Cochon-dinde
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Le petit cochon-dinde a des pouvoirs magiques :
Puisque ses deux parents ne furent point pareils,
Plus que l’un, plus que l’autre, il a connu l’éveil,
Douceur du chant porcin, dindonnesque musique.
Je vous remercie donc, géniteurs séraphiques,
Pour vos rapprochements sous un ardent soleil,
Ou volant, par les nuits, des instants au sommeil,
Car la diversité, c’est chose bénéfique.
C’était, peut-être, au son d’un tardif piano,
Lorsqu’une âme à une autre en un mystique anneau
Se soude par l’effet d’une alchimie secrète.
Les dindes vont au ciel, et les porcs sont divins ;
Si leur accouplement, presque toujours, est vain,
Quelquefois, il en sort un animal-poète.
Voir
http://www.unjourunpoeme.fr/poeme/pour-ignace-paderewski
ainsi que
http://heraldie.blogspot.fr/2016/07/cochon-dinde.html
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Gloire hybride Verhaeren et C.
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Le sommelier du vieux savoir
Fait l’amour dans un lit carré.
Verhaeren lui a démontré
Qu’une dinde doit concevoir,
Lorsqu’un vieux cochon la féconde,
Un animal unique au monde.
Cet animal s’est envolé là-bas,
D’un vol dessiné au compas,
Loin du gazon
et des maisons !
Puis il dévore le soleil.
Le sommelier construit ses appareils
En vertèbres
de queue de zèbre.
Douze dindes prestes et nettes
Avec le cochon à lunettes
Ont supervisé son travail
Dans le détail.
Frappé à grands coups de barreaux
Qui lui explosent les carreaux,
Le cochon-dinde, ayant rendu l’astre qui luit,
Va se blottir au fond d’un puits.
Le sommelier a l’habitude
De prendre pour sujet d’étude,
Au ciel de brocante inquiétant,
Le cochon-dinde inexistant.
Le cochon était mécanique,
La dinde était talismanique.
Leur rejeton est donc en cuivre,
Un fripier illustre le livre
Où c’est expliqué de travers,
Au chapitre sur l’Univers.
Matin et soir, le sommelier,
Picolant avec le fripier,
Dans le grimoire ajoute des annexes,
Et le cochon fort malicieux,
À tous deux colle des complexes,
En les interrogeant sur Dieu.
La dinde entend leurs arguments
Et leurs aberrantes répliques.
Ciel de brocante hyperbolique,
Interdis-leur ton firmament !
Ciel de brocante, en trois sentences,
Réduis un peu leurs existences
Et leur méprisable substance.
Le cochon-dinde a son mystère,
Ses parents sont complémentaires
Un jour il instruira la Terre.
Il sera Maître en controverses,
C’est bien ce qui me bouleverse.
Levant son chevalet sur les forces adverses,
Il les frappera de sa trique,
C’est ce qui me semble excentrique,
Le grand ciel de brocante est-il donc symétrique ?
Le sommelier a pour voisins
Le jongleur et le puritain,
Deux Clunisiens irréductibles,
Pour qui dinde et cochon sont des incompatibles.
Mais moi, je dis qu’il faut laisser
Un cochon qui veut se caser
En dehors de tout rigorisme ;
Ne lui ôtons la dinde au nom d’un syllogisme.
Et vous, qu’en pensez-vous, respectables clients ?
Que diriez-vous à ce brave cochon bêlant
A qui la dinde offrit un viatique
Qu’on ne vend certes pas dans les boutiques ?
Ils se sont rencontrés au coin du bourg,
La dinde légère et le cochon lourd,
Elle lui dit Mon lion et lui Ma serinette,
Dans le murmure des jupettes.
Le sommelier a si bien picolé
Que le cochon-dinde à nouveau s’est envolé.
Il provoque dans la paroisse
Un vent d’inconcevable angoisse.
Nous espérons qu’il s’en ira,
Nous attendons le jour où il se cassera.
Nul n’a pour souhait
« être son jouet »,
Car les hybrides nous embêtent,
Surtout le cochon-dinde, une bien sale bête !
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Parfait pour faire des escalopes de dinde au jambon.
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