Corneilhan et Sainte-Céronne

Le culte de Sainte-Céronne demeura inconnu à Corneilhan, où elle naquit en 410, jusqu’à la fin du XIXe siècle. C’est Mgr de Cabrières qui l’instaura, en 1896, et inscrivit sa fête au calendrier liturgique à la date du 15 novembre.
La paroisse de Corneilhan désirant obtenir une relique de la sainte, une délégation se rendit en 1898 à Sainte-Céronne-les-Mortagne où, au cours d’une imposante cérémonie présidée par Dom Étienne Salasc, abbé de la Grande Trappe, on lui remit un fragment de l’os du bras de Sainte Céronne. C’était le 13 Juin 1898. Le 15 novembre de la même année, ce fut au tour des paroissiens du Perche de se rendre à Corneilhan. Depuis cette date, les deux paroisses sont considérées comme sœurs et maintiennent les contacts par des échanges, voyages et pèlerinages, comme en 1974 et 1975.

Jumelage avec Corneilhan

Jumelage entre Corneilhan et Sainte-Céronne : échanges de juillet 1974 et juillet 1975

1898

Relation des fêtes célébrées à Sainte-Céronne-lès-Mortagne le 23 juin 1898. Translation d’une parcelle des reliques de Sainte Céronne.

« Le jeudi 23 juin avait lieu à Sainte-Céronne une bien imposante cérémonie présidée par le Révérendissime Père abbé de la Trappe, délégué de Mgr l’Evêque de Séez. Il s’agissait de la translation d’une parcelle des reliques de Sainte Céronne de son pays d’adoption à son pays natal, Corneilhan, près Béziers.

Une délégation de pieux et vaillants pèlerins (M. Léonce Vabre, M. Joseph Granier, Mme Jeanne Sabes, Mme Hortense Sabes, Mme Francelle Roussignol, Mme Veuve Alengry, Mme Marthe Bouissy, Mme Anna Gilis, Melle Emilie Ollier, Melle Aline Cros, Mme Marie Sabes, Melle Emma Sabes, Mme Maria Bouissy, Melle Marie Laurès.), venus sous la conduite de leur digne curé, de Corneilhan des bords de la Méditerranée, ont reçu des habitants de Sainte Céronne l’accueil le plus sympathique.

Le Conseil municipal et le conseil de Fabrique, comprenant toute l’importance de cette grande manifestation religieuse, se sont fait un devoir d’assister en corps à toutes les cérémonies de la journée. L’honorable M. Malveaux, maire de la commune, ceint de son écharpe, marchait en tête de son conseil.

A neuf heure et demie, les pèlerins du Midi, venant de Mortagne où ils avaient couché la veille arrivent sur la place du Rônel, territoire de St Hilaire où les reçoit M. l’abbé Bonnet, curé de la paroisse. A la même heure une longue procession composée de tout le clergé et de nombreux chantres de la région de Bazoches prenait au presbytère de Ste Céronne le R.P. Abbée de la Grande Trappe venu pour présider la cérémonie. Le soleil à ce moment brillait de tout son éclat et le spectateur qui de la grande place triangulaire de St Hilaire assistait à cet interminable défilé de torches, de surplis, de bannières apercevait dans le lointain la crosse blanche et la mitre de R.P. abbé avait dans les yeux un de ces spectacles dignes de frapper les imaginations.

Cette cérémonie de la réception des pèlerins a produit sur la foule, évaluée déjà à 1 500 personnes, la plus profonde impression. M. l’abbé Sicot, curé de Ste Céronne, s’avance au-devant des pélerins, leur souhaite la bienvenue, et au moment où il donne l’accolade au curé de Corneilhan et où celui-ci va se mettre à genoux au pied du R.P. abbé et baiser son anneau, bien des larmes ont coulé. La procession prend le chemin de l’église pour assister à la messe célébrée par M. le Curé de Corneilhan. Avant celle-ci, M. le Curé de Corneilhan remercie dans les termes les plus gracieux le curé de la paroisse de l’accueil si grandiose et si sympathique qui lui est fait. Il évoque le souvenir de son prédécesseur (M. Delcellier), il termine en disant que le berceau et la tombe de Ste Céronne sont et seront indissolublement unis. .../…

A midi une tente artistement dressée réunissait au presbytère les pèlerins et une trentaine de prêtres de la contrée qui s’étaient empressés de venir entourer de leur sympathie cette gracieuse députation, en même temps qu’ils venaient prier et remercier la grande patronne du Perche pour eux et leurs paroissiens présents et absents. C’est que dans cette contrée, Sainte Céronne est invoquée pour les fièvres, pour les maladies d’yeux, pour toute infirmité. On l’appelle la « Bonne Sainte Céronne ».

La procession du soir à une des fontaines a été splendide, trois mille personnes au moins la suivaient dans le recueillement et en chantant pieusement des cantiques. Avant le départ, le Père abbé ne peut retenir les sentiments qui remplissaient son cœur, il parle avec une véritable éloquence, son cœur débordait, il revoit à ses côtés ses chers compatriotes. Au passage de la précieuse relique, portée par quatre jeunes personnes de Corneilhan, les fronts s’inclinent respectueusement et la prière est ardente au fond des cœurs. A la fontaine, le R.P. Abbé prend place au fauteuil et M. l’abbé Regnault, professeur au Petit Séminaire de la Ferté-Macé prend la parole d’une voix forte et pleine d’éloquence pour célébrer les vertus de la sainte avec des accents qui ravissent les auditeurs.

Au retour de la procession, R.P. Abbé de la Trappe donne du haut du perron de l’église la Bénédiction Pontificale à la foule massée sur la place et les routes qui l’avoisinent. .../…

Trop vite arrive l’heure du départ pour les pèlerins de Corneilhan. La nuit était venue cependant. La population n’en était pas moins là toute entière pour saluer une dernière fois ces aimables hôtes qu’elle aurait voulu garder plus longtemps.

Au moment où les mains s’étreignant pour un dernier adieu, où les voitures s’ébranlant, un cri part de toutes les bouches : « Vive Corneilhan, vive Sainte Céronne ». Les feux de Bengale s’allument, donnant à la place un aspect mystérieux et vraiment féérique, et les voitures disparaissent derrière la colline du côté de Mortagne. »

 

Compte-rendu de la première fête en l’honneur de Sainte Céronne, le 15 novembre 1898

« Mardi 15 novembre ont été célébrées à Corneilhan les fêtes annoncées en l’honneur de Sainte Céronne, dont le culte vient d’être rétabli dans notre diocèse. Après les journées les plus orageuses de ces derniers temps … dès le matin la journée s’annonça magnifique.

À sept heures du matin, la voiture de Mgr Cabrières arrive à Corneilhan. La paroisse est là au complet, les salves éclatent, et c’est au son d’un pas redoublé de la société philharmonique de Corneilhan que Monseigneur fait son apparition. Sa grandeur est reçue sous un arc de triomphe dressé pour la circonstance sur une grande place à l’entrée du village. Après les présentations, l’on se dirige processionnellement vers l’église paroissiale. Partout des fleurs, partout de la verdure, des guirlandes. Sur la porte de l’église, Monsieur le curé présente à Monseigneur la Croix et l’eau bénite puis il lui souhaite la bienvenue. Passons rapidement sur la messe pontificale célébrée par le Révérendissime Père Abbé de la Grande Trappe au milieu du grand concours de prêtres, parmi lesquels on se montrait M. le Curé de Ste Céronne, M. le Curé de Bazoches, M. le Curé de St Hilaire venus du pays où se trouve le tombeau de la sainte, du pays du Perche, pour honorer celui où leur bonne sainte a vu le jour. La messe en musique, chantée par les jeunes gens de l’endroit, a été un régal pour tous les connaisseurs en particulier.

Que dire du panégyrique prononcé par le R.P. Thadée, enfant de Corneilhan comme sainte Céronne ? Le religieux franciscain nous a donné un vrai monument d’éloquence et de foi qui lui fait honneur et honora aussi sa famille et son pays natal. La procession aux flambeaux, le soir, a été des plus imposantes. Trois mille personnes au moins y ont pris part, et c’était merveille de voir cette grande foule parcourant les rues du village richement pavoisé et illuminé chantant avec enthousiasme le refrain « Sancta Ceronna ora pro nobis ». Enfin, un feu d’artifice, dont la pièce principale représentait Sainte Céronne avec une gloire en gerbes de feu au-dessus de sa tête et, en bas cette inscription : « Vive Sainte Céronne » a été de tous points réussi et a superbement clôturé ces magnifiques fêtes. »

Extraits de « Histoire de Corneilhan » par Henri Barthès

1500 ans

En 1990, les 1 500 ans de la mort de Sainte Céronne furent célébrés en présence de l'évêque Yves-Marie Dubigeon.

En 2020, les liens renoués entre Corneilhan et Sainte-Céronne

Élu maire de Corneilhan en mars 2020, Bertrand Gelly avait souhaité rétablir la célébration de la fête de Sainte-Céronne, et la procession dans le village, telle qu’elle se déroulait autrefois, ce qui répondait aux attentes des municipalités céronnaises depuis plusieurs années. L’invitation aux Céronnais lancée dés juillet 2020 s'est traduite par l'envoi d'une délagation de Céronnais en 2021 à Corneilhan et par la réception de représentants de Corneilhan dans le  Perche en 2021.

Procession avec une délégation venue de Corneilhan, le 17 juillet 2022

Procession avec une délégation venue de Corneilhan, le 17 juillet 2022