Sérénité printanière

muse-au-jardin

Composition de Cochonfucius

Au jardin, quand survient la Dame de Beauté,
J’interromps un instant mon labeur de poète ;
Je cesse de traquer les rimes dans ma tête,
Aux sourires charmeurs, je ne puis résister.

Visiter le grand parc, et ses lieux écartés,
N’est-ce pas un plaisir, n’est-ce pas une fête ?
Le babil des oiseaux fréquemment nous arrête,
Attendrissants qu’ils sont, dans leur félicité.

Car elle est faite ainsi, mon humble destinée.
Tel un grillon chantant près d’une cheminée,
Je dis ces quelques mots quand le ciel devient noir ;

La versification est ma douce folie,
Rimes que le lecteur d’un jour à l’autre oublie,
Quand, à son tour, il va dans les jardins s’asseoir.

Fleur fatale

La versification est une fleur fatale
Dont le parfum enivre et endort le cerveau.
Et chez tel vieux rimeur, ce fait n’est pas nouveau,
Le culte de la rime est sa folie natale.

S’il observe un corbeau dévorant le soleil,
Il ne parvient pas même à trouver ça bizarre.
Aussitôt, concentré malgré le tintamarre,
Il cherche ce qui rime avec l’astre vermeil.

S’il voit un fou qui a pour cervelle un nuage,
Il ne l’avertit pas du danger qu’est le vent.
Il fronce les sourcils, cherchant, comme devant,
Si quelque mot qui rime est dans le paysage.

Et son texte se forme et c’est souvent pour rien.
Son cerveau tout vibrant et son corps immobile
Ont ensemble entrepris un voyage débile
Vers la tranquille mort des fous, je l’entends bien !