« Les journalistes sont comme des racines de chiendent. Dès que certains disparaissent, d’autres voient le jour et prennent le flambeau de la liberté » (Zeus Aziadouvo – Liberté N°1570 du 05 novembre 2013)

Gauche à droite, haute en bas : Les dessinateurs Jean Cabut (†76 ans ), Stéphane Charbonnier (†47 ans ) Georges Wolinski (†80 ans ), Bernard Maris (†68 v.li. ans ), et Bernhard Verlhac († 57 ans ) | Archives : AFP / 27avril.com
Gauche à droite, haute en bas : Les journalistes Jean Cabut (†76 ans ), Stéphane Charbonnier (†47 ans ) Georges Wolinski (†80 ans ), Bernard Maris (†68 v.li. ans ), et Bernhard Verlhac († 57 ans ) | Archives : AFP / Liberation/ 27avril.com

Cette semaine, le directeur de la publication et dessinateur Charb, de son vrai nom Stéphane Charbonnier, a publié dans « Charlie Hebdo » une caricature titrée : « Toujours pas d’attentat en France ». Et à celui qui est dessiné de répondre avec son arme en bandoulière : « Attendez ! On a jusqu’à fin janvier pour présenter les vœux ». Un dessin prémonitoire ? La question reste posée au regard de ce qui s’est passé hier au siège de l’hebdomadaire satirique. Deux individus cagoulés et lourdement armés, profitent du passage du facteur pour entrer au siège du journal et font feu à l’arme automatique, tuant 12 personnes dont 2 policiers et blessant 11 autres personnes selon le parquet de Paris. « Le tragique attentat de ce jour touche à un symbole de la liberté d’expression dont la défense a toujours été au cœur de l’humanisme et des valeurs universelles si chères à la France. Il rappelle combien notre commune adhésion à une lutte sans merci contre l’hydre du terrorisme doit être sans cesse renouvelée et renforcée pour le triomphe d’un monde de paix, de liberté et de tolérance », s’est ému le chef de l’Etat togolais dans un message adressé à son homologue français.

Selon plusieurs journaux français, l’attentat semblait bien préparé. Les terroristes auraient appelé les victimes par leurs surnoms avant de les exécuter. L’attaque s’est produite au moment de la conférence de rédaction hebdomadaire et tous les principaux journalistes étaient présents. Ont laissé leur vie dans cet ignoble attentat, Charb et tous les autres, Jean Cabut, alias Cabu, Georges Wolinski et Bernard Verlhac, alias Tignous, tous de grands dessinateurs français collaborant avec d’autres journaux. Hommage à vous ! Jusqu’à la dernière minute, vous vous êtes battus pour ce métier ô combien noble. Vous avez combattu la peur pour informer autrement vos compatriotes et l’humanité toute entière. Vous avez fait œuvre utile. Soyez en fiers où que vous soyez. Vous êtes éternels !

A en croire des témoins, les agresseurs ont, après leur forfait, crié : « Nous avons vengé le prophète ! », avant de prendre la poudre d’escampette. Entre nous, dans les différents livres saints, quel prophète a demandé à être vengé par des humains qui tuent leurs semblables ? Il n’en existe pas. Car l’essence de toutes les religions, c’est l’amour du prochain, c’est le pardon. Et un prophète, il est clément et doux. Des qualités qui poussent d’ailleurs les gens à entrer dans la religion d’Allah. « C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu (Mohamed) as été si doux envers eux! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d’Allah). Et consulte-les à propos des affaires; puis une fois que tu t’es décidé, confie- toi donc à Allah, Allah aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance » (Coran, 3 : 159). De fait, ceux qui ont commis cet attentat, ont tout faux quand ils mettent en avant une prétendue vengeance du prophète. Ils étaient tout court mus par l’instinct de cruauté et méritent d’être traqués. Que la justice se fasse ! Mais ce qui est sûr, il y aura d’autres Charb, Cabus, Wolinski, Tignous, etc. pour, comme l’a dit le journaliste et écrivain français Albert Londres, « porter la plume dans la plaie ».

Source : [07/01/2014] Zeus Aziadouvo, Liberte-Togo