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Marco Odermatt se livre«Je n’ai pas envie de jeter ma copine en pâture aux médias»

Marco Odermatt, désormais triple vainqueur du classement général de la Coupe du monde, s’apprête à vivre une nouvelle saison record.

Marco Odermatt, vous avez gagné treize fois cette saison. Vous commencez à en avoir assez, de l’hymne national suisse?

Pas encore.

À Kitzbühel, vous étiez sur le podium avec Cyprien Sarrazin. Vous avez essayé de lui apprendre l’hymne national. Cela a-t-il fonctionné?

Je ne pense pas, il l’a probablement déjà oublié. (rires)

On vous a vu sur une vidéo en train de faire la fête et de boire des bières avec lui. Ce genre de clichés est-il bon pour votre image de sportif décontracté, pas du tout acharné?

Ce genre d’images ne me gêne pas; elles me montrent tel que je suis. Parfois, je sors, je fais un peu la fête, je bois un peu. Cela ne me dérange pas d’être photographié et de voir ce que l’on écrit sur moi, encore moins après une bonne course.

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À quel point la fête était-elle animée après la descente de la Streif?

J’en ai eu des plus mémorables, j’étais là jusqu’à 1 ou 2 heures du matin, puis je suis parti parce que j’étais le seul à devoir me rendre au slalom géant de Schladming mardi. Les autres ont certainement continué jusqu’au petit matin.

Vous sortez aussi dans votre sphère privée, ou seulement dans cette sorte de cadre protégé?

C’est déjà difficile dans un cadre protégé. Les quelques moments où j’ai fait la fête cet hiver étaient liés à l’émotion d’après-courses, à Kitzbühel ou à Wengen, où nous sommes un peu sortis. À Schladming, la fête est programmée en amont, car nous savons que nous y restons une nuit supplémentaire. Il n’y a pas de place pour ça à la maison pendant l’hiver.

Avant Kitzbühel, vous avez déclaré que remporter la descente était le dernier but à atteindre. Remerciez-vous Cyprien Sarrazin d’avoir gagné deux fois, pour qu’il vous reste une tâche à accomplir?

Remercier est peut-être exagéré, mais il est certain que la victoire à Kitzbühel reste un grand objectif, et je l’ai aussi pour l’année prochaine.

Vous n’avez que 26 ans et vous dites n’avoir qu’un seul objectif dans votre carrière. Cela vous fait-il peur de penser à ce qui se passera lorsque vous y serez parvenu?

Pas pour le moment. Je pense que je vais encore skier pendant quelques années, et j’espère que je vais encore m’amuser longtemps. C’est pourquoi, même si je gagne à Kitzbühel, j’arriverai encore à me motiver.

Le réchauffement climatique vous inquiète-t-il pour l’avenir de votre sport?

Cette année a montré qu’il est de plus en plus difficile d’aménager des pistes pour faire de bonnes courses. Et cela ne va certainement pas s’améliorer. Nous devons nous adapter. Vouloir skier à Kranjska Gora en mars, à 800 mètres d’altitude, alors qu’il y a beaucoup de neige à 2000 mètres, n’aura peut-être plus de sens à l’avenir.

Les courses de la semaine dernière en Slovénie ont été annulées. Comment votre petite amie gère-t-elle le fait que vous soyez si souvent à la maison ces derniers temps?

Je pense que ce n’est pas si grave pour elle. (rires)

Qu’est-ce que vous préférez en hiver, les jours de course ou les jours de congé?

Les deux. Si je suis en mode course, je dévale les pistes avec plaisir, mais je me réjouis aussi de deux ou trois jours de repos. Et quand il n’y a pas de compétition, je suis content de voyager ou de courir. Mais je n’ai pas besoin d’autant de pauses que cet hiver. Je m’ennuie vite.

Grâce à ces annulations, avez-vous pu faire des choses qui n’auraient pas eu leur place cet hiver?

C’est certain. Mais depuis le début de la saison à Sölden en octobre, j’ai peut-être eu deux semaines de compétition en moins: quand Chamonix a été annulé et plus récemment Kranjska Gora. Ce n’était pas grave pour Chamonix, j’étais assez fatigué après un mois de janvier difficile à Adelboden, Wengen, Kitzbühel, Schladming et Garmisch. J’avais extrêmement besoin de me reposer; je suis allé au spa avec ma petite amie. Lors de ma pause plus récente, j’ai été actif, j’ai fait des randonnées à ski ou des descentes dans la poudreuse.

Vous tenez votre petite amie à l’écart de la vie publique. Pourquoi?

C’est une des seules choses de ma vie dont on ne sait pas grand-chose. Je veux préserver ma vie privée. Personne n’a besoin de savoir où nous habitons exactement, il n’y aura jamais de story de notre part. Je n’ai pas besoin de nous vendre à l’extérieur. Tout tourne autour de moi, je gagne aussi indirectement ma vie avec mes apparitions. Mais ma copine, ma famille, ma sœur, mes parents, je ne souhaite pas les jeter en pâture aux médias. Ça peut sembler être méchamment dit. Mais il n’en est rien.

Une des rares apparitions de Marco Odermatt et de sa petite amie, Stella Parpan, lors des Sports Awards en décembre 2023.

Vous avez parfois des contacts avec Roger Federer par le biais de sponsors. Lui et sa femme Mirka agissaient de la même manière. Est-il votre modèle à cet égard?

Nous avons procédé ainsi dès le début, alors que je ne savais pas encore que Mirka ne donnait pas d’interviews et ne s’exprimait pas en public. Mais oui, peut-être que sa démarche m’a confortée dans ma décision.

Vous apprenez de lui comment gérer la célébrité?

Ce n’est pas comme si nous avions mangé cinq fois ensemble en privé. Nos rencontres sont liées à des prises de vue avec les sponsors, au travail. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour parler de choses privées. Au début, le respect était de toute façon très grand de mon côté. Lors de notre dernière rencontre, nous avons pu échanger un peu plus longuement.

Votre popularité est-elle toujours en hausse?

Oui, bien sûr, c’est le cas, dans ma région, mais cela s’étend maintenant à l’étranger. Désormais, les fans veulent voir «la star» à chaque course, pour parler vulgairement. Même aux États-Unis, où les gens ne connaissent certainement pas les 30 meilleurs, ni même le deuxième ou le troisième, je le sens. On me reconnaît beaucoup plus souvent.

L’engouement pour Odi est-il total?

Ce n’est pas le cas. Récemment, nous avons eu une course extrêmement cool à Palisades Tahoe, avec beaucoup de spectateurs. Mais ils étaient là parce qu’ils étaient là, contents que quelque chose se passe. Là-bas, je peux courir tranquillement à travers le village, on me remarque à peine.

De nombreux enfants rêvent d’être des stars. Vous aussi?

Non, c’est ce qui me manquerait le moins. Bien sûr, c’est génial de dévaler des pistes à fond et d’être ensuite acclamé le soir, tel un artiste sur scène. Mais le sentiment d’être une star, je n’en ai pas besoin.

En parlant de scène, à Wengen, il y a eu trois courses en trois jours. Vous êtes à chaque fois monté sur le podium et aviez donc beaucoup d’obligations. À quel point cette semaine était-elle fatigante?

Cela a demandé beaucoup d’énergie, ce sont les journées les plus longues que l’on puisse imaginer. Le matin, nous sommes sur la piste tôt, mais la course commence tard, à 12h30 seulement. Puis, tout a traîné à cause des chutes et des interruptions. À 4 heures, j’étais encore à l’arrivée pour attendre la remise des prix. Je suis ensuite reparti sans déjeuner et j’ai dû assister au tirage au sort des dossards et à l’annonce des résultats avant le dîner. Le programme-cadre a absorbé beaucoup d’énergie.

Est-ce qu’on exagère, ou le fan de ski mérite-t-il de vous voir aussi souvent?

On devrait combiner les deux. Tout le monde sait que, dans ces endroits, il y a beaucoup de spectateurs, c’est génial, surtout pour les athlètes qui ne pratiquent qu’une seule discipline. C’est aussi super pour les organisateurs, qui investissent beaucoup et peuvent ainsi présenter d’autres moments forts en plus des courses, et gagner de l’argent.

Mais?

Prenons l’exemple de Val Gardena et d’Alta Badia: moi qui pratique trois disciplines, j’y ai disputé cinq courses en cinq jours. Il n’est donc pas nécessaire d’organiser chaque jour un tirage au sort public des dossards ou une fête après la victoire, qui peut durer jusqu’à deux heures. Un événement par lieu de course devrait suffire, mais pas trois jours de suite comme à Wengen. C’était brutal pour moi.

À Wengen, les multiples et parfois violentes chutes ont fait parler d’elles. De nombreux athlètes détournent le regard. Et vous?

Pas moi. La plupart du temps je visionne les chutes après la course. Elles m’apprennent parfois quelque chose. Je ne les regarde pas sept fois, mais une fois, afin de savoir ce qui s’est passé.

Votre ami Marco Kohler a lui aussi chuté. À quel point cela vous a-t-il affecté?

C’était affreux. Quand cela touche des sportifs proches de moi, cela m’affecte encore plus que pour d’autres. Et pourtant, je prends une certaine distance. Le jour de la course, je suis dans mes pensées. Rien ne m’atteint avant le départ.

Et à l’arrivée?

Je suis plus sensible à ce genre d’émotions. Et pourtant, le jour de la course, il y a une distance. C’est pire de voir des chutes chez soi, sur son canapé.

Vous avez vu la terrible chute d’Aleksander Aamodt Kilde à l’arrivée de Wengen. Il est resté allongé longtemps avant d’être soigné. Qu’est-ce que cela vous a fait?

Ce ne sont pas des images que j’aime voir. Il a fallu beaucoup de temps pour que les premiers secours arrivent. On se demande ce qui se serait passé si sa vie avait été en danger.

Il a ensuite publié des photos de sa jambe complètement ouverte.

J’ai vu ça.

Difficile à digérer, n’est-ce pas?

Je me demande pourquoi il a publié cela. Les images étaient très violentes.

Avez-vous déjà vu une telle chose?

Malheureusement, j’ai un collègue qui a failli perdre sa jambe après une chute. Cela ressemblait à une coupure.

Pensez-vous que le Norvégien redeviendra un jour un adversaire sérieux pour vous?

Je ne me fais pas trop de soucis pour lui. Bien sûr, il faut que les nerfs blessés se rétablissent, mais si ça marche, c’est une blessure qui, comme tout ce qui ne concerne pas la tête, peut guérir. Je pense qu’il reviendra. En tout cas, je l’espère vraiment.

Bientôt, l’airbag sera obligatoire et les sous-vêtements résistant aux coupures le seront également. Vous vous en réjouissez?

Je porte déjà les deux. On peut discuter de la question de savoir si cela doit devenir obligatoire. En fin de compte, les produits doivent être suffisamment bons pour que l’athlète ait envie de les porter. Mais si cela entraîne un désavantage aérodynamique, il n’y a rien de mal à rendre leur port obligatoire, afin que tout le monde soit sur un pied d’égalité.

Aleksander Aamodt Kilde, Marco Schwarz, Alexis Pinturault et Cyprien Sarrazin ont été absents récemment. Est-ce une bonne chose pour vous, ou regrettez-vous ces absences?

Nous ne voulons pas que quelqu’un se blesse, peu importe que ce soit des adversaires loin derrière nous ou des coureurs de haut niveau. Je ne souhaite à personne de se blesser. Chacun doit se concentrer sur lui-même, sur sa carrière. On se bat tous en prenant les mêmes risques, plus ou moins grands, mais il peut toujours se passer quelque chose. Les personnes extérieures aux courses se font beaucoup plus de soucis que nous, les athlètes. Pour les fans et le sport, c’est bien sûr pire quand ce sont les meilleurs qui sont touchés.

Avez-vous besoin d’adversaires de votre niveau pour pouvoir continuer à vous améliorer?

C’est très important. Lorsque des concurrents vont plus vite que moi sur certains tronçons ou même sur une course entière, les duels génèrent des émotions et rendent le sport passionnant.

En revanche, vous dominez votre sport. Votre échec au slalom géant de Saalbach relève de l’exception. Allez-vous jusqu’à la limite pour chacune de vos courses?

Je me surpasse lors de chaque course, mais pas toujours avec la même intensité. Durant les trois dernières descentes aux États-Unis, j’ai dû repousser mes limites à l’extrême.

À Aspen, vous avez fait une énorme erreur et vous avez quand même gagné. Comment faites-vous?

Je ne peux pas l’expliquer. De telles courses me laissent moi-même sceptique. J’ai eu de la chance deux ou trois fois cette saison et ça a marché. J’ai un plan en tête avant de descendre, je l’applique et je skie normalement. Ou alors, comme à Aspen, où j’étais troisième après la première manche, j’ai dû m’activer nettement plus. Si je fais une erreur, je sais inconsciemment que je dois donner un coup d’accélérateur.

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À Aspen, vous vous êtes imposé deux fois devant votre coéquipier Loïc Meillard. On a eu l’impression à l’arrivée que vous aviez de la peine pour lui.

Ce n’est pas vraiment ça. Je n’ai pas besoin d’exulter comme un singe et de lui jeter ma victoire en pleine figure. Il était clair que son prochain triomphe en géant arriverait un jour ou l’autre, c’est maintenant chose faite à Saalbach.

Gagner peut-il s’avérer désagréable?

Je suis trop égoïste: j’aime gagner!

Que faites-vous pour que les victoires ne deviennent pas des évidences?

Cela semble beaucoup plus évident pour autres que pour moi. Je sais la quantité de travail qu’il y a dans chaque course, dans les réflexions, l’énergie aussi bien mentale que physique, les risques. C’est pourquoi aucune victoire ne va de soi.

Vous êtes toujours à la recherche de records et vous allez bientôt atteindre les 2000 points. Cela vous surprend-il?

Beaucoup. Après les 2042 points de l’hiver dernier, personne ne pensait que je pourrais faire mieux. Mais maintenant, je suis encore meilleur. Théoriquement je pourrais être à plus de points, en tenant compte des sept courses qui ont été annulées dans mes disciplines. C’est assez fou.

Pourtant, votre entraîneur Helmut Krug dit que vous ne vous sentiez pas bien avant la saison.

C’est vrai, lors du dernier camp d’entraînement à Copper Mountain, je me sentais moins bien que l’année précédente, alors que la préparation avait été plutôt bonne. Mais grâce à de bonnes courses dès le début, la confiance est vite revenue.

Comment changer le calendrier des courses pour éviter les annulations?

Nous, athlètes, allons nous asseoir avec des responsables de la Fédération internationale de ski et de snowboard (FIS) à Saalbach et faire des propositions. Nous n’allons pas en permanence mettre sur le tapis le début de saison à Zermatt; y skier se révélera difficile dans les cinquante prochaines années. En revanche, il n’est pas exclu de nous rendre une deuxième fois aux États-Unis au printemps. Nous y avons eu cinq super courses, la neige y est assurée, alors qu’en Europe centrale, cela devient difficile. Soit il n’y a pas de neige, soit il y en a tellement qu’on ne peut pas skier.

À Zermatt, les courses de vitesse ont toutes été annulées, descentes féminines comme masculines. Vous préféreriez ne plus y aller?

Je suis très neutre à l’égard de Zermatt, parce que je sais l’énorme effort qui se cache derrière cet événement. Mais si l’on en croit les autres athlètes, les non-Suisses, je pense que peu s’y rendraient de leur propre chef.