille met en évidence
la pérennité de ce parcellaire organisé en fonction
du chemin (fig. 2).
L’habitat du haut Moyen Âge n’a pas été repéré
dans l’emprise de la fouille, mais pourrait se situer à
proximité du tracé de l’autoroute, ainsi que le suggère la présence d’un enclos partiellement observé
en limite sud-est de la zone décapée et en bordure
duquel sont identifiées des structures du haut
Moyen Âge et une petite zone funéraire.
L’enclos (A. Bolle, St. Frère)
Cet enclos est fermé par le petit fossé 18, large de
0,70 m et d’une profondeur conservée de 0,30 m
seulement (fig. 5). Le comblement, constitué d’un
limon brun clair, ne révèle la présence d’aucune palissade. Le fossé a été observé sur 130 m de long. Il
présente un tracé rectiligne avant de s’incurver nettement vers le sud à son extrémité ouest. Son prolongement au sud de l’emprise n’est pas connu et il
n’apparaît sur aucune des photographies aériennes
consultées.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Aquitania, 25, 2009
239
Structures gauloises
Structures médiévales
Structures de l'Antiquité tardive
ou du Haut Moyen Âge.
3599
Structures indéterminées
Sépultures
0
25m
Villiers-en-Plaine. Vallée de Faye.
79351021 AH
Infographie Fl. Bambagioni © INRAP 1999-2008
———
Fig. 4. Plan général du site par phases d’occupation.
———————
Les quatre sondages réalisés n’ont permis de recueillir aucun mobilier dans ce fossé recoupé par le
creusement du fossé 420 au xie siècle. D’après ses caractéristiques – profil et comblement – ce fossé diffère sensiblement des fossés gaulois identifiés sur le
site et doit être mis en relation avec le réseau parcellaire, la portion rectiligne du fossé s’inscrivant dans
l’orientation générale de celui-ci.
Son attribution à la phase carolingienne est également liée aux structures le bordant au sud, soit du
côté interne de l’enclos. Ces structures sont concentrées en deux zones distinctes, la première se situe
dans l’angle nord-ouest de l’enclos et comprend des
fosses ; la seconde zone se situe en limite sud-est de
l’emprise de la fouille et correspond à un petit ensemble funéraire.
Cinq fosses et sept trous de poteaux ont été observés dans l’angle de l’enclos, en limite d’emprise
(fig. 5, 904 à 910, 957 et 968 à 971). Les fosses présentent une forme ovale et une profondeur conservée variant de 0,30 à 0,40 m. Leur comblement limoneux brun clair est proche de celui du fossé 18.
Seul le remplissage d’une fosse (904) diffère : il comporte de nombreuses plaquettes calcaires et évoque
un remblaiement volontaire. La fosse 904 a servi de
sépulture à un cheval, dont le squelette a été maintenu par de grosses pierres qui le recouvrent. Le
crâne, l’atlas et l’axis sont absents. La position du
cou indique que ces éléments auraient dû se trouver
à l’extérieur de la fosse, à une altitude bien supérieure aux autres éléments du squelette ; il est donc
possible qu’ils aient été détruits par les labours. Les
dimensions restreintes de l’excavation ont conduit
le fossoyeur à briser les membres antérieurs de ce
240
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
0
50m
Sépulture de cheval
Fossé 18
998
Fossé 420
907
986
906
983
910
904
909
970
905
957
969
908
988
987
990 991 993
989
968
992 994
997
995
996
971
0
25 m
Infographie Fl. Bambagioni 1999-2008.
1403
borne
998
997
986
Fossé 18
987
Sep.1
988
Sep.2
Sep.4
993
989
Sep.5
990
Sep.6
995
991
996
Sep.7/9
992
994
0
5m
———
Fig. 5. Détail de la partie sud-orientale. Ensemble funéraire.
———————
Sep.8
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Aquitania, 25, 2009
———
Fig. 6. La fosse 904 trop étroite pour le cheval dont les jambes ont été brisées (Fl. Bambagioni).
———————
cheval au niveau des radius (fig. 6). Il s’agit d’un individu jeune, âgé de 24 à 42 mois et qui n’a donc pas
atteint sa morphologie adulte. Toutefois, les indications biométriques recueillies indiquent une hauteur au garrot minimale de 138 cm. Cette valeur, relativement élevée, reste conforme à la morphologie
des chevaux durant le haut Moyen Âge. Une analyse
radiométrique effectuée sur les ossements du cheval
permet de l’attribuer à la fin de l’époque mérovingienne (Tucson AA4492 – 1355 +/- 55 BP, âge calibré
602-776 AD).
Les tessons de céramique provenant du comblement de la fosse présentent des décors de molette
losangique et des formes (lèvres déjetées) caractéristiques des productions régionales du haut Moyen
Âge4.
4-
Véquaud 2010.
La zone funéraire (B. Farago-Szekeres)
Huit tombes, regroupant adultes et enfants et
toutes orientées est-ouest, sont alignées le long du
fossé et à l’intérieur de l’enclos 18, partiellement dégagé et attribué au haut Moyen Âge (fig. 5 et 7). On
remarquera toutefois – sans pour autant pouvoir
fournir d’explication particulière – que l’axe selon
lequel ces sépultures sont alignées diverge sensiblement de l’orientation générale du fossé qu’elles bordent. Ce petit ensemble funéraire est par ailleurs situé à l’extrême limite sud-est du décapage : il n’est
donc pas exclu qu’il se prolonge en dehors de l’emprise de la fouille. Quelques anomalies ont également été repérées à proximité des tombes : la morphologie et le comblement de ces poches de sédiment
241
242
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
voir, entame légèrement le substrat calcaire. Les
fosses sont plus ou moins ovalaires et présentent des
extrémités arrondies, deux tombes d’adultes adoptent un plan très légèrement trapézoïdal. Quel que
soit l’âge du défunt, la profondeur d’enfouissement
des corps semble à peu près constante.
———
Fig. 7. Alignement de sépultures en limite
de fouille, à gauche le fossé 18 (A. Bolle).
———————
évoquent plus de petites formations naturelles (diaclases de surface) que de réelles structures archéologiques (trous de poteau ou fosses). Enfin, la datation
radiométrique réalisée sur l’un des squelettes (sépulture 5) confirme sans ambiguïté que cet ensemble
funéraire se rattache bien à l’occupation du haut
Moyen Âge du site (Tucson AA34493 : 1295 +/- 50
BP, âge calibré 653-875 AD).
Toutes les sépultures ont subi un arasement important et rien ne subsiste d’une éventuelle signalisation au sol de la tombe. Il semble néanmoins évident, compte tenu de leur alignement et de la
superposition exacte de deux d’entre elles (sépultures 7 et 9) que leur emplacement devait être matérialisé. Le creusement de chaque fosse sépulcrale,
adapté aux dimensions du corps qu’elle doit rece-
Les différents squelettes épousent en général la
forme du fond de fosse – pas de mise à plat des ossements suggérant la présence d’un plancher durable – et les ossements sont souvent en contact direct avec la paroi rocheuse de la fosse : aucun indice
ne permet ici d’envisager la présence d’un contenant
en bois déposé ou aménagé dans la tombe. Les
connexions anatomiques sont dans l’ensemble strictement préservées – il n’y a cependant jamais de
pièces osseuses en situation de déséquilibre manifeste – mais on note çà et là quelques légers déboîtements (chute de la mandibule et d’une patella ainsi
que timide dislocation du rachis pour la sépulture 8 ; déconnection d’une clavicule, sépulture 7)
sans que ces mouvements outrepassent jamais le volume initial du cadavre. On hésitera donc ici entre
de véritables sépultures en plein terre – les infimes
mouvements enregistrés étant toujours possibles selon le type et la nature d’un éventuel enveloppement
du cadavre, linceul ou vêtement – ou des tombes à
l’intérieur desquelles un dispositif sommaire – couvercle de mauvaises planches – protège un temps la
dépouille et diffère quelque peu le colmatage de la
tombe.
L’examen des squelettes s’est limité à une estimation de l’âge pour les sujets immatures (stade d’éruption dentaire)5 et du sexe pour les adultes (morphologie de l’os coxal)6. L’état de conservation très
moyen des coxaux n’ayant pas permis l’emploi de
fonctions discriminantes, seuls certains des critères
morphologiques habituellement retenus ont pu être
utilisés : la diagnose sexuelle reste assez incertaine et
n’est donnée qu’à titre indicatif. Le petit ensemble
funéraire, qui compte une sépulture double, regroupe cinq adultes et quatre enfants : quatre
femmes et un homme (sous toute réserve), ainsi
qu’un(e) adolescent(e) d’une quinzaine d’années, un
enfant d’environ dix ans et deux autres plus petits
56-
Ubelaker 1978.
Bruzek 1991.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Aquitania, 25, 2009
mais dont l’âge n’a pu être déterminé (absence de
dents).
Toutes les fosses sont orientées et les défunts y
reposent tête à l’ouest. La position générale du corps
est assez variable : il peut être allongé sur le dos
membres inférieurs en extension (adultes des sépultures 1, 5 et 8 et enfants des sépultures 2 et 9), voire
membres inférieurs légèrement fléchis (enfants des
sépultures 4 et 7) ou bien couché sur le côté plus ou
moins en “chien de fusil” (sépulture 2 double). La
tête se présente de face (sépultures 6 et 8), de côté
(sépultures 1, 2, 4 et 5) ou en appui contre l’extrémité de la fosse (sépulture 9) et les membres supérieurs décrivent toutes les positions possibles entre
l’extension et la flexion complète.
Si ces différentes postures sont relativement courantes, on signalera cependant que certaines d’entre
elles s’expliquent mal si le corps était enveloppé
dans un linceul ou une pièce de tissu : jambe gauche
largement fléchie (sépulture 4), coude droit exagérément écarté du corps (sépulture 8), imbrication des
deux corps déposés dans la sépulture 2. Il semble
plus vraisemblable – même si rien dans la disposition des pièces osseuses ne permet d’en discuter et
qu’aucun accessoire vestimentaire n’a été retrouvé –
que ces défunts aient été inhumés vêtus.
Une des sépultures mérite une attention particulière. La sépulture 2 contient en effet deux corps allongés côte à côte (fig. 8 et 9). Une femme, couchée
sur le côté gauche, jambes fléchies, est tout d’abord
déposée au sud de la fosse. Un second corps, peutêtre masculin, vient la rejoindre dans l’espace restant au nord de la fosse et la posture générale de cet
homme, allongé sur le côté droit, semble s’adapter à
celle du corps déjà présent dans la fosse : ses deux
genoux viennent se loger sur la jambe gauche de la
femme et ses deux avant-bras, ramenés sous le menton, recouvrent la main droite de sa “compagne”.
Les deux défunts sont donc installés en vis-à-vis et
leurs visages se font face : bien qu’ils ne soient pas
véritablement enlacés, on a du mal à imaginer que
ces deux individus n’ont pas été déposés ensemble
dans la tombe.
Autre cas particulier, deux enfants ont été inhumés au même emplacement (sépultures 7 et 9) : il
s’agit cependant de deux inhumations successives et
les restes de l’adolescent(e), premier(e) occupant(e)
———
Fig. 8. Les deux corps déposés en vis-à-vis de la sépulture 2 (A. Bolle).
Fig. 9. Détail de la sépulture 2 (B. Farago-Szekeres).
———————
de la tombe (sépulture 9), n’ont pas été perturbés
par la réouverture de la sépulture. Il semblerait
même que le sommet du premier crâne, qui émerge
légèrement après recreusement – le reste du squelette primitif n’est pas exhumé – a pu servir de “coussin funéraire” au second enfant (sépulture 7).
La disposition des sépultures, alignées le long
d’un fossé en marge d’un enclos, et la composition
de ce petit groupe (adultes des deux sexes et enfants)
243
244
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
491?
492
790
785
760
2523
2525
686
856
709
2527
859
748
861
860
2526
2510
681
680
26
726
952
in 2
chem
711
715
719
683
966
942
958
713
in 1
656
661
26
782
812
780
771
889
793
885
740
953
2518
884
792
773
886
741
742
825
824
820
806
28
822
809
805
800
808
823
807
508
6
743
831
830
775
7
829
834
536
828
11
8
534
540
537
23
821
832
744
539
799
797
795
739
541
542
543
798
804
5
826
811
813
796
774
739
545
827
815
818
810
890
738
892
814
816
803
776
728
737
893
4
819
817
883
736
495
802
887
735
494
3
781
888
544
654
801
879
877
731
662
777
770
875
548
660
769
3599
891
734
546
659
840
876
955
733
535
547
778
878
954
763
779
754
901
730
959
732
714
712
chem
941
34
837
900
753
749
849
838
717
965
657
839
493
2
764
836
957
956
716
710
848
868 869
943
940 870
944
729
788
768
761
948
947 867
946
961
718
722
682
756
757
902
745
720
721
850
847
882
895
945
724
846
851
881
963
725
845
843
843 844
752
949
951
964
684
755
854
751
728962
727
786
787
865 758
857 855
864
2524
789
762
750
863
688
1
420
10
533
9
538
528
549
526
524
10 m
0
Accès présumés.
516
1
523
Structures “gauloises” fouillées-non fouillées.
Structures “médiévales” fouillées-non fouillées.
Structures de datation indéterminée.
Traces de murets-maçonneries médiévaux.
Structures fouillées de datation indéterminée.
———
Fig. 10. Plan de l’enclos médiéval.
———————
laisse supposer qu’il pourrait s’agir d’un petit ensemble à caractère familial. Une étude biologique
sur ces neuf individus a d’ailleurs été envisagée, mais
n’a hélas pu aboutir à ce jour pour des raisons financières.
Le petit ensemble funéraire découvert sur le site
de Villiers-en-Plaine trouve de nombreux parallèles
sur l’ensemble du territoire : des inhumations, dispersées ou regroupées en petites entités, se retrouvent ainsi, hors contexte funéraire communautaire,
sur de nombreux sites d’habitat du haut Moyen Âge
depuis le nord de la France7 jusque dans le Midi8.
Pour la seule région Poitou-Charentes, un récent recensement comptabilise une quinzaine de sites fournissant un corpus d’environ 400 tombes dont la datation, pour les sept sites ayant fait l’objet d’une
analyse radiocarbone, s’échelonne entre le viie et le
xe siècle 9. Bien que la plupart de ces sites régionaux
789-
Peytremann 2003 ; Pecqueur 2005.
Mercier &Raynaud 1995.
Roger 2006, 53-58. Depuis lors, il faut ajouter à ce premier
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
présentent en fait des configurations extrêmement
variables, il apparaît néanmoins que bon nombre
des petits ensembles funéraires sont distribués en
marge d’un habitat, en bordure d’un chemin ou
d’une voie, ou encore le long de fossés parcellaires.
La multiplication de ce type de découvertes a
conduit à considérer que ces groupes de sépultures,
dont la présence est souvent justifiée par l’éloignement d’un éventuel cimetière communautaire, sont
finalement caractéristiques de l’époque carolingienne, situation intermédiaire entre la nécropole
en plein champ mérovingienne et le cimetière paroissial médiéval. La réalité est probablement plus
complexe et la fouille récente du site de Pouthumé
dans la Vienne montre que les deux phénomènes,
cimetière communautaire et groupe de tombes isolées, peuvent être parfaitement synchrones et coexister sur le même territoire10. L’étude de ces ensembles
funéraires s’inscrit donc dans une recherche à plus
long terme, recherche qui vise à identifier les mécanismes – contraintes régionales, géographiques, mais
aussi religieuses, culturelles ou familiales – qui soustendent le choix d’un lieu d’inhumation avant que ne
triomphe la paroisse aux xie-xiie siècles.
l’hAbitAt du moyen Âge clAssique
(A. bolle)
C’est en bordure du chemin 2 que s’installe de
nouveau un habitat au xie siècle, peut-être dès la fin
du xe siècle. Les bâtiments sont groupés dans un
vaste enclos installé sur le sommet du plateau, à
l’emplacement même de l’établissement rural gaulois. Cette fois encore, l’enclos se prolonge au nordouest de l’emprise de la fouille (fig. 4 et 10). Une enceinte annulaire d’un diamètre de 19 m occupe le
cœur de cet enclos et abrite un bâtiment à partir duquel un étroit couloir en U permet d’accéder à un
souterrain.
inventaire les découvertes de Faye-sur-Ardin, Deux-Sèvres,
(Barbier 2009) et de L’Houmeau, Charente-Maritime (Cornec,
en cours).
10- Cornec et al. 2006 ; Cornec et al. 2010.
Aquitania, 25, 2009
L’enclos
L’enclos se prolonge au nord-ouest de la zone
fouillée (fossé 34), il possède une subdivision (mur
763), qui semble clore la zone d’habitat, du moins ce
que l’emprise de la fouille permet d’observer. Cet
enclos est de forme approximativement rectangulaire, à angles arrondis et possède une superficie
d’environ 1500 m2 (60 m x 25 m) ; l’angle nordouest se situe en dehors de l’emprise de la fouille.
Les faces méridionale et orientale du fossé (tronçons 28 et 535) contenaient probablement une palissade. Un trou de poteau repéré dans un sondage
du tronçon 535, un effet de paroi contre la rive externe du tronçon 28 et des lits de pierre destinés à
caler des éléments disparus permettent en effet d’envisager une telle superstructure, dans le second état
du creusement.
Face au chemin 2, une interruption du fossé
large de 1,80 m (2510) marque l’emplacement d’un
accès vers l’ouest. Le fossé, plus large et plus profond
de part et d’autre de cette entrée, a reçu dans un premier état, une palissade de bois calée par des pierres
calcaires contre la rive externe du creusement. Lors
d’une réfection, cette palissade est remplacée par le
mur de pierre 680, fondé dans l’axe du fossé. Seule
une assise d’élévation est conservée : les blocs non
taillés sont agencés au mortier de terre. La fondation
et constituée de blocs disposés en épi. Large de
0,70 m, ce mur ne semble pas avoir une vocation défensive (fig. 11 et 12).
Au nord de l’enclos, le mur 763, très arasé et faiblement fondé, n’a été que partiellement reconnu.
Sa tranchée de fondation, large de 1 m n’est conservée que sur 0,20 m de profondeur. Il ne subsiste du
mur que sa semelle constituée de pierres calcaires et
large de 0,55 m. Ce mur venait très probablement se
raccorder à l’enceinte annulaire 750 et au fossé 34.
La portion sud de l’enclos est plus clairement reliée à l’enceinte annulaire centrale par la structure
536, qui constitue un dédoublement du fossé de
l’enclos. Large de 0,70 m et profonde de 0,20 m,
cette structure est interprétée comme le négatif
d’une palissade. Elle comporte dans sa partie occidentale de très nombreux blocs suggérant l’existence
d’un mur ou de calages de poteaux. Elle tourne à
angle droit vers le nord (739) et est reliée à l’enceinte
annulaire par un creusement quadrangulaire de 2 x
1 m, profond d’une quinzaine de cm (740). Des
245
246
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
blocs de calcaire non taillés sont disposés dans le
fond, mais leur fonction n’a pu être précisée. Un
trou de poteau large et profond (0,60 m de diamètre
et 0,50 m de profondeur) se situe à son extrémité
nord.
Enfin, deux fossés viennent compléter ce dispositif à l’extérieur de l’enclos rectangulaire. Près de
l’angle sud-est de l’enclos, le fossé 420, observé sur
75 m de long, se dirige vers les structures du haut
Moyen Âge repérées au sud-est de la fouille et recoupe le fossé 18 près de la fosse où a été trouvé le
squelette de cheval (904). Le fossé 420 s’interrompt
2 m avant l’angle de l’enclos (fossé 28) et, à proximité de ce possible accès, son parcours s’incline légèrement vers l’ouest. Le creusement 420 présente un
remplissage très caillouteux et semble avoir servi de
carrière, puis lors de son comblement, de fondation
à un mur. Ce remplissage n’a livré qu’un fragment
de meule, qui n’apporte aucune précision de datation.
Le fossé 34 se raccorde à l‘angle nord-est de l’enclos médiéval 28, qu’il prolonge vers le nord. Son
tracé est connu sur 20 m de longueur, puis il se prolonge en dehors de l’emprise de la fouille. Large et
peu profonde, cette structure a reçu une palissade,
———
Fig. 11. Le mur 680 vu du nord et son effondrement au bord du chemin (A. Bolle).
Fig. 12. La fondation de blocs disposés en épi du mur 680 (A. Bolle).
———————
Fossé 34. Sondage1, coupe nord.
NGF
67 m
68 m
Fossé 28. Sondage 10, coupe ouest.
NGF
Villiers-en-Plaine. Vallée de Faye.
79351021 AH
est
ouest
sud
nord
Coupes des fossés 34 et 28.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
536 ?
calcaire
Relevé Fl. Bambagioni
NGF
ouest
Fossé 34. Sondage 2, coupe nord.
est
Relevé Fl. Bambagioni
67 m
67 m
calcaire
68 m
NGF
Fossés 535 et 536. Sondage 11, coupe ouest.
Relevé Fl. Bambagioni
68 m
St 535
sud
St 536
nord
NGF
calcaire
est
ouest
Fossé 28. Sondage 4 , coupe sud.
67 m
Relevé Fl. Bambagioni
68 m
NGF
Fossé 535. Sondage 13, coupe est.
nord
67 m
sud
Relevé A. Bolle
calcaire
NGF
68 m
ouest
Fossé 28. Sondage 7, coupe nord.
67 m
est
Relevé J. Dunkley
marnes
68 m
NGF
NGF
68 m
Fossé 535. Sondage 13, coupe ouest.
calcaire
sud
Relevé Fl. Bambagioni
Fossé 536
sud
nord
argile
nord
calcaire
67 m
Relevé P. Dufour
1m
0
NGF 68 m
67 m
67 m
Fossé 28. Sondage 7, coupe sud.
est
ouest
Relevé A. Bolle, J. Dunkley
0
1m
calcaire
67 m
NGF
68 m
NGF
Fossé 2510. Sondage 4, coupe sud.
Fossé 2510. Sondage 4, coupe nord.
US 681
M 680
Assise
en épi.
ouest
est
Epi
US 681
granit
M 680
67 m
67 m
est
Fossé 2510
ouest
calcaire
Aquitania, 25, 2009
68 m
Relevé Fl. Bambagioni
1m
0
66,60m
0
1m
0
1m
247
———
Fig. 13. Coupes des fossés de l’enceinte médiévale.
———————
Relevés Fl. Bambagioni
248
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
839
2510
34
675
362
535
319
28
26
20
218
Chemin
1
217
553
554
22
420
2519
1016
1015
1011
18
21
in 2
1014
Chem
20
3599
1013
1010
0
25 m
Implantation des sondages et coupes
Localisation des coupes
Silos
Structures gauloises
Structures médiévales
Structures de l'Antiquité tardive
ou du haut Moyen Âge
Structures indéterminées
Sépultures.
Infographie Fl. Bambagioni © INRAP 1999-2009
———
Fig. 14. Localisation des silos, puits et fossés médiévaux.
———————
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Aquitania, 25, 2009
les trous de poteau étant creusés dans le substrat calcaire.
Loin d’avoir un aspect homogène, l’enclos est
fermé par une palissade au sud et à l’est, et par un
mur au nord et à l’ouest. Il ouvre sur le chemin à
l’ouest, par une entrée large de 1,80 m. Les murs
bordant cet accès sont plus larges et mieux fondés
que le mur nord, suggérant une élévation ou un aspect un peu plus imposant en bordure de chemin.
L’enclos central
L’enclos central ferme un espace approximativement circulaire d’environ 19 m de diamètre externe.
Deux murs partiellement conservés (728 et 750) délimitent cet espace (fig. 15 à 17). Ils sont installés
dans de petites tranchées, larges mais de faible profondeur (0,30 m au maximum). Épais de 1 m, les
murs sont arasés et seules 3 assises sont conservées.
Les parements externes sont soignés et composés de
blocs calcaires non taillés, du module d’un moyen
appareil (0,30 x 0,20 x 0,10 m). La partie sud de ce
mur d’enceinte à parement unique (728) présente
un plan en U. Ses deux extrémités, bien nettes, laissent présumer l’existence d’accès à l’est et à l’ouest.
Le tronçon nord (750) forme un arc de cercle.
Son extrémité orientale est arasée et sa jonction avec
le mur nord de l’enclos quadrangulaire (763) reste
hypothétique. À son extrémité ouest, le mur 750 est
prolongé par la structure 728 (possible mur dont ne
subsiste que la tranchée de fondation). Cette structure tourne vers l’intérieur de l’enceinte et définit
une entrée en chicane le long du mur 728 (tronçon
sud de l’enclos central).
Aucun indice n’étaye l’hypothèse d’une surélévation interne de l’enclos par un remblai. L’absence de
véritables fossés périphériques et l’altitude de l’accès
d’un souterrain et de l’ouverture du silo 839 vont
également à l’encontre d’un emmottement.
———
Fig. 15. Vue aérienne du site, détail de l’enclos central (H. Paitier).
Fig. 17. Le mur nord (750) de l’enclos central (J. Pascal).
———————
Bâtiments, silos et puits
Situé au plein centre de l’enceinte annulaire, un
étroit couloir permet d’accéder à un souterrain. Le
plan du bâtiment auquel il est associé n’est pas très
clair. Le plan d’accès, excessivement réduit, traduit
une contrainte spatiale qui semble bien correspondre au respect du plan d’une pièce de surface,
dont les dimensions ne devaient guère dépasser 5 x
5 m. Seul son mur oriental (2010, fig. 16) a été observé, il est large de 0,50 m, possède deux parements
et est posé à la surface du rocher. Un certain nombre
d’éléments architectoniques (embrasures de fenêtres, moellons taillés, tuiles canal, etc.) ont été retrouvés dans le comblement du souterrain. Associés
à de très nombreux blocs, ils témoignent d’une ar-
249
250
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
St. 750
865 758
857 855
851
755
756 761
850
854
757
845
848
859
846
839
849
843
754
847
748
838
844 882
753
861
837
752
840
751
900
860
901
895
836
856
962
951
949
952
St.728
881
948
947 867
946
945
745
769
878
902
876
868 869
943
940 870
944
942 941
958
957
3599
877
M 2010
888
954
955
889
883
885
890
891
956
884
887 886
Structures "gauloises"
Structures fouillées
St.728
Traces de maconneries-murets médiévaux
Structures "médiévales"
10 m
0
Infographie Fl. Bambagioni
———
Fig. 16. Plan de l’enceinte annulaire.
———————
879
875
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Aquitania, 25, 2009
NGF
68 m
NGF
68 m
NGF
68 m
St. 763
St. 728
nord-est
sud-ouest
957
sud
nord
sud
nord
251
728
958
Coupe
745
1m
0
67 m
67 m
0
1m
67 m
Axe du mur
958
67,49 m
67,66 m
67,43 m
NGF
68 m
nord-est
St. 728
sud-ouest
Mur
Mur
sud-est
Plan
67,60 m
957
nord-ouest
67,37 m
67,43 m
728
958
745
1m
0
67 m
NGF
68 m
nord
Parement
St. 750
sud
67 m
Relevés Fl. Bambagioni, A. Bolle, J. Dunkley, A. Jegouzo, T. Lagrée .
———
Fig. 18. Plan et coupes des structures de l’enceinte annulaire.
———————
chitecture de pierre, a priori maçonnée au mortier
de chaux, dont le matériau a très certainement été
exploité sur place, le souterrain associé ayant à l’origine la fonction de carrière d’extraction.
De nombreuses structures creusées dans le rocher entourent ce bâtiment, tout en réservant la
zone centrale. Si la plupart correspondent a priori à
des trous de poteaux, il est raisonnable de ne pas systématiser, toutes les structures n’ayant pas été
fouillées. Ainsi, la structure 839, que rien ne différencie en surface des trous de poteaux qui l’environnent, est un silo. Il convient également de garder à
l’esprit qu’un certain nombre de ces structures peuvent appartenir à l’établissement gaulois sous-jacent.
Compte tenu de ces limites, nous ne chercherons pas à dessiner le plan d’un bâtiment, mais nous
nous contenterons de remarquer que la densité des
trous de poteaux permet d’envisager la présence
d’un bâtiment sur poteaux plantés au nord du bâtiment central, le silo 839 pouvant se situer à l’intérieur de ce bâtiment.
Face à l’entrée de l’enceinte annulaire, au sudouest de l’accès du souterrain, les trous de poteaux
ont presque tous été fouillés (867, 868, 940, 941,
942, 943, 947, 948, 949). Leurs profils, assez disparates, permettent d’isoler les trous de poteaux 941 et
942, profonds de 0,35 et 0,45 m, d’une série de
trous de poteaux peu profonds (5 à 12 cm : 940, 943,
868, 947) tandis que 3 trous de poteaux alignés au
nord présentent des profondeurs de 25 cm en
moyenne (949, 948, 867) et des calages de poteaux
bien marqués. Lorsque le diamètre des poteaux est
observable, il se situe entre 15 et 20 cm. Il est probable qu’ils témoignent d’un bâtiment sur poteaux
plantés, peut-être appuyé sur les structures 745 et
958, témoins vraisemblables de murs. Ce bâtiment
occuperait l’angle sud-ouest de l’enclos, à proximité
ou face à l’entrée de l’enclos annulaire.
Le faible nombre de structures identifiées comme
silos est à relativiser. En effet, compte tenu du temps
imparti, du nombre de structures et du caractère diachronique du site, il a été choisi de fouiller en priorité les structures permettant de comprendre l’orga-
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
NGF
68 m
Villiers-en-Plaine. Vallée de Faye.
Plans et coupes des structures.
217 218 839, 362 554 319 et 1016.
St. 217
67,52 m
ouest
NGF
68 m
est
Marne
67 m
St. 1016
est
NGF
68 m
ouest
St. 218
ouest
est
67 m
Relevé A.Bolle
1m
0
66 m
Relevé A.Bolle
67 m
66 m
1m
0
NGF
68 m
St. 319
NE
NGF
68 m
SO
1m
0
65 m
67,42 m
67 m
67,34 m
St. 362
est
ouest
67 m
66 m
Relevé A. Bolle
1m
0
66 m
NGF
68 m
NGF
68 m
sud
1m
0
St. 554.
nord
St. 839
67 m
67 m
Squelette d'animal
Décrochement
Charbon de bois
Décrochement
NGF
68 m
66 m
0
1m
Relevés A. Bolle, A. Jégouzo
67,63 m
sud
1m
0
St. 553
St. 2519
nord
67,42 m
67 m
fossé 20
66 m
0
——
Fig. 19. Coupes des structures de type silo.
———————
1m
Relevé A.Bolle, Anne Jegouzo.
66 m
Relevés Fl. Bambagioni, A. Bolle, J. Dunkley, A. Jegouzo, T. Lagrée .
67,64 m
Infographie Fl. Bambagioni © INRAP 1999/2008.
252
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
nisation spatiale, les éléments structurants (fossés,
chemins) et les ensembles cohérents (bâtiments et
zone funéraire). Sur une centaine de structures
mises au jour à l’ouest du chemin, seules 20 ont été
fouillées, la moitié sont attribuées à la période gauloise et seulement cinq au Moyen Âge, parmi lesquelles 2 silos et un possible puits (362). La présence
d’une aire d’ensilage ne peut donc être totalement
exclue.
Seul un silo (structure 839) se situe dans l’enceinte annulaire, les six autres sont tous à l’extérieur
de l’enclos, soit immédiatement en bordure de chemin 2 (cas du silo 1016), soit groupés par 2 ou 3 et
distants d’une trentaine de mètres du chemin. Dans
leur environnement immédiat, la présence de trous
de poteaux suggère l’existence de bâtiments, dont les
plans ne sont pas identifiés (fig. 4).
La forme des silos est généralement globulaire,
les irrégularités observées sont liées aux failles naturelles du calcaire et l’absence de rétrécissement à
l’ouverture semble due à des effondrements de parois (au moins pour la structure 217) (fig. 19). Cinq
silos (structures 839, 553, 554, 2519, 1016) présentent un profil globulaire, les fonds sont plats ou,
comme pour 554, coniques et lisses. Pour ce silo, un
décrochement permet de sortir en prenant appui sur
la paroi, juste au-dessus de la partie conique.
Les silos 553 et 2519 présentent la particularité
d’être reliés. Des exemples de silos communicants
sont connus au Moyen Âge, mais il semble dans le
cas présent, que cette communication soit fortuite.
Le creusement de 2519 semble avoir percé 553 déjà
comblé. Un bloc posé à la verticale, a été installé
pour recréer une paroi. De l’argile tapisse cette
pierre et les parois du silo, notamment contre le
comblement du fossé gaulois dans lequel est partiellement creusé 2519.
Trois silos (319, 554 et 1016) possèdent un volume de 2 m3 environ, tandis que les silos 553 et
2519 (reliés) possèdent un volume entre 1,2 et
1,7 m3. Le silo 839, situé dans l’enceinte annulaire,
n’a pu qu’être partiellement fouillé (0,80 m de profondeur), son volume n’est donc pas connu. Enfin,
les silos 217 et 218 sont des fosses ne présentant pas
le rétrécissement caractéristique des ouvertures de
silos, mais des effondrements de parois sont évidents pour 217 et permettent de les classer dans la
catégorie des silos. Ils correspondent à des silos de
petit volume (1,20 m3 pour 217 et 0,75 m3 pour 218).
Aquitania, 25, 2009
Le tamisage des prélèvements de sédiment réalisés à la base des comblements n’a livré aucune graine
conservée. Les silos ont tous été comblés volontairement par de gros blocs, parfois empilés soigneusement à la base des comblements (par exemple 2519).
Certains blocs de grande taille peuvent avoir servi à
fermer les silos en usage (par exemple 1016).
La majorité du mobilier médiéval recueilli sur le
site provient des silos qui ont servi de dépotoirs. Un
jeune porc a été jeté dans le silo 554 en cours de
comblement et sa carcasse recouverte de gros blocs.
Une datation radiométrique a été effectuée sur des
charbons de bois provenant du comblement du silo
217 (Miami 139717 : 1010 +/- 50 BP, cal 965-1155 AD,
pic de probabilité à 1015).
La structure interprétée comme puits (structure
362) se situe 33 m à l’ouest de l’angle sud-ouest de
l’enclos rectangulaire. Elle a été observée sur 1,60 m
de profondeur et le fond n’est pas atteint. La partie
inférieure du comblement est composée d’un calcaire marneux et d’un sédiment gras argileux. La
présence de très nombreuses pierres (certaines de
grandes dimensions) indique le caractère volontaire
du comblement (fig. 19).
Le souterrain
Le souterrain est creusé dans un calcaire du
Jurassique moyen. L’extraction s’est effectuée à partir de deux puits, l’un étant ultérieurement transformé en accès et le second condamné par la construction d’un mur (2045). L’accès au souterrain s’effectue
par un couloir en U dans lequel des marches ont été
grossièrement taillées sur un dénivelé de 3 m (fig. 20
et 21). Deux dalles de couverture étaient encore en
place. Elles sont constituées de grandes pierres calcaires (1,15 x 0,50 x 0,26 m et 1,10 x 0,60 x 0,25 m)
posées côte à côte et couvertes de blocs de plus petite
taille (dont des fragments de sarcophages), disposés
orthogonalement. Elles reposent sur une encoche linéaire pratiquée au sommet de la paroi orientale du
rocher (fig. 22). Ce type d’accès par un couloir couvert de dalles est fréquent dans le sud des DeuxSèvres, l’entrée depuis l’intérieur du bâtiment s’effectuant généralement par une dalle amovible11.
11- Proust 1974.
253
254
Aquitania, 25, 2009
Villiers-en-Plaine
La Vallée de Faye
79351021AH
emmarchement
A
B
Section
Voir figure 24
Placage d'argile 1
Placage d'argile 2
O
Coupe 6
Mur 2045
Coupe 7
P
Coupe longitudinale est - ouest (A-B/O-P)
Section
sud
nord
Coupe 7
Limite du comblement de terre
jusqu'au plafond
US 2029
Niveau de comblement
67 m
Placage d'argile 1
66 m
Voir figure 24
Diaclase
Pièce 4
Niveau de comblement
65,04 m
A
J
US 2029
65,54m
2515
65,50m
65 m
2517
Mur 2045
Annie Bolle et al.
———
Fig. 20. Plan du réseau souterrain et coupe longitudinale des galeries principales.
———————
66 m
65,84m
P
2516
Placage d'argile 2
Relevés, mise au net, infographie Fl. Bambagioni © INRAP 1999-2008.
2514
65,70m
US 2030
Section
67 m
2513
1m
B
5m
67,45m
2512
Pièce 7
O
o
Est
67,65 m
Coupe 6.
Ouest
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
———
Fig. 21. L’escalier d’accès au souterrain vu du sud, le pilier
est renforcé par un mur (Fl. Bambagioni).
———————
———
Fig. 22. Les blocs (dont des fragments de sarcophages) couvrent
l’entrée du souterrain, vus de l’ouest (J. Pascal).
———————
Aquitania, 25, 2009
255
256
Aquitania, 25, 2009
La partie souterraine est composée de deux galeries (pièces 4 et 7), la première donnant accès à deux
salles, appelées pièces 5 et 6 (fig. 20). Les deux galeries présentent un décalage en plan et ne sont reliées
que par un étroit passage. Elles ont un développement total de 27 m, auquel s’ajoutent deux salles
donnant sur la première galerie. L’une de ces salles
(“pièce 6”, au nord) a pu permettre d’extraire des
blocs de grandes dimensions. À l’exception des fragments de sarcophages, éléments en réemploi dont
l’origine n’est pas connue, les matériaux utilisés sur
le site proviennent très certainement de cette carrière. Le creusement d’un escalier d’accès et la présence d’aménagements internes indiquent une utilisation secondaire, comme cave, de la structure
souterraine.
Un muret de pierres sèches (2045) obture l’extrémité de la galerie orientale (pièce 7) et condamne
l’accès par le puits. Ce dispositif semble assez fréquent dans la région Poitou-Charentes et dans les
régions limitrophes (Limousin et Périgord)12. Le
mur est construit dans la galerie, contrairement à de
nombreux exemples où il se situe à la base du puits
et possède un parement qui remonte jusqu’à la surface, ménageant un conduit d’aération “réservé”.
Six assises ont été observées, composées de grandes
dalles (0,45 x 0,40 x 0,08 m) posées à plat. La partie
supérieure du mur s’est effondrée dans la galerie
(2030). Ces blocs ont ensuite été recouverts par la
terre qui s’est infiltrée depuis le puits.
Bien que l’accès oriental soit condamné, il
semble que le puits n’ait pas été remblayé. Il était
fermé par une grande dalle circulaire, suggérant
qu’il pouvait être au moins ponctuellement rouvert.
Ce n’est qu’après la chute de cette pierre dans le
puits, sur moins d’un mètre de sédiment infiltré,
qu’il a été comblé par infiltration de sédiment, très
probablement après l’abandon du site.
Une porte était installée à l’entrée de la “cave”,
en bas de l’escalier. La feuillure, taillée dans la paroi,
est large et régulière (fig. 23). Elle entaille le sol et le
plafond et permet de mettre en place un cadre sur
lequel venait se fermer un vantail. Aucune trace de
barre n’a été relevée. À l’entrée de la pièce 6, l’installation d’une porte est moins évidente mais reste probable.
12- Conte 1990.
Annie Bolle et al.
———
Fig. 23. Feuillure permettant l’installation d’une porte
à l’entrée de la première galerie (Fl. Bambagioni).
———————
Le passage qui relie les deux galeries principales
présente des traces d’aménagement : de l’argile y a
été plaquée de part et d’autre. Des empreintes de
poils y sont observées (frottement d’un vêtement ou
placage d’une peau assurant un système de fermeture ? fig. 24 et 25). Les aménagements restent très
sommaires, la paroi de la pièce 4 présente encore les
traces d’outils (fig. 26). Aucune niche n’est creusée,
les infractuosités du rocher devaient servir à accrocher ou à déposer une lampe. Plusieurs de ces lampes
ont été mises au jour, elles sont en céramique ou,
pour un exemplaire, taillées dans le calcaire local
(fig. 31 et 36).
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
1
Aquitania, 25, 2009
2
Argile
Relevés, mise au net, infographie Fl. Bambagioni © INRAP 1999-2008.
———
Fig. 24. Vues des aplats d’argile de part et d’autre de l’ouverture entre les deux galeries (localisation sur le plan figure 20).
———————
———
Fig. 25. Un étroit passage relie les deux galeries (Fl. Bambagioni).
———————
257
258
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
———
Fig. 26. Traces d’outils au milieu de la paroi, pièce 4 (A. Bolle).
———————
Des traces de circulation ont surtout été observées dans la première galerie. Les salles adjacentes
(pièces 5 et 6) constituent des zones peu fréquentées,
vraisemblablement vouées au stockage et plus précisément au faisandage d’oiseaux (petits passereaux,
merles, grives comme le laisse présumer la faune recueillie dans la pièce 6), mais également à un petit
élevage de lapins (cf. infra).
Le mobilier métallique (M. Linlaud)
Le mobilier métallique présent sur le site est caractérisé par un taux de corrosion assez important
mais qui permet malgré tout l’identification de la
plupart des objets. La radiographie n’a donc pas été
utilisée. Le mobilier a été stabilisé et consolidé au laboratoire Arc’Antique de Nantes. On remarque, à
l’image de la plupart des sites des xe-xiie siècles, que
la proportion des objets en fer est très nettement supérieure à celle des objets en alliages cuivreux. On
dénombre en effet 66 objets en fer pour seulement
un objet en alliage cuivreux doré à la feuille d’or. Le
tableau 1 établit la liste des objets étudiés avec une
description et une identification lorsque cela a été
possible. Les figures 27 à 29 illustrent une partie de
ce mobilier.
Les quelques lames de couteaux possèdent les
mêmes caractéristiques que celles retrouvées sur
d’autres sites des xe-xiie siècles, comme Blois (Loir-etCher)13, Andone (Charente)14 ou Colletière (Isère)15. Il
s’agit de lames relativement longues et fines à soie
courte ne représentant pas plus d’un quart de la
longueur totale du couteau16. Les lames étaient
enfoncées en force dans des manches monoxyles en
bois, montage dont témoignent des couteaux à soie
ayant conservé leur manche en Angleterre17 ou en
France18. Certains manches pouvaient être en os, mais
13- Aubourg & Josset 2003, 189-190.
14- Linlaud 2009a, 132-142.
15- Colardelle & Verdel 1993, 204-205.
16- Ces observations sont réalisées à partir du couteau le plus
complet : le n° M 0005.
17- On connaît des manches conservés sur ce type de couteau
à York (Ottaway 1992, fig. 233-234, n°2898, 2909, 2938), à
Winchester (Biddle 1990, t. II, fig. 254, n°2704 ; fig. 255,
n°2751 ; fig. 256, n°2804, 2808).
18- Le site de Colletière a livré des couteaux du début du xie
siècle ayant conservé leur manche en bois (Grenoble, Musée
Dauphinois). Ils ont été découverts postérieurement à la
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
n° FAit
n°
us
Aquitania, 25, 2009
259
dimensions
n° objet mAtéRiAux
identiFicAtion
descRiption
en mm
L.
l.
1016
0
M 0043 Fer
Boucle
Anneau dissymétrique d’une boucle de ceinture ; l’ardillon n’est pas conservé
38
30
2511
1
M 0062 Fer
Clou
Clou à tête plate plus ou moins circulaire, complet. La tige de section rectangulaire
est coudée à angle presque droit. L’épaisseur de la planche sur laquelle il était fixé
mesure environ 34 mm
48
/
M 0003 Fer
Clou
Clou à tête rectangulaire et à tige de section rectangulaire robuste. Complet
45
/
48
/
24
/
102
728
2
Clou à tête plus ou moins circulaire ayant une tige de section rectangulaire assez
robuste et non centrée par rapport à la tête. Complet
Fragment de clou possédant une partie de la tige et une partie de la tête. L’état
de conservation ne permet pas d’identifier la forme de la tête
M 0036 Fer
Clou
862
M 0037 Fer
Clou
2029
M 0053 Fer
Clou
Tige de clou de section rectangulaire, la tête n’est pas conservée
36
/
2023
M 0050 Fer
Clou
Tige de clou de section rectangulaire ayant perdue sa tête, la tige semble complète
41
/
675
0
M 0028 Fer
Clou
Tige de clou de section rectangulaire. Très mauvais état de conservation
30
/
2511
1
M 0063 Fer
Clou
Tige de clou, la tête n’est pas conservée
37
/
Clou de
maréchalerie
Clou de
maréchalerie
Clou de
maréchalerie
Clou de
maréchalerie
Clou de
maréchalerie
Clou de maréchalerie usé, la tête est trop usée pour pouvoir identifier le type,
deux fragments
Clou de maréchalerie neuf ayant une tête plate à faibles montants et sommet
en demi-cercle
42
11
45
20
22
15
36
13
29
16
196
20
97
19
1014
M 0041 Fer
2031
M 0058 Fer
728
1
2503
535
M 0035 Fer
M 0061 Fer
3
M 0020 Fer
Clou de maréchalerie usé ayant une tête plate et un sommet triangulaire
Clou de maréchalerie neuf ayant une tête plate à faibles montants et sommet
en demi-cercle
Clou de maréchalerie usé ayant une tête plate à faibles montants et sommet en
demi-cercle, la tige est incomplète
Couteau possédant une lame au dos parfaitement rectiligne et un tranchant qui
s’incurve vers la pointe. L’extrémité de la pointe est cassée. La soie est dans l’axe
de la lame, dégageant ainsi un épaulement prononcé
Lame de couteau à dos rectiligne se rabattant au niveau de la pointe vers un
tranchant parfaitement droit. Ce pan coupé est plat. La soie manque
217
M 0005 Fer
Couteau
218
M 0014
Fer
Couteau
M 0066 Fer
Couteau
Fragment de lame de couteau
60
20
M 0027 Fer
Couteau
Ibid.
86
23
M 0059 Fer
Couteau
Fragment de lame de couteau. Deux fragments sont conservés
70
22
M 0023 Fer
Couteau
Pointe de couteau
26
/
75
/
63
/
106
14
55
45
554
2
2031
554
1
2519
M 0064 Fer
217
M 0011
Fer
2031
M 0056
Alliage
cuivreux
M 0068 Fer
———
Tableau 1. Le mobilier métallique.
———————
Dent de peigne à
carder
Dent de peigne à
carder
Dent de peigne à carder incomplète de section rectangulaire, la pointe est
conservée
Fragment de dent de peigne à carder. La pointe semble conservée, mauvais état
de conservation
Cet objet est constitué d’une tige fine de section rectangulaire terminée par
un percement. À son opposé figure une demi-sphère creuse aplatie possédant
un percement régulier en son centre. On peut observer une légère cassure sur
la demi-sphère aplatie, à l’opposé de la tige. On observe également que seule
Élément décoratif
une des deux faces de l’objet est dorée. Il s’agirait donc de la seule face visible
d’un objet fixé sur un autre élément, par l’intermédiaire des deux percements.
Il pourrait s’agir d’un élément décoratif fixé sur un vêtement, un accessoire
vestimentaire ou quelconque, voire du harnachement d’un cheval.
Partie dormante en fer se fixant sur un billot de bois par l’intermédiaire d’une
“Enclume”
soie et recevant des coups répétés sur la table à en juger les stigmates du fer
conservé. L’identification et la fonction précise de cet outil ne sont pas connues
260
n° FAit
Aquitania, 25, 2009
n°
us
Annie Bolle et al.
dimensions
n° objet mAtéRiAux
identiFicAtion
2030
M 0054 Fer
Fer de trait
2030
M 0055 Fer
Fer de trait
2025
M 0052 Fer
Fer de trait
2041
M 0060 Fer
Fer de trait
2025
M 0051 Fer
Fer de trait
217
M 0013 Fer
Fer de trait
708
M 0029 Fer
34
M 0002 Fer
1014
M 0040 Fer
337
M 0018 Fer
descRiption
Fer de trait lancéolé à douille de section circulaire. La section de la pointe est
plate
Fer de trait lancéolé à douille de section circulaire. La section de la pointe est
plate, la pointe est tordue
Fer de trait triangulaire à douille de section circulaire. La section de la pointe
est plate
Fer de trait triangulaire à douille de section circulaire. La section de la pointe
est plate
Fer de trait triangulaire à pennes et douille de section circulaire. La section de
la pointe est plate
Douille de section circulaire ayant vraisemblablement appartenu à un fer de trait
Fer de trait lancéolé large ayant une soie pour sa fixation. La section de la pointe
Fer de trait
est en amande
Pointe de flèche lancéolée à douille de section circulaire. La section de la pointe
Pointe de flèche
est plate
Plaque de broigne de forme s’approchant du carré. Le rivet de fixation n’est
Plaque de Broigne
visible que sur l’envers de la plaque
Plaque concave en forme grossière de cœur possédant cinq clous de fixation, la
répartition trop régulière de la clouterie ainsi que leur forme et leurs dimensions
Fer d’équidé
excluent une identification comme fer orthopédique d’équidé dit “ à planche ”.
217
M 0006 Fer
Fer d’équidé
708
M 0031 Fer
Fer d’équidé
708
M 0030 Fer
Fer d’équidé
955
surface
M 0039 Fer
Fer d’équidé
1016
M 0042 Fer
Ferrure
218
M 0015 Fer
Moraillon à
auberon
———
Tableau 1. Le mobilier métallique (suite).
———————
Fer d’équidé presque complet, la branche droite est fragmentaire. On observe six
étampures rectangulaires d’une longueur d’environ 16 mm. Elles sont disposées
en bord de rive externe la rendant légèrement ondulée et évitent la pince.
L’éponge ne possède aucun crampon. Les dimensions (supérieures à 100 mm
pour la longueur), la tournure (forme du fer) et le nombre d’étampures nous
indiquent un fer à cheval, voir d’un hybride comme le mulet. La distinction
reste délicate. La couverture du fer (largeur) est relativement importante avec 32
mm environ.
Branche gauche de fer d’équidé cassée au départ de la seconde étampure
et relativement couvert possédant une éponge à léger crampon réalisée par
enroulement. Une étampure rectangulaire d’une longueur d’environ 15 mm est
conservée en bordure de la rive externe.
Fer d’équidé presque complet, la branche droite est cassée. On observe cinq
étampures rectangulaires mesurant en moyenne 15 mm de longueur, la dernière
n’est pas conservée. Elles sont disposées en bordure de la rive externe la rendant
légèrement ondulée. Le fer possède une couverte relativement importante de 25
mm environ. L’éponge conservée possède un crampon réalisé par enroulement.
Les dimensions (environ 100 mm pour la longueur), la tournure (forme du fer)
et le nombre d’étampures indiquent un fer de cheval, voire d’un hybride comme
le mulet. La distinction reste délicate.
Branche de fer d’équidé
Fragment de ferrure s’apparentant à une cornière. Il pourrait s’agir d’un renfort
métallique de meuble. Un percement s’observe au centre
Moraillon à auberon complet se fixant sur un système de charnière à anneau. Ce
moraillon appartient à une serrure de porte ou de coffre, la distinction ne peut
se faire, même sur la base des dimensions. Le profil coudé du moraillon dans
sa partie fixée à l’anneau de la charnière témoigne d’une association avec une
serrure à bosse. L’extrémité possédant l’auberon ne dispose d’aucun moyen de
préhension particulier pour permettre de déloger le moraillon de la serrure une
fois que le pêne a libéré celui-ci
en mm
L.
l.
68
/
56
/
95
/
74
/
69
/
/
/
90
/
76
/
38
36
117
126
110
108
70
24
97
100
70
28
47
26
79
22
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
n° FAit
n°
us
Aquitania, 25, 2009
261
dimensions
n° objet mAtéRiAux
identiFicAtion
217
M 0007 Fer
Moraillon à
auberon libre
2031
M 0057 Fer
Palâtre ?
2001
M 0046 Fer
Outil ?
891
M 0038 Fer
Outil ?
descRiption
Moraillon à auberon libre se fixant sur le couvercle d’un coffre. L’angle droit
de la ferrure centrale permet de s’adapter au couvercle. La partie possédant la
“paumelle” permet la fixation sur le couvercle du coffre et l’anneau rectangulaire
sert d’auberon dit libre, à cause de son non-assujettissement à la ferrure
Fragment de palâtre ou de platine d’une serrure à bosse. Les percements visibles
sur la tôle servent à la fixation des systèmes de garde de la serrure, les picolets
servant au maintien du pêne ainsi que la broche. L’aspect fragmentaire de cet
objet ne permet pas de confirmer cette identification
Petite barre robuste s’affinant à l’une de ses extrémités. La section de la barre est
rectangulaire ; fragmentaire
Petite tige métallique s’apparentant à une soie d’outil cassée
Fragment de plaque métallique possédant un percement à l’une de ses extrémités.
Cet objet semble recoller avec M 0009 retrouvé dans la même US. Il pourrait
s’agir d’un fragment de penture de porte ou de meuble
Fragment de plaque métallique se terminant par une pointe lancéolée et ayant
un profil légèrement courbe. Cet objet semble recoller avec M 0010 retrouvé
dans la même US. Il pourrait s’agir d’un fragment de penture de porte ou de
meuble
en mm
L.
l.
105
25
93
61
48
/
44
/
112
42
115
30
61
48
70
/
82
18
98
14
38
25
21
/
217
M 0010 Fer
Plaque
217
M 0009 Fer
Plaque
362
M 0019 Fer
Plaque
M 0045 Fer
Plaque
217
M 0008 Fer
Plaque
708
M 0032 Fer
Plaque
708
M 0033 Fer
Plaque
102
M 0071 Fer
Pointe
218
M 0016
Tige
Tige courbe de section rectangulaire
38
/
72
/
36
13
1016
2
Fer
Fragment de plaque métallique possédant un percement central
Plaque métallique se terminant par une pointe de section rectangulaire. La
plaque semble incomplète
Plaque métallique possédant deux percements dont l’un où le clou est encore
conservé à l’intérieur. Le clou conservé possède une tête non centrée par rapport
à la tige
Plaque métallique pointue possédant à l’autre extrémité un faible retour à 90°.
La plaque ne s’apparente pas à une lame de couteau
Fragment de plaque plus ou moins rectangulaire ayant une extrémité arrondie
et une autre cassée
Petite pointe parisienne complète, sa section de la tige et la tête sont circulaires
(élément contemporain)
554
2
M 0026 Fer
Canon de mors
Fragment de tige métallique possédant une boule à l’une de ses extrémités. Il
pourrait s’agir d’une extrémité de canon de mors de bride dit en Y. On retrouve
ce type de canon sur les mors de bride des Xe-XIe siècles
2519
2
M 0065 Fer
?
Fragment rectangulaire peu épais et très corrodé
2017
M 0049 Fer
?
Tige plate recourbée de section rectangulaire. L’une des extrémités est cassée
43
9
1
M 0024 Fer
?
Fragment de tige de section rectangulaire
64
11
M 0012 Fer
?
Fragment de plaque ovale présentant un départ de douille à une de ses extrémités
31
18
3
M 0022 Fer
?
Petit L extrudé, patte ?
16
4
106
M 0004 Fer
?
Élément indéterminé
46
19
319
M 0017
Fer
?
Multiples fragments dans un même sac
/
/
2001
M 0047 Fer
?
Fragment de plaque courbe
37
13
2002
M 0048 Fer
?
Fragment de plaque
31
14
708
M 0034 Fer
?
Fragment de plaque présentant un angle à 90°
42
23
554
217
553
———
Tableau 1. Le mobilier métallique (suite).
———————
262
Aquitania, 25, 2009
ils étaient également monoxyles. Le couteau reste un
outil polyvalent et essentiel que l’on peut difficilement
rattacher à une activité particulière. L’utilisation
certainement très régulière et l’usure rapide de ces
objets expliquent leur relative abondance sur les sites
de cette période. L’objet M 0068 est une masse de fer
possédant un pied que l’on pouvait ficher dans un
billot et ainsi se servir de la partie supérieure comme
d’une table d’enclume. La “table” porte les stigmates
d’un martellement répétitif. Les faibles dimensions de
cet objet ne permettent peut être pas l’attribution du
nom d’enclume mais la fonction s’en rapproche. Un
objet identique et possédant des dimensions très
similaires provient du proche castrum d’Andone19. Un
autre objet similaire provient des fouilles du site des
Jardins du Carmel à La Rochelle (Charente-Maritime)20.
Cet objet indique de possibles réparations d’objets ou
redressements de lames mais la manufacture d’objets
métalliques sur le site ne peut être attestée par la seule
présence de celui-ci. Un fragment s’apparentant à une
dent de peigne à carder (M 0064) permet d’envisager la
préparation des fibres textiles animales ou végétales.
Deux moraillons, l’un à auberon (M 0015) et l’autre
à auberon libre (M 0007), indiquent la présence de
grands coffres fermant à l’aide d’une serrure. Toutefois,
si le second ne peut pas appartenir au système de fermeture d’une porte, du fait de l’angle à 90° de la ferrure, le premier pourrait éventuellement appartenir à
une serrure de porte. La distinction ne peut s’opérer
que lorsque le système est complet. Les sites de comparaison révèlent une fréquence plus grande des moraillons de coffres par rapport aux moraillons de
portes. Un seul exemplaire complet de moraillon de
porte accroché à son verrou est connu pour les xe-xie
siècles. Il s’agit de celui retrouvé à Pineuilh (Gironde)21.
Les deux exemplaires de Villiers-en-Plaine apparaissent
typiques de cette période et connaissent de nombreux
parallèles dans les sites d’Andone22 et de Colletière23.
Ces indices sont bien maigres pour aller plus loin dans
monographie publiée en 1993.
19- Linlaud 2009a, 156, n°241.
20- Opération archéologique réalisée par le Bureau d’études
HADES sous la direction d’A. Guériteau. L’étude, par l’auteur,
du mobilier métallique du site est en cours au sein du bureau
d’étude Landarc.
21- Prodéo 2007, fig. 879.
22- Linlaud 2009b, 170-172.
23- Colardelle & Verdel 1993, 206, fig. 142, n°21-24 ;
observations et étude du mobilier dans les réserves du Musée
Dauphinois à Grenoble (thèse en cours de l’auteur).
Annie Bolle et al.
l’analyse de l’ameublement et des systèmes d’ouvertures du site.
La présence d’équidés est attestée sur le site par plusieurs fragments de fers et quelques clous de maréchalerie. Les techniques de maréchalerie du site nous offrent
une perception chronologique de cette occupation. Les
fers d’équidés M 0006, M 0030 et M 0039 sont caractéristiques des sites de la seconde moitié du xe siècle et du
xie siècle. Ils se caractérisent par une couverture24 importante (comprise entre 25 mm et 32 mm), des étampures
rectangulaires d’une longueur proche de 16 mm de
moyenne et une rive externe légèrement ondulée du fait
de leur disposition en bordure de celle-ci. Ces caractéristiques techniques se retrouvent à Andone et Colletière.
Le xiie siècle utilise des fers possédant une couverture largement plus faible comprise entre 12 et 19 mm. Aucun
fer de cette période ne semble donc avoir été conservé.
Les clous de maréchaleries possèdent des têtes usées difficiles à lire et identifier. On remarque cependant des
têtes à faibles montants et sommet semi-circulaire ou à
sommet triangulaire. Ils se rapprochent des types 1 et 2
de la typologie de N. Portet25, caractéristiques des sites
des xe-xie siècles. Un demi-fer moderne ou contemporain
s’adaptant à un sabot de bovidé est également conservé
(M 0057).
L’armement de trait est également présent sur le
site, documenté par une demi-douzaine de fer de
traits. Pointes de flèches ou carreaux d’arbalètes,
l’identification est complexe. On remarque une majorité d’emmanchements à douille par rapport aux
emmanchements à soie, majorité toute relative si
l’on considère le nombre d’exemplaires conservés. À
la lecture des travaux de V. Serdon sur l’armement
de trait au Moyen Âge, les fers de trait à emmanchement à douille possédant des pointes foliacées, losangées ou triangulaires se retrouvent du xe au xive
siècle sur de nombreux sites et dans de nombreuses
régions26. Ils n’apportent donc aucune précision
chronologique. Activité de chasse ou activité militaire ? Il est difficile de répondre à ce type de question en interrogeant ces maigres fragments métalliques. Une plaque de broigne offre un témoin plus
précis de l’activité militaire et du statut de certains
occupants du site, mais là aussi la faible quantité de
24- Largeur du fer mesurée de préférence entre la deuxième et
la troisième étampure lorsque le fer en compte six.
25- Portet 1998 et Portet 2009, 224, fig. 3.54.
26- Serdon 2005, 116-118, types A, B et C.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
mobilier ne permet pas d’aller plus loin dans l’analyse.
Un objet semble faire exception, il s’agit d’un élément en alliage cuivreux recouvert sur l’une de ces
faces seulement d’une dorure. Il est pratiquement impossible de déterminer la fonction exacte de cet objet
M 0005
Aquitania, 25, 2009
conservé dans un état lacunaire, mais le fait de posséder de la dorure sur une face seulement tend à indiquer qu’il s’agit d’un objet à vocation décorative, le
support restant délicat à déterminer en l’absence
d’éléments minéralisés au sein de la corrosion.
M 0014
M 0027
M 0064
M 0068
M 0007
M 0057
M 0015
M 0043
M 0003
M 0036
M 0062
M 0010
M 0009
0
M 0019
M 0008
M 0046
M 0026
M 0045
———
Fig. 27. Mobilier en fer du site de la Vallée de Faye, artisanat, mobilier domestique et indéterminé (dessin M. Linlaud).
———————
5 cm
263
M 0067
M 0039
M 0006
M 0018
0
5 cm
M 0030
M 0051
M 0035
M 0052
M 0054
M 0060
M 0002
M 0029
M 0010
M 0035
M 0058
M 0020
M 0061
———
Fig. 28. Mobilier en fer du site de la Vallée de Faye,
mobilier équestre et armement (dessin M. Linlaud).
M 0056
0
5 cm
Fig. 29. Mobilier en alliage cuivreux du site de la Vallée
de Faye, élément décoratif (dessin M. Linlaud).
———————
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Aquitania, 25, 2009
Le mobilier en verre, os et pierre (fig. 30 et 31)
27
n° FAit
n°
us
n° objet
mAtéRiAux
identiFicAtion
descRiption
1016 V0001
Verre
Lissoir
Fragment de “lissoir” en verre potassique. Ø : 65 mm, H : 40 mm
2519 V0002
Verre
Col
2026 L0007
Calcaire
Lampe
2002 L0008
Calcaire
Mérellier
Col de gobelet en verre vert à décor de filets et verre blanc (sodique, potassique ?).
Ø indéterminé.
Lampe cylindrique dont le réservoir sphérique présente des traces de chauffe ;
zone médiane très usée. H. : 174 mm ; l. max. : 80 mm.
Mérellier sommairement gravé sur un bloc de calcaire. Le diagramme figure trois
carrés emboîtés unis par quatre traits disposés en croix (l. max. : 252 mm) 27.
Ébauche de taille de l’extrémité d’une phalange d’équidé. L. : 210 mm ; Ø. : 21
mm.
Phalange d’équidé dont l’une des extrémités est taillée en arrondi. Des esquilles
ont été enlevées sur toute la longueur de l’objet. L. : 160 mm ; Ø : 24.
553
OS0112
Os
319
0S0113
Os
———
Tableau 2. Le mobilier en verre, os et pierre.
———————
———
Fig. 30. Fragment de lissoir en verre (US 1016), col de gobelet en verre (US 2519)
et phalanges d’équidés façonnées (US 553 et 319) (Éch. 1/2).
———————
27-
Bourgeois 2002.
265
266
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
0
0
5 cm
5 cm
———
Fig. 31. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye, Lampe en calcaire (US 2026) et jeu de marelle gravé (US 2002). Dessins P. Bâty.
———————
La céramique (B. Véquaud)
Le site de la Vallée de Faye a livré une occupation
médiévale homogène matérialisée, entre autres, par
les céramiques qui s’inscrivent dans la typo-technologie locale et régionale des xe-xie siècles. De rares tessons indiquent également une occupation carolingienne et une présence médiévale tardive (xiiie-xive
siècles).
La méthodologie appliquée a été calquée sur
celle adoptée dans le cadre du PCR “La céramique
médiévale et moderne de la Loire Moyenne”28. Un
tessonnier et une typologie des lèvres ont été mis en
place. L’ensemble des tessons a été codé. La céramique est très fragmentaire et seul un individu est
archéologiquement complet. De nombreuses structures contiennent peu de mobilier et la présence
d’un, voire de deux tessons par structure n’est pas
exceptionnelle. Seules quatre structures ont livré
plus d’une centaine de fragments. Il a été mis au
28- Husi 2003.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
jour 1844 tessons répartis comme suit : 167 lèvres,
103 fonds, 11 anses, 4 becs pour un nombre minimum d’individus (NMI) égal à 129.
Aquitania, 25, 2009
rain31. La surface de l’enclos quadrangulaire se caractérise par l’absence de céramique.
Les groupes techniques (tableau 3)
Répartition spatiale de la céramique
Les trois structures qui ont livré plus de 100 tessons29 sont des silos établis en marge du site. Les
autres lots d’importance (plus de 50 tessons) proviennent essentiellement de la surface de l’enclos
annulaire30 et des unités stratigraphiques du souter-
Les caractéristiques principales du tessonnier
sont les pâtes sonnantes surcuites, à la limite du grésage, et les pâtes micacées. On peut distinguer :
– Des pâtes surcuites à grésées, rugueuses à granuleuses : 16d et 16h pour les pâtes sombres, 9b,
16c, 8ad, 8u pour les pâtes claires.
GT.1 : Pâte fine douce, de couleur blanche, beige à rose et en général sans glaçure :
1f : Pâte blanche fine calcaire, quartz moyens ou parfois gros et oxydes.
1k : Pâte blanche à rose moyennement fine, avec de nombreuses petites inclusions (quartz, oxydes entre autre) qui lui confère un aspect
sableux. Elle est sonore et dure.
1t : Pâte proche de 1k avec comme particularité la présence de micas très fins qui lui confère un aspect soyeux.
GT.2 : Pâte fine, douce, de couleur blanc-rose avec une glaçure :
2a : pâte beige moyennement fine, avec de nombreuses petites inclusions (quartz, oxydes et micas). Elle est couverte d’une glaçure plombifère monochrome couvrante ou partielle, jaune/vert-moutarde ou orange.
2b : Pâte blanche à rose, fine, calcaire, avec de fréquentes inclusions d’oxydes et de micas. La glaçure épaisse est vert ombré ou moucheté.
GT.5 : Pâte fine mais rugueuse de couleur orange à rouge, sans glaçure :
5p : Pâte rugueuse orange à rouge, légèrement calcaire. Elle contient de rares oxydes et des micas fins.
GT.6 : Pâte fine mais rugueuse de couleur blanche à brune et sans glaçure :
6b : Pâte beige à rose, sableuse à surface rugueuse, comprenant de nombreux oxydes et des micas.
GT.8 : Pâte moyennement grossière, blanc-beige à gris-noir sans glaçure :
8t : Pâte rugueuse grise, sonnante, cuisson réductrice.
8u : Pâte beige à orange, sonnante, avec de grosses inclusions siliceuses et/ou feldspathiques parfois de grosse taille, de rare oxyde et parfois des micas fins.
8ad : Pâte rugueuse sonnante beige, dure. Des quartz, quelques oxydes et des micas fins sont visibles.
GT.9 : Pâte moyennement grossière, rose foncé, orange rouge à brun foncé, sans glaçure :
9b : Pâte rouge à orange, plutôt rugueuse, comprenant de nombreuses inclusions (quartz, oxydes et quelques micas). La pâte est sonnante
à grésée, le cœur de la pâte est gris.
9f : Pâte de couleur rose foncé à brune, moyennement grossière et plutôt savonneuse, avec quelques grains de silice et des micas fins. La
tranche peut-être grise.
GT.13 : Pâte très grossière et tendre. Les parois des récipients sont épaisses.
13c : Pâte orangée à rouge, de texture très grossière, dont la particularité est la présence de chamotte fréquente.
GT.16 : Pâte fine grossière et dure de couleur orange à brun-gris-noir, sans glaçure.
16c : Pâte beige à brun, granuleuse, micacée, avec des grains de silice de taille moyenne. La pâte sonnante est bien cuite.
16d : Pâte rugueuse beige, gris-brun à noir. La pâte est sonore, très cuite. Quelques gros quartz, des oxydes et des micas sont visibles.
16h : Pâte grise, rugueuse à granuleuse, sonnante et dure. Elle comprend des quartz et de rares micas. La pâte est proche de la texture de
17b.
GT.17 : Pâte micacée, de couleur claire à brune :
17c : Pâte orange à brun-rouge, rugueuse, sonnante, comprenant quelques quartz, oxydes et des micas fins.
17e : Pâte micacée beige à orange, rugueuse, sonnante. Elle comprend des oxydes et une forte proportion de paillettes de micas.
17k : Pâte blanche, moyennement fine, granuleuse, sonnante. Elle contient des quartz, des oxydes et des micas. La structure est feuilletée. Variante très micacée de 1f.
17t : Pâte orange à brun-rouge, rugueuse, fortement micacée. Elle comprend des quartz et des oxydes fins.
17ab : Pâte épaisse grossière, de couleur beige à rouge. Elle comprend de nombreux gros quartz et un forte proportion de micas. Non
tournée.
17ag : Pâte rugueuse à granuleuse brun-rouge, fortement micacée, comprenant également des quartz et des oxydes.
———
Tableau 3. Les groupes techniques.
———————
29- Silos 217, 553 et 554, qui ont respectivement livré 192, 254
et 118 tessons.
30- St.728.
31- St. 708, US 2001, 2002 et 2031.
267
268
Aquitania, 25, 2009
– Des pâtes micacées mais avec des particules de
mica d’une taille infime, qui donnent un aspect
soyeux : 1t.
– Des pâtes brunes micacées à inclusions fines
(17t) ou grossières (17ag).
– Des pâtes claires sableuses (1k) ou plus granuleuses (1f). Une variante est sableuse sombre (8t),
une autre est très micacée (17k).
– Des pâtes de teinte beige-orangée à rouge, micacée (17e à micas dorés, 17c), dense (5p, 6b) ou plus
rugueuse (9f).
– Des pâtes grossières peu cuites contenant des
inclusions de chamotte (13c).
Annie Bolle et al.
– Des pâtes granuleuses grossières micacées de
teinte rouge (17ab).
On rencontre également des glaçures externes
jaunes à vertes, sur pâtes moyennement fines à sableuses (2a) ou fines denses (2b). Quelques tessons
en pâte sableuse (1k) peuvent avoir été peints ou ont
simplement reçu un engobe.
Typologie des formes
Les lèvres mises au jour correspondent à 7 types,
subdivisés en sous-types (cf. tableau 4).
L1 : lèvre déjetée.
L1a : à profil angulaire.
L1b : oblique à profil arrondi.
L1c : oblique à profil en quart-de-rond.
L1d : oblique à profil angulaire.
L1e : courte à profil “en crochet”.
L1f : courte à profil angulaire.
L1g : à profil en quart-de-rond et gorge interne.
L8 : lèvre éversée (lèvre munie d’un dévers ou d’un débord).
L8a : ou déjetée à profil anguleux souligné d’une gorge externe.
L8b : plate ou à gorge interne et profil en quart-de-rond.
L8c : plate à profil souple.
L8d : à profil externe développée, en amande et gorge interne parfois très marquée.
L8e : à profil en quart-de-rond et gorge interne systématique.
L8e’ : variante avec une lèvre courte et fine.
L8f : à profil anguleux.
L8g : courte et trapue à profil anguleux.
L19 : lèvre en bandeau court ou “poulie”.
L19a : lèvre déjetée trapue à profil anguleux et gorge externe.
L19b : courte sans creusement externe.
L19c : trapue légèrement creusée, large méplat.
L19d : avec ou sans léger creusement externe et profil interne arrondi ou en amande.
L19e : trapue, à large méplat mais à creusement externe.
L19e’ : même profil déjeté mais variante avec un profil interne souple (en amande) et une lèvre qui s’allonge.
L19f : profil externe bien creusé et gorge interne développée.
L19g : oblique à gorge interne haute.
L19h : oblique à profil débordant en quart-de-rond.
L26 : lèvre large non tournée.
L26a : lèvre verticale à large méplat.
L26b : lèvre déjetée oblique.
L26c : variante de L. 26b, la lèvre se relève.
L28 : Lèvre à profil arrondi, non tournée.
L12 : lèvre oblique droite d’un couvercle.
———
Tableau 4. Typologie des lèvres.
———————
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Les formes fermées
(fig. 32 à 34, n°1 à 49 et tableau 5)
L’intérêt de cet ensemble céramique réside dans
la présence de lèvres de type proto-bandeau, associées à des lèvres éversées, majoritaires, et quelques
lèvres déjetées. Plusieurs lèvres présentent un faciès
archaïque : L1c (n°5), L1g (n°7), L8b (n°9, 10), L8f
(n°22, 23), L19a (n°32), L19b (n°33 à 36).
Lèvres formes
fermées
Pot à cuire
Cruche
Éversées
L8
Bandeau
L19
Déjetées
L1
Total
55 %
34 %
8%
97 %
25 %
22,3 %
20,5 %
0,9 %
3,6 %
0,9 %
49,1 %
24,1 %
court. La cruche possède une ou deux anses plates.
La panse est globulaire. Le bec est soit formé par
l’étirement de la lèvre, soit ponté, soit tubulaire. Ce
type est associé en majorité à des lèvres éversées. La
gourde est matérialisée par le goulot encadré de
deux petites anses. Elles se fixaient soit sur la collerette développée de la lèvre en bandeau, soit sous la
lèvre déjetée.Les formes ouvertes (fig. 35, n°50 à
56)
Aucune coupe ou écuelle n’a été mise au jour.
Les récipients de stockage ouverts ont des lèvres
hautes déjetées à profil angulaire ou arrondi. Les
rares fonds associés sont plats. Un couvercle tronconique présente un bouton de préhension, décollé à
au fil. La lèvre est dans le prolongement de la panse.
Les lampes
———
Tableau 5. Proportion des lèvres des formes fermées.
———————
La typologie des formes se limite au répertoire
classique de la céramique médiévale. Pour chacune
des lèvres répertoriées et quand cela était possible32,
la fonction du récipient a été déterminée : cuisson
des aliments, contenant des liquides, récipient de
stockage (tableau 6).
Ø d’ouverture
Ø min.
Ø max.
Moyenne
Pot à cuire
10
10
17
19
13
13
22
46
000
Cruche
Vase réserve
Aquitania, 25, 2009
———
Tableau 6. Diamètres d’ouverture
des récipients de forme fermée (en cm).
———————
Le pot à cuire est un récipient sans anse à panse
globulaire et fond plat décollé au fil ou à la plaque.
Des stries de tournage ornent parfois la panse. Les
lèvres sont en majorité éversées ou en bandeau
32- Les pâtes surcuites ou grésées n’ont pas conservé de traces
de passage au feu donc 22,3 % des lèvres n’ont pu être attribuées
avec certitude.
Cinq lampes à pied fragmentaires ont été mises
au jour. Leur base est plus ou moins débordante.
Une coupelle intermédiaire servait à récupérer le
suif dans au moins un cas (fig. 36, n°60 à 64).
Les décors
Les décors à la molette correspondent à un décor
simple de motifs losangiques constitués d’un quadrillage de lignes obliques parallèles (fig. 35, n°57 à
59). De rares glaçures couvrantes jaune ou vert-moutarde, sont appliquées sur des pâtes moyennement
fines (2a). Elles peuvent être qualifiées de glaçure
primitive alors que les glaçures mouchetées ou vert
ombré interne (2b, pâte fine dense) sont postérieures. Des taches accidentelles de glaçure plombifère ont été repérées sur quelques individus.
Quelques tessons ont reçu un engobe ou une peinture ocre externe. Cette couverte a été appliquée sur
une pâte claire sableuse (1k). Cette peinture est couvrante et aucun décor n’a été recensé. Des impressions au pouce, réalisées sur une bande applique ou
directement sur la panse, ornent la jonction lèvre/
panse des vases de stockage (fig. 35, n°54).
269
270
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
Pots à lèvres déjetées L1 et sous-types
L1a
17c
9b
L1d
1
4
9f
L1b
L1e
1k peint
2
L1c
5
9b
9b
L1g
3
9b
L1f
7
Pots à lèvres éversées L8 et sous-types
6
L8a
L8a
9b
17e
9
L8b
17c
10
8
1k
L8b
L8b
11
1f
L8c
17e
12
L8b
14
17e
L8c
13
15
L8d
16
16d
L8d
9b
0 cm
5 cm
17
———
Fig. 32. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud.
———————
17c
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Aquitania, 25, 2009
Pots à lèvres éversées L8 et sous-types
1k
L8f
9b
L8d
22
5p
L8e
18
5p
L8f
L8e
20
1k
L8e'
9b
23
19
L8g
1f
L8g
21
1f
25
24
Cruches et gourde à lèvres L1 et L19
L8a
17c
L8g
1k
L8e
26
28
L8e
29
17e
27
L19c
L8b
17c
1f
31
30
0 cm
5 cm
———
Fig. 33. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud.
———————
16d
271
272
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
5p
L19a
L19b
16c
17c
L19b
L19b
35
Pots à lèvres en bandeau court L19
34
33
32
17c
L19b
9b
37
36
16c
L19c
17e
L19d
9b
L19d
38
8t
L19e
39
40
L19f
L19f
5p
8t
42
41
L19f
17c
43
0 cm
———
Fig. 34a. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud.
———————
5 cm
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Aquitania, 25, 2009
Pots à lèvres en bandeau court L19
L19g
1k
L19h
17t
L19f
44
8ad
45
1k
L19e'
46
1t
L19e'
47
9b
L19e'
49
48
0 cm
5 cm
———
Fig. 34b. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud.
———————
L26a
6b
Vases de stockage, lèvres L26, L28
0 cm
50
———
Fig. 35a. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud.
———————
5 cm
273
274
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
Vases de stockage, lèvres L26, L28
L26a
17ab
5p
L26c
L28
52
17e
53
51
17ab
L26b
54
Couvercles
17c
17ag
L12
55
56
Décors
57
17ab
17ab
17t
58
59
0 cm
———
Fig. 35b. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Céramiques médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud.
———————
5 cm
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
13c/17c
Aquitania, 25, 2009
17e
60
17c
61
62
9b
9b
64
63
0 cm
5 cm
———
Fig. 36. Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye. Lampes médiévales. Dessins, DAO : B. Véquaud.
———————
Croisement des données
En croisant les informations du tessonnier et de
la typologie des lèvres, il n’est pas possible de déterminer si un type de lèvre correspond à un groupe de
pâte en particulier. Seuls les groupes techniques
17ab et 13c ne correspondent qu’à des vases de stockage, caractérisés par des parois épaisses, non tournées.
Comparaisons et datation
La datation radiométrique réalisée sur le site de
Villiers-en-Plaine (charbons de bois provenant du
comblement du silo 217 : Miami 139717 : 1010 +/- 50
BP) donne une fourchette chronologique comprise
entre 965 et 1155 avec un pic de probabilité à 1015.
Si l’on se réfère à la céramique contemporaine mise
au jour dans le Centre-Ouest de la France, le vaisselier correspond à la typologie des céramiques médiévales datées des xe-xiie siècles33. Les lèvres en protobandeau sont attestées à Doué-la-Fontaine
33- Husi 2003.
(Maine-et-Loire)34 dès la seconde moitié du xe siècle
et dans le castrum d’Andone35 dans le premier quart
du xie siècle (terminus ante quem de 1020-1028).
De nombreux sites ont été fouillés ces dernières
années dans l’espace géographique qui correspond
au Poitou médiéval. À Niort (Deux-Sèvres), sur le
site de l’Espace Niortais36 et dans le cadre de la
fouille du comblement supérieur d’une carrière, des
céramiques identiques aux productions de Villiersen-Plaine ont été mises au jour : proto-bandeaux ou
bandeaux courts à gorge interne, lèvres éversées à
profil souple ou angulaire. En raison de la présence
de glaçure primitive et de céramiques peintes à pâte
sableuse, cet ensemble a été daté de la seconde moitié du xe ou du xie siècle. Les niveaux précoces de
l’abbaye Saint-Pierre de Maillezais (Vendée), datés
des xe-xie siècles par analyse radiométrique37, mais
34- De Boüard 1976.
35- Debord & Leenhardt 1975 ; Véquaud 2009.
36- Nibodeau 1997.
37- Véquaud 2007b. Ly-11480, US 548 : 1090+/-30 BP : 893 à
1016 AD cal. ; Ly-11479, US 536 : 1134+/-30 BP, 784 à 982 AD
cal. ; Ly-11476, US 527 : 1065+/-35 BP, 896 à 1021 AD cal.
275
276
Aquitania, 25, 2009
GT
13c
16c
16d
16h
17ab
17ag
17c
17e
17k
17t
1f
1k
1t
2a
2b
5p
6b
8ad
8t
8u
9b
9f
PC
0
3
2
0
0
0
11
5
1
1
2
7
2
0
0
9
0
1
4
1
9
4
CR
0
0
2
0
0
0
3
4
0
0
2
4
2
0
0
7
0
0
0
1
2
2
Annie Bolle et al.
GO
0
0
0
0
0
0
1
0
0
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
VR
1
0
0
0
3
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
2
0
0
0
0
0
0
LA
2
0
0
0
0
0
2
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2
0
CO
0
0
0
0
0
1
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Pot Ind.
0
1
1
0
0
1
2
0
0
0
0
6
0
0
0
0
1
0
0
0
3
2
NMI
3
4
5
0
3
2
20
10
1
1
4
18
4
1
1
18
1
1
4
2
16
8
L1
0
0
0
0
0
0
1
0
0
1
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
5
1
L8
0
0
5
0
0
0
6
7
1
0
4
13
2
0
0
10
0
0
1
1
6
4
L19
0
4
0
0
0
0
9
1
0
0
0
3
2
0
0
5
0
1
3
1
5
2
L26
0
0
0
0
3
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
1
0
0
0
0
1
L28
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2
0
0
0
0
0
0
L12
0
0
0
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
GT/NMI
1
4
5
0
3
1
16
9
1
1
4
17
4
0
1
17
1
1
4
2
16
8
———
Tableau 7. Fonction des récipients, groupes techniques et typologie des lèvres (PC : pot à cuire ; CR : cruche :
GO : gourde ; VR : vase-réserve ; LA : lampe ; CO : couvercle ; Pot Ind. : Forme fermée indéterminée).
———————
aussi les fouilles récentes du souterrain de SainteHermine/Le champ de Lise (Vendée)38 et Faye-surArdin/voie communale n°16 (Deux-Sèvres)39 ont
également livré un échantillonnage intéressant de
proto-bandeaux, de lèvres éversées et de lèvres déjetées en quart-de-rond. Les groupes techniques sont
proches de ceux reconnus à Villiers-en-Plaine comme
les pâtes surcuites (16) et la pâte micacée soyeuse
(1t). L’expertise archéologique réalisée à La Peyratte/
La Petite Foye (Deux-Sèvres)40 a mis au jour un artisanat métallurgique associé à une construction sur
poteaux. Le mobilier céramique s’inscrit dans le
même faciès : pot à cuire et cruche à lèvre en bandeau ou éversée, vase-réserve à lèvre longue déjetée
décoré d’impressions digitées.
Le tracé linéaire de l’autoroute A83 a permis de
fouiller, en Vendée, différentes occupations médiévales, comme les sites de Sainte-Hermine/La
Papaudière, d’Auzay/Le champ de Gré et d’Auzay/
Les Ouches41. La céramique est en partie comparable à celle de Villiers-en-Plaine : les lèvres éversées
et les bandeaux courts sont associés à de nombreux
fragments de vases-réserve. Aucune information sur
les groupes techniques n’est fournie. Ce mobilier a
été daté des xe-xiie siècles42. Par contre, la typologie
des lèvres en bandeau ne permet pas d’affiner la
chronologie : l’évolution des profils semble se faire
lentement et perdurer sans grande évolution entre le
xe et le xiie siècle. Ainsi, à Poitiers (Vienne), les lèvres
en bandeau ne sont pas attestées avant le xie siècle et
semblent ne pas évoluer avant le xiiie siècle43.
38- Véquaud, en préparation.
39- Véquaud, en préparation.
40- Véquaud 2002.
41- Brodeur & Thooris 1995, 167 ; Valais 1998, 65.
42- André 1992 ; Poissonnier & Vatteoni 1997 ; Guérin 1993.
43- Véquaud 2007a.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Sites
Villiers-en-Plaine (79)
La Vallée de Faye
Lèvres
Bandeaux éversées
34 %
55 %
Lèvres
autres
8%
Faye sur Ardin (79)
voie communale n°16 32,7 % 57,7 % 7,7 %
Maillezais (85)
52,96 % 40,46 % 6,57 %
Abbaye Saint-Pierre
Breuil-Chaussée (79)
La Veillonnerie
La Laigne (17)
Le Pré du château.
F.1030
La Laigne (17)
Le Pré du château.
F.1001
Tonnay-Charentes
(17)
La Chalonnière
80 %
20 %
64 %
12 %
69,42 %
9,9 %
78,84 %
12,5 %
Datation
sites
Fin xe-1ère
moitié du
xie s.
xe-xie
s.
-1 quart
du xie s.
xe-1ère
moitié du
0%
xie s. ?
Dernier
4%
quart du
xie-xiie s.
Dernier
18,18 % quart du
xie-xiie s.
0%
e
x
er
xe-xie
s.
———
Tableau 8. Proportions des types
de lèvre sur des sites du Poitou.
———————
Ce tableau permet de supposer que lorsque les
lèvres éversées tendent à disparaître du vaisselier, la
chronologie est basse. Ainsi, le site médiéval de La
Laigne, dont l’occupation précoce, matérialisée par
une majorité de lèvres en proto-bandeau, quelques
lèvres éversées et déjetées et des vases de stockage, a
été datée par analyse radiométrique de la seconde
moitié du xie et du xiie siècle44 et n’a livré en moyenne
que 10 % de lèvres éversées.
Les sites plus méridionaux de Tonnay-Charente/
La Chalonnière et de Surgères/Cornet (CharenteMaritime)45 ont livré un vaisselier identique. Des
analyses chimiques ont démontrée que ces céramiques sont des productions de l’atelier médiéval
des Champs-Rougeauds
à Saint-Hilaire-deVillefranche (Charente-Maritime)46. Pour le site de
Tonnay-Charente, une datation radiométrique fournit un intervalle calibré 884-110247. À Surgères/
Cornet, les deux analyses radiométriques donnent
44- Ly-8880 : 875+/-60 BP, 1035 à 1268 AD cal ; Ly-9046 :
880+/-40 BP, 1048 à 1245 AD cal. (Véquaud 2004).
45- Bolle 2004 ; Véquaud 2004 : 358 ; Bocquet 1999 ; Catteddu
1996.
46- Bocquet 1999 : 73.
47- Ly-6319 : 1050+/-50 BP, 884 à 1102 AD cal. (charbons de
bois).
Aquitania, 25, 2009
des datations divergentes : 810-1023 et xie-xiiie
siècles48. Les différences chronologiques et typologiques des sites de Charente-Maritime peuvent s’expliquer également par une évolution typologique régionale dont la limite géographique arbitraire serait
la Sèvre Niortaise et le Marais Poitevin.
Les vases-réserve en pâte chamottée sont présents
sur les sites régionaux du viiie au xiie siècle, sans qu’il
soit possible de définir une évolution typologique49.
Le type du vase de stockage à lèvre déjetée est également très fréquent dans le Poitou sur les sites de
Faye-sur-Ardin/voie communale n°16, l’abbaye
Saint-Pierre de Maillezais, à Sainte-Hermine/Le
Champ de Lise (Vendée), sur le site de La Veillonnerie
au Breuil Chaussée (Deux-Sèvres) ou encore à La
Laigne/Le Pré du château où il perdure au xiiie
siècle50.
Les fragments de couvercle à bouton de préhension et panse biconique sont également présents
dans la typologie locale comme à Sainte-Hermine/
Le Champ de Lise ou au Breuil-Chaussée51.
Les glaçures jaunes sont attestées à Poitiers et
dans le castrum d’Andone à la fin du xe siècle et au
cours de la première moitié du xie siècle52. Bien que
repérées dès le ixe, voire la fin du viiie siècle à Tours53,
les céramiques glaçurées ne sont pas, pour le Poitou,
antérieures à la seconde moitié du xe siècle, où elles
coexistent, au moins pendant la première moitié du
xie siècle, avec des céramiques à décor peint de virgules.
Enfin, les lampes à pied et coupelle intermédiaire correspondent, dans la typologie de SaintDenis, à la classe II, type C354. Que ce soit en
Charente-Maritime55, en Charente56 ou au nord de
la Loire57, ce type de lampe à huile est présent dans
des niveaux des xe-xiiie siècles.
48- Ly-315 : 1099+/-56 BP, 810 à 1023 AD cal. ; Ly-316 : 945+/51 BP, 1016 à 1210 AD cal.
49- Véquaud 2010.
50- Véquaud 2010 ; Véquaud 2007b ; Véquaud, en préparation ;
Véquaud 2008 ; Véquaud 2004.
51- Véquaud, en préparation ; Véquaud 2008.
52- Véquaud 2009 et 2010.
53- Husi 2006, 175.
54- Lefèvre & Meyer 1988, 78.
55- Bolle 2004.
56- Fourteau-Bardaji & Bourgeois 2009, 309-313.
57- Gentili 1988 ; Motteau 1991.
277
278
Aquitania, 25, 2009
Pour les Pays de la Loire, les informations sur les
sites médiévaux ont été synthétisées par la mise en
place du Programme Collectif de Recherche sur l’habitat du Moyen Âge dans les Pays de la Loire, coordonné par A. Valais58. Le site de Marcé-Beauce
(Maine-et-Loire) présente une typologie des céramiques comparable au site de Villiers-en-Plaine.
Une datation fin xe-début xiie siècle a été proposée59.
Ces comparaisons ne seraient pas complètes sans
mentionner la synthèse d’I. Morera-Vinçotte sur la
céramique médiévale en Pays de la Loire60. La lèvre
en bandeau est adoptée à Angers ou à Distré (Maineet-Loire), au cours du xe siècle. Cette forme devient
majoritaire au xiie siècle. Si dans l’aula de Doué-laFontaine61, la lèvre en bandeau est attestée dès la
première moitié du xe siècle, il apparaît difficile de
donner une date aussi haute pour les céramiques
poitevines. Les vases de stockages sont signalés dès la
fin de l’époque carolingienne jusqu’au début du xive
siècle sans évolution typologique notable62. Les
lampes présentent également une typologie comparable63.
Conclusion
D’un point de vue typologique et technologique,
le mobilier céramique de Villiers-en-Plaine s’inscrit
dans la tradition du Centre-Ouest de la France, avec
les particularités régionales du Nord-Ouest du
Poitou médiéval. Le site de la Vallée de Faye a livré
un ensemble homogène de céramiques du xie siècle
et au plus tôt de la fin du xe siècle.
Le vaisselier correspond à la période définie et se
limite, pour les formes fermées, aux pots à cuire et
aux cruches et, dans une moindre mesure aux
gourdes. Les vases de stockage et quelques couvercles
sont les seules formes ouvertes repérées et laissent
supposer une utilisation quotidienne de la vaisselle
de bois (écuelles par exemple). Le vaisselier ne permet pas de qualifier le type d’habitat fouillé. Même
si quelques tessons glaçurés et peints ont été mis au
jour, la céramique culinaire n’est pas exceptionnelle
585960616263-
Valais 2000.
Pétorin 1997.
Morera-Vinçotte 2000.
De Boüard 1976.
Morera-Vinçotte 2000, 64.
Valais 2000.
Annie Bolle et al.
pour la période, tant d’un point de vue qualitatif
que quantitatif. La présence même des lampes à
huile, liée à l’occupation du souterrain, ne peut caractériser un site élitaire.
Bien qu’aucun atelier de potier n’ait été mis au
jour aux environs de Niort, il est certain, au vu des
productions céramiques très micacées de Niort, de
Faye-sur-Ardin, de Villiers-en-Plaine mais également
de Sainte-Hermine, qu’elles proviennent d’une
même région de production : la faible distance qui
sépare trois des sites (une dizaine de km) et des caractéristiques typologiques et technologiques viennent étayer cette observation. La distance maximale
entre les sites les plus éloignés est de 60 km.
La céramique de Villiers-en-Plaine permet d’enrichir la connaissance des céramiques poitevines et
d’ouvrir de nouveaux axes de recherche comme par
exemple, sur le réseau d’approvisionnement des
sites des xe-xiie siècles en Bas-Poitou.
Étude archéozoologique (St. Frère)
Seuls 408 restes (dont 303 déterminés) ont été
collectés, ils sont très majoritairement issus d’un ramassage à vue lors de la fouille. Le tamisage des sédiments (tests ponctuels) n’a apporté aucun élément
nouveau sur l’étendue du spectre faunique. Malgré
une maille d’observation plus fine, les poissons demeurent totalement absents. Ce corpus très restreint restreint fortement le champ d’investigation.
Seuls certains aspects de l’alimentation et de l’élevage peuvent être développés. De même, la faible
taille de l’échantillon limite fortement la portée des
données chiffrées, qui doivent être considérées
comme un indicateur de grandeur plutôt qu’en valeur absolue.
Un tiers des ossements provient des silos, le
solde étant issu du souterrain et de structures situées
à l’intérieur de l’enclos. L’état de conservation est,
dans l’ensemble, satisfaisant. Les empreintes de radicelles sont peu marquées ou inexistantes et les traces
de manducation, témoins d’une stagnation prolongée des rejets sur des niveaux de circulation ou dans
des zones accessibles aux chiens et/ou aux suidés
sont exceptionnelles. Aussi les différences de poids
moyen en fonction de la nature des structures
(fig. 37) semblent plus correspondre à une sélection
des rejets par l’homme qu’à une destruction différentielle. D’ailleurs la conservation, dans ces deux
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Aquitania, 25, 2009
% NR
90
70
60
80
Enclos +
souterrain
50
70
40
Silos
30
60
Lapin de garenne
50
Lièvre
40
30
20
Lagomorphe ind.
20
10
10
0
0
Bœuf
Porc
Caprinés
Ind.
Poids Moyen (en g.)
% NR
25
B
20
types de structures, d’éléments osseux de très jeunes
oiseaux (pièces anatomiques particulièrement sensibles aux contraintes taphonomiques), confirme la
qualité des conditions de conservation.
B
15
B
10
B
B
B
B
5
B
B
B
B
B
sacrum
B
scapula
B
Si les rejets provenant des silos, probablement
réutilisés comme dépotoirs, relèvent de modes d’accumulation bien connus et sont peu sujets aux pollutions, en revanche, l’origine des restes du souterrain et de l’enclos est sujette à caution. Ces deux
ensembles seront donc traités distinctement.
ulna
tibia
radius
métapode
métatarse III
lombaire
mandibule
fémur
humérus
crâne
côte
calcaneum
0
37 38
39
———
Fig. 37. Fluctuation du poids moyen
des restes selon les structures.
Fig. 38. Part des lapins et des lièvres au sein des lagomorphes.
Fig. 39. Répartition anatomique des restes de
lapin de garenne dans le souterrain.
———————
Les restes du souterrain et de l’enclos
La majeure partie des ossements provient du souterrain. Les restes animaux de l’enclos sont issus,
pour la plupart, de contextes similaires (niveaux de
circulation) et livrent des résultats similaires. Ils sont
donc traités conjointement afin de renforcer la taille
du corpus, au demeurant très faible.
Il apparaît certain que les ossements de gros
mammifères ont été déposés par l’homme, d’autant
que moins de 2 % d’entre eux portent des traces de
manducation. En revanche, le mode d’accumulation des ossements des espèces sauvages ne paraît
pas si évident.
279
280
Aquitania, 25, 2009
La faune sauvage
La forte proportion de faune sauvage (tableau 9),
et plus encore l’absence de traces de découpe, de
brûlures ou de digestion, incitent à penser que ces
individus sont le fruit d’un piégeage naturel, mais si
le biotope de certaines de ces espèces peut correspondre, en revanche pour d’autres il n’est pas sans
surprendre.
Outre le problème de la distinction entre animaux piégés naturellement et animaux rapportés
par l’homme, il faut aussi s’interroger sur la datation
de ces dépôts. Sont-ils contemporains de l’occupation humaine, ou sont-ils postérieurs à l’abandon de
la structure ? L’étendue du spectre semble apporter
quelques réponses.
En Europe, hors de l’aire méditerranéenne (température moyenne annuelle supérieure à 11°C) le rat
noir (Rattus rattus) est condamné à vivre en “ intérieur”, donc en strict commensal64. Sa présence est
donc contemporaine de l’occupation humaine. Il se
retrouve aussi dans les comblements de silos.
Le lérot (Eliomys quercinus) n’est pas un commensal stricto sensu, il s’accommode cependant fort bien
de la proximité de l’homme et hiberne fréquemment dans les greniers des habitations, ou dans des
anfractuosités rocheuses65. Il se nourrit en outre
dans les vergers et les jardins. Sa présence peut donc
aussi être contemporaine de celle de l’homme.
Les chiroptères observés sont de forte taille, ces
animaux nocturnes nichent fréquemment le jour
dans des greniers d’habitats, ils peuvent donc aussi
être contemporains de l’utilisation du souterrain,
du moins si celui ci n’était pas fréquenté trop régulièrement.
Les restes de batraciens sont très fragmentés.
Toutefois, les quelques individus déterminés
jusqu’au rang de l’espèce sont des crapauds communs (Bufo bufo), se rencontrant fréquemment à
proximité de l’homme et jusque dans les villes66. Ils
s’adaptent aussi bien aux milieux secs qu’aux milieux humides. Pour les batraciens et les rongeurs,
une observation à la loupe binoculaire n’a pas permis de distinguer des traces de digestion caractéristiques d’une coprocoenose (fèces de carnivores).
64- Audouin-Rouzeau & Vigne 1994.
65- Saint Girons 1973
66- Duquet 1996.
Annie Bolle et al.
Part relative
Poids
des 3
Moyen principales
espèces
Nombre
de Restes
%
Poids
de Restes
(en g.)
%
Bœuf
13
6,2
774
34,8
59,5
17,8
Porc
11
5,2
81
3,6
7,4
15,1
Caprinés
49
23,2
432
19,4
8,8
67,1
Cheval
12
5,7
578
26
48,2
Âne
8
3,8
255
11,5
31,9
Chien
14
6,6
37
1,7
2,6
Chat
3
1,4
10
0,4
3,3
Lapin
47
22,3
46
2,1
1,0
Lièvre
7
3,3
7
0,3
1,0
Lagomorphe
2
0,9
0
0
inf à 1
Turdinés
(merle, grive...)
4
1,9
1
0
0,3
Oiseau sauvage
2
0,9
1
0
0,5
Passereaux ind
5
2,4
0
0
inf à 1
Rat noir
4
1,9
0
0
inf à 1
Rongeur
10
4,7
2
0,1
0,2
Taupe
2
0,9
0
0
inf à 1
Enclos +
souterrain
Lérot
4
1,9
0
0
inf à 1
Chiroptère
5
2,4
0
0
inf à 1
Batracien
9
4,3
0
0
inf à 1
Déterminés
211
78,1
2224
94,4
10,7
Indéterminés
59
21,9
131
5,6
2,2
TOTAL
270
100
2356
100
8,8
———
Tableau 9. Dénombrement des restes du souterrain et de l’enclos.
———————
Toutefois une analyse fine de la fragmentation et de
la répartition anatomique permettrait de nous éclairer plus précisément sur les modes d’accumulation
(apport par des rapaces, des mammifères carnivores
ou dépôts naturels). Ce type d’approche, qui permettrait d’affiner notre perception de l’assemblage
ne peut toutefois être réalisée que par un spécialiste
des micro-mammifères et n’est intéressante que dans
le cas d’ensembles importants. Elle ne semble pas
justifiée sur ce site.
La présence d’oiseaux sauvages (petits passereaux, merles, grives) est plus surprenante. Une fois
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
encore, aucune trace de charognage ou de coprocœnose n’a été observée. En outre, un individu a été
retrouvé complet, probablement en connexion anatomique. Ce type de niche écologique ne correspond absolument pas au biotope traditionnel de ces
petits turdinés (dont la taille est comprise entre la
grive musicienne et la grive draine). Les os sont très
peu altérés, l’hypothèse d’un apport par un prédateur paraiît donc peu plausible, seul un apport volontaire (stockage d’individus pour le faisandage...)
pourrait justifier leur présence.
Les lagomorphes (ordre regroupant les lapins et
les lièvres) représentent près de 27 % des restes déterminés. Cette proportion, totalement anormale,
même pour un site seigneurial, pourrait résulter
d’une simple colonisation naturelle après abandon
du souterrain par l’homme. Pourtant, même si le lapin de garenne est un animal fouisseur, il ne s’installe généralement pas dans des cavités naturelles ou
artificielles de grande taille, en outre, le lièvre, qui
n’est pas un fouisseur, n’utilise que de très légères
anfractuosités naturelles, à proximité immédiate du
niveau de sol. Le lapin de garenne est nettement
mieux représenté que le lièvre (fig. 38).
Au regard du biotope traditionnel de cette espèce, un piégeage dans sa zone d’habitat semble
pouvoir être exclu. Seule une chute accidentelle paraît acceptable, mais la présence de la majorité des
restes dans les niveaux d’occupation suggère bien
évidemment un apport humain.
Sa répartition anatomique (fig. 39) indique une
sur-représentation des membres postérieurs (partie
la plus charnue de l’animal). Ce sont donc les os les
plus résistants, mais aussi les plus gros qui ont été
collectés. La présence de plusieurs restes d’individus
périnataux autorise toutefois à minimiser les effets
de la conservation, ces effectifs résultent donc, soit
d’une sélection humaine (consommation de cuisses
de lapin), soit d’une maille de collecte trop importante.
Près de la moitié des restes de lapin de garenne
proviennent d’individus périnataux et juvéniles.
Cette distribution d’âges, proche de celle d’une population à l’état naturel, cumulée à une absence de
traces de découpe et de cuisson renforce l’hypothèse
d’une population naturelle. Ce cadre de vie ne coïncidant cependant qu’assez mal avec celui générale-
Aquitania, 25, 2009
ment constaté (surtout pour le lièvre), il pourrait
s’agir d’une tentative ponctuelle de maintien en captivité voire d’élevage. En effet, un souterrain avec
des parois taillées dans la roche constitue un cadre
idéal pour maintenir des fouisseurs en captivité. Des
tentatives analogues ont déjà été évoquées pour le
lièvre à la Tène finale67, elles s’effectuaient alors dans
des enclos en plein air. César évoque d’ailleurs ces élevages en (Grande-Bretagne). La fourchette chronologique retenue pour ce souterrain cadre assez bien avec
l’apparition du lapin à proximité de la Loire68. Cet élevage correspond généralement à une production de
fourrure et accessoirement de viande.
Ainsi la présence du rat, des oiseaux sauvages et
du lièvre indique une accumulation d’origine anthropique, confirmée par la présence des espèces du
cheptel domestique. La provenance des chauves-souris et du lérot est plus incertaine. L’intérêt principal
réside toutefois dans la présence du lapin de garenne. Il est possible, au regard des classes d’âge,
qu’il s’agisse d’une tentative de domestication.
La faune domestique
La triade domestique est assez peu représentée.
La part écrasante des caprinés (67 % du NR3) détone
dans un milieu seigneurial. Le poids moyen des
espèces de petite taille (porcs et caprinés) est faible
(fig. 37), il correspond aux valeurs observées pour
des structures similaires (caves et celliers) de l’époque
gallo-romaine, suggérant la présence de petits os
incrustés dans la couche superficielle du niveau de
circulation, plutôt que de véritables rejets
alimentaires. Dans ce cas, il est habituel que les
espèces les plus petites soient favorisées.
La répartition anatomique des restes est assez homogène pour l’ensemble des espèces, dans les deux
types de structures (fig. 40). Seuls les restes crâniens
sont mieux représentés dans l’enclos. Ce résultat, du
à une forte proportion de dents, relève d’une fragmentation plus importante dans ce milieu, confirmant l’hypothèse d’un piégeage dans un niveau de
circulation. Les données biométriques et celles portant sur l’âge des individus sont trop rares pour pou-
67- Méniel 2001.
68- Callou 2003.
281
Aquitania, 25, 2009
Annie Bolle et al.
% NR
100
Pieds
80
Membre
60
Côtes
40
Vertèbres
20
enclos+
souerrain
silo
enclos+
souerrain
silo
0
enclos+
souerrain
Tête
silo
282
———
Fig. 40. Répartition anatomique des
restes des trois principales espèces
suivant leur structure d’origine.
———————
voir aborder les problèmes relatifs à la gestion du
cheptel. Tout au plus, les quelques données concernant l’âge dentaire des caprinés (n=6) suggèrent-elles
un élevage basé sur la production de lait ou de laine
(1 individu est âgé de moins de 18 mois, 1 autre de
4 à 8 ans, et les 4 derniers ont entre 8 et 10 ans).
Les équidés sont bien représentés, et plus de
35 % de leurs restes sont attribuables à l’âne. Vu la
rareté des données biométriques, il n’a pas été possible de distinguer de formes hybrides (mulet et bardot). Si l’exploitation de l’âne et celle du cheval divergent suffisamment pour justifier un élevage mixte
(animal de bât contre animal de traction et de
monte) il est possible que des formes hybrides soient
aussi développées. Elles ne sont que cependant rarement mises en évidence lors d’études archéozoologiques.
Ce pourcentage d’ânes assez élevé diverge sensiblement des résultats obtenus dans le nord de la
France (à l’exception de quelques sites de la Plaine
de France)69. L’alimentation de l’âne étant moins
contraignante et plus économique que celle des chevaux, il est possible, malgré une physionomie peu
adéquate, que ces animaux aient été employés pour
les travaux des champs, notamment lors de la-
bours70. L’exemple de la broderie de Bayeux abonde
en ce sens et cette pratique perdure notamment en
Algérie jusqu’au xxe siècle.
Les animaux de compagnie (chiens et chats) sont
peu abondants. Les chiens sont de forte taille, (gabarit semblable à celui du berger allemand), il est probable qu’ils étaient employés pour la garde et la protection des troupeaux. Le chat est de petite taille.
Son rôle dans l’éradication des rongeurs est certainement beaucoup plus important que celui suggéré
à partir des rares empreintes sur les restes de rongeurs.
69- Frère & Yvinec 2009.
70- Bloch 1931.
Les silos
Une nouvelle fois l’étendue du spectre est assez
importante au regard du nombre de restes collectés
(tableau 10). La fréquence des traces de découpe et
de brûlures, bien supérieure à celle du souterrain,
témoigne certainement de la vocation de dépotoir
alimentaire de ces structures.
La proportion relative des trois principales espèces diverge nettement de celle du souterrain
(fig. 41). Le bœuf est toujours stable, mais le porc
s’accroît très nettement au détriment des caprinés.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Silos
Bœuf
Porc
Caprinés
Chien
Âne
Coq
Oie
Caille
Rat noir
Taupe
Déterminés
Indéterminés
TOTAL
Aquitania, 25, 2009
Nombre de Restes
%
Poids de Restes (en g.)
%
Poids
Moyen
Part relative des 3
principales espèces
10
30
32
1
2
9
3
1
3
1
92
46
138
10,9
32,6
34,8
1,1
2,2
9,8
3,3
1,1
3,3
1,1
66,7
33,33
100
673
226
120
2
97
11
9
0
1
1
1140
44
1184
59,0
19,8
10,5
0,2
8,5
1,0
0,8
0,0
0,1
0,1
96,3
3,7
100
67,3
7,5
3,8
2,0
48,5
1,2
3,0
0,0
0,3
1,0
12,4
1,0
8,6
13,9
41,7
44,4
———
Tableau 10. Dénombrement des restes des silos.
———————
Les poids de restes, généralement considérés
comme révélateurs de la part des espèces au sein de
l’alimentation carnée (fig. 37), indiquent, comme
sur la totalité des sites médiévaux, une nette prépondérance du bœuf71. La part du porc l’emporte sur
celle des caprinés, témoignant ainsi du caractère seigneurial du lieu. Cette distinction sociale se confirme
par la présence d’oiseaux sauvage (1 reste de caille),
qui toutefois correspond plutôt à une chasse de rencontre dans les champs qu’à une véritable activité
cynégétique. Cette absence de gibier à poils dans les
contextes seigneuriaux médiévaux n’est cependant
pas exceptionnelle, elle a déjà été observée dans le
Forez à Essertines-Basses72 ou dans la vallée du
Rhône sur les sites castraux de Décines et de
Rochefort-en-Valdaine73. Par ailleurs, cette faible représentation du gibier peut souffrir d’un biais statistique. Les espèces les moins fréquentes sont généralement sous-représentées dans les échantillons de
petite taille.
Finalement, l’étude des restes médiévaux, bien
que portant sur un échantillon extrêmement réduit,
a permis de mettre en évidence deux types d’assemblages bien distincts. Le premier ensemble, prove-
71- Audouin-Rouzeau 1995.
72- Beck-Bossard 1993 ; Frère & Yvinec 1997.
73- Forest 1987.
% NR
100
0
20
80
souterrain
+enclos
souterrain
40
60
silos
60
40
80
20
100
0
100
80
60
40
———
Fig. 41. Part relative des trois principales
espèces dans le souterrain et les silos.
———————
20
0
283
284
Aquitania, 25, 2009
nant du comblement de silos offre une image habituelle de l’alimentation pour un site castral.
En revanche, l’interprétation des données provenant du souterrain est plus complexe. Les modes
d’accumulation sont difficiles à percevoir et les
risques de pollution sont importants. Ces cas “extrêmes” montrent les limites d’une étude archéozoologique traditionnelle et la nécessité de travailler en
collaboration avec d’autres spécialistes des paléo-environnements. Toutefois, si comme un nombre d’indices élevé le laisse supposer, la majorité des restes
sont contemporains de l’utilisation de la structure,
alors nous sommes peut être confrontés à une tentative intéressante, sinon de domestication du lapin
de garenne et du lièvre du moins à une tentative de
stockage d’individus sur pieds.
Première approche des sources écrites
(L. Bourgeois, A. Champagne, A. Bolle)
Le site de la Vallée de Faye se situe à mi-chemin
des villages de Villiers-en-Plaine et de Faye-sur-Ardin.
Il n’est distant que de 400 m du Chemin Chevalleret,
supposé par quelques auteurs reprendre le tracé
d’une voie antique, bien qu’il relie deux agglomérations nées au Moyen Âge : Fontenay-le-Comte et
Saint-Maixent.
Villiers-en-Plaine apparaît pour la première fois
dans une charte passée entre 1047 et 1086, alors que
le prêtre Constantin donne l’église Notre-Dame et
les biens qui lui sont attachés aux bénédictins de
Saint-Cyprien de Poitiers74. Le vocable pose toutefois problème puisque les pouillés diocésains
d’époque moderne mentionnent un édifice consacré à saint Laurent75. Dans les années qui suivent
(1060-1108), l’abbaye Saint-Cyprien arrondit son patrimoine à Villiers. Tetmer et son frère Guillaume
Garantin lui vendent douze arbergerias et une part de
la dîme de la paroisse avec l’accord de Cadelon de
Saint-Maixent, de Cadelon de Campolinario et de sa
mère Ainor76. Benoît de Villiers donne également ce
qu’il possédait à Villiers77. Ce patrimoine permet au
74- Saint-Cyprien, n°563. Constantin apparaît dans l’acte
n°564 sous le nom de Constantin de Vilers. L’acquisition de
l’église de Villiers par Saint-Cyprien de Poitiers est confirmée
entre 1097 et 1100 par l’évêque Pierre II (Saint-Cyprien, n°9).
75- Beauchet-Filleau 1864, 432.
76- Saint-Cyprien, n°564.
77- Saint-Cyprien, n°566.
Annie Bolle et al.
monastère l’implantation d’un petit prieuré, qui
subsiste jusqu’à l’époque moderne, même si l’important fond de Saint-Cyprien de Poitiers ne comporte
plus aujourd’hui aucune liasse s’y rapportant78. Sa
constitution met en lumière au moins deux lignages
largement possessionnés à Villiers-en-Plaine dans la
seconde moitié du xie siècle :
– les frères Tetmer et Guillaume Guarantin,
dont les possessions à Villiers relèvent de membres
de la milice des abbés de Saint-Maixent ;
– la famille éponyme de Villiers (le prêtre
Constantin de Villiers et, sans lien de parenté explicité, les frères Benoît de Villiers, Arnaud Bigot et
Constantin Bouguignon). Les biens donnés par
Benoît de Villiers relèvent de Guillaume Guarantin.
Les aveux rendus à l’abbé de Saint-Maixent à partir du milieu du xiie siècle montrent que les fiefs et
arrière-fiefs de Villiers-en-Plaine relevant du monastère dépendent toujours de deux mouvances distinctes : la famille de Rochefort, qui descend de
Cadelon de Saint-Maixent, tient la moitié de la villa79 et une autre partie relève des Larchevêque de
Parthenay80. La géographie de ces portions est impossible à restituer précisément : on sait seulement
que l’arrière-fief de la motte de Coursay, situé 2 km
à l’est de la Vallée de Faye, relevait encore en 1583
du baron de Parthenay81.
Rapprochons-nous maintenant du site de la
Vallée de Faye. Il est desservi par un fuseau de chemins joignant Villiers-en-Plaine et Faye-sur-Ardin : à
l’est, le chemin de Faye est devenu l’unique liaison
entre les deux villages ; à l’ouest, le petit chemin de
Faye a été partiellement effacé par le remembrement
du xxe siècle. Il correspond aux chemins révélés par
la fouille, dont le plus ancien tracé est antérieur à la
mise en place de l’habitat médiéval (chemin 1). Les
78- Un second prieuré est établi au cours de la première moitié
du xiie siècle au lieu-dit La Dent par l’abbaye de Fontevraud
(Fontevraud, t. I, n°557 et t. II, n°883 ; AD Maine-et-Loire, 163
H pour les archives d’époque moderne).
79- Hommages rendus vers 1204 (Saint-Maixent, n°CCCCVI)
et entre 1269 et 1278 (n° CCCCLXIII).
80- Guillaume IV Larchevêque homme lige de l’abbé pour
ce qu’il tient à Villiers entre 1145 et 1152 (Saint-Maixent,
n°CCCXXXIV). Hugues II Larchevêque (1265) avoue ce qu’il
tient apud Vilers (n°CCCCLXI).
81- AD Deux-Sèvres, E 420, aveu de Toussaint Touppet à Marie
de Bourbon. Le fief relève alors de la châtellenie de Béceleuf. La
partie du fonds de la baronnie de Parthenay conservée dans les
papiers de l’apanage d’Artois (AN, R1) fournirait peut-être des
indications complémentaires.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
premières mentions conservées du village de Fayesur-Ardin remontent au xiiie siècle (Faia en 1260)82.
Toutefois la morphologie du village laisse présumer
une origine plus ancienne, que confirme la fouille
archéologique menée par E. Barbier à proximité de
l’église Saint-Vivien, isolée au sud du bourg actuel.
Des bâtiments, des aires d’ensilage et des groupes de
sépultures des viiie-xiie siècles ont été mis au jour83.
Ces structures bordent une voirie prolongeant le
“Petit chemin de Faye” dont le plus ancien état est
attribué à l’Antiquité. Étroitement relié aux deux villages, le site de la Vallée de Faye constituait un habitat marginal, la limite entre les deux paroisses étant
matérialisée par le Chemin Chevalleret, qui vient
borner au nord le quartier de culture où est établi le
site.
Le dépouillement des archives conservées –
pauvres en sources médiévales – n’a pas révélé de documents relatifs à l’habitat de la Vallée de Faye,
abandonné au plus tard au début du xiie siècle, sans
laisser de trace claire, ni dans un parcellaire actuellement laniéré, ni dans la toponymie. Quelques microtoponymes présents sur le plan cadastral de 1824
doivent toutefois retenir l’attention84. Le “Fief
Personnier”, jouxte au nord la Vallée de Faye. Entre
1672 et 1755, plusieurs aveux sont rendus pour un
fief Personnier et le terrage des Loges à la Tour
Maubergeon de Poitiers85. Ce fief, relevant alors de
la Couronne, était situé dans la paroisse de SaintHilaire-des-Loges (Vendée), une dizaine de kilomètres à l’ouest du site de la vallée de Faye. Aucun
dénombrement n’a pu être retrouvé, alors qu’ils auraient peut-être permis, par les confronts, de localiser la trace des parcelles fouillées. À l’ouest, un lieudit “Le petit Fief” n’a pu être identifié. Sur la face
orientale du site, relevons également la présence du
lieu-dit “La Roche-Bertrand ”, la forme “roche” qualifiant aussi bien des maisons nobles régionales que
des structures trogolodytiques.
Les autres lieux pour lesquels des pièces d’archives ont été retrouvées sont aujourd’hui des ha-
82- Hommages Alphonse de Poitiers.
83- Barbier 2009.
84- AD Deux-Sèvres, 3 P 352.
85- AD Vienne C 529. Au xviie s., le fief est aux mains des
familles Boutou (AD Vendée E 75-76) et Gautereau, seigneurs
de Mons, puis à partir du milieu du xviiie s., des familles Caille,
seigneurs de Maillé, et Viault, seigneurs de Badie.
Aquitania, 25, 2009
meaux ou des écarts voisins. C’est le cas d’Épannes86,
Coursay (fief de la Motte de Coursay)87, Les Groies88,
La Dent89 et La Motte de Mouzay90. Ils correspondent à une ou plusieurs seigneuries, dont les biens
temporels peuvent jouxter la fouille de la Vallée de
Faye.
Même s’il peut subsister d’autres pistes non explorées, les chances de découvrir le nom originel et
les possesseurs primitifs de l’habitat de la Vallée de
Faye apparaissent bien faibles.
Comparaisons et essai d’interprétation
(L. Bourgeois, A. Bolle)
L’analyse de l’habitat médiéval de la Vallée du
Faye s’avère relativement difficile, en raison de l’arasement du site : l’absence d’élévations et de niveaux
d’occupation conservés, la fouille partielle des négatifs et la représentativité sans doute imparfaite des
lots de mobiliers collectés limitent en effet toute recherche comparative et toute tentative d’interprétation socio-économique.
Implanté le long d’un chemin du haut Moyen
Âge, voire d’époque gallo-romaine, il s’inscrit dans
un parcellaire antérieur. Si le site est établi aux
confins de deux paroisses, il ne résulte donc vraisemblablement pas d’une opération de mise en valeur
de terres auparavant incultes. Le petit cimetière de la
fin de l’époque mérovingienne ou du début de
l’époque carolingienne découvert le long du “Petit
Chemin de Faye” signale d’ailleurs la proximité d’un
habitat antérieur mais il existe une solution de continuité entre les deux occupations. La chronologie des
enclos médiévaux de la Vallée de Faye demeure assez
imprécise.
Des indices assez ténus nous invitent à identifier les
occupants comme des membres des couches inférieures de l’aristocratie, ce qui nous a amenés à centrer
l’étude documentaire sur les fiefs de Villiers-en-Plaine
et de Faye-sous-Ardin. La vaisselle n’apporte guère d’informations dans ce domaine. Elle ne se caractérise ni
par la présence d’instruments de préparation privilégiés (des mortiers en pierre, par exemple), ni par une
8687888990-
AD Deux-Sèvres, E 255-266.
AD Deux-Sèvres, E 420.
AD Deux-Sèvres, E 290.
AD Maine-et-Loire, 163 H (1574-1764).
AD Deux-Sèvres, E258 ; AD Vienne C 361.
285
286
Aquitania, 25, 2009
forte proportion de récipients de table (verrerie à boire,
etc.), ni par un important pourcentage de glaçures. Le
petit lot de pièces métalliques est plus riche en enseignements, puisqu’il laisse percevoir la présence du cheval (mors de bride, fers et clous de ferrage) et d’une
forte proportion d’armes de traits au sein du mobilier
en fer (pointes de flèches et carreaux d’arbalète). Ces
derniers éléments peuvent aussi bien constituer des
instruments guerriers que des accessoires de chasse. À
une époque où le droit de chasse paraît moins fermement réservé que dans les siècles postérieurs, la présence de ces pièces ne constitue pas à elle seule un indice totalement fiable du caractère privilégié de
l’occupation. La découverte d’une plaque de broigne
fournit un meilleur argument : ce vestige d’un haubert
atteste la présence de cette coûteuse pièce d’armement
défensif91. A contrario, les jeux sont limités à un tablier
de marelle, ce qui ne constitue pas un argument d’occupation élitaire (au contraire des échecs et du
trictrac)92. Les dents de peignes à carder et le lissoir de
verre – si cet accessoire est bien lié à la préparation des
tissus – témoignent d’activités textiles (et féminines)
classiques dans les habitats ruraux médiévaux. On note
toutefois l’absence des habituelles fusaïoles. La métallurgie est représentée par une enclume sommaire.
Les modestes échantillons fauniques provenant des
silos (138 restes déterminés) présentent un caractère
habituellement rapporté aux occupations élitaires : la
domination du porc (en nombre de restes) ou du bœuf
puis du porc (en poids de restes) au sein de la triade domestique. La faune chassée n’est représentée que par la
caille des blés mais la taille du lot ne permet pas d’assurer l’absence de venaison, la faune sauvage représentant souvent moins de 1 % des restes dans les sites élitaires de cette époque mieux conservés.
Le spectre faunique du souterrain de Villiers-enPlaine (268 restes déterminés) pose plusieurs problèmes d’analyse mais ce lot correspond probablement
à des conditions de dépôt et de conservation particuliers, avec de fortes possibilités d’intrusions. La domination des caprinés (23,4 % du NR de la triade domestique) n’est caractéristique ni des habitats ruraux
contemporains de la région, ni des implantations élitaires. De même, la forte présence des lagomorphes
(près de 27 % des restes déterminés) invite à se deman-
91- Bourgeois 2009, 200-201.
92- Bourgeois 2002 et 2009, 489.
Annie Bolle et al.
der si l’emprise de l’enclos circulaire n’a pas été réutilisée en garenne, phénomène observé à plusieurs reprises après l’abandon ou le déplacement
d’implantations élitaires93. Enfin, on note un pourcentage notable d’équidés – chevaux et asinés – dans ce
lot.
L’habitat de Villiers-en-Plaine peut être comparé à
quelques implantations contemporaines qui intègrent
un bâtiment central à un enclos fossoyé, maçonné ou
palissadé, doublé ou non d’un fossé. Deux opérations
très récentes fournissent des parallèles pour le CentreOuest de la France, la fouille de Saint-Projet-SaintConstant (Charente) a livré un bâtiment maçonné de
50 m2, installé dans un enclos plus ou moins circulaire94. À Sainte-Hermine-Le Champ de Lise (Vendée),
un bâtiment sur solin de pierre probablement muni
d’un étage (50 m2 au sol) s’inscrit dans un enclos fossoyé en U largement ouvert au nord-est95. Dans une
aire géographique plus large, d’autres établissements
de même nature ont fourni des vestiges en bois bien
conservés. C’est le cas du site de La Mothe à Pineuilh
(Gironde) dans son premier état (à partir de 978), dont
le bâtiment central sur poteaux était accessible par un
pont jeté sur un fossé en eau bordé d’une palissade96.
En Allemagne, les deux premières phases du célèbre
site d’Husterknupp fournissent une image assez semblable97. Plus récemment, la fouille de Haus Meer a
également livré une petite enceinte ovale dans laquelle
s’entassent six bâtiments en bois98. Sans prétendre à
l’exhaustivité, signalons encore pour la moitié nord de
la France le site d’Ingré-les Rousses (Loiret)99 et le bâtiment fossoyé associé à un porche monumental partiellement dégagé à Méaulte (Somme), juxtaposé à un hameau également fossoyé100. L’enceinte palissadée du
Burgknapp de Heinstert (Grand-duché de
Luxembourg), qui s’ouvre également par une tourporche en bois, abritait une probable tour de 7 m de
93- Par exemple à Andone (Charente), où une garenne est
construite dans l’emprise du castrum comtal déserté (Bourgeois
2009, 114-117) et probablement à Décines-Charpieu (Rhône) :
Bouvier et al. 1992.
94- Cornec, rapport en cours.
95- Vialet 2008 et rapport en cours.
96- Prodéo et al. 2006 ; Prodéo 2007.
97- Herrnbrodt 1980 ; Friedrich 1994.
98- Janssen 1999.
99- Jesset 2004a et b.
100- Billand et al. 2005, 114-115 ; Catteddu 2009, 42.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
Aquitania, 25, 2009
F. Bambagioni Inrap 2009
———
Fig. 42. Hypothèse de restitution de l’enclos médiéval et du bâtiment dans l’enceinte annulaire (Fl. Bambagioni).
———————
côté101. On pourra également associer à cette série de
petites enceintes annulaires de terre entourant étroitement un bâtiment d’habitation, comme à Mirville
(Seine-Maritime)102.
Tous ces sites de la fin du xe siècle et du xie siècle invitent à revenir sur la nature des modestes enceintes
circulaires médiévales qui ont donné lieu à partir des
années 1960 à des typologies fonctionnelles réalisées la
plupart du temps sans fouilles et sans sériation chronologique103. L’importance numérique de cette catégorie
a sans doute été sous-estimée lors des opérations d’archéologie extensive, en recevant souvent les qualificatifs de “motte arasée” ou de “maison forte”104. Si dans
d’autres régions ou pour des périodes postérieures, ces
petites enceintes ou enclos ont pu abriter des habitats
ruraux, des activités métallurgiques voire des enclos à
bétail105, les comparaisons fournies ci-dessus correspondent toutes à des implantations élitaires précoces.
101- Le Maho 1984, phase VIII.
102- Voir le bilan dressé en 1980 (Decaëns 1981) et les critiques
de Zadora-Rio 1985.
103- Par exemple, M. Brand’honneur pour le Rennais qualifie
systématiquement de mottes des anomalies circulaires dont les
superstructures ont dans les trois quarts des cas disparu.
104- Décaëns 1968 pour la Normandie, Brand’honneur 2001,
38-39 pour le Val-de-Loire, Meuret 1993, 561-570 pour les
confins Anjou-Bretagne, etc.
105- Nibodeau 2007, bâtiment 3.
Certaines ont postérieurement été emmottées
(Heinstert, Mirville, etc.) mais il ne s’agit pas à l’origine
de mottes castrales stricto sensu.
Quelques détails structuraux invitent toutefois à
nuancer l’homogénéité de cette série, mais les conditions géologiques et topographiques locales, des spécificités régionales de l’architecture et du droit féodal
semblent avoir engendré de nombreuses variantes à
partir d’un principe commun. Les fossés d’abord, dont
la présence n’est pas systématique et l’ampleur fort variable : le vaste creusement de Méaulte (3,80 m de large
pour 2,50 m de profondeur) ou les systèmes fossoyés en
eau de Pineuilh ou de Haus Meer constituent des obstacles réels par rapport aux limites très symboliques (et
interrompus au niveau de l’entrée) reconnus à Villiersen-Plaine ou à Sainte-Hermine. Le bâtiment central de
la Vallée de Faye, même s’il a en grande partie disparu,
semble avoir fait largement appel à la maçonnerie de
pierre, ce qui sort de la norme des habitats ruraux
contemporains dans le Centre-Ouest de la France,
d’autant que les blocs calcaires bruts à joints vifs ou liés
à la terre interviennent également en masse dans les
enclos associés. Nous demeurons mal renseignés sur la
chronologie de l’usage de la pierre pour les murs parcellaires et la construction des maisons rurales mais il
ne semble devenir fréquent qu’à partir du xiiie siècle.
Le bâtiment et l’enclos de Villiers-en-Plaine ne constituent malgré tout pas un unicum puisque la fouille ré-
287
288
Aquitania, 25, 2009
cente de Nancras-la Coudrée (Charente-Maritime) a
par exemple révélé un bâtiment en pierre de plan complexe et muni de vitrages au sein d’un habitat rural du
xe siècle 106. La présence d’une annexe souterraine sous
le bâtiment principal peut également constituer un élément discriminant. Il découle d’ailleurs probablement
de l’extraction du calcaire pour la construction de l’habitation. L’absence fréquente de mise en relation des
structures souterraines et des structures aériennes dans
les recherches archéologiques limite l’étude comparée
de cette partie enterrée, l’association complexe souterrain – résidence élitaire médiévale étant toutefois attestée précocement107. On retrouve la présence de cette
association dans plusieurs sites régionaux fouillés récemment : à Saint-Projet-Saint-Constant, le bâtiment
central de l’enclos surmonte, comme à Villiers-enPlaine, une structure troglodytique. Le plus ancien logis du petit château de Chiré-en-Montreuil (Vienne) est
établi dans la seconde moitié du xie siècle sur un réseau
souterrain associé à un puits108. À Distré (Maine-etLoire), site ouvert mais que son mobilier distingue assez nettement du commun des habitats des environs de
l’an mil, une modeste structure souterraine est également associée à une maison à pignon de pierre109. Ces
différents types de structures, encore mal connus et
modestes par rapport aux grands classiques de l’habitat
élitaire, demanderaient une recherche plus soutenue
au cours des prochaines décennies.
conclusion (A. bolle)
La fouille du site de la Vallée de Faye indique une
fréquentation ancienne de ce lieu par la présence
d’outils du Paléolithique et du Néolithique.
L’attribution de structures à cette dernière période
reste hélas incertaine. Ce n’est qu’à partir de la période gauloise (La Tène D1) que l’occupation est
bien identifiée. Ce site d’habitat reste classique
quant au type de structures et de mobilier, fréquemment rencontrés dans les établissements ruraux de
cette période. Peu de ces sites ont été fouillés dans
notre région, ainsi que l’indique le bilan publié à
106107108109-
Piboule 1990.
Bouvart et al. 2005.
Valais 1997 ; Gentili & Valais 2007.
Fouille 2008, rapport en cours.
Annie Bolle et al.
l’occasion des journées de l’AFEAF tenues à
Chauvigny.
Si le haut Moyen Âge paraît faiblement représenté, en termes de mobilier notamment, c’est probablement parce que l’emprise de la fouille n’a permis
d’aborder que les marges d’un habitat (champs, zone
funéraire, enfouissement d’un cheval en limite interne d’un enclos). Cet habitat se développe très certainement au sud de l’emprise de l’autoroute, mais
sa localisation n’a pu être précisée malgré une observation attentive des photographies aériennes. Il n’a
ainsi pas été possible de déterminer s’il existe un hiatus entre cette occupation et celle du xie siècle.
Le petit ensemble funéraire s’intègre à une série
de sites du haut Moyen Âge, récemment fouillés
dans la région, où les morts sont souvent en périphérie de l’habitat et fréquemment alignés. La zone funéraire n’est pas exhaustivement connue et se prolonge au sud du tracé autoroutier. La fouille récente
d’E. Barbier110 sur le village très proche de Faye-surArdin a permis d’observer des bâtiments et des sépultures de part et d’autre du même chemin.
L’occupation bien plus longue sur ce site est datée
du viiie siècle (peut-être antérieur ?) jusqu’au xiie
siècle. Elle se situe topographiquement en marge du
village actuel et à proximité de l’église et de son cimetière.
L’habitat de la Vallée de Faye présente une forme
originale avec un bâtiment maçonné installé dans
un enclos annulaire, au sein d’une plus vaste clôture
ouvrant sur le chemin. Ce plan, associé à la présence
d’un souterrain, ainsi que certains indices du mobilier nous ont amené à nous interroger sur le statut
social des occupants du site : riches paysans ou
pauvres aristocrates ? Fl. Haufeuille a récemment
montré les dangers d’une interprétation du statut
social des occupants d’un site d’après la seule étude
du mobilier. La qualité architecturale et le matériel
recueilli sur le site de Graulière (Flaugnac, Lot), indiquant à première vue un statut privilégié, voire
aristocratique, comparés à la documentation écrite
permettant d’identifier les habitants, montrent que
ceux-ci ne sont en fait que des serfs “questaux”. En
Poitou-Charentes, les données archivistiques restent
rares, souvent inexistantes ou imprécises, de sorte
que de telles vérifications sont impossibles.
110- Fouille 2008, rapport en cours.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
L’étude du mobilier, avec toutes les réserves
émises quant au statut des personnes, reste le moyen
principal d’approcher le mode de vie des occupants
d’un site. À l’exception des empreintes (de textile ou
de poils) observés sur les parois du souterrain, les
conditions de préservation n’ont pas permis de retrouver les objets en bois, en cuir, en textile, part évidemment importante de l’équipement d’un habitat.
L’étude du mobilier métallique et de la faune de la
Vallée de Faye met en évidence l’importance des activités agricoles. Cet habitat est avant tout un domaine agricole, présentant des activités diversifiées
(chasse notamment).
Le site est abandonné dans le courant du xie
siècle (avant le xiie) sans qu’il soit possible d’avancer
une explication à cette désertion. Quelques tessons
indiquent une fréquentation ponctuelle du site
dans le courant des xiiie et xive siècles, vraisemblablement en relation avec le chemin qui a perduré finalement jusqu’à la construction de l’autoroute.
L’habitat du xie siècle avec son grand enclos ouvrant
sur le chemin, s’inscrit dans un système parcellaire
qui paraît stable depuis le haut Moyen Âge (probablement l’Antiquité) et qui se pérennise par la présence du chemin, élément structurant du terroir.
Aquitania, 25, 2009
Bibliographie
André, M. (1992) : Sainte-Hermine, La Papaudière (Vendée),
rapport de sauvetage programmé, SRA des Pays de la Loire,
Nantes, 2 vol.
Arrignon, C., M.-H. Debiès, M. Galderisi et E. Palazzo, éd. (2005) :
Cinquante années d’études médiévales : à la confluence de
nos disciplines, actes du colloque de Poitiers, 1er-4 septembre
2003, Turnhout.
Aubourg V. et D. Josset (2003) : “Le site du promontoire du château
de Blois du VIIIe au XIe siècle (Loir-et-Cher). Seconde partie : le
mobilier non céramique”, Revue archéologique du Centre, 42,
169-216.
Audouin-Rouzeau, F. et J.-D. Vigne (1994) : “La colonisation de
l’Europe occidentale par le rat noir (Rattus rattus)”, Revue de
Paléobiologie, 13, fasc 1, 125-145.
Audouin-Rouzeau, F. (1995) : “Compter et mesurer les os animaux :
pour une histoire de l’élevage et de l’alimentation en Europe
de l’antiquité aux temps modernes”, Histoire & mesure, X/34, 277-312.
Barraud D., F. Hautefeuille et Chr. Remy, dir. (2006) : Résidences
aristocratiques, résidences du pouvoir entre Loire et Pyrénées,
Xe-XVe s., actes du colloque de Pau, 3-5 octobre 2002,
Archéologie du Midi médiéval Suppl. 4, Carcassonne.
Barbier E. (2009) : “Faye-sur-Ardin, voie communale n°16 ”, Bull.
scient. régional Poitou-Charentes 2008, Poitiers, 109-110.
Barbier E., V. Milailhe et B. Véquaud (2007) : Maillezais, Abbaye
Saint-Pierre, RFO, SRA Pays de la Loire.
Beck-Bossard, C. (1993) : “Les vestiges osseux”, in : Piponnier
1993, 119-128.
Bertrand I. et al., (2009) : Les Gaulois entre Loire et Dordogne,
actes du XXXIe congrès international de l’AFEAF, t. I, APC,
Chauvigny.
Sources
Bardonnet, A., éd. (1872) : Hommages d’Alphonse, comte de
Poitiers, frère de saint Louis. État du domaine royal en Poitou
(1260), Niort.
Beauchet-Filleau, H., éd. (1864) : Pouillé du diocèse de Poitiers,
Niort-Poitiers.
Bienvenu, J.-M., R. Favreau et G. Pon, éd. (2000 et 2005) : Grand
cartulaire de Fontevraud (Pancarta et cartularium abbatissae
et ordinis Fontis Ebraudi), Archives historiques du Poitou, 63,
2 vol., Poitiers.
Rédet, L., éd. (1874) : Cartulaire de l’abbaye de Saint-Cyprien de
Poitiers, Archives historiques du Poitou, III, Poitiers.
Richard, A., éd. (1886) : Chartes et documents pour servir à
l’histoire de l’abbaye de Saint-Maixent, Archives historiques du
Poitou, XVI et XVIII, 2 vol., Poitiers.
Billand, G. et al. (2006) : “Méaulte (Somme), plate-forme aéroindustrielle de Haute-Picardie”, Bilan scientifique régional
Picardie, 2005, Amiens, 110-115.
Bloch, M. (1931) : “Les caractères originaux de l’histoire rurale
française”, Instituttet for sammenlignende Kulturforskning,
série B, XIX.
Bocquet, A. (1999) : “Le mobilier céramique”, in : Laporte 1999,
67-76.
Bolle, A., P. Bâty, N. Pétorin, Ph. Poirier, Br. Véquaud et J.-H.
Yvinec (2004) : “L’habitat médiéval de La Laigne (CharenteMaritime) ”, Aquitania, 20, 309-356.
Bolle, A. (2006) : “La motte de Machecou à Puyrolland (CharenteMaritime)” in : Barraud et al. 2006, 455-459.
Bolle, A. et al. (2000): Villiers-en-Plaine, La Vallée de Faye, DFS
de fouille de sauvetage urgent, Autoroute A83 Nantes-Niort,
Poitiers, AFAN- SRA Poitou-Charentes.
Boüard, M. de (1976) : “La céramique de Doué-la-Fontaine,
siècles”, Archéologie médiévale, 6, 247-271.
IXe-XIe
Bourgeois, L. (2002) : “Pièces de jeu des Xe-XIIe siècles et milieu
aristocratique dans le Centre-Ouest de la France”, Aquitania,
18, 373-400.
289
290
Aquitania, 25, 2009
Bourgeois, L., dir. (2009) : Une résidence des comtes d’Angoulême
autour de l’an mil : le castrum d’Andone. Fouilles André
Debord (1971-1995). Caen.
— (2010) : Wisigoths et Francs autour de la bataille de Vouillé (507)
Recherches récentes sur le haut Moyen Âge dans le CentreOuest de la France. Actes des XXVIIe Journées internationales
d’archéologie mérovingienne, Vouillé et Poitiers (Vienne,
France) – 28-30 septembre 2007, Mémoires AFAM 22, SaintGermain-en-Laye.
Bouvart, P., O. Girardclos et D. Vivier (2005) : “Chiré-en-Montreuil
(Vienne) : évolution d’un habitat fortifié du XIe au XVIIe siècle”,
Aquitania, 21, 337-366.
Bouvier A. et al. (1992) : “La motte castrale de Décines-Charpieu
(Rhône) ”, Archéologie médiévale, 22, 231-307.
Brand’Honneur, M. (2001) : Manoirs et châteaux dans le comté de
Renne. Habitat à motte et société chevaleresque (XIe-XIIe siècles),
Rennes.
Brodeur, J. et C. Thooris (1995) : “Habitat du Haut Moyen Âge
en Pays de la Loire : état de la recherche”, in : Lorren & Périn
1995, 167-174.
Bruzek, J. (1991) : Fiabilité des procédés de détermination du sexe
à partir de l’os coxal. Implications à l’étude du dimorphisme
sexuel de l’homme fossile, Thèse d’anthropologie, Université
de Bordeaux I.
Callou, C. (2003) : De la garenne au clapier : étude archéozoologique
du lapin en Europe occidentale, Paris, MNHN (Mémoires du
Muséum national d’Histoire naturelle, 189).
Catteddu, I. (1996) : Surgères, Cornet. Habitat médiéval et
structures protohistoriques, DFS de sauvetage urgent, Poitiers.
— (2009) : Archéologie médiévale en France : le premier Moyen
Âge (Ve-XIe siècle), Paris.
Colardelle M. et E. Verdel, dir. (1993) : Les habitats du lac de Paladru
(Isère) et leur environnement, DAF 40, Paris.
Collectif (1981) : Les fortifications de terre en Europe occidentale
du Xe au XIIe siècle, colloque de Caen, 2-5 octobre 1980,
Archéologie médiévale, 11, 5-123.
Conte, P. (1990) : “Souterrains, silos et habitat médiéval, état de
la question archéologique en Limousin et Périgord”, Heresis,
2, 243-281.
Cornec, Th. et al. (2010) : “L’habitat et les cimetières du haut
Moyen Âge de Pouthumé (Châtellerault, Vienne)”, in :
Bourgeois 2010, 97-112.
Cornec, Th., B. Brisach et B. Farago (2006) : D’une résidence
mérovingienne vers un cimetière carolingien [Pouthumé à
Châtellerault, Vienne]. 4 volumes. Rapport final d’opération,
Poitiers.
Annie Bolle et al.
De Meulemeester, J. (1999) : “Attert /Nobressart : une fortification
de terre de type petite enceinte circulaire, le ‘Burgknapp’ à
Heinstert”, Chronique de l’Archéologie wallonne 1998, 7,
133-134.
De Meulemeester J. et G. Fairon (2000) : “Attert /Nobressart : le
‘Burgknapp’ de Heinstert, une fortification de terre de type
‘petite enceinte circulaire”, Chronique de l’Archéologie 1999,
8, 165.
De Meulemeester J. et al. (2003) : “Les fortifications médiévales
du ‘Burgknapp’ à Heinstert (Attert /Nobressart)”, Chronique de
l’Archéologie wallonne 2001, 10.
Depreux, Ph, F. Bougard et R. Le Jan dir. (2007) : Les élites et leurs
espaces. Mobilité, rayonnement, domination (du VIe au XIe
siècle), Haut Moyen Âge 5, Turnhout.
Duquet, M. (1996) : “Bufo bufo”, in : Maurin 1996, 293.
Forest, V. (1987) : Vestiges fauniques osseux du Xe au XIVe siècle en
Rhône-Alpes, Thèse de l’École nationale vétérinaire de Lyon.
Fourteau-Bardaji, A.-M. et L. Bourgeois (2009) : “Les petits objets
en terre cuite”, in : Bourgeois 2009, 309-317.
Frère, S. et J.-H. Yvinec (1997) : “Étude des vestiges osseux
d’Essertines Basses”, rapport d’étude inédit, Centre de
Recherche Archéologique de la Vallée de l’Oise, Compiègne,
Laboratoire d’Archéozoologie.
— (2009) : “L’alimentation en Île-de-France au haut Moyen Âge”,
in : Gentili & Lefèvre, 2009, 9-20
Friedrich, R. (1994) : “Die frühen Perioden der Motte Husterknupp.
Neue Untersuchungen zur Keramik”, Château-Gaillard, 16,
207-213.
Gentili F. (1988) : “La céramique des habitats ruraux du Parisis du
VIIe siècle à l’An Mil”, in : Cuisenier & Guadagnin 1988, 318
à 339.
Gentili F. et A. Lefèvre, dir. (2009) : L’habitat rural du haut Moyen
Âge en Île-de-France, Bulletin archéologique du Vexin français
et du Val-d’Oise Suppl. 2, Guiry-en-Vexin.
Gentili, F. et A. Valais (2007) : “Composantes aristocratiques et
organisation de l’espace au sein des grands habitats ruraux du
haut Moyen Âge”, in : Depreux et al. 2007, 99-134.
Gerber, Fr. (2007) : Poitiers, “Les Hospitalières”. Morphogénèse
d’un quartier (Ier-XXIe s.) : un carrefour antique et son lacus,
les premiers Francs de Poitiers ?, l’abbaye Sainte-Croix de son
origine à nos jours (Vienne), RFO de sauvetage, SRA PoitouCharentes, Poitiers.
Guérin, F. (1993) : Auzay, Le Champ de Gré, DFS de sauvetage
programmé, A.83-Nantes-Niort, Nantes.
Guyodo, J.-N. (2002), La Peyratte (79) Habitat rural et sidérurgie
aux XIe-XIIe s. à La Petite Foye, Poitiers
Debord, A. et M. Leenhardt (1975) : “La céramique d’Andone”,
Archéologie médiévale, 5, 209-224.
Herrnbrodt, A. (1980) : Der Husterknupp, Cologne-Graz.
Decaëns, J. (1968) : Les enceintes circulaires d’origine médiévale
en Normandie. Contribution archéologique aux recherches sur
l’habitat fortifié, Thèse de doctorat de 3e cycle, Université de
Caen.
Husi, Ph., dir. (2003) : La céramique médiévale et moderne du
Centre-Ouest de la France (11e-17e siècle), chrono-typologie
de la céramique et approvisionnement de la vallée de la Loire
moyenne, Revue Archéologique du Centre de la France Suppl.
20, Tours.
— (1981) : “Les enceintes circulaires médiévales. Les fortifications
de terre en Europe occidentale du Xe au XIIe siècles”, Archéologie
médiévale, 11, 39-53.
Janssen, W. et B. (1999) : Die Frühmittelalterliche Niederungsburg
bei Haus Meer, Kreis Neuss, Cologne, Rheinland Verlag.
Defaix, J. (2008) : RN149, Cholet-Bressuire, tronçon 3, RD33,
diagnostic archéologique, Poitiers.
Jesset, S. (2004a) : Ingré, les Rousses 2, DFS, Orléans.
Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres)
— (2004b) : “Les formes de l’exploitation rurale du IXe au XIe siècle :
les exemples de Saran et d’Ingré”, in : Notter & Bosc, 2004,
88-93.
Laporte, L. (1999) : L’estuaire de la Charente de la Protohistoire au
Moyen Âge, DAF 72, Paris.
Le Maho, J. (1984) : La motte seigneuriale de Mirville (XIe-XIIe s.),
Publications du Centre de Recherches Archéologiques du
Haute-Normandie, Rouen.
Lefèvre, A. et N. Meyer (1988) : “Les lampes en céramique des
fouilles urbaines de Saint-Denis”, Archéologie médiévale, 18,
73-111.
Linlaud, M. (2009a) : “Le mobilier en fer : outils et ustensiles”, in :
Bourgeois 2009, 133-161.
(2009b) : “Le mobilier en fer : ameublement, construction et autres
éléments de quincaillerie”, in : Bourgeois 2009, 162-190.
Lorren, C. et P. Périn (1995) : L’habitat rural du haut Moyen Âge
(France, Pays-Bas, Danemark et Grande-Bretagne), actes des
XIVe Journées internationales d’Archéologie mérovingienne,
Mém. Assoc. Fr. Archéol. mérovingienne, 11, Rouen.
Maguer, P., D. Lusson et M. Troubady (2009) : “Fermes, hameaux
et résidences aristocratiques entre Loire et Dordogne”, in :
Bertrand et al. 2009, 423-459.
Maurin H. (1996) dir. : Inventaire de la faune de France, Vertébrés et
principaux invertébrés, Muséum National d’Histoire Naturelle/
Nathan, Paris.
Méniel, P. (2001) : Les Gaulois et les Animaux. Élevage, Repas et
sacrifice, Paris.
Mercier, C. et C. Raynaud (1995) : “L‘habitat rural en gaule
méditerranéenne aux VIe-VIIe siècles. Approche régionale et
étude de cas”, in : Lorren & Perin, 1995, 193-206.
Meuret, J.-C. (1993) : Peuplement, pouvoir et paysage sur la
Marche Anjou-Bretagne (des origines au Moyen Âge), Laval.
Morera-Vinçotte, I. (2000) : “Première synthèse sur les productions
céramiques de sites de consommation en milieu rural en Pays
de la Loire du VIe au XVe s.”, in : Valais 2000, 3, 54-80.
Motteau, J. (1991) : “Catalogue des objets des fouilles de Tours
(1973-1977)”, Recherches sur Tours, 5, RACF Suppl. 2.
Nibodeau, J.-P. (1997) : Niort-Espace Niortais, DFS de sauvetage
urgent, Poitiers.
Nibodeau, J.-P. et al. (2007) : Nancras (Charente-Maritime), la
Coudrée, 2 vol., RFO, Poitiers.
Notter, A. et A. Bosc, dir. (2004) : Lumières de l’an mil en Orléanais :
autour du millénaire d’Abbon de Fleury, Turnhout.
Pecqueur, L. (2005) : “Les sépultures du haut Moyen Âge dans les
habitats du haut Moyen Âge en France : état de la question”,
in : Arrignon et al. 2005, 511-518.
Pétorin, N. (1997) : Marcé, Bauce (Maine-et-Loire), site d’habitat
rural, D.F.S. de sauvetage urgent, Nantes.
Peytremann, E. (2003) : Archéologie de l’habitat rural dans le nord
de la France du IVe au XIIe siècle, 2 vol., Mém. Assoc. fr. Archéol.
mérovingienne, 12, Saint-Germain-en-Laye.
Piboule, P. (1990) : “Relations entre souterrains et fortifications :
exemples en Poitou-Charentes”, in : Sites défensifs et sites
fortifiés au Moyen Âge entre Loire et Pyrénées, actes du 1er
colloque Aquitania, Limoges, 1987, Aquitania Suppl. 4,
Bordeaux, 191-202.
Piponnier, F. (1993) : Le Château d’Essertines, Loire, DARA 8, Lyon.
Aquitania, 25, 2009
Poissonnier, B. et S. Vatteoni (1997) : Auzay, Les Ouches (Vendée),
Autoroute A83, Nantes-Niort, rapport de fouille.
Portet, N. (1998) : Essai sur la maréchalerie confronté à la ferrure
des équidés au Moyen Âge, Mémoire de maîtrise, Université
Toulouse II Le Mirail.
Portet, N. (2009) : “Le mobilier en fer : les objets équestres” in :
Bourgeois 2009, 202-233.
Prodéo Fr., F. Marembert et P. Massan (2006) : “Pineuilh, La Mothe
(Gironde) : une résidence aristocratique à la charnière de l’An
Mil”, in : Barraud et al. 2006, 419-424.
Prodéo, F., dir. (2007) : Pineuilh (33), La Mothe, vol. 2 : zones 1a et
1b, 2 vol., RFO, Pessac.
Proust, R. 1974 : “Quelques ouvrages souterrains inédits du sudest des Deux-Sèvres”, Bulletin de la Société Historique et
Scientifique des Deux-Sèvres, 2e série, VII, n°2-3, 149-191.
Roger, J. (2006) : Saint-Georges de Didonne, Chemin de Margite ;
Bâtiments du Bronze Ancien et nécropole carolingienne, D.F.S.,
Poitiers.
Saint Girons, M.C. (1973) : Les Mammifères de France et du
Benelux, Paris.
Serdon, V. (2005) : Armes du Diable, arcs et arbalètes au Moyen
Âge, Presses Universitaires de Rennes.
Ubelaker, D.H. (1978) : Human skeleton Remains. Excavation,
Analysis, Interpretation, Taraxacum, Washington.
Cuisenier, J. et R. Guadagnin, dir. (1988) : Un village au temps de
Charlemagne. Moines et paysans de l’abbaye de Saint-Denis
du VIIe siècle à l’An Mil. Catalogue d’exposition, Réunion des
Musées Nationaux, Paris.
Valais, A. (1997) “Le site des Murailles à Distré (Maine-et-Loire)”,
Archeologia, 333, 8-9.
Valais, A., dir. (2000) : L’habitat rural au Moyen Âge dans les Pays
de la Loire, projet collectif de recherche, Rapport n°3, SRA Pays
de la Loire.
Véquaud, B. (2002) : “La production céramique médiévale
s.”, in : Guyodo 2002, 21-23, fig.13 à 16.
XIe-XIIe
— (2003) : “La céramique médiévale de Poitiers”, in : Husi 2003,
67-78.
— (2004) : “La céramique de l’habitat médiéval de La Laigne, Le Pré
du Château (Charente-Maritime)”, Aquitania, 20, 357-394.
— (2007a) : “La céramique du
87-138.
VIe
au
XVIIe
s.”, in : Gerber 2007, 2,
— (2007b) : “La céramique médiévale de l’abbaye de Maillezais
(Vendée)”, in : Barbier et al. 2007.
— (2008) : “La céramique médiévale de La Veillonnerie (BreuilChaussée, Deux-Sèvres)”, in : Defaix 2008, 56-60.
— (2009) : “La vaisselle céramique” in : Bourgeois, 2009, 275-306.
— (2010) : “La céramique du haut Moyen Âge en PoitouCharentes. État des connaissances, Ve-Xe siècles”, in : Bourgeois
2010, 263-278.
Vialet, P., dir. (2008) Saint-Hermine (Vendée), ZAC de SainteHermine (3e tranche) : Champ de Lise, les Tervelais, les Rondais,
RFO de diagnostic archéologique, Nantes.
Zadora-Rio, E. (1985) : “Les essais de typologie des fortifications
de terre médiévales en Europe : bilans et perspectives”,
Archéologie médiévale, 15, 191-196.
291