POLITIQUEAli Soumaré: «J'ai payé cette erreur de jeunesse»

Ali Soumaré: «J'ai payé cette erreur de jeunesse»

POLITIQUEAli Soumaré, tête de liste PS du 95, revient dans «20 Minutes» sur les accusation d'élus UMP...
Ali Soumaré, tête de liste socialiste dans le Val d'Oise aux élections régionales, le 23 février 2010 à Paris.
Ali Soumaré, tête de liste socialiste dans le Val d'Oise aux élections régionales, le 23 février 2010 à Paris. - F.DUFOUR/AFP
William Molinié

William Molinié

«Ce qui m'a fait le plus mal? Que l'on jette en pâture le nom de mes parents et mon adresse.» S'il a toujours la gorge serrée, Ali Soumaré, 29 ans, a déjà tourné la page. Désormais, il veut se concentrer sur sa campagne. Cinq jours après avoir été décrit comme un «délinquant multirécidiviste chevronné» par les maires UMP de Franconville et de Saint-Leu-la-Forêt, la tête de liste PS du Val-d'Oise a repris, hier, ses activités de candidat, en distribuant des tracts à la gare de Villiers-le-Bel. Un retour «familial» aux sources, pour celui qui fut en 2004 secrétaire de section PS de la commune.

Sources d'information illégales


Basket, jean beige et blouson noir, il arrive en bus à la station du RER D. Son équipe de campagne a commencé à tracter depuis une demi-heure. «Il est en retard, mais on ne va pas lui en vouloir, après le week-end qu'il a passé», lâche un ancien adjoint au maire de Gonesse. Ali Soumaré est surtout venu s'assurer du soutien de la base de sa famille politique. «J'ai été très surpris en apprenant son casier judiciaire dans les médias. Je pense qu'il aurait dû communiquer sur la première affaire dès le début. Il n'y aurait pas eu d'histoires», avance Franck, élu PS d'Arnouville-lès-Gonesse, une commune voisine.

«J'ai payé cette erreur de jeunesse à la société. C'était en 1999, une bagarre. Mon pote a eu la tête fracassée», justifie le principal intéressé. Propulsé sur le devant de la scène politique, bien malgré lui, Ali Soumaré pense pouvoir en ressortir grandi. Et n'hésite pas à provoquer. «Je n'ai pas besoin d'attaché de presse. Moi, je suis un joueur réserviste du PSG et j'ai Francis Delattre», ironise-t-il, faisant référence aux déclarations du maire UMP de Franconville, à l'origine des «révélations» sur son «vrai-faux» casier judiciaire.

«Des flics barbouzes»

A Villiers-le-Bel, tout le monde, ou presque, connaît Ali Soumaré. Au café, le Severac, à côté de la gare, les poignées de main défilent à sa table. «Ali Soumaré ? Ah oui, je l'ai vu à la télé. Il va être député, c'est bien ça?», questionne Rose-Laure. Raté. A priori, conseiller régional. Au mieux, vice-président. Sans baccalauréat, il a gravi les échelons politiques grâce au monde associatif, notamment en relayant la parole des familles des deux jeunes tués à Villiers-le-Bel en 2007.

«C'est bien cela qui fâche. Il incarne l'image d'un candidat issu de la diversité. Et ça déplaît à beaucoup de monde», analyse Idrissa, son ami et «conseiller». Acharnement contre un candidat qui dérange ou véritables révélations? La justice tranchera, sans doute après les régionales. En attendant, l'affaire Soumaré se retourne contre les élus UMP du Val-d'Oise, sommés de s'expliquer sur l'origine de leurs sources.

«Des flics barbouzes», d'après l'entourage de la tête de liste. «L'accès aux informations est public», défend l'avocat du maire de Franconville. Hier, des vérifications «non officielles» étaient en cours afin de déterminer si les accusations portées contre lui pouvaient provenir de fichiers de police.

Faits reprochés

Ali Soumaré nie trois des cinq accusations de Francis Delattre (Franconville) et Sébastien Meurant (Saint-Leu-la-Forêt).1999: vol aggravé. Condamnéà 6 mois ferme. Il reconnaît maisil a été «réhabilité» depuis. 2004: vol aggravé, violences et trafic de cartes bleues. Il nie. La procureur de Pontoiselui a donné raison. Il s'agissaitd'un homonyme. 2008: violences sur deux jeunes femmes. Il nie. La plainte aurait été retirée, ne donnant pas lieuà un jugement. Mai 2009: conduite sans permis. Il nie et fournira «les preuves» au procès. Juillet 2009: rébellionà agents de la force publique.Il reconnaît mais assure ne pas avoir été avisé du jugement. Il a fait appel, lundi.