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Emmanuel Chain

Cet homme de médias a conquis ses galons en lançant “Capital”, qu’il a présenté de 1990 à 2003, sur M6

Cet homme de médias a conquis ses galons en lançant “Capital”, qu’il a présenté de 1990 à 2003, sur M6. C’est en observant Guillaume Durand, un ami de la famille, officier sur les plateaux que ce jeune homme “trop bien élevé” a découvert, à 24 ans, sa vocation.

Naissance – Le 5 août 1962 à Paris. Sa mère est l’assistante du patron de Paris Match, Hervé Mille. À l’adolescence de ses enfants, elle reprend ses études et devient psychothérapeute. Son père est, lui, chef du service neurologie de l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris.

Cliché de star – À peine âgé de quelques heures, Emmanuel se retrouve sous l’objectif de Jean-Marie Périer. Au départ, c’est le célèbre photoreporter de Match, Walter Carone, qui devait réaliser ce cliché. Mais la veille, Marilyn Monroe s’étant suicidée, il s’était envolé pour Hollywood afin de couvrir l’événement. Walter Carone envoie donc un stagiaire prometteur à la clinique, Jean-Marie Périer, qui devint par la suite le portraitiste fétiche des yé-yé : Johnny, Sylvie Vartan, Françoise Hardy, etc.

Figure – Sa grand-mère maternelle, Jeannette, a énormément compté pour lui. Juive allemande, elle avait quitté son pays à 18 ans pour échapper au nazisme. C’est elle qui apprend l’allemand à son petit-fils et le plonge très tôt dans l’univers du journalisme. Interprète, elle travaille notamment au côté du légendaire patron de presse Pierre Lazareff (France Soir-Paris Soir).

Evasion – Très bon élève, Emmanuel n’en demeure pas moins rebelle. À 12 ans, il fait une fugue dont ses parents se souviennent encore. Le gamin est envoyé en Allemagne pour y passer tout le mois de juillet dans une famille d’accueil : des retraités, sans enfants. Le gamin, s’ennuyant ferme et déprimé par la situation, téléphone chez lui pour se faire rapatrier.

Gare ! – Face au refus de sa mère, il décide de se rendre à la gare et d’acheter un billet de train pour rentrer à Paris. Le lendemain, il quitte la maison de ses hôtes en pleine nuit pour ne pas se faire repérer. Bien élevé, il leur laisse, sur la table du salon, un petit cadeau et un mot d’explication : « Ma grand-mère est très malade. Il faut que je rentre d’urgence ! » Arrivé gare de l’Est à Paris, Emmanuel téléphone à ses parents. À cette occasion, il reçoit le savon de sa vie.

Caverne – Pendant les grandes vacances, Emmanuel passe des heures entières dans le grenier de ses grands-parents, où sont entreposés les anciens numéros de Paris Match. Il y relit les articles consacrés à la guerre du Vietnam, à l’assassinat de Kennedy ou au mariage de Grace Kelly.

Déclic – En 1986, il fait son service militaire au service marketing de Danone, à Turin. Tous les matins, selon un rituel immuable, il se réveille avec le journal de Guil¬laume Durand sur Europe 1. C’est le seul lien qui le rattache à la France, c’est aussi un véritable déclic professionnel. Durand étant un ami de la famille, il dîne avec lui à Paris. Le journaliste l’invite à ¬assister au journal dans les studios. En sortant, il téléphone à sa mère et lui annonce : « Je veux faire ce métier ! » Elle lui répond : « Mais toi, tu es trop bien élevé. Il faut être un peu voyou pour faire cela ! »

Couac – Juillet 1987. Il décroche un stage à la rédaction de France Inter et part couvrir les derniers jours du procès de Klaus Barbie à Lyon. Le bizuth décroche un vrai scoop : une interview exclusive de Simone Lagrange, une ancienne déportée qui avait témoigné au ¬procès. Fier de son coup, il doit malheureusement déchanter en s’apercevant qu’il avait oublié d’allumer son magnétophone.

Revanche – Vert de rage, il se bat pour briller à nouveau. Le reporter Jacques Expert, aujourd’hui patron des programmes de Paris Première, lui refile un tuyau en lui indiquant la sortie qu’empruntera l’avocat Jacques Vergès pour quitter discrètement le tribunal. Emmanuel s’y rend et tombe nez à nez avec le ténor du barreau, à qui il tend son micro. Il est vite rejoint par une horde de caméramen. Le jeune Chain fera l’ouverture de tous les JT de 20 heures, littéralement collé à Vergès. À son retour à Paris, son répondeur est saturé. Tous ses amis l’avaient suivi à la télé.

Baptême – À la rentrée 1988, M6 lance « Capital ». Le magazine économique ne devait toutefois pas s’intituler ainsi, mais plutôt « Investir ». C’est Emmanuel qui impose l’autre nom, qu’il juge plus moderne.

Désert – Une fois par an, il part marcher une semaine, téléphone portable coupé, dans le désert sud-marocain, avec trois amis.