Etude des courants d’écoulement dans un tube rugueux
en régime laminaire
M. Benyamina, S. Watanabe, G. Touchard, H. Romat
To cite this version:
M. Benyamina, S. Watanabe, G. Touchard, H. Romat. Etude des courants d’écoulement dans
un tube rugueux en régime laminaire. Revue de Physique Appliquee, 1987, 22 (9), pp.10751079. <10.1051/rphysap:019870022090107500>. <jpa-00245646>
HAL Id: jpa-00245646
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00245646
Submitted on 1 Jan 1987
HAL is a multi-disciplinary open access
archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from
teaching and research institutions in France or
abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est
destinée au dépôt et à la diffusion de documents
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
émanant des établissements d’enseignement et de
recherche français ou étrangers, des laboratoires
publics ou privés.
Revue
Phys. Appl.
22
Classification
Abstracts
66.30J
73.30
(1987)
SEPTEMBRE
1075-1079
1075
1987,
Physics
-
-
73.40B
Etude des courants d’écoulement dans
laminaire
M.
Benyamina (1),
S. Watanabe
(2),
G. Touchard
un
(1)
tube rugueux
et H. Romat
en
régime
(1)
(1) L.E.A.-U.A. 191 du C.N.R.S., Laboratoire de Physique et Mécanique des Fluides, 40, avenue du Recteur
Pineau, 86022 Poitiers, France
(2) Aichi Institute of Technology, Dept. of Electrical Eng., Yakusa, Toyota 470-03, Japan
(Reçu
le 24 novembre 1986,
accepté
le 20
mars
1987)
Résumé.
Dans ce travail, une première partie est consacrée à l’étude hydrodynamique d’un écoulement
laminaire dans un tube muni de rugosités périodiques. Tout d’abord, une analyse théorique permet de
déterminer les lignes de courants au voisinage immédiat des aspérités, les dimensions de celles-ci restant
toujours très petites devant le diamètre intérieur de la conduite. Ces résultats conduisent dans une deuxième
partie, à définir les zones de la couche diffuse qui sont entraînées par l’écoulement puis à calculer la charge
convectée et à la comparer aux valeurs obtenues expérimentalement.
2014
The first part of this study relate to the laminar flow in rough circular pipes. At first in a
analysis the streamlines are computed in the immediate viscinity of the roughness, being considered
always very small compared to the diameter of the pipe. Taking into account this theoretical results, the region
of the diffuse layer convected by the flow is settled in the second part of this study. The charge convected is
then computed and compared with the experimental values obtained.
Abstract.
theoretical
2014
1. Introduction.
La distance de la
paroi
du tube à l’axe est :
investigations ont été faites afin de mieux
comprendre le phénomène de formation et de transport de la couche diffuse dans un tube [1, 2]. Il a été
montré que lors d’un écoulement d’un hydrocarbure
dans un tube métallique capillaire, la rugosité des
tubes joue un rôle important.
Si dans le cas d’un écoulement turbulent, la charge
convectée augmente avec la rugosité des tubes, c’est
Plusieurs
l’inverse dans le cas d’un écoulement laminaire. Ce
dernier cas semblant a priori difficile à expliquer,
nous avons entrepris une étude systématique de ce
phénomène.
2. Etude
dynamique.
2.1 GÉNÉRALITÉS.
Fig.
Considérons un tube muni de
dont
rugosités périodiques
l’épaisseur reste toujours
très petite comparativement au diamètre de la
conduite (Fig. 1).
La
que :
longueur
-
totale d’une
période
est noté L telle
1.
2013
[Tube’s
Configuration géométrique
intemal
interne du tube.
geometrical configuration.]
2.2 POSITION DU PROBLÈME. - Nous nous proposons d’étudier l’écoulement laminaire, stationnaire
et symétrique d’un fluide incompressible dans une
conduite décrite précédemment [3-5].
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:019870022090107500
1076
2.2.1
Equations
du mouvement.
2.2.2.1 Conditions
1)
A la
paroi.
constante
sur
aux
limites.
La fonction de courant doit être
paroi. On la choisit :
-
la
La vorticité n’est pas toujours à l’avance, aussi
allons l’expliciter à partir d’une relation entre 03C8
nous
et w. Dans une étude réalisée avec la méthode des
différences finies, Runchal et Spalding [4] supposent
que la vorticité varie linéairement près de la paroi.
Le domaine de calcul ayant été discrétisé en M
valeurs suivant R et N valeurs suivant X (Fig. 2), ils
donnent pour cette grandeur. J’exnression suivante:
avec
X
R
U
V
:
:
:
:
coordonnée axiale,
coordonnée radiale,
composante axiale de la vitesse,
composante radiale de la vitesse,
03C1m : masse volumique du fluide étudié,
P : pression.
Les conditions
a)
à la
aux
limites sont les suivantes
[3-5] :
paroi
avec, dans
U(X,Rp) = V(X, Rp) = 0
b) symétrie
(6)
2) Symétrie
ce cas
c) périodicité
si
R=O;V(X,0)=0 (7)
de l’écoulement
U(X, R) = U(X + L, R)
V(X, R) = V(X + L, R).
03C8(x, 0) = 0
£O (x, 0) 0.
3)
Périodicité de l’écoulement.
03C8(x, r) = 03C8(x + L, r)
tù (x, r) w(x+L,r).
(8)
2.2.2 Equations du mouvement en variables adimensionnelles.
Nous avons choisi comme nouvelles
variables la fonction de courant ol et la vorticité w, de
plus, pour rendre les équations adimensionnelles
nous choisirons les grandeurs de références suivan-
Le processus itératif est initialisé par le profil de
Poiseuille à l’entrée d’une période et pour la première itération. Dans ce cas, la distribution de 03C8 et
de w est respectivement (Fig. 2) :
tes :
Distance
Vitesse
:
:
Dl = 2 RI,
= qy/7TRf (qy
Um
étant le
débit volumique),
P
p m U2m,
Pression
:
Fonction de courant : .pref
Vorticité
: Cdref
Nombre de Reynolds : Re
=
= Um D21,
Um/D1.
Um . D1/ v .
système précédent (3, 4, 5, 6, 7, 8)
=
=
Le
= 0.
axiale.
axiale
(sU)/(sR)=0
u (1, M)
devient :
Fig.
2.
-
[Domain
Domaine de calcul.
of
solution.]
1077
2.3 MÉTHODE DE CALCUL ET RÉSULTATS OBTENUS.
Pour calculer les différentes grandeurs en tous
points du maillage, nous utiliserons une méthode
itérative dite de sur-relaxation. Ainsi, pour un
nombre de Reynolds donné, nous déterminerons les
lignes de courant au voisinage immédiat de la paroi.
On calcule w à partir de l’équation (9) et If à partir
de l’équation (10), u et v peuvent être déduites de
l’équation (11). (Ces calculs ainsi que ceux de la
charge convectée, ont été effectués sur les ordinateurs du C.I.R.C.E. à Orsay.)
Nous avons représenté (Fig. 3) une évolution des
lignes de courant au voisinage immédiat de la paroi
pour un nombre de Reynolds de 1 000. Nous voyons
sur cette figure que la zone comprise entre deux
aspérités n’est pratiquement pas entraînée par
l’écoulement global au sein du tube.
-
Des expériences ont été faites avec deux tubes
(l’un lisse et l’autre rugueux) en acier inoxydable de
longueur 1 m et de diamètre 3 mm.
Sur la figure 4, nous avons représenté l’évolution
de la conductivité en fonction de la concentration
ainsi que la variation de la densité volumique de
charge convectée pour le tube lisse. Il apparaît que
pour une concentration égale à 1 ppm, la densité
volumique de charge est maximale et la courbe de
conductivité présente un changement brutal de
pente. Watanabe [6] a montré que ce phénomène est
lié à l’association de monomères libres en agrégats
que l’on nomme micelles.
La concentration de 1 ppm correspond à la
C.M.C.
(Concentration Micellaire Critique).
D’autres études plus détaillées de C.M.C. ont été
faites par G. Porte et Y. Poggi [10]. Nous avons
utilisé pour la suite des expériences un liquide avec
une concentration de 1 ppm d’OLOA 218A de façon
à ce que la charge convectée soit maximale et varie
peu avec la concentration afin d’avoir des expériences
reproductibles.
Nous avons
3.1.2 INFLUENCE DE LA RUGOSITÉ.
mesuré la densité volumique de charge convectée
pour deux tubes en acier inoxydable :
-
premier
longueur de 2 m
-
-
le
est
lisse, de rayon 1,5
mm
et
L1 = 0,18 mm
;
;
le second est rugueux :
0,42 mm ; R1 = 1,5 mm; R2 = 1,62
et de même longueur que le tube lisse.
mm
Axial coordinate .
X
Coordonnée axiale
Fig. 3.
-
nombre de
Répartition des lignes
Reynolds égal à 1 000.
[Streamlines
for
3. Transfert de
a
Reynolds
(mm)
de courant
number
equal
to
pour
un
1 000.]
charge.
de la couche diffuse étant proportionnelle à la racine carrée de la résistivité, il en résulte
que la partie de la couche diffuse affectée par
l’écoulement dans le cas d’un tube rugueux dépend
fortement à la fois de la taille des aspérités et de la
valeur de la résistivité du liquide. C’est pourquoi
dans la première partie de notre étude expérimentale, nous avons cherché à déterminer l’influence de
ce paramètre sur la charge convectée.
L’épaisseur
3.1 ETUDE EXPÉRIMENTALE.
Pour faire varier
3.1.1 Influence de la résistivité.
la conductivité du liquide (heptane), nous avons
utilisé des additifs tels que l’A.O.T., L’A.S.A.3 et
l’OLOA 218A,
aux
concentrations suivantes :
1
0,01 ppm ; 0,1 ppm ; ppm ; 10 ppm ; 100 ppm ;
1000 ppm. Nous ne donnons ici que les résultats
obtenus avec l’OLOA 218A.
-
a une
L2
(cf. Fig. 1)
=
Ces tubes ont été fabriqués à partir de tubes lisses
taraudés avec des tarauds spécialement usinés pour
obtenir des dimensions de rugosité relativement
faibles et une forme correspondant au modèle théorique.
Sur la figure 5, nous avons représenté la variation
de la densité volumique de charge convectée en
fonction du nombre de Reynolds pour une seule
valeur de la conductivité (1,28 x 10-11 0-I.m-l)
correspondant à 1 ppm d’OLOA 218A.
La valeur de la charge convectée pour un tube
lisse et pour un nombre de Reynolds inférieur à 500
est constante, c’est-à-dire que la couche diffuse est
établie pour ces nombres de Reynolds à la sortie du
tube de 2 m. Pour un tube rugueux, la charge
convectée est inférieure et semble tendre vers une
valeur constante pour des nombres de Reynolds
supérieurs à 700, alors que, l’évolution de la pression
appliquée pour obtenir cet écoulement nous permet
d’assurer que nous nous situons dans le domaine
laminaire. Une explication de ce phénomène peut
être explicitée à partir de la figure 3. En effet, pour
ces nombres de Reynolds, la détermination des
lignes de courant montre qu’un tourbillon se développe dans toute la cavité comprise entre deux
aspérités de telle sorte que la charge convectée
1078
4.
Variation de la densité volumique de charges et
de la conductivité en fonction de la concentration en
OLOA 218A.
Fig.
-
[Charge density and conductivity according
concentration.]
to OLOA
218A
provient essentiellement des zones de rétrécissement
ju tube.
La charge convectée dans un tube rugueux est la
somme des charges convectées dans la zone de
rétrécissement et dans la zone tourbillonnaire. Dans
la zone de rétrécissement, l’écoulement hydrodynamique étant semblable à ce qu’il serait dans un tube
liesse, nous supposerons que la charge convectée peut
être calculée de la même façon, notamment, que le
profil de couche diffuse pour cette zone est le même
[7-9].
Cette
charge
également être
Fig.
5.
Evolution de la densité volumique de charges en
fonction du nombre de Reynolds pour un tube lisse et un
tube rugueux.
-
[Charge density in terms of Reynolds number for a smooth
a rough pipe.]
and
convectée pour un tube lisse devrait
celle obtenue pour un tube rugueux
avec Re tendant vers 0. Mais l’étude de l’écoulement
hydrodynamique montre que l’on doit descendre à
les nombres de Reynolds inférieurs à l’unité pour ne
plus avoir de tourbillons, et ce domaine étant
mpossible à atteindre du point de vue expérimental,
1 est préférable de se référer au tube lisse.
La somme des charges par unité de longueur dans
:oute la section dans le cas du tube lisse est égale à
),8 x 10- 9 C/M (valeur calculée à partir de la densité
eolumique de charge convectée : 0,645 x
to- 5 C/M3) . Dans la partie tourbillonnaire du tube
Tigueux, on peut admettre que la couche diffuse est
iomogénéisée par les tourbillons et que par consé-
1079
quent la densité volumique de charges est constante
dans cette partie. En effet, la vitesse de relaxation de
la couche diffuse est de l’ordre de 2,9 x 10- 5 m/s,
semble
en assez
(Fig. 5,
courbe
alors que la vitesse de recirculation calculée au sein
des tourbillons est de l’ordre de 10-2 m/s. En faisant
de plus, l’hypothèse en première approximation que
la charge totale par unité de longueur est la même
que pour la zone de rétrécissement, on trouve que la
densité volumique de charges moyennes dans cette
partie doit être de l’ordre de pt = 0,6 x 10- 3 CIM3.
A la sortie du tourbillon, la valeur de la densité
volumique de charge doit avoir une évolution semblable à ce qu’elle a dans la zone de rétrécissement
mais avec une charge sur la ligne de courant
pariétale à la zone de rétrécissement égale à la
valeur précédente p t.
4. Conclusion.
La charge convectée dans cette partie est alors
calculée et on trouve : 0,25 x 10-5 CIM3. En tenant
compte des surfaces respectives des zones tourbillonnaires et de rétrécissement, on obtient une charge
transportée de l’ordre de 0,365 x 10- 5 C/M3ce qui
bon accord
avec nos
expériences
3).
Dans cette étude, nous avons montré que l’évolution
de la charge convèctée en fonction du nombre de
Reynolds pour un tube rugueux de rugosité parfaitement définis, peut être explicitée.
Pour cela, il est nécessaire de calculer le profil de
l’écoulement hydrodynamique dans un tel tube et de
connaître l’évolution de la densité volumique de
charge dans un tube lisse de même dimension. Ainsi,
en s’appuyant sur une analyse approchée du phénomène, nous avons pu prévoir convenablement, dans
un cas donné, la valeur expérimentale obtenue pour
la charge convectée dans un tube rugueux, connaissant celle recueillie pour un tube lisse.
Une étude systématique en fonction du rapport de
l’épaisseur de.la couche diffuse et de la hauteur des
aspérités est actuellement en cours et fera l’objet
d’une prochaine publication.
Bibliographie
[1]
[2]
TOUCHARD G. and ROMAT, H., J. Electr. 12 (1982)
377-382.
IL IDRISSI, A., TOUCHARD, G., ROMAT, H., Electrohydrodynamique, Conduction, Transport de
charges, Journées d’étude 3 et 4 mars 1983,
Poitiers.
[3]
[4]
[5]
AZZAM, M. I. S. and DULLIEN, F. A. L., Chem. Eng.
Sci. 32 (1977) 1445-1455.
RUNCHAL, A. K., SPALDING, D. B. and WOLFSHTEIN, M., The physics of fluids, Supplement II,
1969.
ALKIVIADES, PAYATAKES, C., CHI TIEN and TURIAN
RAFFI, M., AIChE J. 19 (1973) 58.
8th International Conference on
Conduction and Breakdown in Dielectric liquids.
Pavia, Italy, 24-25 July 1984, pp. 121-125.
TOUCHARD, G., DUMARGUE, P., Electrochim. Acta
(Pergamon Press) 20 (1975) 125-135.
TOUCHARD, G., J. Electrostatic 5 (1978) 463-476.
TOUCHARD, G., DUMARGUE, P., J. Electroanal.
Chem. 88 (1978) 387-405.
PORTE, G., POGGI, Y., Nonlinear behaviour of
molecules, atoms and ions in electric, magnetic or
electromagnetic fields, 1979
[6] WATANABE, S.,
[7]
[8]
[9]
[10]