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Critique d’art Actualité internationale de la littérature critique sur l’art contemporain 22 | Automne 2003 CRITIQUE D'ART 22 Nicolas Charlet. Yves Klein, Machine à peindre ; Yves Klein. Dépassement de la problématique de l’art et autres écrits ; Jean-Michel Ribettes. Yves Klein contre C. G. Jung Marion Hohlfeldt Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/1829 DOI : 10.4000/critiquedart.1829 ISBN : 2265-9404 ISSN : 2265-9404 Éditeur Groupement d'intérêt scientifique (GIS) Archives de la critique d’art Édition imprimée Date de publication : 1 septembre 2003 ISBN : 1246-8258 ISSN : 1246-8258 Référence électronique Marion Hohlfeldt, « Nicolas Charlet. Yves Klein, Machine à peindre ; Yves Klein. Dépassement de la problématique de l’art et autres écrits ; Jean-Michel Ribettes. Yves Klein contre C. G. Jung », Critique d’art [En ligne], 22 | Automne 2003, mis en ligne le 24 février 2012, consulté le 22 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/1829 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart. 1829 Ce document a été généré automatiquement le 22 septembre 2020. Archives de la critique d’art Nicolas Charlet. Yves Klein, Machine à peindre ; Yves Klein. Dépassement de l... Nicolas Charlet. Yves Klein, Machine à peindre ; Yves Klein. Dépassement de la problématique de l’art et autres écrits ; Jean-Michel Ribettes. Yves Klein contre C. G. Jung Marion Hohlfeldt RÉFÉRENCE Charlet, Nicolas. Yves Klein, Machine à peindre…, Grignan : Colophon : Ed. Complicités, 2003, (Ô paradis !) Klein, Yves. Le Dépassement de la problématique de l’art et autres écrits, Paris : Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, 2003, (Ecrits d’artistes) Ribettes, Jean-Michel. Yves Klein contre C. G. Jung : la grande bataille de l’incarnation contre la marée noire de l’occultisme, Bruxelles : La Lettre volée, 2003, (Palimpsestes) 1 Yves Klein appartient à cette famille d’artistes particulièrement propice à la formation de légendes capables de diviser la communauté scientifique. La mise en scène habile de sa vie, à des fins subversives, et son œuvre, riche de significations, invitent toujours à des interprétations controversées, même quarante ans après sa mort. On peut alors s’étonner de constater que la parole de l’artiste reste, à ce jour, toujours peu accessible, le travail d’une édition complète et critique des écrits —comprenant la correspondance et surtout le Journal— restant à faire. 2 On peut se féliciter de la publication du recueil des textes, choisis par Marie-Anne Sichère et Didier Semin, parus du vivant de l’artiste mais devenus introuvables, ou extraits et traduits d’ouvrages encore inédits en français. La réception de l’œuvre de Klein a parfois occulté l’importance de l’écriture de l’artiste, or elle constitue un aspect Critique d’art, 22 | Automne 2003 1 Nicolas Charlet. Yves Klein, Machine à peindre ; Yves Klein. Dépassement de l... essentiel de son travail, comme le souligne également Nicolas Charlet. Dans son dernier ouvrage, il met en avant l’unité visio-textuelle de son œuvre, longtemps sous-estimée et qui révèle la démarche volontairement ambivalente de Klein, semant le doute quant à l’interprétation de son travail. 3 Cette différence entre conceptualisation et expérience, voire expérimentation, semble constitutive de la démarche kleinienne. Laisser parler Yves Klein invite à une nouvelle lecture de son œuvre, la dégraissant par le même biais de la charge mystique et lui rendant son implication socio-historique. Les réflexions de Klein sur la production sérielle de monochromes renvoient bien à la perte de l’originalité de la création face à une société de consommation, d’ailleurs immédiatement contredite par sa praxis et par ses écrits. 4 Rendant la parole à l’artiste, Jean-Michel Ribettes, également, souhaite faire valoir, quarante ans après la mort de l’artiste, son unique témoignage contre les interprétations ésotériques de son œuvre. En réponse au Feu au cœur du vide de Pierre Restany, l’auteur emploie une violence surprenante qui ne s’explique que par la nécessité ressentie d’ériger, comme disait Freud, un bastion “contre la marée noire de l’occultisme”. Le véritable enjeu pour Ribettes est la levée de l’omerta sur le négationnisme pratiqué à l’égard de l’implication intrinsèque de Jung dans l’élaboration d’une “science” des races national-socialiste. Le coup porté contre Restany se dirige en effet contre toute référence à Jung, s’avérant révélatrice de la “résurgence massive de l’idéologie fasciste sur fond d’obscurantisme religieux”. Le livre se divise en conséquence en deux parties prouvant, d’une part, que Klein était clairement opposé à tout ésotérisme —Yves le Catholique versus Yves l’Esotérique— et de l’autre, que Jung, lui, est clairement compromis à jamais par son appartenance à l’idéologie nazie. Entre gravité de la création et légèreté du trait d’esprit, jouant avec les conventions du monde de l’art, Klein peut apparaître, écrit Charlet, comme le “dernier des modernes, certes [mais] aussi le premier des post-modernes”. Critique d’art, 22 | Automne 2003 2