Dans le dur en Bundesliga mais invaincu à domicile en Ligue des champions, que vaut (vraiment) le Borussia Dortmund?

Le naufrage du BVB ne pouvait pas plus mal tomber. À quatre jours de recevoir le Paris Saint-Germain en demi-finale aller de la Ligue des champions, le Borussia Dortmund a sombré (1-4) sur la pelouse du RB Leipzig et envoyé un très mauvais signal à son futur adversaire parisien, qu’il a rencontré à deux reprises cette saison sans jamais parvenir à l’emporter (0-2, 1-1).

Le club de la Ruhr, qui dispute sa première demi-finale de Ligue des champions depuis plus d'une décennie, a subi samedi sa plus lourde défaite à l'extérieur de la saison en Bundesliga. Un revers inquiétant qui a "fait très mal", et qui soulève de nombreuses questions dans la Ruhr, où il est déjà question d'une restructuration complète de l'effectif cet été.

"Nous ne faisons plus partie des quatre meilleures équipes en Allemagne", a froidement constaté l'entraîneur Edin Terzic le week-end dernier.

Une remarque factuellement juste, illustrée par la cinquième position de son équipe au classement. Mais c’est surtout le niveau du Borussia Dortmund cette saison qui confirme l’impression d’un lent déclassement, au moins en championnat.

Loin du Top 4

Le Borussia Dortmund n’a pris que cinq points cette saison contre les quatre premiers de Bundesliga (Bayer Leverkusen, Bayern Munich, Stuttgart, RB Leipzig). Peu réputé pour la solidité de son ossature défensive, le Borussia Dortmund a parfois réussi à obtenir des résultats en trompe-l’œil, sauvé par la classe individuelle de joueurs branchés sur courant alternatif, perdant finalement assez peu (cinq revers en Bundesliga cette saison avant Leipzig) malgré des failles béantes dans sa structure défensive.

Et s’il concède moins de buts qu’il ne devrait en encaisser compte tenu de la qualité des (grosses) occasions (1,80 d’expected goals subis par match en Ligue des champions) qu’il laisse à ses adversaires, c’est notamment grâce à Gregor Kobel. Impérial en Bundesliga, le portier allemand est aussi le gardien qui a évité le plus de buts à son équipe en Ligue des champions.

"C'est dur d'expliquer la forme de cette équipe. Ils peuvent être faibles contre des équipes modestes en Allemagne mais la saison est très réussie en Ligue des champions, remarque Jesco Von Eichmann, journaliste pour Sky Sport. C'est dur de comprendre la dynamique. IIs sont très forts depuis leur victoire contre le Bayern. Ça leur a donné beaucoup de confiance et on peut voir sur le terrain que beaucoup de joueurs se sont améoiorés: Brandt, Sabitzer. Ce sont des joueurs clés et quand ils sont bons, l'équipe l'est."

Un club en crise perpétuelle

En défense, le vétéran Mats Hummels (35 ans) est revenu à un très haut niveau et demeure incontournable, mais sa capacité à lire les intentions de son adversaire compense de moins en moins sa lenteur, a fortiori au sein d’une équipe qui s’écroule défensivement comme elle s’est effondrée collectivement face à Leipzig.

"Mine de rien, il y a encore des séquelles du titre perdu à la dernière journée, c’est assez indéniable", pense Ali Farhat, journaliste pour la Deutsche Welle, observateur attentif de la Bundesliga en général et du Borussia Dortmund en particulier.

"Si nous ne voulons pas sombrer contre le PSG, nous devrons présenter un visage radicalement différent", a averti Edin Terzic, entraîneur longtemps sur la sellette d’une équipe qu’il n’est pas aisé de déchiffrer, après l'affront de Leipzig.

Terzic a souvent mis les joueurs devant leurs responsabilités, notamment après la première défaite de l’année contre Hoffenheim (2-3), un match que le Borussia abordait invaincu en 2024. Mais son jeu était déjà très critiqué.

"C’est un club qui a des résultats mais dont on considère qu’il est en crise perpétuelle, relève Polo Breitner, spécialiste du football allemand pour RMC. On attend toujours plus du Borussia Dortmund par rapport à la qualité de ses joueurs. Dès que les résultats ne sont pas là, on se rend compte que le jeu n’est pas flamboyant."

Le jeu du Borussia manque de consistance et de solidité sur la durée. Capable de redresser la tête après des périodes de flottement, le BVB peut perdre pied tout aussi vite.

"On ne sait jamais ce qui peut se passer. C’est très fluctuant", souligne Ali Farhat.

Tandis qu’à Paris on célèbre l’ouvrage d’orfèvrerie de Luis Enrique, à Dortmund, il est encore "difficile de dire ce qui fait la force du Borussia", relève Ali Farhat. "Les qualités des joueurs ne sont pas pleinement exploités. On a l'impression que Terzic n'a pas vraiment de continuité dans ses idées."

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18:58

"Ils ne sont pas là pour imposer leur jeu"

Le Borussia Dortmund s’appuie principalement sur la vitesse de ses ailiers en contre, mais la formation de Terzic n’a guère été menaçante contre Leipzig dans ce domaine, y compris sur coups de pied arrêtés, pourtant l’un de ses points forts cette saison (27% de ses buts depuis le 1er janvier, toutes compétitions confondues).

Le retour en grâce de Marcel Sabitzer (ndlr, il est resté sur le banc contre Leipzig en raison d'une infection), actuellement dans une forme étincelante, change forcément la donne pour cette équipe pétrie d’incertitudes, entre blessures et états de forme disparates. De là à inverser le rapport de force?

"Il ne sont pas là pour imposer leur jeu, prévient Polo Breitner. On peut imaginer qu'ils seront super solides en 4-5-1 et ne voudront pas prendre de risques parce qu'ils connaissent la vitesse de Mbappé. Une action peut toutefois suffire à leur redonner confiance pendant 20-25 minutes, ils vont alors attaquer, et puis ça va se déliter d'un seul coup."

Imprévisible pour les autres et pour lui-même, le Borussia Dortmund est son principal ennemi. Quelle attitude choisira-t-il d'adopter au Signal Iduna Park? Timoré au Parc de Princes en septembre, le BVB a débuté en conquérant dans son stade au match retour avant de reculer face aux Parisiens. Un scénario qui rappelle celui du match contre Leipzig ce week-end, où le Borussia a été sévèrement puni à la perte du ballon. Un domaine dans lequel excelle le Paris Saint-Germain, intraitable dans ce registre.

De tous les adversaires rencontrés par le Borussia Dortmund en Ligue des champions, Paris est celui qui a posé le plus de problèmes aux joueurs de Terzic. Mais le Borussia Dortmund n’a perdu qu’un seul de ses huit derniers matchs à domicile en demi-finale de Coupe d’Europe (5 victoires 2 nuls), et il est invaincu à domicile en Ligue des champions depuis dix matchs.

"Ce n'est pas la même équipe en Ligue des champions qu'en Bundesliga", relève Ali Farhat.

Contre Paris en décembre, il s’en était fallu de peu - un sauvetage miraculeux de Süle - pour que cette invincibilité à domicile tombe. Le BVB espère que la pièce tombera à nouveau du bon côté.

Le onze probable du Borussia Dortmund: Kobel - Ryerson, Hummels, Schlotterbeck, Maatsen - Can (cap.), Sabitzer - Adeyemi, Brandt, Sancho - Füllkrug.