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"C’est le bordel": Jean-Louis Borloo sonne l’alarme sur la "désorganisation absolue" en France

Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, l’ancien ministre Jean-Louis Borloo a dénoncé le "bordel" en France à cause de la désorganisation des services et des collectivités, notamment.

Jean-Louis Borloo sonne "L’Alarme". C’est le manifeste que l’ancien ministre et député-maire de Valenciennes lance pour alerter sur la désorganisation de l’action publique en France, à quelques jours de l’élection présidentielle (10 et 24 avril). "Il y a des tas de choses qui marchent très, très bien. Sauf que ce qui ne marche plus, c’est ce qui fait qu’on fait maison commune et nation. Je ne suis pas du tout un décliniste, je suis plein d’espoir. Quand on analyse les choses, on se rend compte qu’on est dans une désorganisation absolue. Et on s’habitude", déplore Jean-Louis Borloo dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story.

Et la liste est longue. "On s’habitue à être condamné pour la dixième fois pour traitement indigne dans nos prisons. On s’habitue à voir des profs qui sont en première ligne, parfois dans une situation épouvantable. On s’habitude à voir une justice qui est épuisée, les pauvres magistrats savent l’état de nos prisons quand ils doivent décider. On s’habitude à ce que notre parc nucléaire soit à moins de 60% de ses capacités. On s’habitude à avoir 1 million de personnes sur notre territoire qui n’ont plus de projets, qui sont sans droits, déboutés… Et on fait quoi ? On s’habitue."

"On a fait croire qu’on avait décentralisé"

"Je pars de l’idée qu’on a un grand peuple, des dirigeants de qualité, explique Jean-Louis Borloo. J’essaye le comprendre. Où est le bug ? Ne passons pas à côté d’une élection, d’un nouveau quinquennat. Si ce n’est pas le quinquennat du nouveau souffle, de la réparation, ça ne va pas très bien se terminer."

"On a fait croire qu’on avait décentralisé, ajoute l’ancien ministre. On a créé des régions, des agglos… Sauf qu’on n’a pas donné le pouvoir législatif. Résultat des courses, tout le monde fait tout, un tout petit peu. Il n’y a aucune coordination. On ne sait pas qui fait quoi. En 1999, on découvre que le commissariat de Boulogne-Billancourt est dans une situation absolument indigne. Il faut donc le refaire, c’est l’Etat normalement. Et non, parce que l’Etat n’a pas de sous. Il a fallu mettre d’accord la région, l’agglomération, la ville, un peu l’Etat, chacun 15-20%... Ça fait 23 ans… Il semblerait qu’on ait signé l’accord maintenant. Et si vous voulez faire une piscine municipale, ça sera pareil, on va mettre dix ans."

Pour Jean-Louis Borloo, "aucune organisation ne peut vivre avec des pouvoirs aussi émiettés". "Tout le monde essaye de bien faire. La Nation s’est dotée d’autorités administratives indépendantes, a fait la décentralisation apparente… Mais les fonctionnaires d’Etat n’ont pas accepté cette idée. Je parle de la très haute aristocratie. Ils ont fait des normes. On est passé de 300.000 à 487.000 normes en dix ans. C’est le bordel ! Il n’y a pas d’autre terme. Il faut faire comme en 1945 : qui fait quoi, on se pose."

"Ce n’est pas la redevance télévisuelle qui va nous régler le problème"

Jean-Louis Borloo réclame donc la création d’un "conseil national de la République". "On réunit les patrons, les présidents des parlements, des organisations syndicales, des régions, des départements, autour d’une présidence de la République qui ne doit plus être le chef du chef du gouvernement mais le tiers de confiance de la Nation, qui met en mouvement tout le monde. On fait comment, qui est responsable de quoi, comment on se coordonne… On prend un an, un an et demi. Et pendant ce temps-là, on fait la coalition de tous les acteurs."

"Notre problème, ce n’est pas de savoir si on a trop de fonctionnaires ou pas, ou notre modèle social, poursuit l’ancien ministre. Ce ne sont pas des ajustements. Pardon de dire que ce n’est pas la redevance télévisuelle qui va nous régler le problème. L’OCDE a fait une étude récente. La complexité de la bureaucratie, juste les doublons, c’est 60 milliards par an. L’efficacité de notre modèle est moins bonne de 80 milliards par rapport à la moyenne."

Jean-Louis Borloo, qui a envoyé son manifeste à Emmanuel Macron mais n’a pas discuté avec lui "récemment", ne veut pas s’impliquer personnellement. "Je ne demande rien, je ne serai pas dans l’histoire, assure-t-il. Ministre, ça va, j’ai fait 11 ans, j’ai été absolument ravi." Mais il garde espoir pour l’avenir: "Si on se réorganise, nos capacités d’amélioration seront gigantesques. Notre pays est génial. On est capable de reposer toutes les bases. Vous savez, c’est simple la vie: qui fait quoi, qui est responsable de quoi".

LP