L’ACTUALITÉ DES AUTEURS ET DES ÉDITEURS: N° 5 (JANVIER 2017)

Mise à jour:  23 FÉVRIER  2017

TRISTE DÉBUT D’ANNÉE POUR LES  LETTRES BOURBONNAISES

 

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Raymond Lacroix, Jean Humbert, Michel Déon, Pierre Chuvin, André Sérézat : un éminent biographe de Banville,  un poète lauréat de l’académie du Vernet,  un romancier académicien et membre du jury du prix Larbaud,  un helléniste distingué et un historien de la résistance et du mouvement social bourbonnais ont, tour à tour, tiré leur révérence.  La fin de l’année 2016 et le début de 2017  auront vu disparaître en quelques semaines cinq auteurs  aussi différents par leur notoriété ou par leurs engagements que par leurs domaines de prédilection. Rien de commun entre Michel Déon, romancier, ancien secrétaire de Charles Maurras, et André Sérézat, historien, membre du Parti communiste. Pourtant tous avaient des liens plus ou moins forts avec le Bourbonnais. “Vu du Bourbonnais” a choisi de revenir  sur leurs parcours.

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Raymond Lacroix (1919-2017)

Un fiscaliste pour qui Théodore de Banville n’avait plus aucun secret…

  • Raymond LACROIX (1919-2017)
    Raymond LACROIX (1919-2017)

    Raymond Lacroix, spécialiste et biographe de Théodore de Banville, est décédé aux premiers jours de Janvier, à Moulins, sa ville natale. Il était âgé de 97 ans. Né le 22 septembre 1919,  il aura été à la fois « un homme  de chiffres » par obligations professionnelles  avant de devenir « un homme de Lettres » par passion.  Il avait d’abord mené une brillante carrière dans l’administration fiscale, en tant qu’inspecteur central des impôts,  ce qui l’avait conduit à  résider à Paris pendant plusieurs décennies. Il était également l’auteur d’un recueil  fiscal diffusé chaque année à plusieurs milliers d’exemplaires et constamment réactualisé, le fameux Mémento fiscal de publicité foncière plus connu sous le nom de  Mémento Lacroix qui fait référence depuis  la toute première édition parue en 1977. Mais le nom de Raymond Lacroix n’est pas resté connu que des seuls  fiscalistes et notaires.

  • Réédition de 2016
    Réédition de 2016

    De retour en Bourbonnais, à l’heure de la retraite, Raymond Lacroix avait enfin trouvé le temps libre nécessaire pour se consacrer à ses autres passions : la généalogie, l’histoire et la littérature. Il avait ainsi   pu redécouvrir et explorer quelque 8 000 documents inédits concernant la famille de Théodore de Banville dont son épouse, qui en était elle-même issue,  avait hérité. De l’analyse de cette masse documentaire, était né en 1990 un premier livre, quelques mois avant les célébrations liées au centenaire de la mort du poète. Intitulé  Théodore de Banville, une famille pour un poète, biographie originale, historique et documentaire (460 p, annexes, index), l’ouvrage, tiré sur les presses de l’imprimerie moulinoise Pottier, est devenu au fil du temps une biographie de référence, fruit d’un travail intense étalé sur plusieurs années. Raymond Lacroix, assisté de son épouse, n’avait pas hésité à se rendre sur tous les lieux où avaient vécu Banville ou sa famille, afin d’y  mener des recherches approfondies. Un travail de qualité qui a été récompensé notamment en 2002 par l’attribution du Prix Berthault décerné par l’Académie des Sciences Morales et Politiques. En avril 2016, les éditions suisses Slatkine Érudition et la librairie Honoré Champion  en ont publié une réédition, préfacée par Peter Edward et Peter Hambly, deux amis proches de Raymond Lacroix (476 p, 75 €).

    Théodore de Banville (1823- 1891)
    Théodore de Banville (1823- 1891)

    • En signant la préface de l’édition originale, Jean Cluzel parlait en 1990 d’une « remarquable biographie familiale et documentaire » : « Le remarquable travail de l’auteur permet ainsi de mieux connaître celui qu’Anatole France appelait “ le vieux maître si poli dont l’âme était fleurie comme un jardin”. Son talent, sa personnalité valaient un tel ouvrage : initiative précieuse et indispensable,à une connaissance des lettres bourbonnaises et de la poésie française, cet excellent livre vient à point nommé (…). Grâce en soit rendu à celui qui en a pris l’ initiative. Il peut vraiment être fier de l’œuvre accomplie (…). C’est un excellent travail qui honore les lettres bourbonnaises », concluait Jean Cluzel.

  • Pourtant, Raymond Lacroix ne parlait de son travail qu’avec beaucoup de modestie, reconnaissant même dans son avant-propos qu’il ne connaissait auparavant que « très peu de choses concernant la personnalité et la carrière de Banville, pas moins mais pas plus que la majorité de ses compatriotes ». Pris dans l’engrenage de ses recherches, et poussé constamment par la volonté d’en savoir plus sur l’homme, sur sa famille et sur l’œuvre, mais aussi sur la vie au XIXème siècle, il avait alors transformé ce qui n’aurait pu être qu’une modeste biographie familiale en une étude sur la vie de Banville au regard de son époque et de son œuvre. Le livre est devenu une référence, quasiment un “classique” y compris dans les milieux universitaires, pourtant réputés “frileux” vis à vis de qui n’est pas issu du sérail…
  • La statue de Banville, à Moulins, sculptée par Jean Coulon (1853-1923)
    La statue de Banville, à Moulins, sculptée par Jean Coulon (1853-1923)

    C’était aussi pour lui le moyen de combler le quasi vide biographique qui touchait alors Banville. Les deux seules études sur la vie du poète était celle de Max Fuchs, qui remontait à 1912, et celle de John Charpentier, sortie en 1925, laquelle d’ailleurs  n’était guère plus qu’une reprise du travail de Fuchs, erreurs comprises. Dans les dernières lignes de son avant-propos, Raymond Lacroix semblait presque s’excuser d’avoir commis cet ouvrage : « Sans aucune prétention exhaustive, je ne revendique nullement pour cet ouvrage les qualités d’une œuvre littéraire. Son objet est tout autre. Le texte que je propose, écrit si l’on peut dire “à l’ancienne” (…), ne se rapporte en effet qu’à la biographie personnelle. Seule la vie du personnage et de ses proches a retenu mon attention (…). Ayant naturellement cité les œuvres, je me suis appliqué à n’émettre  à leur sujet aucune opinion personnelle. D’autres que moi, scientifiques éminents, compétents et qualifiés, l’ont fait ou le feront, avec leur culture littéraire, leur érudition, leur science poétique ou théâtrale (…). Je serais heureux si ma modeste contribution pouvait apporter quelques lumières aux commentateurs » … Belle leçon de modestie de l’auteur dont le travail avait été salué, et pas seulement au plan local, par des critiques très positives.

  • bourgeoises-de-banvilleCe travail sur la famille Banville, il l’avait poursuivi avec Les bourgeoises de la famille Banville, republié en 2016 également par Slatkine érudition (168 p, 35 €). Il y brossait l’histoire réelle et la chronique remarquablement documentée de la vie des quatre femmes qui couvrent exactement le dix-neuvième siècle banvillien. D’abord Marie-Anne, grand-mère de Théodore de Banville, puis Élisabeth-Zélie, mère du poète,  Zélie, sœur de ce dernier et, enfin,  Élisa, son épouse. Le lecteur se trouvait ainsi « transporté à travers le temps à la découverte de la vie quotidienne de cette bourgeoisie à la fois familiale, traditionnelle et discrète du XIXe siècle ». img126En 2007, poursuivant l’exploration familiale, il avait publié  La Saga d’un Banville  au XIXème siècle, préfacée encore une fois par Jean Cluzel. Cette fois-ci, l’objet d’étude était François Éléonore de Banville, alias Léon pour ses amis,  oncle du poète, né à Montmarault sous le Directoire et mort en 1878, dans les premières années de la IIIème République. Pris dans le tourbillon de l’histoire, ce Banville-là se révélait plus attiré par la politique que par la littérature, encore que ses  récits des événements contenus dans ses lettres révèlent aussi des qualités de conteur.
  • diligence-lacroixAu-delà de la vie du poète et de sa famille, Raymond Lacroix a beaucoup œuvré au sein des associations généalogiques et des publications bourbonnaises mais aussi de sociétés savantes comme la Société d’émulation du Bourbonnais, devant laquelle il a donné plusieurs conférences. On trouve aussi sa signature au bas d’articles publiés dans le bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Vichy et ses environs (SHAVE), ainsi que dans la revue Généalogies bourbonnaises et du Centre, publiée par le CGHB. Son ultime contribution, Jean-Baptiste Huet, est d’ailleurs parue seulement quelques semaines avant sa disparition.  Dans les Cahiers bourbonnais, sa toute première collaboration remontait à la fin de 1984 avec « Une demande de mariage », évoquant une lettre adressée en 1817 par Gros, chirurgien major, à la future mère de Banville. Son ultime contribution, qui traitait du chapitre de la Collégiale de Moulins, avait été publiée dans le n° 219, au printemps 2012. Entre ces deux dates, une dizaine d’autres articles avaient trouvé place dans les colonnes du défunt trimestriel.  C’est chez le même éditeur qu’il avait fait paraître en 2001 Quand on partait en diligence (195 p, illustrations, 20 €), une  étude sur le temps des diligences, les matériels et les personnels. L’histoire  d’une activité à la fois colorée et bruyante et de ses acteurs qui, dans des conditions pénibles, sur des chemins épouvantables, parvenaient quand même à assurer le transport des personnes. Comme pour ses travaux banvilliens, tout était basé sur les documents originaux recueillis, sur les écrits authentiques et les visites de musées spécialisés. En terminant sa préface, Jean Cluzel écrivait : « Raymond Lacroix a bien servi les lettres bourbonnaises et les lettres françaises ». Une phrase qui pourrait lui servir d’épitaphe. Ses obsèques religieuses ont été célébrées le 5 janvier 2017 en l’église Saint-Pierre de Moulins.

◘ Ce que disait la critique  à propos de la biographie de Banville en 1992…

roman_0048-8593_1992_num_22_75« Le 13 mars 1991, il y a cent ans que mourait à Paris, 10, rue de l’Eperon, Théodore de Banville, né à Moulins-sur-Allier, quelque soixante-huit ans auparavant. L’année 1991 aura donné l’occasion de célébrer cet anniversaire par un colloque et des rééditions. Cette biographie constitue le premier hommage au plus connu des poètes méconnus du Bourbonnais, qui fut reconnu par Hugo comme un des maîtres de la poésie du XIXe siècle, et qui fut accompagné dans son convoi funèbre par Mallarmé, Sully Prud’homme, Leconte de Lisle, Catulle Mendès, Armand Silvestre, Jean Richepin et Maurice Bouchon… tels un microcosme d’amitiés et de conceptions diverses de la littérature. Comme D. Madelénat l’а fort bien montré, la biographie est un genre littéraire qui a retrouvé la faveur du public et des écrivains. Il n’en existait point encore sur Banville, et le travail de Raymond Lacroix est d’autant plus précieux qu’il s’appuie sur la consultation d’archives familiales oubliées auxquelles ni Max Fuchs, ni John Charpentier  n’avaient pu accéder. avt_theodore-de-banville_1755Comme l’auteur le précise lui- même avec modestie, il n’est pas question de chercher dans son ouvrage une réflexion sur la biographie de Banville, des pistes nouvelles d’interprétation d’une œuvre qui reste, à bien des égards, à réévaluer. Raymond Lacroix n’a cherché qu’à « suivre Théodore et les siens dans le cheminement détaillé de leur existence ». C’est dire que l’enquête minutieuse et les reconstitutions auxquelles il s’est livré, pour commencer à la période révolutionnaire, jettent un jour très intéressant sur la majeure partie de la vie d’une famille française de province au XIXe siècle. On trouvera donc dans son livre toute une série de scènes pittoresques qui retracent le sens des déplacements de valeurs d’une époque ; la piété filiale du poète à l’endroit de sa mère; les innombrables relations qu’il a pu nouer dans ses fonctions de journaliste avec des personnalités aussi diverses que Vigny, Baudelaire, Poulet-Malassis, Coppée, Nadar, Karr, Villemessant, etc. Mille indices des qualités si spécifiques de l’art de Banville, qui demanderaient à être précisés et développés dans une étude stylistique de son œuvre. Plusieurs citations extraites de sa correspondance, qui suggèrent une édition exhaustive de cet ensemble. Bref une masse de faits et de documents organisée avec soin et goût, mais qui, par les désirs qu’elle suscite, fait un peu regretter le travail artisanal de R. Lacroix.

Plaque commémorative apposée au 10, rue de l'Éperon, à Paris
Plaque commémorative apposée au 10, rue de l’Éperon, à Paris

Recherche d’amateur, au meilleur et plus noble sens du terme, mais qui demande immédiatement des prolongements, et, pour une seconde édition, l’adjonction de quelques instruments supplémentaires de consultation de l’ouvrage : des études actuelles sur Banville, bibliographie de l’œuvre de l’écrivain, index des titres d’ouvrages cités, des noms de personnes, et des lieux. Bref, les moyens de faire renaître définitivement, dans ce bel ouvrage, le « délicieux causeur de la meilleure ironie, de la malice la plus amusante, crevant d’anecdotes de coulisses, contant ce qu’on ne lit pas » que les Goncourt se plaisaient à voir en Banville« .

Jacques – Philippe Saint-Gérand  (extrait de la revue Romantisme, n°75. Les petits maîtres du rire).

Bibliographie: Outre les ouvrages publiés, cités dans l’article, et les contributions de Raymond Lacroix aux Cahiers Bourbonnais que l’on pourra retrouver dans les 3 volumes de tables établies par Maurice Sarazin, ce dernier a également recensé les articles parus dans trois publications bourbonnaises:

Bulletin de la Société d’Émulation de Bourbonnais :

  • Les archives de la famille Banville – 1986/87, p 81-86
  • Banville, Baudelaire … et Marie – 1990/91, p. 574-80

Bulletin de la SHAVE :

  • La sœur de Théodore de Banville – n° 125, 1994, p. 4-6

Généalogies bourbonnaises et du Centre :

  • D’un pré à l’autre – N° 116, p. 192 ; n° 117, p. -6-11
  • La généalogie et l’histoire – n° 123, p. 16-17
  • Quartiers de Théodore de Banville – n° 136, 2012, p. 46-7
  • Un nom vient de s’éteindre – n° 148, 2015, p. 11
  • Corruption et désertions au temps de l’Empire – n° 150, 2016, p. 25-28
  • Jean-Baptiste Huet – n° 152, 2016, p. 17-19

 Jean Humbert (1933-2016)

La poésie avant tout…

  • Jean HUMBERT (1933-2016)
    Jean HUMBERT (1933-2016)

    Le poète Jean Humbert, né à Cusset le 27 novembre 1933, est décédé le 24 novembre 2016 à La Rochelle, où un hommage civil lui a été rendu le 30 novembre. Ses parents étaient originaires de Saint-Christophe et de Charroux et son épouse était la fille d’un couple de commerçants vichyssois. Après une enfance bourbonnaise, il avait fait carrière dans l’enseignement, à La Rochelle, où il avait été nommé en 1963, d’abord comme instituteur puis  comme professeur de mathématiques. En 1971, il avait été élu à l’Académie de la Rochelle, dont il était devenu ensuite vice-président. Conférencier, Jean Humbert entretenait aussi une correspondance littéraire avec des auteurs aussi variés que Pierre Ménanteau, Robert Sabattier ou Marcel Arland. Son œuvre littéraire est presque toute entière composée de recueils de poèmes, pour la plupart édités par les éditions Quartier Latin, à La Rochelle : « Petite lumière (1969, 79 p) – Mon royaume est de ce monde (1970, 93 p.) – La fenêtre dans l’herbe (1971, 61 p.) – Sonatine pour les amours (1972, 66 p.), couronné par le prix Émile Blémont de la Maison de la poésie – De sel, de terre et d’eau (1973, 63 p. ), distingué par l’Académie française – Les cernes des jours (1974, 68 p.) – Sur l’échiquier de cet été (1976, 53 p.) – Piège à nuages (1978, 59 p.) – Rêveries (1999, 28 p.) – L’étincelle volée (1982, 69 p.) – Été (1982, 54 p.) – Comme un qui s’est perdu (1986, 67 p.) – Où sont tous les soleils ? (1995, 45 p.) – Chansons pour une arrière-saison (2000, 69 p.) – La barque partie (2003, 79 p.). Deux de ses titres les plus récents, C’est une chose trop grave (2012) et La poussière et la cendre (2014) avaient été publiés par les Amis du Vieux Cusset, marquant ainsi son attachement au Bourbonnais et à sa commune natale qui ne s’est jamais démenti.

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    Jean HUMBERT, chez lui, à La Rochelle, en 2012
  • Le compositeur montluçonnais Yves Vessière avait mis en musique certains de ses poèmes, sous le titre La fenêtre dans l’herbe. Quelques-uns de ses écrits concernent aussi l’histoire locale  : Île de Ré, d’ombres et de lumières, préfacé par Marcel Arland de l’Académie française (La Rochelle, éditions Mélusine, 1974, 133 p.) et Charente-Maritime : portraits de famille (Ahun, éditions Verso, 1997, 261 p.). Pour Les cernes des jours,  Jean Humbert avait été lauréat du Prix littéraire de l’Académie du Vernet 1975 qui lui avait été remis à Vichy le 2 août 1975. Ce jour-là, après avoir dédié le prix « à la mémoire de son père, du docteur Alexandre Giraudoux et d’Abel Boisselier« , il n’avait pas caché sa joie d’être ainsi reconnu par ses compatriotes: « Recevoir un laurier dans sa province natale, c’est naître à nouveau, avait-il déclaré. Bazin a écrit que nul ne peut se prétendre père qu’il n’ait été reconnu comme tel par ses enfants. Je crois que pour qui a également le vice impuni de  l’écriture, il est bon, il est doux, il est indispensable d’être reconnu par les siens. Ce prix est celui de l’amitié du pays natal (…). Vous m’avez doublement comblé puisque c’est la première fois  depuis la création que le grand prix de l’Académie du Vernet va à une œuvre poétique. C’est à la poésie que vous avez voulu rendre justice et l’un de ses humbles serviteurs ne peut que s’en réjouir. Cette malheureuse poésie si négligée dans notre siècle de fer, si dédaignée à cause de son manque de rentabilité par les technocrates modernes  se doit, comme l’a souligné Saint John Perse d’être « la mauvaise conscience de notre monde ». La poésie est nécessaire à l’homme ». Il avait ensuite conclu par un vibrant hommage à cette même poésie:  » Tout homme se souhaite, se veut, à un instant de sa vie quelque peu poète. Même si le reste du temps, il succombe  à la tentation de rire des élans de son cœur. La poésie ne doit jamais avoir honte Peut-on avoir honte d’aimer? La poésie ne rassure pas non plus, elle est le doute, mais ce doute, cette angoisse qui ressemble à l’amour et qui rapproche les hommes » .  Jean Humbert  a également publié plusieurs textes et poèmes dans les Cahiers Bourbonnais. On en retrouvera la liste à la suite de cet article
Ile de Ré, d'ombres et de lumières
Ile de Ré, d’ombres et de lumières (1974)

• En 1988, dans son anthologie 175 poètes bourbonnais, de 1302 à l’époque contemporaine, René Varennes écrivait à son propos : « Jean Humbert écrit de la poésie qu’elle est une manière d’être et de vivre, opinion que nous partageons, tant nous estimons que talent et comportement doivent se rencontrer. Il affirme  encore “ ne faire aucune distinction entre les genres”, signifiant ainsi probablement ne pas  créer en fonction d’un choix prédéterminé. Il nous a semblé, ajoutait René Varennes,  qu’il fallait comprendre l’itinéraire poétique de Jean Humbert comme celui d’un peintre dont on distinguerait les périodes ».

◘  Bibliographie : articles publiés par Jean Humbert dans  Les Cahiers bourbonnais :

• Allocution de remerciements lors de la remise du prix de l’Académie du Vernet, 2 août 1975, à Vichy (n° 76 – 4ème trimestre 1975))

•  Quand Jean-François Millet peignait en Bourbonnais  (n° 77 – 1er trimestre 1976)

• Le roi  (n°82 – 2ème trimestre 1977)

• Lettre à René Fallet, lue au micro de Radio la Rochelle, le 25 juillet 1983, après la mort de René Fallet (n° 159 – printemps 1997)

•  Jean Humbert a également publié des poèmes dans la même revue : Le soir (n° 55),  Voici (n° 76),  Trois ou quatre notes (n°86).

sans-titre-cb◘  Lettre à René Fallet (25 juillet 1983), écrite à l’occasion du décès de l’écrivain bourbonnais (extraite des Cahiers bourbonnais, n° 159):

 

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 Michel Déon (1919-2016)

Le Jury du prix Valery Larbaud perd un de ses membres éminents…

  • Michel Déon (1919-2016)
    Michel Déon (1919-2016)

    Le jury du prix Valery Larbaud a perdu un de ses membres les plus anciens, en la personne de l’écrivain et académicien Michel Déon, décédé à Galway (Irlande) le 28 décembre, à l’âge de 97 ans. Né le 4 août 1919 à Paris, Michel Déon, de son vrai nom Edouard Michel, avait d’abord fait des études de droit. Après avoir été mobilisé dans l’infanterie en février 1940 puis démobilisé en novembre 1942, il s’était installé à Lyon où il était devenu  secrétaire de rédaction au quotidien royaliste L’Action françaisedirigé alors par  Charles Maurras. Accessoirement, il sert de chauffeur au chantre de l’Action Française.  Ce qui ne l’empêchera pas de donner des articles à Marie-Claire. Michel Déon a ensuite collaboré à divers titres de presse, tout en préparant son premier roman, Adieux à Sheila , publié en 1944 par les toutes jeunes éditions Robert Laffont, avec l’appui de Kléber Haedens. La guerre achevée, Michel Déon ne renie pas ses amitiés, en  rédigeant la critique théâtrale de l’hebdomadaire Aspects de la France, qui entend poursuivre le combat de l’Action Française, interdite à la Libération.

    Un taxi mauve, adapté au cinéma par Yves Boisset
    Un taxi mauve, adapté au cinéma par Yves Boisset

    • En 70 ans, une cinquantaine de titres devaient suivre Adieux à Sheila, entre romans, essais, récits, nouvelles mais aussi traductions et préfaces à foison. Après s’être longtemps contenté d’explorer la bibliothèque paternelle, c’est dans cette période qu’il croise Antoine Blondin, avec lequel il se liera d’amitié, mais aussi d’autres écrivains, tous  marqués à droite, tels que Jacques Chardonne, Paul Morand ou encore André Fraigneau. Ils vont devenir ses amis et ses  écrivains favoris. Autres découvertes pour Michel Déon, «  Valery Larbaud, une passion » mais aussi James Joyce, devant l’œuvre duquel il disait avoir éprouvé « un grand choc de lecture ».

Michel DÉON, au milieu des années 1960.
Michel DÉON, au milieu des années 1960.

• Après une année passée aux Etats-Unis, vouée en partie à  l’étude des mœurs et de la langue des Acadiens de Louisiane, il avait repris ses activités de journalistes et d’auteur, en publiant régulièrement des romans, comme La Corrida (éditions Plon) ou encore Le Dieu pâle (éditions Plon) qui remporta le Prix des Sept.  Pendant deux ans, il a été conseiller littéraire pour son éditeur Plon avant de se tourner à nouveau vers les voyages qui devaient le mener en Grèce, au Canada mais aussi en Suisse, en Espagne ou au Portugal. Dans ce dernier pays, Michel Déon loin de renier ses convictions politiques, dialogue même avec le dictateur Salazar au pouvoir depuis plusieurs décennies. Salazar mort, Michel Déon n’hésitera pas à préfacer  une édition des discours de son successeur, Marcelo Caetano, renversé par la Révolution des œillets, en 1974. Dans cette série de voyages, on n’oubliera pas  l’Irlande qui allait devenir sa terre  d’accueil en même temps qu’une de ses sources d’inspiration. En 1961, de retour à Paris, il était devenu un des collaborateurs des  éditions de La Table Ronde. Il tenait aussi la chronique dramatique du journal Les Nouvelles littéraires, collaborant par ailleurs aux pages littérature du Journal du Dimanche.

Michel Déon, au Salon du livre (avril 2012)
Michel Déon, au Salon du livre (Paris, avril 2012)

• Voyageur insatiable, Michel Déon  n’avait donc pu s’empêcher de reprendre son tour de l’Europe, tout en continuant d’écrire. Plusieurs titres de cet auteur prolifique ont été  couronné à  de nombreuses reprises par des prix littéraires. Parmi eux, on peut citer  le prix Kauffmann en 1961 pour Le Balcon de Spetsai, le prix Interallié en 1970 pour Les Poneys sauvages (éditions Gallimard), le grand Prix du roman de l’Académie française en 1973 pour Un taxi mauve (Gallimard). 51cgoc9dmpl-_sy346_L’ouvrage a été  adapté au cinéma par Yves Boisset en 1977 avec Charlotte Rampling, Philippe Noiret et Fred Astaire En 1996, le prix Giono lui avait été décerné pour l’ensemble de son oeuvre. Michel Déon s’est aussi tourné vers le théâtre, avec Ma vie n’est plus un roman en 1989 ou encore Ariane ou l’oubli en 1992. La publication de Jeu de miroirs illustré par le peintre Jean Cortot (1998), et de La vie secrète de Salvador Dali (2002) ont montré  son intérêt toujours marqué pour la peinture contemporaine.

Valery Larbaud
Valery Larbaud, un de ses « auteurs de chevet« 

• Dès 2006, les Presses Universitaires de la Sorbonne ont publié Michel Déon aujourd’hui, un recueil  regroupant les différentes communications faites lors d’un colloque organisé à la Sorbonne. Dans les Cahiers de l’Herne (2009), d’autres spécialistes, ont étudié les grands thèmes de son œuvre et les constantes de son imaginaire qui la nourrissent. Ajoutons que la publication de ses œuvres complètes a commencé dans la collection Quarto de Gallimard et que l’édition de son Journal a été entreprise par les éditions de l’Herne. Dans Lettres de château (Gallimard, 2009), il rend hommage à « ses auteurs de chevet », parmi lesquels il cite  Conrad, Stendhal, Giono… et bien sûr Valery Larbaudtelechargement-1Récemment, les éditions de la Table Ronde, dans leur collection La petite Vermillon ont réédité Tout l’amour du monde, augmenté de textes rédigés entre 1959 et 1960 : « Une course au bonheur et à la beauté, course assez naïve somme toute, lutte de vitesse contre le temps qui fait et surtout défait nos existences. » En 2015, le même éditeur a récidivé avec Les gens de la nuit dont la première édition remontait à 1958. Son ultime  recueil de nouvelles, A la légère (Gallimard), est paru en 2013.

L'ultime roman de Michel Déon
L’ultime roman de Michel Déon

•  Le 8 juin 1978, Michel Déon avait été élu au 8ème fauteuil de l’Académie Française,  occupé précédemment par Jean Rostand. Il avait été  reçu sous la Coupole par son ami Félicien Marceau, avec lequel il a  entretenu une correspondance littéraire publiée en 2011 chez Gallimard: « Monsieur, vous et vos personnages, vous êtes des chevaliers (…). Chevaliers parce qu’ils empoignent rudement leur destin, parce qu’un principe de violence commande  à leurs mœurs, parce que leur trajectoire évoque un galop furieux, parce que même parfois un peu tordue, il leur reste cette colonne vertébrale qui est l’honneur, un certain sens de l’honneur« , avait alors déclaré Félicien Marceau.

Michel DÉON, académicien depuis 1978
Michel DÉON, académicien depuis 1978

• Ayant revêtu l’habit vert, Michel Déon fut appelé à prononcer  le discours d’hommage lors de la disparition de Maurice Genevoix, le 25 septembre 1980. On lui doit aussi le discours de réception de Jacques de Bourbon-Busset le 28 janvier 1982.  Dans l’article qu’elle lui a consacré dans Le Monde (30 décembre), Josyane Savigneau écrit : « On aimait chez lui l’ironie et l’absence de conformisme. Académicien (…), il n’avait pas perdu son esprit frondeur et secouait volontiers les préjugés  du jury du grand prix du roman de l’Académie française, le conduisant à couronner des œuvres  originales », parmi lesquelles Les Bienveillantes de Jonathan Littell, en 2006, au risque de déclencher une polémique. Michel Déon avait été fait Commandeur de la Légion d’honneur en 2006. Outre le prix Valery Larbaud, il était membre du jury du prix Françoise-Sagan depuis  2010.

Les Hussards (© Site Babelio)
Michel Déon, parmi les « Hussards«  (© Site Babelio)

• Michel Déon était avec Roger Nimier, Antoine Blondin, Kleber Haedens ou Jacques Laurent, une des grandes figures du courant littéraire dit des Hussards, nettement ancré à Droite, qui avait beaucoup bataillé dans les années 1950 et 1960 notamment contre Sartre. Dans l’introduction  au colloque que lui avait consacré la  Sorbonne en 2004, l’universitaire Jean-Pierre Poussou présentait Michel Déon comme « un représentant d’une littérature de droite, vigoureuse, parfois agressive, qui s’exprime aussi bien dans la presse que par des écrits de circonstance ou par la mise en situation de personnages romanesques ». Michel Déon, à cause de « son peu de penchant pour l’autocritique qui ne manque pas de panache », selon la formule de Josyane Savigneau est resté fidèle à ses idées, ne cachant ni son maurrassisme, ni son anti-gaullisme.  Ce qui lui avait valu d’être traité souvent de « réactionnaire », voire de « fasciste «, un  qualificatif qu’il rejetait.

• Pour  Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, « c‘est une grande perte pour l’Académie. Il en était la mémoire et la conscience ». Il est vrai que, avec Jean d’Ormesson, élu en 1973, et Alain Decaux, élu en 1979, décédé en mars 2016,  il faisait partie du trio des « doyens » de l’Académie française.

► Pour en savoir plus:

•La biographie de Michel Déon sur  Le site de l’Académie française

► On pourra aussi se reporter aux hommages de la presse:

Le Nouvel Observateur: Michel Déon, le dernier des Hussards est mort

Le Figaro: Michel Déon: ses cinq livres indispensables.

 

Pierre Chuvin (1943-2016)

  Un  helléniste distingué…mais pas seulement

  • pierre-chuvinAutre disparition, survenue le 26 décembre, à Paris,  celle de Pierre Chuvin, professeur émérite de grec à l’université de Paris X Nanterre. Né le 18 juillet 1943 à Saint-Angel, où sa mère était institutrice,  il était âgé de 73 ans. Il aimait à raconter que sa vocation d’helléniste, il la devait précisément à sa mère qui lui avait offert pour la Noël 1956 L’Odyssée, dans la version commentée et traduite par  Victor Bérard, dans la célèbre collection bilingue Budé. Après des études à l’école primaire d’Archignat, il avait été élève au Lycée de garçons de Montluçon (1954-1961). Sa passion pour l’Antiquité, ou plutôt pour les antiquités, qu’elles soient  mésopotamiennes, grecques, Phéniciennes ou égyptiennes, n’avait alors fait que prospérer. Il avait ensuite poursuivi ses études supérieures à la Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand, ce qui devait le conduire à l’agrégation de Lettres classiques en 1966. À cette époque, il avait eu pour professeur Francis Vian, un des grands spécialistes de la poésie et de la mythologie grecques, le confortant dans ses choix. Il avait  soutenu en 1983 une thèse de doctorat à la Sorbonne, dont une version « allégée »  fut publiée en 1992, sous le titre  Mythologie et géographie dionysiaquesrecherches sur l’œuvre de Nonnos de Panopolis (éditions Adosa), avec une préface d’Ernest Will, son président de jury. Pierre Chuvin avait ensuite enseigné le grec à la Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand II,  Francis Vian étant alors doyen, d’abord comme assistant puis comme maître assistant et enfin comme professeur, à partir de 1985. Il avait ensuite rejoint Paris X Nanterre où il a achevé sa carrière. 51fw6rpful-_sx335_bo1204203200_Entre temps, il avait encore enrichi le champ de ses connaissances par l’étude  du turc et du grec moderne, tout en s’initiant à l’archéologie, sous la houlette de l’équipe de Paul Bernard, ainsi que le rappelle Philippe Jean Catinchi, dans Le Monde (10 janvier). De 1993 à 1998, il a été  directeur de l’institut français d’études de l’Asie centrale basé à Tachkent, dont il était aussi le fondateur. Après un bref retour en France,   il a dirigé de 2003 à 2008, l’institut français d’études anatoliennes, installé à Istanbul. En 2011, il avait renoué avec Clermont-Ferrand en venant y donner une conférence sur son expérience des centres culturels français de l’étranger. À la retraite depuis 2012, il avait continué à s’investir dans ses domaines de prédilection en publiant des articles et des ouvrages sur la mythologie, la religion et la poésie grecques, mais aussi sur la Turquie et l’Asie centrale.

 31spi5zkgvl-_sy344_bo1204203200_• Tout en collaborant à des revues comme L’Histoire, dont il était membre du comité de direction depuis 1984,  il donnait des comptes-rendus bibliographiques dans Le Monde et il avait rédigé des articles pour L’Encyclopedia Universalis. Il a publié de nombreux ouvrages centrés sur la littérature et la civilisation grecques, parmi lesquels : Les Dionysiaques (1976, Les Belles Lettres),  L’islam au péril des femmes. Une Anglaise en Turquie au XVIIIè siècle (1981, François Maspero), Entre les murailles et la mer, trente deux poèmes turcs (1982, même éditeur), La mémoire des sablesLa vie en Égypte sous la domination romaine  (1988, Armand Colin), Mythologie grecque : du premier homme à l’apothéose d’Héraclès (1992, Fayard). Autant de publications qui ont fait de lui  « un des meilleurs connaisseurs du champ mythologique« , sans pour autant « s’enfermer dans une posture académique« , comme le souligne Philippe Jean Catinchi. Citons également Les Arts de l’Asie centrale (1999, Citadelles et Mazenod),  Samarcande, Boukhara,  Khiva (2001, Flammarion),  Des Géants à Dionysos. Mélanges de religion et poésie grecques en l’honneur du Professeur Francis Vian, (2003). telechargementOn lui doit aussi une Géographie historique du Proche Orient (1988, C.N.R.S.).  Un de ses derniers livres parus était une réédition de L’Asie centrale entre communisme et intégrisme, publié chez Marabout en 2015.

• Au total, Pierre Chuvin laisse derrière lui une bibliographie riche de plus de 200 articles scientifiques et de plus d‘une vingtaine de livres, dont la plupart feront date. En rappelant tous les défis  qui ont jalonné sa carrière, Philippe Jean Catinchi écrit qu’il les a « relevés avec méthode et détermination, sans se départir d’une réserve et d’une bienveillance peu fréquentes. Jamais péremptoire, ni arrogant, ce savant d’exception n’a jamais cessé de vouloir comprendre, aider au dialogue, dépasser a priori les sectarismes« . Les obsèques de Pierre Chuvin ont eu lieu le 30 décembre en l’église de Soumans (Creuse) et un hommage devait lui être  rendu à Paris, à l’église Saint-Vincent de Paul, le 17 janvier.

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► Sous le titre « Pierre Chuvin, le voyageur de l’histoire », la revue L’Histoire , dont il était un des membres du comité scientifique, lui a consacré un article d’hommage, signé par Valérie Hannin (n° 432 – février 2017): « Décédé le 26 décembre 2016, ce professeur émérite de l’université Paris-X-Nanterre, spécialiste de la poésie grecque tardive, était aussi un excellent connaisseur du monde turc et de l’Asie centrale« . L’article rappelle  que son tout premier article dans la revue remontait à juin 1981 et que depuis, soit sous son nom, soit sous le pseudonyme de  Daniel Ferriol, il avait rédigé plus de 70 articles. « À partir de 1997, note  Valérie Hannin, il signa dans L’Histoire  des articles très contemporains: sur la naissance des nations (après les indépendances), la nostalgie du communisme (les rapports ambigus des nouvelles républiques avec leur passé soviétique) et « les routes du pétrole et de l’Islam » un thème qui garde toute son actualité ».

Sur le site de la revue, on pourra également lire un entretien avec Pierre Chuvin, réalisé en 2014, ainsi que la liste complète  de ses articles publiés par la revue. Une quinzaine de ses articles sont  consultables en accès libre et gratuit:

 

telechargement Pour consulter la liste des ouvrages de Pierre Chuvin et ceux auxquels il a collaboré, on pourra se reporter à  la base bibliographique de la BnF:

André Sérézat (1927-2017)

Historien de la résistance communiste et promoteur infatigable de l’œuvre d’Ernest Montusès.

André SÉRÉZAT en 1992 (© Les Amis d'Ernest Montusès)
André SÉRÉZAT en 1992Les Amis d’Ernest Montusès)

L’historien bourbonnais André Sérézat est décédé le 12 janvier, à l’âge de 89 ans. Né le 27 avril 1927,  à Allassac (Corrèze), l’année même de la disparition d’Ernest Montusès, il avait été élève de l’Ecole normale  de Moulins, entre 1943 et 1947. Dans la revue Études bourbonnaises (n°318 – juin 2009),  il avait longuement retracé cet épisode de son adolescence en décrivant la vie « à Moulins sous l’Occupation« .  Ce devait être le prélude à une carrière entièrement dédiée  à l’enseignement. Il l’avait débutée comme instituteur à Mazirat, avant de poursuivre à  Nizerolles et à Saint-Germain-des-Fossés. C’est là qu’il  avait achevé son parcours professionnel en 1983 comme professeur de mathématiques,  en même temps que son épouse.   André Sérézat s’était engagé en politique en militant au sein du parti communiste, pour lequel il avait été candidat aux élections municipales et cantonales.   Ses recherches historiques l’avaient aussi amené à se rapprocher de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC). Il s’était aussi beaucoup investi dans le syndicalisme, au sein de la F.S.U.

• À l’heure de la retraite, sa passion pour l’histoire contemporaine  l’avait conduit à effectuer de nombreuses recherches sur la résistance bourbonnaise et sur le mouvement social. C’est pour transmettre le fruit de son travail qu’il avait publié plusieurs ouvrages : serezat-2Et les Bourbonnais se levèrent : témoignage et contribution à l’histoire de la Résistance dans l’Allier (366 p, éditions Créer, Collection Forum Massif Central, 1985), préfacé par André Lajoinie,  et   De Vichy à Valmy, ou de la défaite à la libération de l’Allier (243 p, éditions Fédération départementale des foyers ruraux de l’Allier, 1995).  Pour promouvoir l’œuvre littéraire, politique et sociale du Montluçonnais Ernest Semonsut, dit Montusès,   il avait été en 1987 l’un des principaux membres fondateurs de l’association des Amis d’Ernest Montusès qu’il aura longtemps présidée. Outre un bulletin annuel, celle-ci décerne chaque année un prix Ernest-Montusès et elle met en place des animations autour de l’écrivain et de son œuvre. serezat-1La même année, André Sérézat avait d’ailleurs publié une importante biographie, Ernest Montusès, un écrivain dans le mouvement ouvrier bourbonnais sous la IIIème République (1880-1927) (318 p, éditions Créer). En rendant compte de cette biographie, Paul Majeune écrivait dans les Cahiers bourbonnais (n° 124):  » André Sérézat trace ici une biographie vivante, pleine d’engagements et d’écriture. Une grande page de l’histoire bourbonnaise« . colloque-mIl était également l’auteur de la préface de la réédition chez le même éditeur de L’âge de fer et de Les cimes, deux romans  de Montusès tombés dans l’oubli. André Sérézat qui avait été fait chevalier de la légion d‘honneur en 1993 par Ernest Maximin, collaborait régulièrement à la revue Études Bourbonnaises, publiée par la Société bourbonnaise des études locale. Ses obsèques civiles se sont déroulées le 18 janvier, au cimetière de Saint-Germain-des-Fossés.

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◘ Site des Amis d’Ernest Montusès

◘  Bibliographie : articles publiés par André Sérézat dans la revue Études bourbonnaises :

• Les fusillés de Vingré (n° 284 – 1999, p. 305-320)

•  Nos lecteurs se souviennent: à Moulins sous l’Occupation (n° 218 – juin 2009, p.60-69).

•  Les premiers pas de l’industrie bourbonnaise (n° 325- mars 2011, p. 321-363).

•  Révolution et religion en Allier (n°333-mars 2013, p. 161-204)

DU CÔTÉ DES AUTEURS

Prix littéraires

►Prix  Émile Guillaumin et Achille Allier

Alain Denizet
Alain Denizet

• Le Prix Émile Guillaumin 2016 a été attribué à Alain Denizet pour  L’Affaire Brierre, un crime insensé à la Belle Époque paru en avril 2015 aux éditions de la Bisquine (317 p.), avec une préface d’Alain Corbin. Ce roman raconte l’assassinat de cinq enfants, de 4 à 15 ans, commis à Corancez, un village situé à une dizaine de kilomètres de Chartres, dans la nuit du 21 avril 1901. Le père, à la personnalité insaisissable, fut condamné au bagne, où il mourut en mars 1910. Ce fut l’affaire criminelle la plus médiatisée dans les années vingt. L’auteur, né à Dreux en 1959, est professeur au collège de Bû (Eure-et-Loir) depuis 2000. C’est un très bon connaisseur de la Beauce.

affaire-brierre-peg-2016► Pour en savoir plus: On pourra se reporter au compte-rendu du  roman, rédigé par Frédéric Chauvaud, sur le site criminocorpus.revue .

• Le Prix Achille Allier 2016 a récompensé l’Association Mémoire du Pays cosnois pour Mémoires de guerre en Pays cosnois (115 p., 16 €),  publié en novembre 2015 à Cosne-d’Allier par cette association.

• Enfin, une  mention spéciale du jury  a été décernée à Estelle Courez, du Conservatoire d’Espaces naturels de l’Allier pour  Sur les traces de l’Allier, histoire d’une rivière sauvage (253 p., 36 €), paru en décembre 2015.

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Gérard Dériot, président du conseil départemental remet le prix Émile-Guillaumin 2016 à Alain Denizet

• La cérémonie de remise des Prix s’est déroulée le mardi 14 février 2017 à l’Hôtel du département à Moulins. Elle a été  précédée par une conférence d’Alain Denizet qui s’est tenue à l’Hôtel de Rochefort.

► Prix du meilleur livre français sur le cinéma

Jérôme Momcilovic
Jérôme Momcilovic

• Le Syndicat français de la critique de cinéma a décerné ses prix, le 30 janvier, lors d’une soirée spéciale à la Cinémathèque française. Parmi les deux lauréats ex-aequo du prix du meilleur livre français sur le cinéma figurent  Alain Resnais, les coulisses de la création, de François Thomas, historien et spécialiste du cinéaste et Prodiges d’Arnold Schwarzenegger (éditions Capricci, septembre 2016). L’auteur est le Montluçonnais  Jérôme Momcilovic, enseignant, journaliste et critique cinématographique. Son livre, qui a été unanimement salué par la critique, permet de suivre le parcours de l’acteur né en Autriche, depuis Terminator jusqu’à son expérience en politique, en tant que gouverneur de Californie,  et son retour au cinéma. Jérôme Momcilovic  explique en quoi il symbolise le destin de l’homme du XXe siècle.

Françoise Dargent
Françoise Dargent

• Un autre prix en cours d’attribution… À Vichy, le 24 janvier, dans le cadre du 4ème  prix littéraire « Les Incorrigibles« , Françoise Dargent, l’une des 8 auteurs sélectionnés, était invitée à la Médiathèque pour rencontrer une sélection de jeunes lecteurs, venus des collèges de Gannat et Vichy, mais aussi des lycées de Cusset-Vichy. Critique littéraire au Figaro, elle est l’auteure de Mon ami Jappeloup (éd. M. Lafon poche, 2016) et Agatha (Hachette romans, 2016). Elle a surtout entretenu son jeune auditoire de Le choix de Rudi (Hachette, 2015) qui avait été retenu par le comité de sélection.

L’actualité de James Joyce 

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Il y a cent ans, le 29 décembre 1916, James Joyce publiait la toute première édition de Portrait de l’artiste en jeune homme. Roman autobiographique, il dépeint le passage à l’âge adulte de Stephen Dedalus, véritable  alter ego de Joyce qui écrira quelques années plus tard  Les gens de Dublin ou encore, le  célèbrissime  Ulysse. À l’occasion de cet anniversaire,  des chercheurs et universitaires irlandais de la University College of Dublin (UCD) ont dédié un site internet à cette première œuvre de James Joyce.

Page d'accueil du site
Page d’accueil du site

• On y trouve d’abord  le texte intégral de Portrait de l’artiste en jeune homme en anglais (L’introduction, suivie des 5 chapitres et de l’appareil de notes) ainsi qu’un livre audio conçu par les acteurs Barry et Sam McGovern. Le site propose également  une carte interactive qui permet de visiter Dublin, en emboîtant ses pas dans ceux de Stephen Dedalus, le héros du roman : « Si vous suivez ce parcours, ils vous montreront les lieux où Stephen a vécu, s’est baladé, s’est instruit…”, a déclaré  Gerardine Meaney, professeur de théorie culturelle à la University College of Dublin, à l’origine du projet, dans une interview publiée par The The Guardian.

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http://www.joyceportrait100.com/joyces-dublin/

En vert, sont répertoriés les lieux cités dans le Portrait de l’artiste en jeune homme. En rouge sont indiqués les endroits où résidaient les membres de la famille de l’auteur. Cette carte permet donc de mettre en parallèle les pérégrinations du héros de fiction et celles de son créateur.

• Le site présente aussi une étude vidéo, élaborée par « Nation, Genre et Gender« , qui met en évidence l’évolution des relations entre Stephen Dedalus et son entourage.

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http://www.nggprojectucd.ie/

plaque commémorative apposée à l’entrée d’un immeuble dans la rue du Cardinal Lemoine:
Plaque commémorative apposée à l’entrée d’un immeuble de la rue du Cardinal Lemoine, à Paris.

 

J-K Rowling, Guillaume Musso et Marc Lévy, en tête des ventes de livres en 2016, toutes catégories confondues

J-K ROWLING, Guillaume MUSSO et Marc LÉVY, en tête des ventes de livres
J-K ROWLING, Guillaume MUSSO et Marc LÉVY, heureux romanciers…

Livres Hebdo (n°1113 – 20 janvier 2017) a publié la liste des meilleures ventes de livres réalisées en 2016. Toutes catégories confondues, seuls 5 titres ont dépassé la barre des 400 000 exemplaires vendus : Harry Potter et l’enfant maudit arrive largement en tête (851 800 ventes), devant deux romans de Guillaume Musso, L’instant présent (en édition poche, 632 800) et La fille de Brooklyn (545 200). Marc Lévy a vendu  440 200 exemplaires de Elle et lui (en édition poche) et Paula Hawkins a écoulé 405 400 exemplaires de La fille du train en version poche.

Entre 300 et 400 000 ventes, on trouve 7 titres, contre 14 entre 200 et 300 000 et 19 entre 150 et 200 000. Commentaire de Claude Combet : « Avec 8 162 668 exemplaires vendus (contre 10 992 400 en 2015) , pour un chiffre d’affaires de 158,5 M € (215,3 M € en 2015), soit des baisses respectives de 25,7% et de 26,4%, les performances du Top 100 des meilleures ventes de romans marquent nettement le pas en 2016 ».

Christian SIGNOL
Christian SIGNOL

• Dans la catégorie Romans, très loin derrière Guillaume Musso déjà mentionné, Christian Signol qui figure parmi les  écrivains « en région » se distingue. Deux de ses  titres affichent des résultats remarquables : Dans la paix des saisons s’est vendu à 78 300 exemplaires et Se souvenir des jours de fête à 66 200 exemplaires. Tous les deux sont publiés aux éditions Albin Michel.  Dans la catégorie Essais, Le charme discret de l’intestin de Giula Enders (éditions Actes Sud) caracole en tête avec 377 600 ventes.

00058268_cover_a• Enfin, pour les Beaux livres, Le Canard enchaîné : 100 ans, un volumineux album publié par les éditions du Seuil, sorti seulement le 27 octobre, a pulvérisé tous les records  de vente avec 84 000 exemplaires en seulement deux mois. Enfin, dans la catégorie Poches jeunesse, outre Harry Potter à l’école des sorciers qui occupe la première place, avec 134 600 ventes en seulement deux mois, on trouve parmi les 50 premiers 8 autres titres de la série Harry Potter, dont 6 sont classés parmi les 20 meilleures ventes. La « Pottermania » ne semble pas s’essouffler…

Sophie de Charpin-Feugerolles, alias Sophie di Paolantonio, « Cendrillon de la littérature »…

3029983• Peut-on écrire et publier un livre chez un grand éditeur parisien, alors qu’à l’école on a souffert  de graves troubles de l’apprentissage, avec pour prolongement  une orthographe « catastrophique » ? La réponse est oui, si l’on en croit l’itinéraire de  Sophie de Charpin Feugerolles, alias  Sophie di Paolantonio en littérature. Un parcours qu’a retracé le journaliste Tanguy Olivier dans les pages magazine de l’édition dominicale de  La Montagne (15 janvier).  Née à Montluçon, Sophie a longtemps été classée dans la catégorie « cancre », avec « ses copies, bourrées de fautes d’orthographe, (qui) lui ont taillé une solide réputation au sein des établissements qu’elle a fréquentés, à Montluçon et Clermont-Ferrand ». En réalité, Sophie était « dyslexique et dysphasique », un double handicap face à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture et dont on n’a guère tenu compte alors.

clara• Elle s’est véritablement ouverte à la lecture quand on lui a offert ses premiers livres, à trente ans. Finie l’angoisse devant « les pavés de 400 pages ». Une fois la peur de la lecture surmontée, elle s’est lancée un second défi, celui de l’écriture : « Un ami m’a dit que ce n’était pas si compliqué, qu’il fallait partir d’une base réelle et construire une histoire autour. Alors je me suis lancée. », a-t-elle confié au journaliste. C’est ainsi qu’est né Les Choix de Clara, un roman, dont le personnage principal est  « une jeune femme de 35 ans souffrant de dysphasie et de dyslexie, qui travaille  au service succession d’une banque parisienne ». Une histoire inventée, certes, mais qui comporte une importante part personnelle, ne serait-ce que par l’âge de l’héroïne et les maux dont elle souffre. Pour vaincre les difficultés de l’écriture, il lui a fallu cinq mois, le manuscrit étant rédigé en phonétique. Le travail de « traduction » a été ensuite effectué à Montluçon, par des amis, et un membre de sa famille, enseignant le français. Proposé au comité de lecture des éditions Flammarion, le roman a été retenu, même si l’éditeur, séduit par  « ce premier livre plein de simplicité et de sincérité », a souhaité quelques adaptations. Se considérant un peu comme «la Cendrillon de la littérature ! », Sophie de Charpin Feugerolles y voit une revanche sur la vie : « S’il y a bien un domaine dans lequel on ne m’attendait pas, c’est l’écriture. Je rêve que les profs de mon enfance tombent sur ce livre et se souviennent de moi. ». Il n’est pas impossible que ce « livre thérapie » soit suivi par d’autres (Les choix de Clara, éditions Flammarion. 17 €).

► Pour en savoir plus:

• Sur le site de La Montagne – Centre France: »Dyslexique, cette Auvergnate est aujourd’hui écrivain« 

• Une analyse du livre, sur le Blog Les lectures de Mylène

 

Disparition de René Ballet (1928-2017), écrivain et journaliste 

René BALLET (1928-2001)
René BALLET (1928-2017)

L’écrivain et journaliste René Ballet, né en 1928  à Saint-Étienne, est décédé le 1er janvier, à l’âge de 89 ans. Membre du parti communiste auquel il avait adhéré très tôt et ancien résistant, il a été grand reporter, notamment au journal l’Humanité et à L’Humanité Dimanche, mais aussi essayiste et romancier. Il était par ailleurs membre fondateur des Éditions Le temps des Cerises, créées en 1993 par une trentaine d’écrivains,  et rédacteur en chef de la Revue Commune. Parmi les nombreux livres qu’il a publiés, figurent  Bourges, une affaire de coeur (éditions Messidor – 1985) et Montluçon, bâtir la vie (éditions Messidor-  éditions sociales – 1988). Le livre qui avait été publié avec l’appui de la municipalité dirigée alors par Pierre Goldberg, était ainsi présenté: « Pourquoi les grandes usines métallurgiques de Montluçon devinrent-elles un cimetière industriel et pourquoi un parc tertiaire surgit-il sur ces friches ? Pourquoi boutiques de luxe et agences bancaires envahissent-elles le quartier ouvrier de la Ville-Gozet et pourquoi, dans les grands ensembles, des familles sombrent-elles jusqu’à en perdre la notion du temps? René Ballet a pris le pouls de cette ville sinistrée et renaissante. Parcourant le centre. Traînant dans des bistrots sortis d’un film de Carné. »

batir_20la_20vieRené Ballet avait été un ami intime des époux Vailland et il était devenu un des grands spécialistes de  l’œuvre de Roger Vailland. Après le décès de ce dernier, en 1965, il avait été un des cofondateurs de l’association Les amis de Roger Vailland. Dans l’hommage que lui a rendu le quotidien communiste L’Humanité (3 janvier), on pouvait lire : « Le grand homme de littérature était un communiste indéfectible. Avec Simone, son épouse, il formait un couple d’une grande élégance, que l’on croisait dans tous les événements militants, à la Fête de l’Humanité, partout où l’écrit politique pouvait être présent ou représenté. C’est que René Ballet avait conservé le feu sacré et vital transmis par son frère d’écriture Roger Vailland ».

  • Emilia Pardo-Bazan (
    Emilia Pardo-Bazan (1851-1921)

    Emilia Pardo-Bazan (1851-1921) est une écrivaine espagnole, célèbre par ses romans naturalistes. Elle avait fait une cure à Vichy en 1880 et l’année suivante elle avait publié : Un viaje de novios (Le voyage de noces). Cet ouvrage a souvent été réédité, en dernier lieu à Madrid en 2003 (277 p.). Le 19 novembre, Christine Chaze, agrégée d’espagnol, à donné une conférence à propos de ce roman dont une partie se passe à Vichy. Certaines évocations témoignent du sens aigu de l’observation de la romancière mais d’autres, aussi, sont le reflet de son imagination fertile.

  • Sylvie Livet
    Sylvie Livet: quand une greffière prend la plume…

    Née 1958 à Saint-Menoux, Sylvie Livet, qui a été greffière pendant 25 ans au tribunal d’instance de Moulins, a été nommée chevalier dans l’ordre national du Mérite. Elle habite Neuvy, où, depuis 2006, elle coordonne la Fête du livre. Elle est l’auteure de trois ouvrages : Pensez positif! (2005, 130 p., 18 €),  J’apprends à positiver (Chamalières, éditions L’Écritoire, 2012, 127 p., 18 €),  La Valse du temps (éditions L’ Écritoire, 2013, 141 p., 18 €)  et  Le tunnel de lumière, l’inconscient, cet autre qui vit en nous, expérience de mort approchée (éditions L’ Écritoire, 2015, 200 p., 20 €). Ces deux derniers livres se veulent  autobiographiques, Sylvie Livet ayant vécu une expérience de mort imminente.

  • 51extty6ll-_sx336_bo1204203200_Christian Chesnot et le Bourbonnais Georges Malbrunot avaient publié en 2013 Qatar, les secrets du coffre-fort (éditions Michel Lafon, 333 p.). Ils sont revenus sur ce sujet en 2016 avec Nos chers émirs : sont-ils vraiment nos amis ? (299 p., 17,95 €). Le 19 novembre, Georges Malbrunot était l’invité de Sylvain Beltran-Lamy, au Petit théâtre impérial. Selon lui « les pays du Golfe prennent une sorte d’assurance-vie. Mais, dans ce duo, il y a celui qui donne et celui qui reçoit. On n’est pas obligé de recevoir. Mais les habitudes ne se perdent pas facilement » .
  • Gérard Davet et Fabrice Lhomme, à vichy
    Gérard DAVET et Fabrice LHOMME à Vichy

    Gérard Davet et Fabrice Lhomme, journalistes au Monde, après avoir fait leurs premières armes sur le site Médiapart, avaient commencé en 2011 la publication, chez Stock, de livres d’actualité percutants, avec Sarkozy m’a tuer. En 2016, ils ont récidivé avec « Un président ne devrait pas dire ça… » : les secrets d’un quinquennat (450 p., 24,50 €). L’ouvrage qui a bénéficié d’une importante couverture médiatique, tout en animant le débat politique,  caracole largement en tête des ventes de livres, catégorie documents. Selon la revue professionnelle Livres Hebdo (20 janvier), il s’est vendu à 175 000 exemplaires entre sa sortie, en octobre 2016 et le début de l’année 2017. En mars, il devrait même faire l’objet d’une édition en format poche, dans la collection Points, aux éditions du Seuil (840 p, 8,90 €). Il comportera une nouvelle préface  dans laquelle les auteurs  reviendront sur les retentissements qu’ont eus  ces entretiens avec le chef de l’état. Le 25 novembre, les duettistes, que certains de leurs confrères ont surnommés « Melon et Melon » (dixit Le Canard Enchaîné) ont présenté leur livre au Petit théâtre impérial, à Vichy, devant une  salle comble. Leur ouvrage  décrit un homme « seul au palais, une bête politique, qui ne vit que pour ça« .

  • telechargementPatrick Poivre d’Arvor, alias PPDA, est l’auteur de Saint-Exupéry : le cartable aux souvenirs (éditions Michel Lafon, 19,95 €). Le 3 décembre, à Vichy, au même endroit que ses confrères Lhomme et Davet, il a présenté ce livre ainsi intitulé après qu’il eut acquis un cartable ayant appartenu à l’aviateur, disparu en mer  en 1944. PPDA était présent le jour où le train d’atterrissage de son l’avion de Saint-Exupéry a été remonté des fonds marins où il reposait depuis 70 ans. C’est grâce au numéro de série de son moteur que l’avion du père du Petit prince  a pu être identifié.
  • Albert LONDRES (1884-1932)
    Albert LONDRES (1884-1932)

    Les travaux de restauration de la maison natale d’Albert Londres, située 2 rue Besse à Vichy, devraient enfin commencer à la mi-janvier. C’est le résultat d’un combat tenace mené par l’association Maison d’Albert Londres, que préside Marie de Colombel et qui aura duré  huit années. Avec l’appui financier de la communauté d’agglomération Vichy Val d’Allier et du département (chacun à hauteur de 20 000 €), une nouvelle charpente sera posée et la toiture entièrement rénovée. Une fois que le bâtiment aura été mis hors d’eau,  il restera encore beaucoup à faire et à financer. Selon Denis Metzen, tailleur de pierre, cette maison présente « en condensé  toutes les problématiques de la restauration avec  des pierres à changer qui se délitent, cassées, fissurées ». photo_projet_57807Les travaux visent aussi à redonner à l’édifice son apparence d’origine, en s’appuyant sur des photos anciennes. C’est ainsi que des ardoises seront utilisées pour la toiture. Il manque encore 60 000  € pour pouvoir envisager la suite des travaux, avec la rénovation de la façade qui pourrait toutefois intervenir au cours du printemps, si  le sursaut attendu des donateurs privés est au rendez-vous.

    • Au sommaire du Bulletin de l’Association François Péron (n° 35 – Janvier 2017) : Index des noms donnés aux côtes d’Australie (M. Sarazin) – Deux amis de François Péron: les frères Henri et Louis de Freycinet (id.) – Compte-rendu de l’assemblée générale du 14 décembre 2016 – Stèle dédiée à F. Péron. Discours de Dufour pour l’inauguration du monument en 1842 – Nooelene Bloomfield distinguée –  Exposition L’œil et la main.(contact : 20 rue Jean-Bourdin 03350 Cérilly. Cotisation : 15 €)

    • Les Cahiers Jacques Rivière- Alain-Fournier ont publié leur n° 1- année 2016. Riches de 151 pages, ils prennent le relais du Bulletin des Amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier, publié depuis plusieurs décennies.

  • 1635753Pour sa dernière rencontre 2016 avec un auteur, à Ebreuil, l’Andra a reçu Henry-Noël Ferraton, auteur de romans ayant pour cadre le Cantal. Il a présenté son quatrième et dernier opus paru, La baraque du Pierrounet (Saint-Étienne-de-Fougères, les éditions du Bord du Lot, 206 p., 17 €). Le héros du livre est propriétaire d ‘une maison familiale, la Baraque, près de Massiac, qui doit être rasée pour permettre la construction de l’autoroute A 75. L’enjeu est pour lui de tout faire pour sauver cette demeure, tout en permettant à l’autoroute d’irriguer ce pays de Haute-Auvergne.
  • Olivier PITON
    Olivier PITON

    Olivier Piton, avocat en droit public français, européen et américain, domicilié à Washington, est l’auteur de La nouvelle révolution américaine : la présidentielle américaine à la lumière de l’histoire (éditions Plon, 2016, 206 p., 12 €). Dans le cadre des Carrefours de Bransat, le sénateur Gérard Dériot l’avait convié à faire une conférence le 12 décembre 2016 sur le thème : « Donald Trump, président des États-Unis » .

  • Alain Blottière a obtenu l’important prix Décembre pour Comment Baptiste est mort, son roman consacré au djihadisme. Alain Blottière avait déjà obtenu le prix Valery Larbaud, en 1995.

expo_pascal_coeur_raison_gd• Le Magazine littéraire, (n° 575, janvier 2017, p. 94-95), a publié, sous la signature de Laurence Plazenet,  un compte-rendu de l’exposition « Pascal, le cœur & la raison », visible à la Bibliothèque nationale de France jusqu’au 29 janvier. Selon elle, c’est  « Une belle exposition  qui évite le simple parcours chronologique sur Pascal et propose le musée imaginaire d’une pensée plurielle et paradoxale  (et qui) propose une véritable initiation à l’œuvre et à la pensée de Pascal » . On peut y voir  notamment la « table pascaline » qui fournit l’arbre généalogique des Pascal. Ceux qui n’auront pu visiter l’exposition pourront se reporter au catalogue (192 p., 39 €).

  • François VILLON
    François VILLON

    « François Villon impie et pieux; biographie. Coexistence mystérieuse de celui qui fut peut-être le premier des poètes français » . Dans le Figaro littéraire (10 novembre), Sébastien Lapaque donne un compte-rendu de « De moi, pauvre, je veux parler« , l’ouvrage de Sophie Cassagnes-Brouquet (éditions Albin Michel, 346 p., 20,90 €).  Derrière une œuvre, l’auteure s’est attachée à retrouver les traces d’une vie. Bourbonnais par son père, Angevin par sa mère, François de Montcorbier, dit des Loges, poète connu sous le nom de François Villon, a follement aimé Paris.  Toujours à  propos de ce même livre, Y. Leclair écrit dans la revue  Études (janvier 2017, p. 127) que  « Nourrie d’archives et des recherches les plus récentes, cette biographie discerne les visages successifs de l’homme que fut Villon ».

  • L’ouvrage de l’abbé Daniel Moulinet, Prêtres – soldats dans la Grande Guerre, a fait l’objet d’un compte-rendu dans la revue Vingtième siècle ( 2016/4, n° 132), sous la signature d’Antoine Prost.

• L’auteur gannatois Michel Durant a convié ses lecteurs à la médiathèque de Gannat pour une rencontre littéraire autour de ses œuvres. C’était aussi l’occasion de présenter son cinquième et dernier livre paru,  La Fiancée du dragon . Les ouvrages  de Michel Durant sont tous  vendus par l’auteur lui-même ,les samedis matin, au marché couvert de Gannat. On ne les trouve dans aucune bibliothèque publique.

les-fantomes-des-tuileries• Thierry Ardisson, star cathodique et intervieweur redouté, est né à Bourganeuf (Creuse) le 6 janvier 1949. Il est aussi, et depuis longtemps, un monarchiste convaincu et revendiqué. Il vient de publier Les fantômes des Tuileries, avec pour sous-titre  Dans un palais qui n’existe plus, le destin de cinq petits dauphins qui n’ont jamais régné( 1 vol. br, 280 p., éd. Flammarion,18 €). Le livre est consacré au  destin tragique de cinq princes héritiers qui ne parvinrent jamais à monter sur le trône de France. Résumé de l’histoire : Le Palais des Tuileries a été incendié par la Commune de Paris en 1871 avant d’être rasé par la République en 1883. Aujourd’hui, combien de Français savent qu’entre le Pavillon de Marsan et celui de Flore s’élevait le Palais des Tuileries qui fermait logiquement le quadrilatère du Louvre ? Dans ce palais qui n’existe plus, parmi tous les héritiers des maîtres des lieux, parmi tous ces Fils de France élevés comme des demi-dieux, aucun n’est monté sur le trône ! Louis XVII, le fils de Louis XVI. Séquestré dès l’âge de huit ans à la Prison du Temple, victime d’un véritable lavage de cerveau, « Chou d’Amour » finira par affirmer que sa mère, la Reine Marie-Antoinette, l’a obligé à coucher avec elle ! Napoléon II, le fils de Napoléon l ». Exilé à Vienne, étouffé par la Cour des Habsbourg, l’Aiglon ne peut oublier qu’il est l’héritier du Roi des Rois, celui qu’ils appellent l’Ogre, il se laissera mourir à vingt et un ans… Louis-Philippe II, le fils de Louis-Philippe.  Beau, intelligent, courageux et passionné par les problèmes sociaux, le Duc d’Orléans aurait pu instaurer en France une Monarchie moderne, mais il se tuera à Neuilly dans un stupide accident de calèche, à l’âge de trente et un ans ! Henri V, le petit-fils de Charles X. Fils posthume du Duc de Berry, « l’Enfant du Miracle » est élevé par la fille de Louis XVI qui lui inculque une vision telle de la Monarchie que lorsqu’en 1873 une réelle possibilité de Restauration se présente, le Comte de Chambord la fait échouer en refusant le Drapeau.  Napoléon IV, le fils de Napoléon III. « Loulou » veut être un grand héros, un vrai Bonaparte, mais l’Armée Française ne veut pas de lui. Il s’engage alors dans la British Army pour partir en Afrique du Sud où il sera bêtement tué à vingt-trois ans par les Zoulous, un suicide !

51zsxg9nqql-_sx352_bo1204203200_• La réédition du livre de Michel Biard, Missionnaires de la République : les représentants du peuple en mission, 1793-1795 (éditions Vendémiaire, 2015, 474 p., 25 €) est signalée dans les Annales historiques de la Révolution française, (2016/3, n° 385) : « Heureuse initiative qui permettra à tous ceux qui prêtent attention à la Révolution française de (re)découvrir ce « livre de portée majeure« . On y trouve notamment la liste des représentants envoyés dans l’Allier.

• L’album de bande dessinée Groenland vertigo, de Tanquerelle, a fait l’objet d’une édition de luxe tirée à 250 exemplaires, par la maison d’édition Esprit BD (29 rue Saint-Esprit, Clermont-Ferrand). Imprimée par Color Team, une entreprise installée sur la zone du Brézet,  il est vendue au prix de 77 €.

Hommage aux plumes brisées par la Grande Guerre

  • Émile CLERMONT, une des "plumes brisées" de la grande guerre
    Émile CLERMONT, une des « plumes brisées » de la grande guerre

    « Hommage aux plumes brisées de l’Allier« ... Sous ce titre, La Montagne du samedi 3 décembre a consacré une page à une commémoration devant avoir lieu le lendemain à Montaigu-le-Blin : « Dans le Bourbonnais, nous avons recensé quatre écrivains combattants : Jean Duflos de Lapalisse, Anatole Méplain de Montaiguët-en-Forez, Gabriel Suchet de Buxières-les-Mines et Émile Clermont de Montaigu-le-Blin », résume Jean-Louis Périchon, adjoint au maire de la commune et président du Comité du Souvenir français de Saint-Germain et sa région…”, pouvait-on lire. Jean Duflos est tombé en Champagne  le 27 septembre 1915. Antoine Méplain a été enseveli par l’explosion d’une mine, le  21 avril 1917, tandis que  Gabriel Suchet est mort au fort de Souville, à seulement 22 ans. Quant à Émile Clermont,  venu des « lentes plaines du Bourbonnais », il a été décapité par un obus, le 5 mars 1916, à Maisons-en-Champagne, dans la Marne. Selon l’article, il n’y aurait donc eu que 4 plumes  Bourbonnaises parmi les 560 qui ont été brisées par la grande guerre. Rappelons que  dans les  Cahiers bourbonnais (n° 233, automne 2015, p. 76-84), figure une importante étude signée par Maurice Sarazin et intitulée : « Quatre poètes et un historien Bourbonnais morts à la Grande Guerre« . L’auteur y évoque  les destinées de Jean Boyer (1883-1916), Jean Duflos (1874-1915), Pierre Flament (1878-1916), Anatole Méplain (1891-1917) et Gabriel Suchet (1894-1916).

Pour un itinéraire littéraire en Bourbonnais

  • Mauricette FOURNIER, coordinatrice du projet
    Mauricette FOURNIER, coordinatrice du projet Itinéraire littéraire en Bourbonnais (CERAMAC)

    « Itinéraire littéraire en Bourbonnais : constitution d’un réseau de coopération pour la valorisation des patrimoines littéraires et des écrivains bourbonnais » tel était le projet retenu dans le cadre d’un appel à projets de la région Auvergne en recherche-action dans le champ de l’innovation sociale pour les années 2015-2016. Le responsable scientifique en était Mauricette Fournier du CERAMAC (Centre d’études de recherches appliquées au Massif central, à la moyenne montagne et aux espaces fragiles) tandis que le responsable de la coordination des acteurs était Frédéric Dubos, de la Direction de la Culture au Conseil départemental de l’Allier. L’animation du projet était assurée par Pierre-Mathieu Le Bel, du CERAMAC, lequel a présenté le projet sur Internet. Les principaux partenaires sont énumérés, dont une liste d’associations locales : Regarder. Agir pour Vichy et ses environs, Sur les pas d’Albert Londres, Agir en pays jalignois, l’Association des amis d’Ernest Montusès, Les Amis de Charles-Louis Philippe, la Compagnie de théâtre procédé Zèbre ainsi que le Musée Émile Guillaumin. Cette liste n’est pas complète ; il manque notamment l’Association des amis de Valery Larbaud, l’Association François Péron et les  sociétés d’histoire locale : la Société d’émulation du Bourbonnais, la Société bourbonnaise des études locales, les Amis de Montluçon, la Société d’histoire et d’archéologie de Vichy, sans oublier les sociétés généalogiques … dont les bulletins apportent énormément pour le sujet envisagé. On pourrait évidemment y ajouter  feu les Cahiers Bourbonnais. 

© La Montagne - Centre France (23 décembre 2016)
© La Montagne – Centre France (23 décembre 2016)
  • Sous le titre « Des plumes du passé pour vendre l’Allier« , Stéphanie Ména a fait le point sur les projets, dans La Montagne, datée du 23 décembre 2016 : « Le Bourbonnais, muse des écrivains. L’idée n’est pas farfelu, écrit-elle. Elle a même été validée scientifiquement par une étude de professeurs – chercheurs de l’université Blaise-Pascal. Il faut maintenant saisir l’opportunité de créer des produits culturels touristiques ». En citant la mémoire d’auteurs tels qu’Albert Londres à Vichy, Émile Guillaumin à Ygrande ou George Sand  à Huriel et Georges Simenon à Paray-le-Frésil, elle parle de l’opportunité d’un « tourisme expérientiel », un concept dans lequel le touriste n’est plus passif mais  est « amené à jouer un rôle, à vivre une expérience ». Selon elle, les maisons d’écrivains peuvent constituer un bon point de départ, « pour faire se rejoindre réalité et fiction », à condition de « développer l’offre en mettant dans la boucle les collectivités, les manifestations déjà existantes, les artistes locaux, les hôtels, les gîtes « .
  • Carte publié par Cheminements littéraires en Bourbonnais
    Carte publié par Cheminements littéraires en Bourbonnais

    C’est ce qui doit conduire à proposer une découverte littéraire du Bourbonnais avec des « offres clés en main ». Un projet qui pourra s’appuyer notamment sur l’association fédératrice Cheminements littéraires en Bourbonnais », fondée en  juin 2016 par Jean-Claude Mairal et dont il été question sur ce site dans une précédent article (« Le Bourbonnais, terre d’auteurs »). Stéphanie Ména conclut en notant que « au dela de l’aspect purement divertissant, créer un tourisme littéraire dans l’Allier va permettre aux habitants de s’approprier leur territoire et par là consolider le sentiment d’appartenance au Bourbonnais ».

     

  • A signaler dans Territoire en mouvement, collection CERAMAC N° 31, sous la direction de Mauricette Fournier un article d’Aurore Bonniot-Mirloup et Hélène Blasquiet : « De l’œuvre aux lieux : la maison d’écrivain pour passerelle (France) « . On peut consulter l’article en ligne.
  • Henri POURRAT, Alexandre VIALATTE et Lucien GACHON
    Henri POURRAT, Alexandre VIALATTE et Lucien GACHON

    La Correspondance Alexandre Vialatte – Henri Pourrat s’était vue attribuer en juin 2016 le Prix Sivet de l’Académie française. Le 1er décembre 2016, Mme Dany Hadjadj et les Presses universitaires Blaise-Pascal ont été reçues sous la Coupole du palais de l’Institut de France pour la séance annuelle de l’Académie française en l’honneur des lauréats 2016. Dans son allocution, Mme Danièle Sallenave a déclaré à propos de Vialatte : « Mme Danièle Hadjadj donne à travers cette correspondance un éclairage singulier sur ce génie unique dans notre littérature par son sens de l’absurde poussé jusqu’au vertige« .

Actualité et réminiscences

9782918477136_1_285814• La commémoration du  500ème  anniversaire de la Réformation, dans un contexte d’œcuménisme, a été ponctuée au niveau mondial et local par diverses rencontres. Dans l’Allier, protestants et catholiques, après leur voyage « Sur les pas de Luther » en Thuringe et à Wittemberg, ont animé des conférences-débats à Moulins, le 18 janvier 2017, à  Montluçon, le 21 janvier, et à Vichy le lendemain,  sur le thème « Du conflit à la communion : 500 ans…et demain? ».  C’est l’occasion de rappeler l’œuvre d’un prêtre bourbonnais, Léon Cristiani, né à Escurolles en 1879. Docteur ès lettres en 1911 et professeur d’histoire aux facultés catholiques de Lyon de 1919 à 1947, il eut une abondante production littéraire : pas moins de 174 titres figurent au catalogue de la Bibliothèque nationale de France. Plusieurs d’entre eux sont consacrés à Luther : Luther et le luthéranisme, études de psychologie et d’histoire religieuse (éd. Bloud, 1906, 407 p.) ; Luther et le luthéranisme (éd. Bloud, 1908, 380 p.) ; Luther tel qu’il fut, textes choisis, traduits du latin et de l’allemand et annotés (éd. Fayard, 1955, 256 p.); Du luthéranisme au protestantisme, évolution de Luther de 1517 à 1528 (éd. Bloud, 1911, réédité par les éditions Parthénon, 2016,  626 p) . Léon Cristiani,  qui avait été nommé par le pape prélat de Sa Sainteté, mourut à Moulins en 1971. Mais depuis son époque, l’opinion de l’Église catholique romaine concernant Luther a beaucoup évolué, notamment à partir du concile Vatican II.

 

Georges de Soultrait (1822-
Georges de Soultrait (1822-1888)

Xavier de Soultrait, pilote professionnel d’enduro et de rallye, a participé brillamment au dernier « Dakar« . Dans son ascendance familiale on trouve un Bourbonnais remarquable, Jacques Hyacinthe Georges Richard de Soultrait (1822-1888), né et mort dans son château de Toury-sur Abron (Nièvre). Il fut conseiller général de la Nièvre, mais il reste surtout connu pour ses travaux archéologiques et historiques qui intéressent le Nivernais et le Bourbonnais, dont l’Armorial du Bourbonnais, qui figure dans toutes les bonnes bibliothèques bourbonnaises et qui fait aussi la joie des bibliophiles. En 1850 il avait épousé Désirée Le Jeans, petite-nièce et filleule de la reine de Suède, dont il eut trois fils et trois filles.

 

La Montagne s’intéresserait  au Chasseur français

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Un « monument » de la presse française créé il y a 132 ans

• Créé à Saint-Étienne en 1885,  dans le sillage de Manufrance, Le Chasseur français fait aujourd’hui figure de monument de l’histoire de la presse française. Le vénérable mensuel dédié à la chasse et  qui fait aujourd’hui partie du groupe italien  Mondadori France, est l’objet de diverses convoitises. Centre France-La Montagne est le dernier en date parmi les acquéreurs potentiels cités par les spécialistes. Le groupe de presse quotidienne régionale s’intéresse au dossier d’une vente éventuelle pour plusieurs raisons majeures. D’abord,  le lectorat rural du Chasseur français est assez proche de celui des sept  quotidiens du groupe (La Montagne, La République du Centre, Le Berry républicain, L’Yonne républicaine, Le populaire du Centre….).  catalog-cover-largeEnsuite, côté événementiel,  le groupe auvergnat, déjà organisateur du Carrefour national Pêche & nature à Clermont-Ferrand, l’un des tout premiers du secteur, pourrait renforcer sa position. Centre France est aussi présent – plus modestement – en presse magazine. Il est notamment l’éditeur du mensuel Opéra magazine, racheté par son ancien président, Jean-Pierre Caillard, passionné d’opéra, mais aussi du bimestriel La Montagne Entreprendre et du trimestriel Massif central Magazine. Y agréger Le Chasseur français permettrait ainsi à Centre France de constituer un véritable pôle magazine. Si l’intérêt du groupe auvergnat se confirmait, il se retrouverait en compétition avec au moins trois autres candidats. Toutefois, faute d’une offre « acceptable », le groupe Mondadori a fait savoir qu’il pourrait finalement renoncer à la cession du Chasseur français. À suivre…

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À propos du Voyage aux Terres australes (1800-1804)

François PÉRON
François PÉRON

• Le 19 septembre 1800 deux navires, le Géographe et le Naturaliste, sous le commandement du capitaine Baudin, partaient du Havre pour explorer une partie des côtes de l’Australie, alors connue sous le nom de Nouvelle-Hollande. Ils revinrent chargé de nombreuses caisses de matériel récolté et pourvus d’observations cartographiques ou autres. Ce fut, comme on le sait, le Cérillois, François Péron, qui, comme naturaliste, avait largement participé à ces découvertes, qui fut chargé d’en rédiger le compte-rendu. Il ne put achever le second tome de cette rédaction – étant mort de la  tuberculose à Cérilly le 14 décembre 1810. Ce fut donc son ami, l’officier de marine Louis de Freycinet qui s’en chargea. Une réimpression à l’identique de cet ouvrage a été effectuée en 2011.

Nicolas BAUDIN
Nicolas BAUDIN

Le commandant Baudin avait fait l’objet de vives critiques de la part de son état-major et des savants à bord des deux navires. Les historiens australiens se sont efforcés de le réhabiliter. C’est dans cette continuité, que deux chercheurs de l’université d’Adélaïde (Australie) – Jean Fornasiero et John West-Sooby ont publié dans les Annales historiques de la  Révolution française, (2016/3,n° 385, p. 23-46), un article intitulé : « Voyages et déplacements des savoirs. Les expéditions de Nicolas Baudin entre Révolution et Empire« .

• Baudin avait tenu auprès de l’empereur d’Autriche un rôle de collectionneur de végétaux rares, et il n’était rentré en France qu’en 1795. Il avait organisé alors avec le soutien de l’Etat un voyage aux Antilles sur le navire la Belle Angelique , qui, parti du Havre le 30 septembre 1796, était de retour le 7 juin 1798, chargé  d’une collection que Baudin offrit au Muséum. Le directeur de cette institution, Antoine Laurent de Jussieu, affirma alors que « le citoyen Baudin doit être proclamé l’un des voyageurs qui ont le plus mérité de l’histoire naturelle« .

Planche extraite de Voyage de découvertes aux terres australes
Planche extraite de Voyage de découvertes aux terres australes

• Le contraste est grand avec ce que fut le retour du Voyage aux Terres australes. A cette époque, Baudin – décédé à l’Ile de France (Île Maurice) au retour de l’expédition le 16 septembre 1803 – étant tombé en disgrâce, bien que les résultats de son 2ème  voyage eussent été très riches et reconnus comme tels par les professeurs du Muséum. Les auteurs de l’article apportent de nombreux arguments pour expliquer les facteurs ayant amené les autorités à mettre Baudin sur un piédestal en 1798 pour mieux l’en faire tomber six ans plus tard.

f96b5792b2724f6fe9e9eb679071cccc• Lors du premier voyage il régna à bord un idéal d’union républicaine tel que le ministre de la Marine l’avait recommandé. Les savants embarqués se reconnaissaient comme collectionneurs, c’est ce  qui fit leur force.  Sur tous les plans ce voyage répondit aux attentes du Directoire et du milieu savant qui l’avait commandité en 1796. Le Voyage aux Terres australes, dont le programme était plus ambitieux, se place aussi dans un monde en mutation. La fondation du Directoire et l’établissement du Consulat changeait la donne. Baudin, navigateur au parcours atypique, regardé avec méfiance par le corps de la Marine, dut faire face à une situation plus complexe que précédemment, du fait des changements survenus dans le domaine politique, dans le milieu de la Marine et dans le domaine de la science.

cae880c9fd6b83ecb6dbebb050c0dddf• Les instructions étaient beaucoup plus contraignantes. L’autorité de l’État pesait plus lourdement. Baudin ne bénéficiait plus de la même confiance. On a l’impression que les savants bénéficiaient d’une certaine autonomie et il fut impossible pour Baudin de recréer l’esprit collectif et l’atmosphère d’harmonie qui avaient caractérisé le voyage aux Antilles. La diversification des savoirs , les ambitions personnelles, tout poussait à la désunion. Aussi les mécontentements se manifestèrent-ils  tout au long du voyage. Dans une grande partie du corps des officiers et dans celui des savants régna l’animosité à l’égard de celui qui était considéré comme un intrus.

• Baudin aurait souhaité n’emmener avec lui que des collectionneurs, mais cet esprit avait fait son temps. « Le modèle du voyage de découvertes du type républicain se trouva brisé par les ambitions personnelles des jeunes savants qui refusaient de faire équipe avec de simples « ramasseurs », par les contraintes liées à la spécialisation des savoirs,et par l’approbation et l’ encouragement de celles-ci au niveau institutionnel. Le passage du Consulat à l’Empire, peu de temps après le retour de l’expédition en 1804, scella le sort du commandant, qui, étant mort en 1803 lors de l’escale à  l’Île de France, n’eut la possibilité ni de défendre sa réputation ni de rallier ses amis à sa cause. Cruel destin donc que celui de ce héros républicain du Directoire qui, fortement contesté sous le Consulat, finit par tomber en disgrâce, victime d ‘un  monde en mutation« .

Pour en savoir plus: L’article en version intégrale est disponible sur le site cairn-info (version payante)

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Les éditions de Borée visent le polar…

Maud TABACHNIK, nouvelle “recrue" des éditions de Borée
Maud TABACHNIK, nouvelle “recrue » des éditions de Borée

• Les éditions de Borée qui entendent développer la publication de polars, ont fait une nouvelle recrue, en la personne de l’écrivaine Maud Tabachnik. Née le 12 novembre 1938 à Paris, elle a déjà à son actif une trentaine de romans et de nouvelles, publiés chez différents éditeurs nationaux, dont Albin Michel, pour le dernier en date. La plupart de ses écrits s’inscrivent dans le roman policier, parfois historique, ou le thriller. L’auteure dit avoir quitté Albin Michel après avoir « senti un besoin de (se)mettre en danger » en inaugurant avec “L’impossible définition du mal”, son nouveau roman,  une toute nouvelle collection : « Je prends le risque que ce livre-là ne trouve pas forcément sa place dans le catalogue, mais c’est amusant de prendre des risques ».  Annoncé pour avril, ce roman aura pour cadre une ville « un peu minable » de Russie, dans une région où sévit un tueur en série. Au-delà de l’intrigue, ce sera pour Maud Tabachnik le moyen de porter un regard sur la Russie actuelle, de Boris Eltsine à Vadimir Poutine .

  • levernet_5828b6b8e1f2bthierry_wirthLes communes autour de Vichy (Les Trois Roses, 29,90 €), tel est thème du dernier livre de Thierry Wirth, 4ème d ‘une série consacrée aux localités du départements : « À travers lui, a déclaré l’auteur, je veux démontrer qu’avant la Première guerre mondiale, le quotidien des gens était plutôt intense. Il y avait toute une série d’activités artisanales et commerçantes qui aujourd’hui a disparu. Les cartes postales en témoignent même si elles sont rares. »  Thierry Wirth est allé le présenter dans plusieurs des 16 communes concernées : Abrest, Bellerive, Creuzier-le-Vieux, Creuzier-le-Neuf, Cusset, Espinasse-Vozelle, Hauterive, Saint-Germain-des-Fossés, Saint-Rémy-en-Rollat, Saint-Yorre, Serbannes, Seuillet, Vendat, Le Vernet.
  • L’association Culture et bibliothèque pour tous, en partenariat avec la librairie Les Volcans et la Ville de Clermont-Ferrand, a proposé sa soirée des Prix littéraires 2016, le mercredi 14 décembre, à l’Espace multimédia Georges-Conchon. Serge Joncour, Prix Interallié 2016 pour son roman Repose-toi sur moi, était présent.
  • 2L’Académie de Vichy a été créée récemment. Elle a pour but de développer l’entraide et les liens entre générations et d’encourager les arts et les lettres sous toutes les formes et dans tous les domaine. Elle se propose en particulier d’organiser toute manifestation en rapport avec son objet, ainsi que de réaliser toute action (édition, reproduction, projection,…) de nature à favoriser la diffusion de l’art au sens large. L’association privilégie les œuvres ou les auteurs ayant un lien avec l’Auvergne, sans que cela soit une condition indispensable pour adhérer à l’association ou prendre part à ses actions. Basée à Vichy [55/57, rue de Paris], elle entend « rayonner autant que de besoins à ses activités, sans se limiter nécessairement à cette ville« .

 

  • Le mercredi 14 décembre 2016, a eu lieu au Vieux cimetière à Cérilly l’inauguration d’une stèle à la mémoire de François Péron, décédé à Cérilly le 14 décembre 1810. Un vin d’honneur a clôturé cette cérémonie présidée par Olivier Filliat, maire, et Alain Pétiniot, président de l’Association François Péron.
  • telechargementDans L’Aurore du Bourbonnais, daté du 9 décembre 2016, Jean-Claude Mairal a présenté le livre du philosophe Alain Deneault : La Médiocratie dans lequel on lit : « Désormais on ne parle plus du bien commun… » . Il conclut : « La culture dans toutes ses dimensions est le lien qui permet de relier les hommes et les femmes et le vivre ensemble dans nos sociétés et nos territoires, même les plus reculés... » Dans le même hebdomadaire, est reproduit le discours du cardinal Parolin, secrétaire d’État du Vatican, devant  260 élus de la région Auvergne – Rhône-Alpes en visite à Rome du 28 novembre au 1er décembre. Il leur a recommandé de favoriser  » le consensus, la solidarité et le bien commun… »
  • Pierre-Victor Léger et le maréchal Pétain tenant une fillette par la main
    Le maréchal Pétain et Pierre-Victor Léger  tenant une fillette par la main

    Pierre-Victor Léger (1882-1950), maire de Vichy de 1929 à 1944, a fait l’objet d’un ouvrage rédigé par sa petite-fille, Monique Blanquet-Léger, qui avait 4 ans à sa mort. C’est un travail de mémoire méritoire, mais bien insuffisant pour mettre en valeur  l’œuvre municipale très importante de P.V. Léger. Le maire  de Moulins, René Boudet,  qui se trouva dans la même situation – démis de ses fonctions sans ménagement à la Libération – a fait l’objet d’un travail universitaire. Thomas Duret avait présenté en 2009 un mémoire à l’Institut d’études politiques de Lyon qui a été édité en 2013, avec une préface de Jacques Lahaye : René Boudet à Moulins, un maire socialise de 1925 à 1944  (171 p.). Pour qu’un telle travail puisse voir le jour à Vichy,  encore faudrait-il que les Archives municipales de la station thermale soient en mesure de fournir des documents. Or,  il n’y a pas d’inventaire  pour le XXe siècle. Par ailleurs la salle de lecture n’offre que deux places! Peut donc nettement mieux faire…

Pierre d’Alançon, un ardent défenseur de la ruralité

  • Pierre Audemar d'Alançon
    Pierre Audemard d’Alançon (1916-1986)

    L’année 2016 a coïncidé avec le centenaire de la naissance et le 30ème anniversaire de la mort de Pierre Audemard d’Alançon (1916-1986). Forte personnalité locale de Broût-Vernet où il fut agriculteur et maire durant 18 ans, il était un défenseur de la ruralité, engagé dans l’action sociale en milieu rural, notamment dans les Mutuelles agricoles. Il fut aussi le créateur du Centre social de Broût-Vernet. Sa personnalité et son parcours hors du commun ont été retracés par son fils Bruno Audemard d’Alançon dans un ouvrage édité par l’association Azi la Garance et préfacé par Jean Cluzel (80 p, 15 €). La présentation officielle a eu lieu le 14 janvier, en présence de l’auteur et de Jean Cluzel qui a rappelé que Pierre Audemard d’Alançon avait été une  fondateurs du club Positions, au milieu des années 1950.

    © La Montagne - édition de Vichy (16 janvier 2017)
    © La Montagne – édition de Vichy (16 janvier 2017)
  • Il a fallu plus de 5 ans de travail à Bernard Périssel, ancien maître de conférences à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand, pour mener à bien les recherches historiques qui ont abouti à son livre : Nouvelles des communes des Coteaux de Randan parues dans les journaux du Puy-de-Dôme entre 1807 et 1950 (199 p. 19 €). L’ouvrage a été officiellement présenté fin décembre à la maison de la presse de Randan.

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  • Jean Lebon, fils d’un scieur de Saint-Martin-des-Olmes près d’Ambert, réalisa ses premières photographies vers l’âge de 12 ans. Il avait 23 ans quand il fut tué à la guerre, fin 1914. À une époque récente, 1 300 de ses clichés sur plaques de verre ont été retrouvés intacts dans le grenier de la maison familiale. Le Conseil départemental du Puy-de-Dôme en a fait l’acquisition. Le livre Jean Lebon, une jeunesse photographique, édité par la Photothèque 63 dans la collection « Témoins objectif » est en vente (13 €) aux Archives départementales du Puy-de-Dôme (75, rue de Neyrat, 63100 Clermont-Ferrand).

 

  • Pascal Pinel
    Pascal Pinel

    Pascal Pinel a publié un nouvel ouvrage, Te dire je t’aime: «  Le poète randonneur a sévi« ,  pouvait-on lire dans La Montagne (15 décembre 2016). Il s’agit du 9ème  ouvrage de Pascal Pinel dont 400 exemplaires ont été imprimés grâce à une souscription (59 p., 13 €). Il a pu le  signer dans des librairies à Saint-Pourçain-sur-Sioule, Gannat, Moulins.

  • Comme de nombreuses autres universités dans le monde, les universités Blaise-Pascal et d’Auvergne ont annoncé le désabonnement de la Bibliothèque de Clermont – Université à la « Full Collection » (le bouquet complet) de l’éditeur américain Wiley, l’une des 5 multinationales qui se partagent le marché de l’édition numérique de contenus scientifiques. Leurs arguments : le coût actuel (1 300 000 €) et « la fuite en avant tarifaire » (+ 7% par an).
La Chaîne des Puys sur la carte de Cassini en 1750
La Chaîne des Puys sur la carte de Cassini en 1750
  • Tout savoir sur l’Auvergne en consultant un atlas qui couvrira l’évolution des entités territoriales de l’antiquité à nos jours, entre paroisses, municipalités, villes…Ce sera possible d’ici quelques mois avec la publication annoncée par les Presses universitaires Blaise-Pascal, dans la catégorie « beaux livres» d’un atlas qui comprendra, notamment une trentaine de cartes. C’est le fruit de cinq années de recherches mais aussi d’une vingtaine d’années de réflexion conduites par une équipe de chercheurs clermontois, en collaboration avec l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et l’Institut géographique national. Pour les auteurs, cet atlas ne doit pas se limiter à un public d’initiés mais s’adresser au grand public qui ne doit pas « hésiter à s’emparer des informations, voire à en apporter de nouvelles ».

 

 

DU CÔTÉ DES ÉDITEURS

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  • Olivier Belhomme
    Olivier Belhomme

    « Haute-Loire. La maison d’édition ne veut pas mettre la clé sous la porte. Un mois pour sauver le Poisson soluble« . C’est le cri d’alarme qu’avait répercuté La Montagne (19 décembre 2016). Fondée en 1989 par Olivier Belhomme et Stéphane Queyriaux, cette maison d’édition du Puy-en-Velay,  qui compte 5 salariés, est  spécialisée dans les livres illustrés et plus spécialement  dans la littérature jeunesse. Chaque année, 12 albums  qui se veulent « différents, un peu décalés mais avec des choix narratifs et graphiques audacieux » sont édités par le Poisson soluble. En plus d’un quart de siècle d’activité, le catalogue s’est enrichi de près de 200 titres et le volume annuel de ventes se situe en moyenne à 30 000 albums. Comme nombre d’autres structures éditoriales de petite taille, l’Atelier du Poisson soluble a vu les difficultés s’accumuler depuis quelques années, mais c’est la perte d’un quart de son chiffre d’affaires en deux ans qui l’a mis en difficulté.

  • latelier-du-poisson-solubleSelon Olivier Belhomme, cette situation provient d’une  « contraction du marché » et d’une « surproduction du livre jeunesse ». Difficile dans ces conditions de supporter une baisse de  25% de son chiffre d’affaires en 2 ans.  Pour faire face à cette situation et ne pas disparaître, l’Atelier du Poisson soluble devait réunir dans un premier temps au moins 23 000€, pour « apaiser l’impatience de sa  banque ». Idéalement, 48 000 € ne seraient pas de trop pour permettre à l’éditeur de « repartir sur des bases saines« , comme il était indiqué sur le site participatif Ulule. Fin novembre, 125 contributeurs avaient déjà fait don de 5 280 € . À la mi décembre, le premier palier était finalement atteint, avec  27 690 € collectés. Des libraires ont aussi joué le jeu en passant  «  des commandes de soutien  à l’occasion des fêtes de Noël ». Mission réussie donc pour la collecte participative qui aura permis de récolter de quoi faire patienter les banquiers. Patienter, seulement…Il reste désormais à trouver des solutions pérennes pour assurer l’avenir du Poisson Soluble.

 

© Hebdo Ardèche.fr
Cheyne éditeur dans ses nouveaux locaux  (©Hebdo Ardèche.fr)

Passage de témoin en douceur chez Cheyne éditeur

Martine Mellinette et Jean-François Manier, cofondateurs de Cheyne éditeur
Martine Mellinette et Jean-François Manier, les cofondateurs de Cheyne éditeur

• Après  37 ans de bons et loyaux services, Jean-François Manier, cofondateur avec Martine Méllinette  de Cheyne éditeur, a décidé de passer le relais à une de ses salariées, Elsa Pallot, et à un de ses auteurs, Benoit Reiss. À compter du 1er janvier, ils sont devenus cogérants de la maison d’édition, spécialisée dans la poésie et la littérature, qui publie  une quinzaine de titres par an. Elsa Pallot, qui avait rejoint Cheyne éditeur en 2014, a suivi une licence pro puis un master en édition à Bordeaux. Elle a en charge les relations avec les libraires et la presse, ainsi que l’animation. Quant à Benoît Reiss, quadragénaire, il a lui aussi une formation  d’éditeur et il a travaillé chez l’éditeur scolaire Delagrave, avant de s’installer au Japon, comme professeur de français. Il s’occupera plus spécialement des relations avec les auteurs et de la question des droits. C’est Jean-François Manier en personne qui l’a sollicité pour prendre en mains la maison d’édition, qui a publié trois de ses textes. Un conseil éditorial, dans lequel siègent aux côtés de Jean François Manier deux auteurs « historiques », Jean-Pierre Siméon et Marie Barnaud,  a été constitué pour accompagner la transition.

Elsa Pallot et Benoît Reiss, les continuateurs.
Elsa Pallot et Benoît Reiss, les continuateurs.

• Cheyne éditeur dispose d’un catalogue de 370 titres et emploie 5 salariés pour 430 000 € de chiffre d’affaires en  2016. La maison, d’abord installé dans une école désaffectée au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire a migré en février 2014 à  Devesset, dans l’Ardèche. Le plus gros succès d’édition a été Matin brun, de Franck Pavloff, publié en 1998, dont 60 000 exemplaires ont été vendus dans les quatre premières années.   En avril 2002, alors que Jean-Marie le Pen, leader du Front National, était arrivé au second tour de l’élection présidentielle, face à Jacques Chirac, le livre devenu un symbole s’était vendu à plus d’un million d’exemplaires. En 2010, Matin brun en était à sa quarantième édition, traduit dans vingt-cinq langues, totalisant 1,6 million d’exemplaires vendus rien qu’en France. Si les ventes se sont assagies depuis, Matin brun reste une « valeur sûre » en même temps qu’un symbole  pour Cheyne éditeur. Ce phénomène de librairie a aussi donné lieu à un livre sonore ainsi qu’à une adaptation en 2005 la  sous forme d’un court-métrage d’animation, Un Beau Matin. Il a été réalisé par Serge Avédikian à partir de peintures de Solweig Von Kleist.

Matin Brun, de Franck Pavloff
Matin Brun, de Franck Pavloff, un phénomène de librairie

• Sur le site de Cheyne éditeur, à propos de cette reprise, on peut lire cette déclaration d’Elsa Pallot et de Benoît Reiss : « C’est avec une grande joie que nous nous lançons aujourd’hui dans l’aventure de la reprise de Cheyne. Entourés d’une équipe solide et partiellement renouvelée, nous avons à cœur de faire perdurer le travail accompli pendant de nombreuses années par Jean-François Manier et Martine Mellinette, tout en apportant une nouvelle dynamique à cette belle maison qui nous ouvre les bras aujourd’hui. Les « Lectures sous l’arbre », continueront d’investir chaque année le pré de L’Arbre vagabond et l’atelier de Cheyne à Devesset (Ardèche) pour une semaine placée sous le signe de la poésie. En 2017, elles auront lieu du dimanche 13 au dimanche 20 août et mettront à l’honneur le Chili et les éditions du Seuil. Littérature et poésie d’aujourd’hui, typographie au plomb, indépendance de la diffusion et de la distribution, Lectures sous l’arbre : tels sont les fondements à l’origine du succès de Cheyne que nous tenons à conserver, tout en inventant de nouveaux chemins ».